🌻 Chapitre 21- Un Thanksgiving de folie
Comme promis, pour Thanksgiving, j'ai embarqué Taylor dans un programme de folie dont moi seule ai le secret.
La veille, nous avons organisé une soirée pyjama entre cousines. Et qui dit "soirée pyjama" dit "bouffe à volonté".
C'est donc tout naturellement que nous avons emmené tout un tas de petits trucs à déguster collectivement (des nachos, des ailerons de poulet, des chips, du guacamole, des quesadillas ainsi que des muffins de toutes sortes), et que nous nous sommes délecté de tout ça dans la chambre de Taylor qui a accepté de m'offrir l'hospitalité le temps d'une soirée. Le tout dans une ambiance tamisée, agglutinées sur des matelas et des tonnes de coussins et de couettes, et devant un bon film d'animation, ça va de soi. En plus, le projecteur de Taylor est juste top.
-Ce serait bien qu'on ait des combis, ai-je dit à Taylor alors que nous regardions Tous en scène. T'en penses quoi?
-Des combis assorties tu veux dire?
-Pas obligatoirement, mais vu qu'il va faire de plus en plus froid, je me dis que ça pourrait être sympa de se réchauffer dans de bonnes tenues d'hiver.
-Et tu comptes trouver ça où?
J'ai levé le bras comme si je présentais un endroit gigantesque.
-Mais voyons, ma cousine! Nous pouvons en trouver partout! Il suffit seulement de chercher un peu pour que l'objet de nos désirs se présente à nous.
-T'arrête jamais de parler comme ça, toi, hein?
-Eeeeeeet non!
Elle a alors secoué la tête en roulant des yeux, le tout avec un léger sourire affectueux aux lèvres.
-T'es pas possible.
Le lendemain, -aujourd'hui donc-, nous avons passé la journée au centre commercial. Et pendant qu'il nous y conduisait, Joseph nous a dit ceci:
-Madame Jones devrait être présente ce soir pour le repas de Thanksgiving. Donc vous pourrez faire ce que vous avez prévu.
Taylor s'est tournée vers moi, l'air suspect.
-Qu'est-ce que t'as encore prévu de faire, toi?
-Taratata, ma chère cousine! Si je te disais tout dans la seconde, ça ne serait plus une surprise.
-T'en as pourtant parlé à Joseph!
-Bah ouais, fallait bien que je l'informe, quand même. Surtout si on compte utiliser la cuisine.
-Je sais pas si c'est censé m'intriguer ou me faire peur, tout ça.
Derrière son volant, Joseph n'a pas pu s'empêcher de rire.
-Faîtes confiance à votre cousine, Mademoiselle Jones. Peu importe ce qu'elle vous réserve, je suis sûre que vous y prendrez plaisir, toutes les deux.
Une fois le trajet effectué, Taylor et moi nous sommes aventurées dans presque toutes les boutiques de l'étage qui se sont présentées à nous. Oui, "de l'étage", car ce centre commercial en contient trois, et qu'il nous a fallu une bonne matinée ainsi qu'un bon début d'après-midi pour dévaliser l'étage où nous nous situions. Et bon sang, il y en avait, des choses à dévaliser. Entre les chaussures, les manteaux, les T-shirts, les pulls, les pantalons sans oublier les divers accessoires comme les chapeaux, les gants, les sacs à main ou encore les bijoux, nous avions largement de quoi faire. Et c'est sans compter les fois où nous nous sommes arrêtées pour tester les différents maquillages dans des magasins spécialisés en cosmétique, ainsi que de nombreux parfums et autres produits de beauté.
A l'issue de ce marathon pyramidal, Taylor et moi nous sommes retrouvées à transporter pas moins de huit sacs chacune.
-Pfiou!!!, me suis-je exclamé alors que nous quittions un énième magasin. Avec ça, je suis sûre d'avoir refait ma garde-robe pour les dix prochaines années.
Ma cousine a alors poussé un gros soupir, comme si elle venait de taper le sprint de sa vie.
-C'est pas tout ça, mais je meurs de faim, moi...
Elle avait l'air en pleine agonie, et moi-même, je sentais que j'allais bientôt m'écrouler si je ne m'asseyais pas deux minutes. On ne dirait pas comme ça, mais faire les boutiques, c'est bien, mais ça pompe l'énergie.
-Il y a un Burger Fi juste en face, si ça te dit.
-Encore des hamburgers? Oh et puis tu sais quoi? J'ai tellement faim que je pourrais même manger de la pâtée pour chien.
-Ça risque pas de plaire à Pégase, ça, Taylor. T'en es consciente au moins?
Là-dessus, nous nous sommes avancées en direction de fast-food tels des voyageurs perdus dans un désert venant d'apercevoir une oasis. Et c'est bien l'effet que nous a procuré cette pause. Une excellente occasion de nous requinquer après les achats pharaoniques que nous venions d'effectuer.
Après quoi, Joseph est venu nous récupérer avec nos nombreuses courses. Heureusement que la limousine était suffisamment spacieuse pour y ranger tous nos sacs!
A peine sommes-nous rentrées que nous filions de nos chambres respectives pour y déposer nos affaires fraîchement achetées. Ensuite, direction la cuisine pour concocter un plat pour Thanksgiving...
***
-Qu'est-ce t'as en tête?, me demande ma cousine alors que nous ouvrons la porte menant à la cuisine.
-Tu verras bien, je réponds d'une voix chantante.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette cuisine ressemble en tous points à une fourmilière tellement elle grouille de personnes se déplaçant partout. Pas étonnant lorsque l'on prépare un repas pour Thanksgiving. Cependant, en début de journée, Joseph a fait savoir aux cuisiniers que Taylor et moi comptons préparer quelque chose nous-même, et il s'est lui-même assuré que nous ayons un endroit attitré pour pouvoir y préparer ce que nous souhaitions.
C'est donc au fond de la cuisine que ma cousine et moi prenons place pour éplucher de bonnes patates douces.
-Rappelle-moi ce que tu comptes préparer pour ce soir?, me demande Taylor alors qu'elle examine une patate douce entre ses mains.
Me saisissant d'un éplucheur, je réponds:
-Tu vois ce que c'est, des frites de patates douces? En gros, ce sont des frites, mais à la place des pommes de terre, ce sont des patates douces.
-Je suis pas stupide, hein, tu sais, dit-elle en roulant des yeux.
-Je sais, je te fais marcher. Cela dit, vu qu'on va en faire pas mal, on ferait mieux de s'y coller maintenant. Tu t'es déjà servie d'un éplucheur?
-J'imagine que ma mère n'a pas jugé nécessaire de m'apprendre à éplucher quoi que ce soit.
-C'est bien qu'il me semblait. Je vais donc devoir tout t'apprendre, ma jeune padawan. L'épluchage n'aura bientôt plus aucun secret pour toi.
Là-dessus, je brandis mon éplucheur façon sabre laser jedi tout en imitant le bruit très spécial de cet objet fictif, sous les yeux amusés de Taylor qui tente de réprimer un sourire.
S'ensuit un tuto pratique sur l'utilisation d'un éplucheur et sur la préparation de frites de patates douces, sur fond de musique style pop, rnb ou hip-hop que nous pouvons écouter grâce à mon enceinte. Bien que Taylor ait pas mal douillé au début, elle a maintenant réussi à muscler ses doigts comme personne. Le plus dur pour ma cousine, c'est la partie épluchage, et elle n'a pas tord. La patate douce a beau avoir meilleur goût qu'une simple pomme de terre, elle n'en reste pas moins galère à éplucher. Une fois l'épreuve du feu terminée, il ne reste qu'à couper les patates douces en forme de frites avant de les faire cuire dans de l'huile bouillante. De temps en temps, Taylor et moi nous arrêtons pour danser lorsque la musique passe à un rythme entraînant, comme par exemple Wanna Be Startin' Something. En même temps, les chansons de Michael Jackson sont tellement entraînantes qu'il est tout simplement impossible de rester en place lorsqu'on les écoute.
Puis vient la partie la plus délicate qui consiste à faire frire nos patates douces. "Délicate" parce qu'il ne faut, bien sûr, pas se brûler. Pour cette étape, Taylor et moi devons à tout prix redoubler de prudence. Surtout Taylor qui est débutante dans le métier.
D'ailleurs, alors que nous faisons égoutter nos frites de patates douces sorties, Taylor me dit:
-J'espère qu'elles seront bonnes, au moins.
-Bien sûr qu'elles seront bonnes!, je réponds, offensée. T'es en train de me dire que ça vaudra de la pâtée de chien, aussi?
Elle roule des yeux pour la millième fois de la journée.
-Mais nan, c'est pas comme ça que je voulais le dire. C'est juste que c'est la première fois que je cuisine un truc et que je sais pas comment ça va être... Et puis, y'aura maman... Je sais pas. J'ai peur qu'elle n'aime pas.
-Hé, t'as pas à t'inquiéter. On l'a fait à deux, comme une équipe. Y'a pas de raison que ça ne soit pas bon. Et si ta mère n'aime pas malgré tout, ben, ça veut dire qu'elle a des goûts foireux, c'est tout.
Encore une fois, elle ne peut pas s'empêcher de pouffer de rire. C'est vraiment cool de la voir aussi détendue, et je me sens toujours fière quand j'arrive à la faire rire, même pour des trucs idiots. Comme si elle lisait dans mes pensées, ma cousine m'avoue:
-Tu sais, ça fait longtemps que j'avais plus passé une journée aussi, disons, riche comme ça. Enfin, y'avait aussi la soirée pyjama d'hier qui était sympa, puis la sortie shopping tout à l'heure et là, l'atelier cuisine avec la musique...
Elle s'arrête le temps de remettre des patates douces dans la friteuse.
-J'ai vraiment passé une journée de folie, Joyce. Et c'est grâce à toi, ta folie et ta joie communicatives. Alors merci.
Autant dire que ses paroles me vont droit au cœur, et cela doit se voir à mon sourire.
-Oh...
En disant cela, je m'élance pour la serrer dans mes bras.
-Eh fais gaffe! Y'a la friteuse juste à côté!, s'exclame-t-elle, prise de court.
Pour une fois, je ne réponds pas et me contente de rester collée à Taylor, tel un gosse en demande de câlin.
Elle soupire, mais je devine sans peine qu'elle est en train de sourire. Elle me retourne alors mon étreinte en posant son menton sur ma tête.
-T'es pas possible.
Le soir venu, le moment de déguster nos frites de patates douces, ainsi que les nombreuses spécialités conçues pour le repas de Thanksgiving, arrive enfin. En plus de nos frites, la table à manger est généreusement garnie avec de la dinde farcie, de la sauce aux cranberries, un gratin de panais et de betteraves, du pain au maïs, ainsi que des verrines de courges.
Un bon gros festin pour trois personnes seulement. En espérant intérieurement qu'on ne se pète pas la panse, je souhaite un bon appétit à Taylor et à ma tante Rosa, avant de commencer à manger.
A vrai dire, je n'ai pas vraiment pensé à la façon dont se passerait mon premier repas de Thanksgiving avec ma nouvelle famille. Lorsque je vivais au Minnesota avec mes parents, nous avions pour habitude, pendant le dîner, de dire ce pourquoi nous étions reconnaissants, que ça soit pour une bonne note obtenue à l'école, un entretien qui s'est bien déroulé, ou bien simplement le fait d'avoir des amis présents ou une famille dévouée. Alors que là, bien que nous ayons passé une excellente journée, Taylor et moi, la simple présence de ma tante a suffi pour que l'ambiance refroidisse. Comme à son habitude, le visage de Rosa est d'une sévérité à couper le souffle.
Mais ce soir-là, elle paraît plus gênée que contrariée. Comme si quelque chose la dérangeait. Alors, je prends mon courage à deux mains et lui demande:
-Elle s'est passée comment ta journée, tante Rosa?
Cette dernière lève lentement la tête vers ma direction.
-Ça s'est passé comme d'habitude, je dirais.
Wow. Plus précis que ça, tu meurs. Comme je vois qu'elle ne veut pas en dire plus que ça, je choisis de changer de sujet.
-Je pense pas que tu sois au courant, mais c'est Taylor et moi qui avons fait les frites de patates douces pour ce soir.
Cette fois, ma tante affiche une mine empreinte de curiosité.
-C'est vrai, ça, Taylor?, demande-t-elle en se tournant vers ma cousine.
-Comme tu as pu l'entendre, maman.
Je remarque alors que ma tante n'a pas encore touché à ses frites.
-Je vais goûter, dans ce cas. On va voir ce que ça donne.
Taylor et moi échangeons un regard. L'heure de vérité a enfin sonné.
Rosa porte sa fourchette pleine de frites de patate douce, sous le regard un tantinet anxieux de Taylor.
Elle va aimer? Elle va pas aimer? Aimera? Aimera pas...
Je suis presque surprise de voir le visage de ma tante se détendre pendant qu'elle mâche ses frites.
-C'est délicieux. Vous vous êtes bien débrouillées.
Un compliment de la part de ma tante Rosa? Il va neiger demain, c'est certain. Et en croisant le regard de Taylor, j'ai l'impression qu'elle pense la même chose.
Ma cousine se racle la gorge.
-Oh eh bah... c'est cool que t'aimes ce qu'on a préparé. C'était l'idée de Joyce.
De là où je suis, je ne peux pas m'empêcher de me tenir droite fièrement, avec un sourire aux lèvres. Je suis sur le point de rétorquer que je n'ai décidément que des idées de génie lorsque ma tante ajoute avec une mine préoccupée:
-Letitia aurait sûrement aimé, elle aussi.
Intriguée par ce changement de comportement, je me tourne vers Taylor, et sa réaction m'inquiète doublement. Elle a présent l'air attristée, elle aussi. Une expression de douleur prend place sur leur visage, à toutes les deux.
J'ai aussitôt la sensation qu'une chape de plomb s'est abattue dans la pièce, tandis que des milliers de questions arrivent en masse dans mon cerveau. Mon regard ne cesse de jongler entre ma tante et ma cousine, alors que, parmi toutes les questions qui se sont imposées à moi, seule une est bord de mes lèvres, bien que je n'ose pas la formuler malgré moi.
Qui est cette Letitia?
Et c'est ainsi que se termine ce chapitre: avec un gros cliffhanger.
J'espère que vous aimé voir Joyce et Taylor prendre du bon temps ensemble ! Que pensez-vous de leur complicité ?
Ce chapitre signe également la fin de la deuxième partie. Pour la prochaine, je vous recommande d'apporter une boîte de mouchoirs parce que ça va être... assez musclé émotionnellement parlant.
D'ici là, portez-vous bien, et à bientôt pour la suite ^^
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