CHAPITRE 12
ɴᴏᴛᴇs:
Je suis vraiment désolée du délai interminable qu'a pris l'écriture de ce chapitre. Il s'est passé plein de choses et j'avais vraiment pas la tête à écrire, mai surtout pas le temps... Pendant l'écriture du chapitre, je me suis rendue compte que mon plan contenait énormément de scènes et pour que ce soit moins chargé que ça l'aurait été si je l'avais suivi, j'ai décidé de scinder le chapitre en deux.
Bonne lecture !
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Camille était debout sur le quai, serrant la poignée de son sac de voyage en attendant qu'Emma arrive enfin. Emma n'avait jamais été d'une grande ponctualité, mais ces dernières semaines c'était de pire en pire. Camille soupira en déchiffrant l'heure sur les aiguilles de sa montre. Leur train pour Montpellier n'allait pas tarder à arriver et Camille ne pouvait se permettre de le rater. Elle avait promis à sa mère d'être là pour l'ouverture du Triple Trèfle, elle se refusait à rompre sa promesse. Cette journée était trop importante pour Louisa, elle le serait donc aussi pour Camille. L'humeur de sa mère et l'avenir des deux restaurants, autant le Triple Trèfle que le Double Trèfle, reposaient sur cette journée d'ouverture. Si les choses se passaient bien, que les clients étaient satisfaits alors ils reviendraient et ils parleraient peut-être même du restaurant à leurs proches. Mais si, au contraire, ils n'étaient pas satisfaits, c'était sûr qu'ils en parleraient, et en mal. Camille avait l'espoir que les choses se passent convenablement, comme prévu. Sa mère et son beau-père avaient mis tellement d'énergie dans les préparatifs que tout ça ne pouvait que bien se passer. Il était vital que tout se passe bien.
Le grincement des roues du train sur les rails qui résonnait au loin tira Camille de ses pensées. Elle regarda autour d'elle sur le quai. Emma n'était toujours pas là. Mais qu'est-ce qu'elle fait ? se demanda-t-elle avec la crainte de devoir affronter cette stressante journée sans sa meilleure amie. Elle pouvait entendre le bruit du grincement métallique se rapprocher à grande vitesse tandis que ses espoirs qu'un miracle ramène Emma sur le quai à temps mourraient à petit feu. Camille ferma les yeux quelques secondes et prit une grande inspiration. Tant pis, je vais y aller seule, se dit-elle alors que le train entrait en gare. La grande machine de fer s'arrêta devant elle et, après avoir vérifié l'information sur son billet, Camille marcha jusqu'au wagon dans lequel se trouvait sa place. Elle traina son sac jusqu'aux portes et tendit la jambe pour monter à bord du train. C'est là qu'elle entendit un cri, une voix féminine appelant son nom encore et encore. Puis, le bruit lourds du claquement des pas rapides sur le sol du quai. Camille monta dans le train, mais passa tout de même la tête pour voir si elle était la Camille que l'on appelait. Ainsi, elle put voir la frimousse rosie d'Emma, sous une bataille de cheveux blonds agités par sa course. Elle avait couru et longtemps.
« Pardon, » s'excusa Emma en dépassant quelques personnes pour grimper dans le train et suivre Camille jusqu'à leurs deux sièges côtes à côtes. « T'imagines pas, j'ai enchainé les galères.
— Oh si, j'imagine très bien. J'ai cru que t'allais me lâcher.
— Et rater l'occasion de me rendre dans la ville de mes streameurs préférés ? Aucune chance, » contesta Emma avec conviction, ce qui fit rire Camille.
Évidemment, les deux filles savaient pourquoi elles se rendaient à Montpellier aujourd'hui, et Emma était consciente qu'elle n'aurait pas assez de temps pour partir à la conquêtes des rues de la ville dans l'espoir d'apercevoir l'une de ses personnalités de Twitch préférées. Mais cela ne l'empêcherait pas d'en parler pendant tout le trajet en train, au grand désespoir de Camille qui, malgré tout, s'y était préparée.
Les deux amies s'installèrent confortablement dans leurs sièges et attendirent que leur train démarre. Il ne fallut d'ailleurs que peu de temps pour que ce long serpent de métal se mette à bouger et quitte enfin la gare. Quelques minutes plus tard, Emma se tourna vers Camille. La veille, la blonde avait discuté avec Nathan de la vie amoureuse de Camille, et si le seul nom qui était ressorti tout du long de cette conversation d'une heure et demi commençait par la lettre H et finissait par -ortense, Emma voulait pouvoir questionner sa meilleure amie afin de vérifier que le cousin de celle-ci ne s'était pas trompé. Si Camille a vraiment un crush sur Horty, elle ne pourra pas s'empêcher de râler si j'en parle, se convainc Emma.
« Alors, tu crois que j'ai plus de chance de croiser qui entre la gare et le resto de ta mère ? »
Objectivement, l'approche n'était pas excellente. Et l'air moqueur sur le visage de Camille, avec ses sourcils haussés, n'aidait pas tout à fait Emma à la sonder.
« Quoi ? Je me pose vraiment la question !
— Ah mais je sais que tu te la poses, Emma, » sourit Camille avec amusement, en décapsulant la canette de soda qu'elle venait de sortir de son sac. « Mais si j'ai bien compris le concept de leur métier, il y a plus de chances qu'ils se trouvent derrière leur écran que sur le chemin entre la gare et le restaurant. »
Toujours le mot juste... Emma soupira. Pour tirer une réaction sincère de Camille, il allait falloir être directe. Autant appeler un chat un chat.
« Et Horty ? » demanda Emma, l'air faussement détachée. « Pourquoi pas Horty ? »
Camille, qui venait d'avaler une gorgée de son soda manqua de la recracher. Elle se tourna vers Emma, le regard lourd et plein d'incompréhension.
« Pourquoi Horty tout de suite ? Il y en a plein d'autres des streameurs, » râla Camille.
« Pourquoi ? Ça te dérange qu'on parle d'elle ? » demanda Emma, scrutant le moindre rictus sur le visage de la brune avec attention.
Camille souffla un bon coup, elle n'avait pas envie de se prendre la tête avec Emma. Cependant, elle n'était pas dupe, elle savait bien pourquoi sa meilleure amie lui posait ces questions-là. Elle avait surpris plusieurs conversations entre Nathan et Emma dans lesquelles le sujet était toujours sa vie amoureuse et son possible crush pour la streameuse. Et même si Nathan et Emma étaient sur une bonne piste, Camille ne voulait pas leur faire le plaisir de le confirmer. Après tout, sa vie amoureuses, ses goûts, ses crushs... ça ne regardait qu'elle.
« Pas le moins du monde, » répondit finalement la brune. « Mais comme les autres, je doute qu'on la croise sur le chemin.
— Et pourquoi pas au resto ? À l'ouverture ? »
Cette fois-ci, Camille devait bien l'admettre. Elle ne pouvait pas être sûre qu'Hortense ne se trouverait pas parmi les clients du Triple Trèfle ce midi ou ce soir. Évidemment, il y avait l'aspect personnalité qui faisait qu'il y avait peu de chance qu'elle se mêle à la foule surtout si la foule était épaisse mais d'un autre côté... se mêler à la foule c'est aussi se fondre dans la masse. Alors oui, il y avait une possibilité pour que Hortense se trouve au Triple Trèfle à un moment ou un autre aujourd'hui.
« Peut-être, » soupira Camille. « Mais si c'est le cas, évite de faire une scène.
— Moi ? T'inquiètes, je vais la jouer cool !
— Mais oui, c'est ça, je te crois. »
⚢
Le trajet en train jusqu'à Montpellier parut à Camille plus long qu'il ne le fut vraiment. Sans doute à cause des questions incessantes et pleines de sous-entendus d'Emma, ou des cris du bébé trois rangs plus loin. La tête contre la fenêtre, la brune avait fini par en avoir mal au crâne. Tout ce bruit ne laissait plus de place au son de ses pensées. Non pas que Camille soit très ouverte à l'idée de se confronter à ses propres pensées de manière générale, mais peut-être qu'aujourd'hui c'était ce qu'il lui fallait. Quoi qu'il en soit, elle n'eut pas le temps de s'y plonger car le train s'arrêta déjà.
En posant les pieds sur le quai de la gare, Emma poussa un long soupir qui amusa Camille. À force de parler, encore et encore sans s'arrêter, pendant tout le trajet, la blonde avait fini par s'épuiser. Camille posa une main sur le dos d'Emma et la poussa légèrement pour que la blonde avance et qu'elle puisse descendre du train à son tour. De son autre main, Camille tira sur la poignée de son sac. Il n'était pas lourd, contenant à peine quelques vêtements et bien plus de casquettes que nécéssaire – sans oublier les quelques bidules, inutiles selon Emma, que Camille avait l'incompréhensible tendance à emmener partout avec elle. Emma, elle, tirait sa valise avec plus de difficultés.
« Bon, c'est de quel côté déjà ? » demanda la blonde en regardant de chaque côté du quai. « Elle est où la sortie ici ? »
Camille jeta un coup d'œil rapide sur le quai. Toutes les personnes qui descendaient du train marchaient ensuite en direction de la sortie, vers la droite.
« Suis la foule, » répondit donc la brune.
Emma hocha la tête avant de tirer d'un coup sec sa valise pour que les roues vieillies par ses nombreux voyages se décoincent. Elle se mit ensuite à marcher le long du quai, se mêlant au reste de la foule, Camille sur ses talons. La brune marchait silencieusement tandis que sa meilleure amie sifflotait l'air d'une chanson que Camille n'arrivait pas à identifier. Pourquoi fallait-il qu'Emma soit toujours de bonne humeur ? Comment était-ce possible ? Voilà deux questions que Camille ne se cessait de se poser, et auxquelles elle ne trouverait sans doute jamais de réponse adéquate. Elle, elle se sentait anxieuse. C'était le cas depuis que sa mère lui avait annoncé qu'elle lui laissait les rênes du Double Trèfle pour s'occuper d'un second restaurant ici. Oui, depuis ce jour-là, cette discussion à l'apéro chez sa mère, Camille était rongée par les doutes. Mais aujourd'hui, il fallait qu'elle mette tout ça de côté afin d'aider sa mère au mieux et ne rien laisser paraître. Il fallait qu'elle soit à la hauteur.
« Dis, tu as commandé un taxi pour nous amener au resto ? » interrogea Emma, une fois que Camille et elle pénétrèrent dans le hall de la gare.
Camille secoua la tête. « Nope. On va y aller à l'ancienne.
— Tu peux préciser ? »
Camille adressa un sourire amusé à sa meilleure amie. « On va marcher.
— Hein ?
— On va marcher, Emma, » répéta Camille.
Emma resta plantée quelques secondes au milieu du hall, convaincue que Camille se payait sa tête. Marcher ? Mais elle est folle ! Le resto est super loin ! se dit Emma en pressant le pas pour rattraper son amie qui se trouvait déjà tout près des portes de la gare. En vérité, le Triple Trèfle était situé plus près de la gare que ce que pensait Emma. À pied, c'était un trajet tout à fait convenable, quand on ne s'appelle pas Emma et qu'on n'espère pas prendre en filature le moindre streameur sauvage qui apparaitrait tel un Pokémon dans les hautes herbes.
Après une minute, Camille et Emma sortirent de la gare, non sans qu'Emma ne grommelle à propos de cette marche à pieds qu'elle voyait déjà comme un calvaire. Camille scruta les environs un instant afin de se repérer et savoir vers quel côté se diriger, avant de se tourner vers la blonde à côté d'elle.
« Dis, tu veux pas arrêter de râler ? » demanda-t-elle, presque suppliante. « Dis-toi que si on marche, on aura plus de chances de reconnaître un streameur si on en voit un. »
Évidemment, Camille savait comment convaincre Emma. Elle savait comment lui parler, comment l'amadouer. Et il fallait bien admettre que ça fonctionnait toujours. Emma poussa un soupir avant de relever la tête fièrement.
« T'as raison, » déclara-t-elle joyeusement. « Au moins comme ça, je pourrais leur demander une photo plus facilement.
— Mais oui voilà, » acquiesça Camille, dans un soupir moqueur.
Emma attrapa tout de même le bras de Camille quand celle-ci reprit sa marche. « On va vraiment marcher jusqu'au resto de ta mère ? Sérieusement ? »
Camille soupira. « Emma, le Triple Trèfle n'est qu'à une dizaine de minutes à pieds de la gare. C'est pas si loin. »
Emma hocha la tête. Pas la peine de lutter, elle savait que Camille aurait le dernier mot quoi qu'il arrive. Cependant, si elle devait subir le calvaire de marcher pendant de longues minutes en tirant sa lourde valise, il fallait que Camille subisse aussi. Ou du moins, qu'elle accepte un compromis. Et pour ça, Emma avait déjà sa petite idée. Elle relâcha le bras de Camille mais continua de planter son regard dans le sien.
« D'accord, j'accepte de marcher jusque là-bas, même si tu sais tous les efforts que ça me demande, » informa Emma, sereinement. « Mais en échange, je veux que tu assumes ton crush pour Horty. »
Camille resta bouche-bée. Est-ce qu'Emma venait vraiment de lui poser un ultimatum par rapport à une marche d'à peine dix minutes ? C'était insensé. Mais le regard clair d'Emma ne trompait pas Camille, elle ne connaissait que trop bien ce regard-là, celui qui dit "Je ne lâcherai pas". Déjà fatiguée par le trajet en train, Camille n'avait pas la force de s'opposer à son amie. Alors elle balança sa tête en arrière, avec désespoir, avant d'affronter le regard océan d'Emma.
« Bon, d'accord, » souffla-t-elle, avec un peu d'agacement. « Tu as raison. Ça te va comme ça ? »
Emma secoua vivement la tête. Elle voulait que Camille soit honnête, qu'elle prononce les mots de cette vérité qu'elle s'efforçait à cacher. La blonde croisa les bras sur sa poitrine. « Non, je veux que tu le dises.
— Que je dise quoi exactement ?
— La vérité. »
Camille détestait le caractère têtu de sa meilleure amie. Elle le détestait surtout dans des moments comme celui-ci. Et la raison était simple : Camille avait toujours eu beaucoup de mal à confronter et assumer ses propres émotions et autres sentiments.
« Ok, » dit-elle finalement. « Hortense me plaît. Voilà, satisfaite ? »
Emma afficha un large sourire. « Absolument.
— On peut y aller maintenant ? Ma mère nous attend.
— Oui, cheffe, » répondit Emma avec taquinerie, ce qui fit que Camille leva les yeux au ciel, exaspérée.
⚢
Finalement, il ne fallut à Camille et Emma qu'à peine 8 minutes pour apercevoir la façade du Triple Trèfle et une minute de plus pour y faire face. Debout devant le restaurant tout neuf, dont la façade seyante aux nuances crèmes décorés avec finesse et goût lui donnait l'apparence d'un restaurant au charme familial, les deux amies étaient subjuguées. Camille s'était tout imaginé, le meilleur, mais surtout le pire. Dans son esprit, aucun restaurant au monde en pouvait égaler le Double Trèfle et son esprit familial et chaleureux. Pourtant, maintenant qu'elle faisait face à ce second restaurant de la chaîne, elle se rendait compte que sa mère avait tapé dans le mille. Le Triple Trèfle ressemblait à s'y méprendre au Double Trèfle. C'était inattendu.
« Alors ? Ça vous plait ? »
À l'entente de la voix de sa mère, Camille afficha naturellement un large sourire. Emma fit de même, toujours ravie de voir Louisa.
« Honnêtement ? C'est super, Maman, » déclara Camille, les yeux toujours accrochés à la façade du restaurant. « Je dois avouer que je m'attendais pas du tout à ça. »
Louisa contempla l'air approbateur sur le visage de sa fille, d'un regard satisfait. Elle savait ô combien le Double Trèfle, héritage familial, comptait pour Camille et elle était heureuse de voir que ce nouveau restaurant semblait lui plaire.
« Pour l'instant, on n'a vu que la façade mais c'est super beau, Louisa, » ajouta Emma, dans un vif hochement de tête.
« Venez avec moi, je vais vous montrer l'intérieur. »
Emma suivit Louisa à l'intérieur du restaurant, sautillant joyeusement à l'idée de participer à la grande ouverture qui s'approchait à grands pas. Camille contempla encore quelques secondes la façade du restaurant avant d'en décrocher le regard. Sa nervosité commençait à se dissiper, c'était bon signe.
À l'intérieur, tout était exactement comme Camille aurait pu l'espérer. Si proche du Double Trèfle, mais quelques peu différents. Camille s'approcha de sa mère et la prit dans ses bras. C'était une manière de lui dire bonjour, et aussi merci. Merci pour avoir tenu sa parole, sa promesse de tout mettre en œuvre pour ce second restaurant soit aussi fidèle aux valeurs familiales et à l'ambiance incroyable du premier restaurant que possible.
« Ça te plaît ? » demanda à nouveau Louisa, après avoir rompu l'étreinte de Camille. « On a essayé de nous rapprocher au plus du Double Trèfle que possible, tout en gardant une touche personnelle un peu distincte. »
Camille hocha la tête, balayant la grande salle du regard. « C'est super, Maman. Vraiment.
— Mais oui, Louisa ! C'est génial ! » confirma Emma joyeusement. « Si Nathan voyait ça, il le dirait aussi. »
Louisa regarda Emma avec un sourire, avant de penser à quelque chose.
« Eh bien, pourquoi tu ne lui envoies pas des photos ? Et quelques vidéos ? Comme ça, il aura l'impression d'être avec nous, même depuis le Double Trèfle.
— C'est une bonne idée, » acquiesça Camille.
Naturellement, Emma sortit son téléphone et commença à faire le tour du restaurant, prenant de nombreuses photos et quelques vidéos afin de les envoyer à Nathan.
« Au fait, les filles, » apostropha Louisa, en se dirigeant derrière le bar, semblable à celui du Double Trèfle. « Merci d'avoir accepté de venir nous aider pour l'ouverture. On a reçu énormément d'appels pour des réservations ou des informations, à tel point qu'on ne sait plus où donner de la tête !
— C'est normal, » sourit Camille. « Puis, je n'aurai pas eu envie de rater ça.
— Moi non plus ! » indiqua Emma en revenant près de Camille et sa mère. « C'est génial, il va y avoir beaucoup de monde.
— C'est ce qu'on espère, » répondit Louisa avec un sourire.
Là-dessus, Louisa présenta Camille et Emma à toute l'équipe du Triple Trèfle, comprenant serveurs, cuisiniers et même deux livreurs. Louisa avait vu les choses en grand pour ce restaurant. Elle portait les ambitions de sa mère et de sa grand-mère. Camille était fière de la voir aussi épanouie et investie dans le restaurant. Plus tard, elle espérait réussir à prendre de telles initiatives elle aussi, et enfin se sentir à la hauteur des grandes femmes de sa famille. Mais pour l'heure, il fallait qu'elle s'investisse surtout aux derniers préparatifs avant la grande ouverture.
Camille et Emma aidèrent les serveurs à mettre tout en place sur les tables, dans les étagères et derrière le bar. Louisa, elle, aidait en cuisine et repassait de temps en temps dans la salle pour voir si tout se passait bien. Le restaurant ouvrirait dans une heure, et alors le plus gros rush de toute une vie prendrait place. Il fallait que tout soit parfait.
⚢
À une quinzaine de minutes de l'heure officielle d'ouverture du Triple Trèfle, Camille voyait son stress remonter. Dans son esprit, énormément de choses se bousculaient. Et cet étrange sentiment que quelque chose de préoccupant finirait par se produire la hantait, sans cesse. Pour souffler un peu, elle s'excusa auprès d'Emma et de Louisa et sortit pour prendre l'air. Devant le restaurant, il y avait déjà quelques personnes qui attendaient. Camille leur sourit poliment avant de s'éloigner pour se retrouver seule avec elle-même. Elle ne voulait pas craquer avant même que le service ne commence. Elle ne voulait pas craquer tout court.
Au restaurant, Louisa observa sa fille par les larges vitres. Elle était inquiète au sujet de Camille. Sa fille ne se confiait presque jamais à elle, ni à qui que ce soit d'ailleurs, et alors il lui était impossible de savoir exactement ce qui rongeait Camille en ce moment. Mais préoccupée plus que tout, comme une mère qui a vu sombrer sa fille après une rupture difficile, puis l'a vue remonter la pente, et la voit à nouveau plonger dans de sombres abysses, Louisa se tourna vers Emma. La meilleure amie de sa fille avait peut-être des réponses à lui donner. Quelque chose qui puisse la rassurer quand à l'état de sa fille.
« Emma ? » appela-t-elle, sans voiler l'inquiétude dans sa voix. « Dis-moi... Comment va Camille ? »
En rencontrant le regard de Louisa, Emma put tout de suite y voir tout le sang d'encre que la mère se faisait pour sa fille. En temps normal, Emma aurait évité le sujet, préférant que Camille soit la première à se confier à sa mère, mais cette fois-ci, Emma fit le choix contraire. Elle soupira avant de répondre à Louisa.
« Ça fait quelques temps qu'il y a quelque chose qui la travaille, » expliqua la blonde en observant Camille assise sur le trottoir dehors. « Elle a le sentiment que quelque chose de grave va arriver et... ça la fait douter.
— Douter de quoi ?
— D'un peu tout, je crois, » répondit Emma, sans grande certitude. « Elle ne se confie pas beaucoup sur ses émotions mais je sais qu'elle se plonge dans le travail comme si sa vie en dépendait. C'est un peu ce qu'elle a toujours fait. Surtout après... »
Emma hésita, alors Louisa compléta sa phrase pour elle. « Après sa rupture avec Zoé. »
Emma hocha la tête. « Mais, Camille a tourné la page. C'est pas Zoé le problème. Je crois que Camille doute beaucoup de ses capacités. Elle veut être à la hauteur.
— Elle l'est, » affirma Louisa avec confiance.
« Moi, je le sais. Mais elle... Et puis, je pense qu'il y a autre chose qui tourne en boucle dans sa tête. »
Louisa scruta le visage d'Emma, tentant de déchiffrer ses paroles. Très vite, elle comprit de quoi il était question.
« Elle a rencontré quelqu'un ? » demanda-t-elle, curieuse.
« Euh... Je sais pas si on peut vraiment dire ça ? Disons qu'elle a quelqu'un en tête et que pour Camille c'est déjà beaucoup.
— Je vois... Éspérons que cette journée la fasse penser à autre chose. »
Emma hocha la tête. Pour ça, il suffirait simplement que le rêve d'Emma ne s'exauce pas, que Horty ne pénètre jamais dans ce restaurant. Sinon, Camille serait complètement chamboulée et ça Emma le savait bien. Pourtant, quelque chose tout au fond de la blonde lui disait qu'aujourd'hui, son rêve de rencontrer ses streameurs préférés deviendrait réalité...
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ɴᴏᴛᴇs:
Voilà voilà ! J'espère que le chapitre vous aura plu !
Je voulais vous remercier pour tous vos retours super positifs qui m'encouragent énormément à continuer d'écrire, sans me presser mais en restant fidèle à l'idée fondamentale de cette histoire. Ça me fait vraiment chaud au cœur de voir autant de personnes suivre ce récit et attendre avec impatience les chapitres, alors merci beaucoup !
Suivez-moi sur tumblr (@/kassxndre), je parlerai bientôt des fics que je posterai sur AO3.
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