CHAPITRE 8


Louisa avait attendu plusieurs jours avant de réunir tout le monde chez elle. Et part tout le monde elle voulait dire Camille, Emma et Nathan. Cela faisait longtemps que la mère de Camille n'avait plus organisé de petit rassemblement de la sorte, de petit apéritif convivial entre proches, essentiellement à cause de son déplacement à Montpellier. Et aussi car elle n'avait pas souvent le temps de le faire. D'ailleurs, Camille avait trouvé ça bizarre quand sa mère était venue la chercher aux alentours de 10 heures un dimanche, le seul jour de repos de tout le monde. Ce n'était pas vraiment dans les habitudes de Louisa et cela avait étonnée Camille. Mais voilà, à présent elle était là, sur la terrasse de la maison de sa mère, à déposer des amuse-bouches en tout genre pour cet apéritif si soudain et semble-t-il des plus importants. Louisa avait hésité longuement avant d'aller chercher sa fille, car cet apéritif n'était qu'un prétexte. Ce qui importait, c'était l'annonce qu'elle avait à faire. L'annonce qui, elle s'en doutait, déplairait à Camille. Mais il n'y avait plus de retour en arrière possible à présent.

La première personne à arriver chez Louisa fut Emma. Celle-ci, comme à son habitude, frappa huit fois à la porte et Louisa lui ouvrit avec un large sourire. Puis, Emma rejoint Camille sur la terrasse et s'assit en face d'elle. Et les premières discussions, alors que Louisa s'occupait encore du repas dans la cuisine.

« Tu sais ? Je pensais partir explorer Montpellier, » dit Emma en avalant un amuse-bouche. « J'suis sûre qu'il y a plein de trucs super à voir là-bas. Je pourrais même faire un article. »

Camille prit une gorgée de sa boisson et ricana gentiment.

« Des trucs supers genre... des gens ? Des streameurs ? » se moqua la brune, qui pour une fois, avait délaissé sa caquette.

« Quoi ? Mais pas du tout ! » s'offusqua faussement Emma. « Je parle vraiment de la ville, des monuments à y voir, des quartiers... Tout ça quoi !

— Ok, vas-y. Nomme moi un seul monument à Montpellier, » défia Camille en prenant un amuse-bouche dans l'un des bols sur la table.

Emma grimaça. Elle avait beau tout le temps parler des Montpellier – et des gens qui s'y trouvaient – elle ne connaissait pas la ville pour un sou. Louisa arriva sur la terrasse et déposa deux nouveaux bols sur la table. Amusée, puisqu'elle avait entendu l'échange entre les deux filles, elle jeta un regard un Emma, puis s'adressa à Camille.

« Je crois qu'il y a quelqu'un là-bas qu'elle veut absolument voir.

— Tu vois ! » s'exclama Camille. « Même ma mère qui n'y connaît rien en streameurs le dit !

— Mais oh ! Si j'ai envie d'aller à Montpellier dans un but précis ou pas, j'ai bien le droit, hein. »

Camille et Louisa se mirent à rire doucement. Emma était toujours très motivée quand il s'agissait de partir à la recherche de ses idoles, sans réaliser que parfois, et même souvent, elle dépassait les bornes.

« Mais tu sais que t'as aucun raison d'aller à Montpellier hein ? Je suis pas sûre que le Maire kifferait un article sur une ville qui est pas la sienne, » dit simplement Camille.

« Hmm... Tu pourrais venir avec moi ? » demanda Emma.

Camille fronça les sourcils.

« Mais moi non plus j'ai aucune raison d'aller à Montpellier Emma, » répondit la brune. « Puis j'ai pas le temps, avec le Double Trèfle. »

Soudain, Nathan fit son entrée, les bras chargés de provision. Louisa le remercia en le débarrassant des sacs et fila dans la cuisine. Nathan s'installa près de Camille et tenta de comprendre l'échange entre elle et Emma. Mais avant qu'il ait le temps de comprendre quoi que ce soit, Louisa sortit de la cuisine et s'installa avec les trois jeunes. L'air sérieux, le regard plein d'appréhension, elle attendit qu'Emma ait fini de parler pour se racler la gorge et tirer l'attention vers elle. Camille, Emma et Nathan posèrent donc leur regard sur elle.

« Puisqu'on parle de Montpellier, » tenta Louisa. « J'ai une annonce à vous faire. »

Camille était curieuse, sa mère ne lui avait pas parlé d'une quelconque annonce depuis son retour. Pourtant, à l'expression sur le visage de sa mère, ça avait lancé important. Et ça n'annonçait rien de bon pour Camille.

« Je ne vous en ai pas parlé avant parce que ce n'était pas encore sûr, » révéla Louisa en gardant le mystère. « Mais à présent c'est officiel. Nous allons ouvrir un Double Trèfle à Montpellier. »

Aussitôt Emma et Nathan n'enthousiasmèrent de la nouvelle, tandis que Camille semblait s'enfoncer dans sa chaise.

« Je vois que ça vous fait plaisir, » se rassura Louisa, en se tournant vers Nathan et Emma. « Et toi Camille ? »

Camille soupira longuement. Que pouvait elle dire ? Elle n'avait aucune envie de partir pour s'installer à Montpellier.

« Ça te vient d'où cette envie de tout planter pour partir ailleurs ?

— Je ne plante rien, le Double Trèfle original ne ferma pas, Camille.

— Et qui va s'en occuper ? Hein ? Où sera l'ambiance familiale si la famille n'est plus là ?

— C'est toi. »

Camille fixa drôlement sa mère. Elle était bouche-bée. Louisa avait-elle prévu ça depuis le début ?

« Mais... Maman, je saurai pas gérer le Double Trèfle seule... J'en suis incapable, » adressa Camille, inquiète.

« Tu crois ça ? Pourtant c'est ce que tu as fait pendant mon absence, non ? Et Nathan m'a dit à quel point tu étais dévouée au Dîner. Je pense que tu seras parfaite. Tu t'en sortiras très bien. »

Camille se tourna vers Nathan, lui adressant un sourire de remerciement.

« Je sais que la transition va être compliquée pour tout le monde mais vous allez très bien vous en sortir, » rassura Louisa. « Je ne suis déjà presque plus là depuis un bon moment, les clients se sont habitués à vous, à la dynamique que vous imposez Nathan et toi. Et Adam sera très heureux de t'avoir pour patronne, il dit que tu es bien plus cool que moi. »

Louisa ricana gentiment et Camille se mit à sourire. Elle n'avait pas vraiment envie que les choses changent et cela l'inquiétait d'ouvrir un second Double Trèfle dans une ville qui n'était pas celle où son arrière grand mère avait posé ses valises il y a longtemps. Mais pourtant cela faisait plusieurs jours que cette sensation de changement l'habitait. Comme si elle s'y était attendue sans vraiment s'y attendre. Comme si elle l'avait su sans vraiment le savoir. Comme si... Non, c'était sans importance. Et sans lien.

Tout n'avait pas toujours à avoir un lien avec Hortense.

Si ?

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