🌻 Chapitre 29- Besoin de soutien
Reprendre le sport au street workout après les cours m'a fait plus de bien que je ne le pensais.
Vu que les températures se font plus basses, les habitués du QG ont choisi de s'installer dans une nouvelle base pour pouvoir s'entraîner - on pourrait croire que je parle d'une mission d'infiltration. Encore mon imagination qui me joue des tours.
Quoi qu'il en soit, les structures pour s'entraîner se trouvent désormais en intérieur. Par contre, le bâtiment en question se situe plus loin de notre QG habituel, c'est-à-dire à cinq minutes de mon lycée. Histoire de faire une petite trotte avant de bien transpirer comme il faut.
En ce qui concerne le lycée... Eh bien, il n'y a pas grand chose à dire, si ce n'est que je participe de nouveau comme j'avais l'habitude de faire avant mon coup de blues. D'ailleurs, les cours de théâtre constituent un peu une sorte de thérapie. Pouvoir déclamer toutes sortes de tirades en me mettant à la place des personnages permet d'évacuer les émotions négatives accumulées au fil des jours. Je me demande si c'est ce que ressent ma tante lorsqu'elle se met dans la peau d'un personnage...
Aujourd'hui d'ailleurs, au street workout, j'apprends que Taylor a pris Molly, Bree, Summer, mais aussi Yong, Dylan et Enrique à part pour leur parler de mon attitude dernièrement.
-Ça faisait longtemps que tu passais plus par là et tes amis s'inquiétaient, me dit ma cousine alors que nous sortons des vestiaires.
-Et qu'est-ce que tu leur as dit?
Elle boit une gorgée de sa bouteille d'eau avant de répondre:
-Je leur ai dit que c'était assez compliqué pour toi depuis un moment, et que tu avais besoin de temps pour te retrouver.
-C'est un bon résumé.
Je lui suis reconnaissante de n'avoir raconté que la version abrégée. En tout cas, ça me touche de voir que mes amis se soucient de moi même s'ils m'ont assuré, récemment encore, qu'ils seraient là pour moi si j'ai besoin de quoi que ce soit.
Et de façon générale, ça me fait plus que plaisir de savoir que je suis bien entourée et que, de près ou de loin, j'aurai toujours quelqu'un vers qui me tourner. Et maintenant que j'ai écouté l'histoire de ma tante Rosa de sa propre bouche, j'aimerais qu'elle puisse bénéficier de cette chance, elle aussi.
-A ce propos, je pense que tu devrais parler avec ta mère. Quelque chose me dit que vous en avez réellement besoin toutes les deux, je dis à Taylor.
Ma cousine se pince les lèvres, puis secoue la tête.
-Nan laisse tomber. C'est... trop compliqué.
C'est à mon tour de secouer la tête, dubitative. Je me souviens des fois où je demandais à ma mère de me parler de sa famille, et de la réponse que je recevais systématiquement.
Je te le raconterai peut-être un jour, ma chérie. Mais tu verras, c'est assez compliqué.
Toujours cette même certitude, celle que la situation est trop compliquée. Seulement, ce que j'ai entendu de la part de ma tante m'a confirmé une chose : si on attend trop longtemps, il viendra un jour où il sera trop tard pour faire ce que l'on a prévu de faire. Et ça, on ne pourra rien y faire.
Il est hors de question que je laisse ma tante et ma cousine se perdre l'une l'autre définitivement.
-Écoute Taylor, je sais à quel point vous souffrez toutes les deux de cette situation, et je tiens trop à vous pour vous voir vous éloigner davantage. Vous devez absolument vous parler avant qu'il ne soit trop tard.
L'expression de douleur qui passe brièvement sur son visage laisse penser qu'elle revit le jour où elle a perdu sa petite sœur, et qu'à partir de là tout est allé de mal en pis entre sa mère et elle. Je m'en veux de devoir lui rappeler tout ça, mais je ne supporte pas de rester les bras croisés à attendre un miracle.
-Et... en quoi est-ce que nous parler va arranger les choses?, demande Taylor en murmurant. Tu vois bien que ça finit en dispute à chaque fois.
Je pose mes poings sur mes hanches avant de répondre:
-Tu sais, on m'a dit un jour qu'il faut vider son sac pour mieux redémarrer et que sinon, on n'aurait plus aucun équilibre. Je pense qu'il faut que vous mettiez les choses au clair, avec ta mère, si vous voulez avancer et repartir sur de nouvelles bases.
Le visage de ma cousine devient plus songeur.
-J'ai parlé avec elle, tu sais ?, je lui informe. J'ai pu comprendre pas mal de choses à son sujet. Parmi elles, il y a le fait que vous vous ressemblez décidément beaucoup, elle et toi.
-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
-Eh bien chacune, à votre manière, voulez racheter votre comportement en veillant sur moi, mais vous ne savez pas vraiment comment vous y prendre.
Son silence m'indique que j'ai vu juste.
-Et si ça peut te faire plaisir, ta mère m'a dit qu'elle restera un peu plus longtemps à la maison, ce soir. Ce serait une bonne occasion pour vous de parler à cœur ouvert.
-Comment tu sais que maman va rester à la maison ?
-Elle me l'a dit.
Taylor fronce les sourcils, l'air de réfléchir. Après quelques instants de méditation, elle finit par dire:
-Bon okay, t'as gagné.
Mes lèvres s'étirent en un immense sourire tandis que l'envie de danser n'importe comment me démange. Enfin, ma tante et ma cousine vont se parler ! A présent, reste à savoir si tout va bien se passer entre elles, ou si on va assister à une Troisième Guerre Mondiale.
Je choisis cependant d'être optimiste.
***
A en voir le visage de Taylor, on croirait qu'elle va passer l'examen de sa vie. Pire encore que le bac.
Tante Rosa nous attendait sur le canapé du salon, en train de consulter son portable. Lorsqu'elle nous a entendues arriver, elle a tout de suite levé le visage dans notre direction.
-Hé, salut tante Rosa !, ai-je lancé le plus naturellement du monde. Tu nous attendais ? C'est sympa !
-Ouais, c'est sympa, a-t-elle murmuré du bout des lèvres.
Bon, visiblement, ma tentative de briser la glace a fait un flop. Au moins, j'ai essayé.
Ça fait à présent un petit moment que Rosa et Taylor se fixent, ne sachant pas comment entamer la discussion qu'elles ont longtemps attendu d'avoir mais qu'elles redoutent tant. Je les connais à présent suffisamment pour le savoir.
-Bon eh bien, si vous avez besoin de moi, je serai dans la salle à manger.
Après tout, si c'est leur moment à elles, j'aime mieux leur laisser toute l'intimité qu'il faut. En fermant la porte qui sépare le salon de la table à manger, je vois Pégase non loin de la table en train de manger ses croquettes. A peine me voit-il qu'il se précipite vers moi en aboyant joyeusement. Et, en bonne amie des animaux, je m'accroupis pour mieux lui caresser la tête alors que mon labrador préféré ne se prive pas de me lécher la joue.
On ne change pas les bonnes habitudes.
-Hé, comment tu vas, mon grand ?, je fais alors que Pégase termine de me laver le visage à sa façon. Je vois que je t'ai interrompu dans ton dîner, honte à moi.
Là-dessus, je me relève pour me diriger vers la fenêtre, avec Pégase sur mes talons. De là où je suis, je vois que des gouttes de pluie commencent à tomber du ciel.
-Adieu le beau temps, je dis alors en fixant les nuages gris qui se sont attroupés. Et bonjour aux températures inférieures à dix degrés.
Mine de rien, ça va être dur de promener Pégase avec une météo pareille...
Je passe ensuite une bonne trentaine de minutes à envoyer des messages à mes amis et à me promener sur les réseaux sociaux lorsque j'entends le bruit d'une porte qui s'ouvre. En tournant la tête, je vois Joseph quitter la cuisine se situant juste à côté avec les mains pleines d'assiettes, de verres et de couverts tenus en parfait équilibre.
-Vous aurez besoin d'aide, Joseph ?
-Non merci, vous êtes gentille. Je peux me débrouiller seul.
Alors qu'il commence à dresser la table pour le repas de ce soir, je commence à mieux sentir l'odeur de soupe qui s'échappe de la cuisine. Avec un temps pareil, un bon repas bien chaud est le bienvenu.
-Votre tante et votre cousine sont dans le salon ?
-Oui, elles devaient se parler. Seule à seule.
Le visage du majordome se change en une expression assez curieuse. Un mélange de tristesse et de nostalgie, avec toutefois de la confiance et de l'espoir.
-Alors ça y est, elles vont enfin s'expliquer...
-Il était temps, pas vrai ?
-Oh ça oui... J'espère simplement qu'elles n'auront pas trop de problèmes pour s'exprimer clairement l'une à l'autre. Il y a eu tellement de silences et de non-dits entre elles.
-Je n'ai pas entendu de verre se briser, ni vu de trous déformer le mur. Au moins, on sait qu'elles ne s'entretuent pas.
Un petit rire s'échappe de la bouche de Joseph.
-C'est à vous que nous devons tout ça, Joyce, me dit-il en plantant ses yeux verts dans les miens. Vous avez permis que tout cela arrive.
-Je n'ai aucun mérite, vous savez... C'était le moins que je puisse faire après ce que vous avez fait pour moi, chacun à votre niveau. Aussi bien vous-même que Taylor, ma tante Rosa ou même encore Pégase. Grâce à chacun de vous, je me suis sentie chez moi, ici. Alors rien que pour ça, je vous remercie.
-C'est plutôt à moi de vous remercier. Merci pour qui vous êtes. Et merci d'être vous-même.
C'est à mon tour de sourire, émue par ce que je viens d'entendre. Constatant que le silence règne dans la salle à côté, je dis:
-J'avoue, j'aimerais bien jeter un œil à côté. Histoire de voir comment elles se débrouillent, toutes les deux...
Je m'avance presque sur la pointe des pieds vers le salon. En ouvrant la porte, je manque de me pincer le bras pour m'assurer que je ne rêve pas.
Ma tante et Taylor sont en train de s'enlacer, le tout en pleurant.
La vue d'un tel spectacle me prend de court, et il faut du temps à mon cerveau pour intégrer ce qui se passe sous mes yeux. La surprise fait ensuite place à l'attendrissement. Cette étreinte et ces larmes sont la traduction de douleur et de rancune accumulées au fil des mois, pour se transformer en fontaine d'apaisement, de soulagement, d'amour et de protection.
De là où je suis, je réussis à percevoir ce mélange fulgurant de sentiments, et il n'en faut pas plus pour me faire monter les larmes aux yeux.
J'ignore combien de temps je suis restée là à regarder ma tante et ma cousine évacuer ainsi leurs émotions. Et visiblement, Joseph non plus n'a pas le cœur à les interrompre. Un rapide coup d'œil me fait comprendre que lui-même est au bord des larmes.
Le temps est sans doute en train de passer, le dîner est peut-être en train de refroidir... mais pour l'heure, aucun d'entre nous n'en a quelque chose à faire.
Lors de mon arrivée, lorsque Joseph nous a appelées pour dîner, Taylor et moi étions furieuses contre Rosa. Nos rapports les unes avec les autres étaient des plus catastrophiques. Aujourd'hui, nous remontons la pente. Bien sûr, je me doute bien que cette réconciliation n'est que le début de la nouvelle entente entre ma cousine et ma tante. Mais maintenant qu'elles se sont tout dit, elles peuvent enfin commencer à guérir ensemble.
Alors que Pégase passe sa tête contre ma jambe, je lève légèrement la tête vers le plafond.
Maman, papa... J'ai réussi.
Ah là là, qu'est-ce que j'aime les dramas familiaux...
Que pensez-vous de ce chapitre ?
Perso, à la base, je voulais que Joyce participe à cette discussion qui avait pour but de réconcilier Taylor et sa mère... puis je me suis rendue compte que ce serait assez impersonnel de sa part. Si Joyce a eu droit à un moment en privé avec sa tante, pourquoi Taylor n'aurait pas également droit à un moment de qualité avec sa mère ?
Du coup, voilà où on en est. Désolée pour ceux attendaient une discussion complète entre Taylor et tante Rosa.
Et comme je suis une fan de parallèles au sein même de l'histoire, on peut remarquer que c'est la deuxième fois que nous voyons Joyce, Rosa, Taylor, Joseph et Pégase dans une même pièce, c'est-à-dire le salon. La première fois, c'était le jour de l'arrivée de Joyce, quand elle et Taylor étaient remontées contre sa tante. Et là, nous les revoyons tous les cinq dans de meilleurs termes.
Voilà. La boucle et bouclée. (J'aime beaucoup cette expression, mine de rien.)
Mais je vous rassure, il reste encore quelques chapitres ! J'espère qu'ils vous plairont !
A la prochaine ^^
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