CHAPITRE 15
ɴᴏᴛᴇs:
Oui, je sais, ça fait des millénaires que vous l'attendez mais il est enfin là ! Enjoy !
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Dans la cuisine du Double Trèfle, la lumière blanche des néons éclairait le visage concentré de Camille. Elle s'affairait à préparer une salade, ses mains expertes mélangeant les feuilles de roquette, les tranches d'avocat et les copeaux de parmesan avec une dextérité impressionnante comme elle en avait tant l'habitude, elle qui avait grandi entre les murs de ce restaurant. Le bruit métallique du couteau claquant contre la planche de bois et le doux bruissement des feuilles accompagnaient ses gestes rapides tandis qu'elle tentait de chasser de ses pensées tout ce qui la troublait ces derniers temps. La vapeur légère qui s'échappait d'une casserole sur le feu embuait légèrement l'air autour d'elle alors que dans son dos, Adam se hâtait à plonger les frites dans leur huile.
Soudain, une silhouette familière apparut dans l'embrasure de la porte. Nathan, son éternel sourire accroché aux lèvres, entra doucement dans la cuisine, ses pas légers presque inaudibles sur le carrelage blanc taché du gras des préparations. Camille leva les yeux vivement, ses doigts toujours en mouvement, pour regarder celui qui avait fait irruption dans son espace de travail.
« Je n'en ai plus pour longtemps, » dit-elle, un sourire fatigué au coin des lèvres.
Naturellement plus professionnelle que jamais, Camille supposa que les clients s'impatientaient et que Nathan était venu le lui faire savoir afin qu'elle et Adam accélèrent un peu le mouvement. Mais Nathan secoua la tête, un sourire rassurant sur ses lèvres.
« Les clients n'ont rien dit. Tu es rapide et efficace, comme toujours. »
Son ton était calme, apaisant, mais Camille décelait quelque chose de plus profond dans son regard. Ce n'était pas seulement une visite de routine, elle pouvait le sentir. Après tout, elle connaissait bien son cousin, autant que lui la connaissait. Ils savaient toujours l'un et l'autre à quoi s'attendre venant de chacun. Elle plissa légèrement les yeux, observant son cousin avec attention. Il y avait dans ses yeux un mélange de tendresse et de préoccupation, une sorte de pesanteur qui lui était des plus familières.
« Qu'est-ce que tu veux alors, Nathan ? » demanda-t-elle, sa voix plus douce, presque curieuse, pourtant aussi méfiante.
Le garçon brun hésita un instant, le regard baissé sur ses mains, comme s'il cherchait les bons mots.
« Je m'inquiétais pour toi, tu sais, » commença-t-il doucement, en relevant les yeux pour croiser ceux de sa cousine. « Mais ces derniers temps, j'ai l'impression que tu vas mieux. Tu as retrouvé le sourire. »
Camille esquissa un sourire léger, comme poussé par les mots de son cousin, mais son regard resta scrutateur.
« Si tu me dis ça pour que j'assume mon coup de cœur pour Hortense, tu es en retard, » répliqua-t-elle avec un soupçon de malice dans la voix. « Emma s'en est déjà chargée. »
Nathan rit doucement, hochant la tête.
« Je sais. Mais je voulais en parler avec toi, pas juste entendre les ragots de ta meilleure amie excentrique, tu sais ? Je voulais te donner le temps de venir à moi quand tu serais prête, comme on a toujours fait entre nous. »
Un silence s'installa un instant entre eux, seulement rompu par le crépitement de la poêle sur le feu et des frites plongés dans l'huile ainsi que par le bruit sur le carrelage des sur-chaussures de Adam qui s'agitait un peu plus loin. Camille baissa les yeux sur la salade devant elle, son expression devenant alors plus pensive. Elle finit par murmurer doucement :
« Merci, Nathan. J'aimerais bien en parler, je crois, oui... mais... »
Nathan s'approcha, posant une main réconfortante sur l'épaule de Camille.
« Qu'est-ce qui te tracasse ? » demanda-t-il doucement.
Camille prit une profonde inspiration, sentant une vague d'émotion monter en elle. Elle prit le temps d'essuyer ses mains sur le tablier qu'elle portait avant de se tourner vers son cousin.
« Les mots de ma mère... ils tournent en boucle dans ma tête. Et je suis... complètement chamboulée par tout ça. » Elle marqua une pause, cherchant ses mots. « Je crois que je suis toujours en train de me remettre de ma 'gay panic'. »
Camille lâcha un petit rire nerveux et Nathan sourit, un éclat amusé dans les yeux. Il resta tout de même attentif. « Une 'gay panic', hein ? » Sa voix était chaleureuse et encourageante. « Tu veux m'en parler ? »
La brune hocha la tête, sa nervosité palpable.
« Oui... c'est juste que... tout est tellement nouveau. Je me sens... » Elle cherchait les mots, ses mains maintenant immobiles sur le comptoir. « Je me sens comme si mes émotions étaient aussi fragiles que des pétales de fleurs, tu vois ? Et je ne dis pas ça pour ressortir mes vieux cours sur le langage des fleurs crois-moi. »
Nathan sourit, amusé.
« En fait, après Zoé... Je m'étais juré de ne plus m'éprendre pour la première venue, de ne plus... baisser ma garde, tu comprends ? Et là... Enfin, je veux dire, je sais que ça n'a rien à voir...
— Non, en effet.
— Et pourtant j'ai peur exactement de la même façon. »
Même s'il n'avait pas vécu les mêmes épreuves que sa cousine, Nathan comprenait. Il pouvait voir la vulnérabilité dans les yeux de Camille, une vulnérabilité qu'elle ne montrait pas souvent – presque jamais en fait.
« Je sais, Camille, » dit-il doucement. « Ces sentiments, ils sont tout frais, tout neufs. Et si tu as trop peur, si tu n'es pas prête à les accepter... tout pourrait se briser trop tôt. Mais fais-toi confiance, tu mérites de vivre quelque chose de beau. Tu n'es pas ton passé, tu n'es pas définie que par tes blessures. Et Hortense n'est pas Zoé. »
Camille ferma les yeux un instant, prenant les mots de son cousin à cœur. Elle savait qu'il avait raison. Si elle voulait avancer, elle devait trouver le courage d'accepter ces nouvelles émotions, quitte à se confronter à une déception plus tard. Elle rouvrit alors les yeux, les larmes menaçant de couler, mais sourit malgré tout.
« Merci, Nathan. »
Camille s'avança et prit le garçon dans ses bras, le serrant fort. Nathan la serra en retour, ses bras s'entourant, protecteurs, autour de ses épaules.
Après un moment, Camille se détacha légèrement, essuyant rapidement une larme qui avait roulé sur sa joue.
« Bon, il est temps que tu ailles servir ces salades, » dit-elle avec un sourire plus lumineux, désignant les assiettes qu'elle venait de finir de préparer, retrouvant alors sa ferveur de directrice.
Nathan prit les assiettes avec un sourire complice.
« À vos ordres, cheffe. »
Il lui fit un clin d'œil avant de sortir de la cuisine, laissant Camille seule avec ses pensées, mais plus légère, plus confiante qu'avant. Et Adam qui se battait toujours avec les tomates de ses burgers sur le comptoir d'à côté.
⚢
Le soleil de fin d'après-midi traversait doucement les rideaux légers de l'appartement de Justine, projetant des motifs abstraits sur les murs crème du salon. L'ambiance était chaleureuse, accentuée par l'odeur douce des crêpes qui reposait sur la table basse du salon. Justine tendit une canette de soda à Hortense, qui s'affala confortablement sur le canapé moelleux, ses cheveux bruns et rouges tombant en cascade sur ses épaules.
« Alors, » commença Justine en s'asseyant en face d'Hortense, un sourire espiègle au coin des lèvres. « Tu passes beaucoup de temps au Triple Trèfle ces jours-ci, non ? »
Hortense roula des yeux, une expression amusée sur le visage. Justine n'avait pas arrêté de lui rabâcher les oreilles avec ça ces derniers jours, cherchant des réponses qu'Hortense ne donnerait pas, même sous la torture.
« Ah, le Triple Trèfle... C'est vrai que j'y vais souvent. La carte est vraiment bonne, tu sais, et l'ambiance est tellement... accueillante, » admis naturellement Hortense, sous le regard enjoué de Justine.
La brune prit une gorgée de soda, appréciant la froideur qui se répandait dans sa gorge.
« Et puis, la clientèle est sympa, » ajouta-t-elle. « Personne ne me dérange jamais, malgré la notoriété, tout ça... »
Justine laissa échapper un petit rire.
« Personne ne te dérange ? Tu veux dire que tu y vas juste pour la nourriture et l'ambiance ? »
Hortense fronça légèrement les sourcils et le sourire de Justine devint plus taquin, ses yeux pétillant de malice.
« Ou bien ça aurait un rapport avec la fille de la patronne, Camille ? » demanda finalement la blonde.
Hortense soupira profondément, posant sa canette sur la table basse avec un bruit sourd.
« Oh, arrête... » râla-t-elle, une pointe de frustration dans la voix.
Justine rit doucement, adoucissant son ton.
« Je te taquine, ma vie, c'est tout. Mais tu ne peux pas me dire que Camille n'a rien à voir avec tes visites. »
Elle observa Hortense, cherchant une réaction sur son visage. Et celle-ci finit par céder, un léger sourire aux lèvres.
« Tu as raison, je suppose. Je ne sais pas pourquoi, mais elle m'intrigue. Puis, j'aime bien écouter Louisa parler d'elle et de sa sœur aux clients comme si on était ses confidents, tu vois ? Elle raconte tellement d'anecdotes... Ça me donne l'impression de connaître Camille sans vraiment la connaître. »
Justine hocha la tête avec compréhension.
« Et est-ce que Camille te plaît... tu sais, d'une manière plus... romantique ? »
Hortense fronça à nouveau les sourcils, ses doigts jouant nerveusement avec la canette devant elle.
« Je n'sais pas trop... Je ne l'ai jamais envisagé comme ça. Elle est jolie, oui, je ne vais pas le nier, mais... Je ne la connais pas assez pour dire si elle me plaît vraiment. »
Justine sourit, compréhensive aux doutes de son amie.
« Je vois. Mais si tu en as envie, tu pourrais faire un pas vers elle. Apprendre à mieux la connaître. »
Hortense leva un sourcil, légèrement sceptique.
« Et pourquoi ce serait à moi de faire ce pas, hein ? »
Justine laissa échapper un petit rire avant de répondre.
« Hortense, tu es une personnalité publique. Camille, elle, c'est 'juste' une fille normale. Tu penses vraiment qu'elle va venir te parler, avec tout ce que tu représentes ? »
Hortense réfléchit un instant, hochant lentement la tête.
« Peut-être que t'as raison. Mais souviens-toi de ce qui s'est passé le soir de l'ouverture du restau'. Camille et moi, on s'est regardées pendant longtemps, et quand je lui ai enfin souri, elle a fui. »
Justine éclata de rire, ses yeux se plissant de plaisir face à une Hortense dont les yeux étaient remplis d'incompréhension.
« Je parie qu'elle a juste paniqué face à toi ! Ça devait être assez intimidant pour elle, surtout si tu lui plais au moins un peu. »
Hortense resta silencieuse, peu convaincue. Elle observa Justine, cherchant des réponses dans son sourire moqueur.
« Tu crois ? »
Justine posa sa canette, se penchant légèrement en avant.
« Écoute, si Camille te plaît ou t'intrigue un minimum, ça ne coûte rien d'essayer de te rapprocher d'elle. Elle a peut-être simplement besoin d'un peu de temps pour s'habituer à toi. »
Hortense soupira, jouant avec une mèche de ses cheveux, perdue dans ses pensées.
« Hmm... Mouais, peut-être que je devrais être un peu plus courageuse. »
Justine sourit doucement, posant une main réconfortante sur celle d'Hortense.
« Oui, et qui sait ? Tu pourrais être surprise de ce que tu découvres. »
Hortense hocha la tête, un léger sourire aux lèvres, mais avec une détermination nouvelle dans les yeux. Elle se redressa, serrant la main de sa meilleure amie avec gratitude.
« Merci. J'crois que j'avais besoin d'entendre ça. »
Justine lui fit un clin d'œil.
« De rien. Tu sais que je suis toujours là pour toi. »
Hortense sourit, sentant une vague de chaleur et de courage l'envahir. Peut-être était-il temps de faire ce fameux premier pas vers Camille.
⚢
L'après-midi avançait doucement, les rayons du soleil léger s'infiltrant à travers les grandes baies vitrées du Double Trèfle, projetant des ombres douces sur les tables en bois que Nathan nettoyait tranquillement. L'atmosphère dans le restaurant était détendue, les quelques clients présents savourant leur repas dans une ambiance paisible. Dans un coin du restaurant, Camille, sa casquette impeccablement posée sur ses cheveux bruns, terminait de revoir les derniers tickets qui trainaient autour de la caisse. Éva s'approcha alors, un sourire curieux aux lèvres.
« Camille, ça te dirait de me parler un peu de ta mère ? » demanda-t-elle, en s'appuyant nonchalamment sur le comptoir. « Ma mère me parle souvent d'elle, et ça fait un moment que j'aimerais bien la rencontrer. »
Camille sourit, prenant un instant pour se rappeler quelques souvenirs.
« Ma mère ? Ah, ma mère est un vrai personnage, tu sais. Toujours pleine d'énergie et toujours à raconter des histoires sur ma sœur et moi. Tous ses clients connaissent toute notre vie ! »
Camille posa les tickets qu'elle tenait et s'appuya contre le comptoir à son tour.
« Tu sais, une fois, elle a organisé un dîner à la maison en plein milieu de la nuit juste parce qu'elle avait envie de cuisiner. Elle a réveillé tout le quartier avec l'odeur de ses plats. Je peux te dire que ma grand-mère était fière, » sourit largement la brune.
Éva éclata de rire, visiblement amusée.
« Ça ne m'étonne pas, avec ce que j'ai entendu sur elle ! Elle semble vraiment incroyable. »
À ce moment-là, Nathan les rejoignit, un torchon à la main.
« Qu'est-ce que j'entends ? Vous parlez de tata Louisa ? »
Il se plaça à côté de Camille, un sourire complice aux lèvres.
« Tata Louisa ? C'est nouveau, » se moqua Camille.
« Justement, » continua Nathan en s'adressant à Éva. « Tu sais qu'une fois, elle a décidé d'apprendre à faire du pain toute seule ? Elle a transformé la cuisine de nos grands-parents en véritable boulangerie. Le problème, c'est qu'elle avait mal dosé la levure. Au matin, la pâte avait gonflé jusqu'à recouvrir tout le plan de travail ! Cette fois-là, Mamie n'était pas très contente. »
Éva éclata de rire une nouvelle fois, se tenant le ventre.
Nathan, toujours avec cet air de malice dans les yeux, poursuivit :
« D'ailleurs, en parlant de Louisa, ça me donne une idée. Dans quelques jours, il y a ce fameux tournoi de pétanque en ville, et vu que la ville a fait appel à des traiteurs pour nourrir les gens, on n'aura presque aucun client ici. Pourquoi est-ce que tu n'en profiterais pas, Camille, pour emmener Éva à Montpellier ? Ce serait l'occasion parfaite pour lui faire enfin rencontrer ta mère et visiter le Triple Trèfle. »
Camille hésita un instant, considérant l'idée. Elle tourna la tête vers Éva, qui la regardait avec des yeux brillants d'espoir. Face à cet enthousiasme évident, Camille finit par céder, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
« Hmm... Ça pourrait être sympa, oui. »
Éva, ne contenant plus sa joie, ajouta immédiatement :
« On pourrait aussi demander à Emma de venir avec nous. Un petit séjour entre filles, ça pourrait être super fun ! »
Nathan hocha la tête avec enthousiasme.
« C'est une excellente idée. Camille, tu pourrais demander à Emma ce soir. »
Camille acquiesça, déjà en train de penser à la logistique de ce petit voyage.
« D'accord, je lui en parlerai ce soir. »
Nathan, voyant la légère appréhension dans les yeux de Camille, lui posa une main rassurante sur l'épaule.
« Ne t'inquiète pas pour le restaurant. Je saurai m'en occuper comme il faut. »
Camille sourit, touchée par la confiance que lui témoignait son cousin.
« Je sais, Nathan. Je te fais entièrement confiance là-dessus. »
« Merci, Camille, » remercia chaleureusement Éva. « Je suis vraiment contente d'enfin pouvoir rencontrer Louisa. Et puis... » Elle hésita un instant avant de continuer, plus timidement. « Je suis aussi contente de passer du temps avec toi. »
Camille lui sourit joyeusement en retour.
« Moi aussi, Éva. Ce sera sympa. »
Éva, les joues légèrement rosies, s'éclipsa pour aller servir un client qui venait d'entrer. À peine avait-elle tourné le dos que Nathan se rapprocha de Camille, un sourire espiègle sur les lèvres. Il piqua une frite dans la barquette posée à côté d'elle avant de lâcher, d'un ton amusé :
« Tu sais qu'Éva flirtait avec toi, là ? Et toi, tu n'as rien vu. »
Camille haussa un sourcil, surprise.
« Tu crois ? » répondit-elle simplement, un peu incrédule.
Nathan hocha la tête, ricanant doucement.
« Je crois pas, je suis sûr. Mais tu es tellement focalisée sur Horty que tu ne vois même plus ce qui se passe autour de toi. »
Camille, réalisant ce que Nathan insinuait, et voyant qu'il ne se gênait pas pour piocher dans ses frites, lança un faux regard assassin à son cousin tout en éloignant sa barquette de frites hors de sa portée.
« Toi, tu ne changes jamais, hein ? »
Nathan éclata de rire, levant les mains en signe de reddition.
« Allez, j'arrête de t'embêter. Mais sérieusement, Camille, fais attention. »
Camille se contenta de secouer la tête en souriant. Tandis que Nathan s'éloignait en ricanant, elle sentit un mélange de confusion et de tendresse la submerger. Elle n'était peut-être pas encore prête à comprendre toutes les émotions qui se bousculaient en elle, mais elle savait qu'elle pouvait compter sur ses proches pour l'aider à y voir plus clair. Surtout sur Nathan.
⚢
La nuit avait doucement enveloppé la ville dans une douce obscurité. Le salon d'Emma était baigné d'une lumière chaude et tamisée, les rideaux tirés pour masquer la rue animée en contrebas. Assise confortablement dans son canapé, la blonde faisait tourner machinalement son téléphone entre ses doigts, plongée dans ses pensées. Elle attendait silencieusement l'arrivée de Camille qui devait ramener à manger du Double Trèfle. Mais le silence de l'appartement fut soudain interrompu par la sonnerie familière de son portable. L'écran afficha en grandes lettres LOUISA. Un sourire complice se dessina sur les lèvres d'Emma. Elle savait déjà pourquoi la mère de Camille l'appelait.
« Bonsoir, Louisa ! » s'exclama Emma en décrochant.
De l'autre côté de la ligne, la voix enjouée de Louisa résonna.
« Bonsoir, Emma ! J'ai une petite nouvelle à te partager. Aujourd'hui, Hortense n'est pas venue au Triple Trèfle. »
Emma se redressa légèrement, intriguée.
« Ah bon ? C'est surprenant. Elle est toujours là ces derniers temps. »
Louisa poursuivit, sa voix empreinte d'une excitation subtile.
« Eh bien, elle n'est pas venue, mais une de ses amies l'a fait. Une jeune femme qui était avec elle lors du soir d'ouverture. »
Emma sentit son intérêt grandir. Elle qui adorait toute la fine équipe qui entourait Horty, elle était excitée à l'idée de savoir qui de Baghera, Pelerine, Ava, Clara ou encore Florence s'était rendue au Triple Trèfle.
« Ah oui ? À quoi elle ressemblait ? » demanda-t-elle simplement.
Louisa réfléchit un instant avant de répondre.
« Elle était grande, blonde, avec un air assez joyeux. Elle portait une casquette noire et semblait vraiment à l'aise, comme si elle connaissait déjà bien l'endroit. »
Emma fronça les sourcils, une image se formant aussitôt dans son esprit. Évidemment, pensa-t-elle.
« Oh, ça doit être Justine, BagheraJones sur Twitch. On l'appelle souvent Baghera. C'est la meilleure amie d'Hortense.
— Ah, ça explique pourquoi elle avait l'air si à l'aise, » répondit Louisa, amusée. « Elle a commandé pour deux personnes, avec un large sourire. Quand je lui ai dit que je m'attendais à voir Hortense, elle n'a pas été surprise, bien au contraire. Elle a juste dit qu'Hortense était occupée ce soir et que c'était pour ça qu'elle venait à sa place. »
Emma haussa un sourcil.
« Vraiment ? Et elle a dit autre chose ? »
Louisa hésita un instant, sa voix prenant une tonalité plus mystérieuse.
« En partant, elle m'a demandé de saluer Camille de sa part. »
Emma resta silencieuse, surprise par cette information.
« Camille ? Mais... Camille n'a jamais rencontré Baghera. Pourquoi elle voudrait la saluer ?
— Je pense qu'Hortense a dû parler de Camille à son amie. C'est la seule explication logique, tu ne crois pas ? »
Emma acquiesça, bien que Louisa ne puisse pas la voir.
« Oui, tu as probablement raison. Mais il ne faut surtout pas que Camille sache tout ça, pas vrai ?
— Absolument, » approuva Louisa. « Gardons ça entre nous. »
À cet instant précis, la porte d'entrée s'ouvrit, et Camille entra dans l'appartement avec des sacs de nourriture du Double Trèfle. Elle jeta un coup d'œil à Emma, toujours au téléphone, et demanda avec curiosité :
« Qu'est-ce que je ne dois pas savoir ? »
Emma sentit son cœur s'emballer. Elle déglutit, cherchant rapidement un mensonge plausible.
« Oh, euh... Louisa et moi, on parlait juste de toi, tu sais... Avec Manon, on prépare une petite surprise pour toi. »
Camille plissa les yeux, sceptique.
« Une surprise ? Et vous n'avez pas demandé d'aide à Nathan ? »
Emma secoua vivement la tête, un sourire forcé aux lèvres.
« Oh non, Nathan ne sait pas garder de secret, tu le sais bien. »
Camille la regarda intensément pendant quelques secondes, comme si elle essayait de déceler le mensonge. Mais finalement, elle hocha la tête lentement, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres.
« D'accord, si tu le dis. »
Soulagée, Emma se dépêcha de terminer l'appel.
« Bon, Louisa, je vais te laisser. On se reparle bientôt, d'accord ?
— Bien sûr, Emma. À bientôt, ma belle. » répondit Louisa avant de raccrocher.
Emma laissa échapper un soupir de soulagement une fois l'appel terminé. Elle se tourna vers Camille qui commençait déjà à sortir la nourriture des sacs.
« Alors, tu nous as ramené quoi de bon ? »
Camille sourit, oubliant rapidement la conversation étrange qu'elle avait surprise entre sa mère et Emma.
« J'ai pris nos menus préférés, bien sûr. »
Emma s'assit à côté de la brune, l'aidant à disposer les menus sur la table basse. Elles commencèrent à manger, partageant des sourires complices, l'ambiance redevenant légère et insouciante. Mais au fond d'elle, Emma savait que ce petit secret partagé avec Louisa deviendrait bientôt de plus en plus difficile à garder.
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ɴᴏᴛᴇs:
J'adore écrire les scènes entre Camille et Nathan, ils sont peut-être que cousins mais ils ont cette relation frère/sœur que j'espère bien réussir à vous transmettre à chaque scène entre le deux. Et pour ce qui est des cachotteries de Louisa et Emma, j'aime bien cette petite alliance secrète haha !
Et vous, vous en pensez quoi ? Des hypothèses pour la suite ?
J'adore lire vos commentaires, surtout quand vous partagez vos avis en détail, merci pour ça !
Je vous aime <3
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