🌻 Chapitre 15- Promenade avec Pégase
Si on m'avait dit un jour que j'irais promener un chien, je crois que j'en aurais été très surprise.
On est samedi aujourd'hui et il fait particulièrement beau. Ma tante Rosa brille encore une fois pas son absence et Taylor aussi, la première à cause de son métier éreintant d'actrice (toujours avec le sarcasme, hein, pour changer) et la seconde pour aller sans doute voir son cher et tendre dont j'ignore le nom.
Et pour une fois, Joseph manque également à l'appel. Il a en effet demandé quelques jours de congé pour rendre visite à sa mère à l'hôpital. Elle a été diagnostiquée d'une tumeur au cerveau et c'est tout naturellement qu'il a voulu se déplacer pour la soutenir dans cette épreuve.
J'ai appris la nouvelle par l'intermédiaire de Taylor, alors que nous faisions une séance de manucure dans la salle de bain.
-Je ne sais pas si je te l'ai dit, mais Joseph va devoir s'absenter quelques jours, m'a-t-elle dit alors qu'elle se limait les ongles des mains.
-Ah bon? Tu sais pourquoi?
-Une urgence familiale. Sa mère est à l'hôpital à cause d'une tumeur au cerveau.
A l'entente de cette annonce, j'ai aussitôt arrêté de mettre du vernis sur mes orteils et je me suis immédiatement redressée.
-Il doit partir quand?
-Ce soir, m'a-t-elle répondu, comme s'il s'agissait d'une chose complètement normale.
Je me suis levée comme un ressort avant de quitter précipitamment la pièce. J'entendais à peine Taylor me lancer:
-Joyce, attends! Ton vernis n'est pas encore sec!
A cet instant précis, je me moquais éperdument de mon vernis. Joseph allait partir pendant quelques jours pour voir sa mère qui était gravement malade et personne ne daignait montrer ne serait-ce qu'un peu de sympathie à son égard? Cette pensée seule a suffi à m'indigner et c'était d'un pas pressé que j'ai descendu les escaliers en direction du salon, là où se trouvait Joseph.
Il était assis sur le canapé, le regard ailleurs, avec ses valises autour de lui. Il a mis un certain temps avant de remarquer ma présence et lorsqu'il a vu mon visage inquiet, il m'a demandé:
-Quelque chose ne va pas, Joyce?
Si je n'avais pas été si préoccupée, j'aurais probablement souri devant la prévenance dont faisait preuve le majordome. Peu importe ce qui peut lui arriver, il pense toujours au bien-être des autres avant le sien. C'est l'une des raisons pour lesquelles je l'apprécie beaucoup.
Je me suis alors avancée vers lui en lui disant:
-J'ai appris que vous alliez partir. Je voulais...
J'ai pris un instant pour choisir correctement mes mots, chose qui m'arrive rarement, avant de continuer:
-Je voulais vous dire que je penserai à vous dans cette épreuve.
Sans doute touché par ce que je venais de dire, Joseph m'a fixé avec un regard chargé d'émotion. J'ai presque été tentée de le prendre dans mes bras tant il semblait au bord des larmes. Il a ouvert la bouche puis, après avoir longuement hésité, il a finalement dit:
-Merci Joyce.
Il m'a montré en deux mots toute la gratitude et la reconnaissance qu'il a éprouvées à ce moment-là. Pour toute réponse, je lui ai serré le bras.
-Vous pouvez compter sur moi, Joseph.
***
C'est donc comme ça que je me suis retrouvée à devoir promener Pégase, dont l'excitation ne s'est pas démantelée depuis que je suis arrivée. Au contraire même. La perspective de sortir prendre l'air avec moi semble le rendre encore plus fou que d'habitude et c'est avec difficulté que j'essaie de lui mettre sa laisse.
-Bon, Pégase!, je dis en m'impatientant. Je sais que t'es super content de sortir, mais si t'arrêtes pas de bouger, on ne sortira pas avant l'année prochaine.
A croire que mes paroles faisaient de l'effet sur les animaux, le labrador cesse de gigoter. Je ne savais pas que j'avais suffisamment de charisme pour dresser un chien, mais bon.
Nous sortons en direction d'un parc devant lequel j'ai l'habitude de passer lorsque je vais en cours. J'ai mis pour l'occasion une salopette en jean avec en dessous un T-shirt jaune et des tennis de couleur blanche un peu délavées sans oublier bien sûr mon serre-tête jaune. Ce parc est assez vaste et l'on peut y croiser plusieurs joggeurs en train de courir, des enfants en train de jouer ou tout simplement des passants souhaitant profiter de ces rayons de soleil qui viennent égayer cette journée. Et je suis enchantée de voir que la bonne est également au rendez-vous. J'ai en effet eu l'occasion de saluer plusieurs personnes sur mon chemin. Les habitants du Wisconsin sont décidément très chaleureux!
Nous nous arrêtons à un endroit où il y a beaucoup d'herbe et j'en profite pour repérer un bâton du regard. Après avoir libéré Pégase de sa laisse, je me saisis du bâton, posé près d'un arbre, avant de l'envoyer au loin. Le labrador ne tarde pas à courir la chercher en l'attrapant au vol.
-Bravo, Pégase!, je m'exclame tandis qu'il revient en arborant un air fier, le bâton coincé entre ses crocs.
Je réitère plusieurs fois le même geste et j'en profite pour filmer Pégase avec mon portable, en pleine poursuite du bâton. Ce chien est vraiment une source d'amusement sans fin pour ce qui est de le filmer. Vraiment, ce n'est pas pour rien que les gens trouvent autant de plaisir à filmer leurs animaux de compagnie.
Alors que mon animal canin préféré rapporte pour la énième fois le bâton, j'entends des applaudissements accompagnés d'une voix qui s'exclame:
-Folle, chaud bouillante et dresseuse de chiens... T'as beaucoup de talents cachés, dis donc!
Comme je reconnais immédiatement cette voix, je me retourne pour faire face au nouveau venu avec un sourire moqueur:
-On voit que quelqu'un est un observateur hors-pair, ici!
Il s'agit bien sûr de ce cher Dylan, lequel arbore lui aussi un sourire railleur, pour changer. Il s'approche de moi et nous partageons une franche poignée de mains.
-T'es venu me voir parce que je te manquais trop?, je lui lance.
-Très drôle. Je passais juste par là et puis je t'ai aperçue avec ton Saint-Bernard.
Je le fixe alors avec consternation.
-Tu sais pas faire la différence entre un labrador et un Saint-Bernard?! Faut te remettre à jour, mon vieux!
Ce à quoi il éclate de rire, ce fichu Brigand! Est-ce que j'ai une tête à plaisanter, là, de suite? Il ne vaut franchement pas mieux que Thiago sur ce point.
-Au lieu de rire comme un vulgaire dauphin, tu peux me dire où tu comptes aller, là?
-Si tu veux savoir, j'allais voir des potes à notre spot d'entraînement pour une session de street workout.
A ces mots, mes yeux se mettent à briller telles des boules disco. Bon, dit comme ça, ça fait bizarre, mais en tant que personne qui aime le sport, la simple évocation de street workout fait naître en moi une envie de me dépenser.
-Dis donc, je rêve ou t'es en train de craquer sur moi?, se moque Dylan.
-Rêve pas trop, mon grand. Tu pourrais tomber bien bas.
Et il continue de rire. Comme ça. A croire que c'est la seule chose qu'il sait faire.
Après s'être bien payé ma tête, le Brigand tourne les talons pour s'en aller à son lieu de destination. Il s'arrête après avoir fait quelques pas pour me dire en tournant légèrement le visage en ma direction.
-Si tu veux te joindre à nous, on se retrouve dans la rue en face du marchand de glaces, si tu vois où c'est.
Quand je dis que j'ai affaire à un brigand... Le mec me livre des infos précieuses en me regardant de travers. Et comme si ça ne suffisait pas, il s'en va sans un mot juste après m'avoir dit tout ça.
Il ne manque plus qu'une musique de western se fasse entendre et on aurait eu la totale.
Je tourne la tête à ma droite et je vois Pégase, assis et la langue pendue, comme s'il venait d'écouter notre conversation, à Dylan et moi. Et comme je le plains, franchement. Lui qui voulait s'amuser avec sa maîtresse préférée, voilà qu'il a dû passer en second plan parce qu'un inculte ne savait pas faire la différence entre un labrador et un Saint-Bernard.
Dans tous les cas, ce sale Bandit m'a donné envie d'y aller, à son street workout.
Une promenade avec Pégase, une rencontre avec le fameux Brigand, et maintenant une invitation pour aller faire du sport... Qu'es-ce qui pourrait mal tourner, franchement?
Eh bien, vous aurez la réponse au prochain chapitre ^^
En attendant, j'espère que celui-là vous aura plu! Personnellement, j'ai bien aimé faire interagir Joyce et Joseph, ils forment tous les deux un duo improbable mais consistant. Et bien sûr, Joyce et Pégase, son compagnon canin qui fait un parfait acolyte.
Bref, de nouvelles amitiés en perspective.
Là-dessus, je vous dis à bientôt !
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