- Et oh ! Hae, ça va ?

J'agite ma main devant le visage de mon amie. Elle est complètement dans la lune et regarde dans le vide depuis que la porte du café s'était refermée sur Rachel.

Elle percute enfin et réagit au quart de tour. Elle s'excite et panique.

- Oui oui ! Tout va bien ! Tu disais ?

Je ferme les yeux et soupire discrètement.

-Bah pas grand chose, je t'observe juste, qu'est ce qu'il te prend la tête autant ?

- Oh...Pas grand chose ! Je pensais juste à mon petit j-Hope !

- Mais oui bien sûr ! Je te crois, j'arrive à voir ton nez s'allonger d'ici. Non vraiment, il y a un problème avec cette femme ?

- Oh non ! C'est juste une ancienne collègue, tu sais, je ne la porte pas dans mon cœur, et tu me connais, je n'aime pas paraître mauvaise et hypocrite. Alors je me suis tue. Simplement.

Elle rigole nerveusement en se grattant la nuque.

Je hausse les épaules et bois ma boisson, elle doit avoir raison. Pourtant, une phrase me reste en tête.

- Elle a parlé de quelques choses tout à l'heure, dis moi Hae, tu as eut des soucis de santé ?

Elle écarquille ses yeux et je remarque qu'elle se frotte les mains furieusement.

- Non ! C'est juste que quand j'ai démissionné de mon ancien travail, j'avais chopé une grosse grippe. Donc il y a eut une rumeur sur le fait que j'avais une maladie où je ne sais pas quoi. Mais ne t'inquiète pas ! Il n'y a aucun, mais alors aucun soucis !

Je ris et pose ma tasse.

- Hé ! Je te crois, tu n'as pas besoin de te justifier autant hein !

Elle se tait et fait un oui de la tête.

- En tout cas, je n'aime pas juger au premier abord, mais je ne la sens absolument pas cette femme.

Hae s'étonne.

- C'est étrange, normalement, elle fait bonne impression à tout le monde. C'est plus quand on la connaît qu'on ne l'apprécie pas.

- L'instinct féminin, hehe.

- Si tu veux tout savoir, ce n'est pas vraiment quelqu'un de fréquentable, elle te rabaisse et use de tes faiblesses contre toi. Elle est vraiment maligne et fourbe. Je l'ai vite compris. Elle n'est pas méchante, mais il faut s'en méfier.

- Je vois, enfin blonde toute manière, je ne compte pas me lier d'amitié avec elle, et puis, je ne pense pas que je ne la reverrais pas de si tôt, elle avait l'air plutôt occupé comme femme.

- Oui, occupée dans le sens sexuel du terme.

Nous rigolons, mais un frisson me parcourt l'échine.

Une vibration surgit ensuite de la poche gauche de mon jean.

Je sors mon portable discrètement et regarde rapidement qui ça peut bien être.

Et à mon étonnement, c'est Jin.

" Salut Liana, je viens d'acheter de quoi cuisiner. Ça peut être une bonne occasion de t'apprendre à cuisiner comme il se doit. Si c'est bon pour toi, passe dans les alentours de 17h ! "

Je ris toute seule.

- Bah qu'est ce qu'il se passe pour que tu rigoles comme ça ? Me demande Hae, redevenu la jeune femme curieuse qu'elle était.

Pour toute réponse, je lui montre mon écran.

- Oh...Je vois. Quelle belle occasion de revoir ton Jimin.

- Ahah. Non. Je vais y aller pour Jin, et pour personne d'autre. Surtout pas un coureur de jupon comme lui.

Elle sourit face à ma mine à la fois déterminée et réticente.

Et c'est sur cette discussion et après quelques heures passées que je me retrouve dans une cuisine, un tablier bleu autour de ma taille.

Jin se frotte les mains énergiquement.

- Bon ! C'est parti ! Par quoi va-t-on commencer ?

Je frappe les mains, toute enjouée à l'idée de cuisiner avec mon ami.

Mais c'est quelques longues minutes plus tard.

- Liana, non mais tu mets trop d'huile là !

Je lâche la bouteille jaune et m'exclame.

- Mais tu me dis toujours que je n'en mets pas assez !

- Mais ça ne veut pas dire que tu dois y vider toute la bouteille !

Je rigole et m'écarte doucement.

Je tape contre quelque chose, enfin plutôt quelqu'un.

Je me retourne et lève les yeux pour croiser le regard de Jimin.

Il tend le bras au-dessus de ma tête et y attrape un verre.

Puis part se chercher à boire dans le frigo tranquillement pour ensuite, se poser dans le canapé, zappant les chaînes.

Je le regarde faire d'un œil discret. Tandis que Jin répare les petites bêtises que j'avais faites.

En tout cas, Jimin ne m'a jeté aucun regard comme il a si bien l'habitude de la faire. Est ce que ça me dérange ? Peut-être. Pourquoi ? Je ne sais pas.

Peut-être qu'au fond, je le cherche, son regard. Qu'il soit dans la même pièce ou juste en face de moi. Mon subconscient me force à vouloir plonger mon regard dans le sien. Et ça. Ma conscience le refuse catégoriquement.

Alors je me tourne et me préoccupe simplement de ce gâteau que nous devons faire maintenant.

Mais c'est quand j'entame une nouvelle étape de la recette que m'a gentiment préparer Jin qu'il crie de nouveau.

- Liana ! 

Je stoppe mon mouvement, lâche le sachet, et me recule en levant les bras. Comme si on m'accusait d'être la coupable d'un crime.

- Quoi ?! Qu'est-ce que j'ai encore fait de mal ?

Je fixe Jin qui écarquille les yeux en regardant à l'intérieur de mon saladier.

Je me pince les lèvres et ferme un œil en attendant son reproche. Les mains toujours en l'air.

- Qu'est-ce que je t'ai dit sur les quantités ? Combien il t'en fallait ?

Il semble exaspéré, mais essaye de rester calme comme il en a si bien l'habitude.

J'inspire de la bouche, faisant un bruit qui semble plus être un sifflement. Je sens déjà que je vais me faire remonter les bretelles.

- 150 grammes de sucre...Dis-je hésitante.

Il ferme les yeux et les rouvre calmement en me montrant du doigt le saladier en inox.

- Et tu en as mis combien là-dedans ?

Je baisse les mains et me gratte la tête en réfléchissant à une réponse plausible.

- Heu...l'instinct ?

Il secoue la tête de gauche à droite.

- Oh Liana...Tu sais que tu m'épuises, je t'ai déjà appris à doser pourtant.

Je ris nerveusement. J'ai vraiment l'impression d'être une enfant. Mais la raison me fait plutôt rire. Voir Jin comme ça, c'est plutôt amusant. Et puis disons que je suis simplement une petite inconsciente qui ne sait pas doser du sucre.

Je souris toute seule tandis qu'un autre se rajoute à la conversation soudainement.

- Laisse Jin, elle a encore beaucoup à apprendre.

Je me tourne doucement et fronce les sourcils.

Oh, ce petit Jimin s'incruste comme ça. C'est génial. Et sentez l'ironie.

Il est assis à la table. Les jambes écartées et courbé vers l'avant. Sa position est clairement celle du cliché de l'homme dur. Tout est là pour mettre en avant son corps. Et puis.

Il me fixe.

Comme il l'a souvent fait.

Il me fixe, mais sans aucune sorte d'émotions. Et c'est ça qui me fascine. Ça me fascine de ne rien voir à l'intérieur. De ne décrypter absolument rien. Ce regard. Tu sais qu'il t'est destiné. Mais tu ne saurais comprendre ce qu'il veut dire.

J'encre donc mon regard dans le sien. Et ouvre la bouche pour parler.

- J'aime simplement apprendre avec certaines personnes.

Oui, j'avais très bien compris son sous-entendu. Et je rentre de nouveau dans son jeu.

Je ne le lâche pas du regard. Il ne réagit pas. C'est plutôt Jin. Il fait un cri de choc. Et frappe sur son cœur.

- Comment ça certaines personnes ! Ça veut dire que tu n'aime pas apprendre avec moi ! Oh mon dieu. Mon cœur souffre.

Il mime de s'effondrer, ce qui me fait tourner le regard et pouffer.

- Ne t'inquiète pas Jin, c'est une mauvaise fille.

Je tourne de nouveau la tête.

Il ne m'a pas lâché une seule seconde du regard. Il observe tous mes faits et gestes. Et ça en devient presque gênant.

Cet homme est étrange. Et c'est surtout l'effet qu'il a sur moi qui m'est étrange. Parce que son aura me transperce. Parce que rien que son regard sur moi me fait languir. Et ça, je ne le comprends pas.

J'imagine qu'il y a juste une tension entre nous. Quelque chose que je ne saurais pas expliquer. Mais il y a un truc. Du moins, de mon côté.

Pourtant, ma conscience me crie clairement de ne pas y faire attention. Elle me hurle de fuir le plus loin possible de ces nouvelles impressions, de ces émotions que jamais au grand jamais je n'avais ressentie.

Alors de temps en temps, elle parle à ma place.

Comme pour me protéger d'un malheur.

J'ouvre la bouche et respire.

- Alors je ne suis tout simplement pas faite pour les mauvais garçons.