Chapitre 70


Il était une fois...

N'était-ce pas comme ça que commençaient tous les contes de fée ?

Il était une fois...et l'histoire se terminait forcément par, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

Mais comment est-ce qu'on pourrait décrire tout l'opposé ?

Il était une fois reviendrait à dire ici, ça avait été une fois. Et ça n'arrivera plus jamais.

C'était peut être idiot de réfléchir comme ça, de se dire que le beau conte de fée autrefois rêvé se transformerait en une si tragique histoire. Et bon sang, qu'est-ce que ça faisait mal...

J'avais décidé de tout arrêter ici, c'était moi qui avais décidé de ne pas laisser cette phrase de fin utopique prendre vie. Parce qu'au fond, je sentais qu'elle n'aurait pas exactement les mêmes mots pour nous deux.

Ils vécurent détruits et n'eurent jamais d'enfants.

Voilà comment se résumerait notre fin.

Parce que de toute manière, ça n'allait pas se répéter ?

Jungkook le savait aussi bien que moi, il l'avait vu non ? C'était lui qui avait fait venir cette phrase de fin bien plus tôt dans cette autre vie en nous détruisant sans même le vouloir.

Et je ne pouvais même pas le détester pour ça...

Le destin nous avait été dessiné comme tel, et jamais au grand jamais notre histoire aurait pu ressembler à un conte de fée, j'en étais certaine. Alors quand bien même mon cœur était meurtri, mon corps affaibli, je préférais finir notre histoire sur un "Il vécurent loin et eurent un meilleur destin."

Parce que je ne pouvais pas me permettre de prendre le risque que ça recommence. Tout était faux de toute manière non ?

Tout.

Des larmes commencèrent alors à couler doucement sur mes joues en silence, guidées d'elles mêmes jusqu'à leur propre sort, elles s'accompagnaient même d'un brin de douleur au fond de ma poitrine.

J'avais réellement l'impression de suffoquer.

L'idée d'affirmer que c'était faux, que tout ça était dû à une autre vie, que tout ce que j'avais vécu avec Jungkook n'était que poussière et éphémère, était comparable à faire bruler mon cœur à vif, et c'était vraiment douloureux.

Mais n'était-ce pas là la réelle définition d'une illusion ?

"Une interprétation fausse de ce que l'on perçoit."

Est-ce que je pouvais maintenant dire que cette histoire n'était qu'une grande et même illusion ? Que tout ce que j'avais ressenti là n'était que le vestige d'une autre moi qui prenait le contrôle et qui me donnait l'impression que tout mes sentiments m'appartenaient ?

Où était-ce simplement toi Lévi qui ressentait tout ça ?

Même aujourd'hui, cette petite voix dans ma tête, je ne l'entendais plus.

Tout avait disparu.

Tout.

Ca avait été une fois.

Voilà tout.

Le conte de fée s'arrêtait là, le livre fermait sa dernière page, aussi vide soit-elle.

Tout s'effaçait alors lentement dans mon esprit, ne laissant qu'une brume blanche et opaque recouvrir tous mes souvenirs les uns après les autres pour me plonger dans un vide immense, tout se filtrait petit à petit comme pour me laisser un peu de répit.

C'était vide... sombre, comme si mon corps était entrain d'imaginer quelque chose sans vie, sans rien... sans lui... effaçant jusqu'à son image au creux de mes pensées.

Je le voyais, l'imaginais, mais plus je pensais, plus j'oubliais.

Des traits de son visage lorsqu'il se mettait à rire en me voyant rater la marche du pallier, passant de l'odeur de sa peau lorsqu'il me prenait dans ses bras lorsqu'il se mettait à pleuvoir dehors et que le bruit des voitures commençait à m'effrayer... jusqu'au son sa voix lorsqu'il me serrait contre lui après avoir partager un moment avec lui, me murmurant maintes et maintes choses que je ne voulais pas oublier.

Surtout pas oublier.

Alors pourquoi est-ce que j'étais entrain de le faire...Pourquoi est-ce que sa silhouette paraissait si lointaine maintenant que je regardais au loin ?

Lévi.

Qu'est-ce que ?

Quelque chose agrippa violemment mon cœur.

- Sa voix...s'il vous plaît, je-je veux pas oublier sa voix !

Je me redressais en sursaut, les mains sur les draps qui recouvraient mon lit, je ne les lâchais pas par peur de glisser de nouveau dans ce néant qui m'effrayait.

C'était trop vide pour que je puisse y survivre.

- Jungkook...

Je me battais mentalement pour le garder dans mon esprit.

Son visage, son odeur, sa voix... ça ne devait pas disparaitre.

- Ce Jungkook t'en fait voir de toutes les couleurs dit donc.

Une voix familière brisa le silence dans la chambre, mon visage maintenant tourné vers cette dernière, je me laissais brusquement retomber contre le matelas tout en attrapant le coussin pour l'écraser sur mon visage, cachant mes larmes par la même occasion.

- Maman, ne me parle pas de lui je t'en supplie ! Soufflais-je dans un marmonnement incompréhensible que ma mère réussi bien évidement à décoder.

- Je ne t'en parle pas, tu l'as fait avant moi ! Leva-t-elle les mains en l'air pour s'innocenter non sans manquer de faire tomber le liquide dans la tasse qu'elle tenait.

- Je m'étais endormie...et il est venu souiller mes pensées. Me plaignais-je alors en retirant le coussin de mon visage, offrant à ma mère une merveilleuse vue sur mon expression aigrie.

Le retour à la réalité était plus frustrant que prévu.

Elle en rigola doucement tout en s'asseyant sur le rebord de mon lit, ma mère me tendit naturellement la tasse de chocolat chaud qui me fit me lever automatiquement, attrapant sans attendre l'objet pour réchauffer mes mains.

- Merci Maman.

Je soufflais en trempant le bout de mes lèvres dans la boisson.

- Tu penses toujours à lui c'est ça ?

Je relevais les yeux vers elle, levant un sourcil comme pour lui indiquer qu'elle continuait à évoquer ce fameux sujet qui n'allait en rien, me rendre mon sourire comme elle semblait l'espérer.

- Ca fait plus de deux mois que tu es revenue, et je ne vois aucune évolution chez toi, qu'est-ce que tu attends au juste ? Demanda-t-elle en levant un sourcil.

- L'oublier, c'est tout ce que j'attends...fis-je en replongeant mon nez dans la tasse chaude comme une enfant.

- Ce n'est pas ce que tu viens d'hurler en te réveillant...

Elle prit un air innocent, comme s'il fallait jouer cette carte lorsqu'on parlait de lui tout en évitant mon regard brulant.

- Un cauchemar maman, un cauchemar...ronchonnais-je en détournant les yeux vers la fenêtre de mon ancienne chambre qui offrait sur une rue banale de la ville encore plus banale qu'était Paris.

Tout était banal en fait. C'était déprimant.

- Et on dit que les cauchemars sont une représentation de la réalité ma chérie.

Le mot réalité me fit tiquer, la tasse entre mes mains s'éloignant un peu trop brusquement de moi lorsque je lui fis face, les yeux noirs.

- Qu'est-ce que la réalité maman ? Hein ? C'est de la pure connerie tout ça !

Je fis la moue, ma mère attrapant d'un reflex ma tasse en soupirant.

- Tu es donc toujours aussi remontée à ce que je vois ? Tu as au moins pris des nouvelles ?

Elle tourna les yeux vers mon téléphone posé sur la table de nuit face contre le bois, j'en fis de même en silence.

Ca aurait pu être simple de taper son prénom sur internet pour savoir s'il allait bien, même demander à Taehyung ou Jimin. Mais je n'avais rien fait. Je ne voulais pas savoir, et je m'attendais à tout.

Et savoir qu'il allait bien aurait pu autant me détruire qu'apprendre qu'il allait vraiment mal. De toute manière, l'un comme l'autre, j'avais choisi moi même de ne plus faire partie de sa vie.

- Je suppose que non, combien de temps tu vas attendre avant de te décider à faire quelque chose ? Tu as vraiment envie de te laisser pourrir comme ça Lévi ?

Son ton se fit un peu plus sec, loin de la mère stricte qui dispute son enfant, la mienne était simplement inquiète. Elle savait que quelque chose n'allait pas quand je restais clouée à mon lit toute la journée, que je me mettais à faire des cauchemars et que mes journées ne se résumaient qu'à un seul et même mot : rien.

- J'en sais rien Maman... Je suis complétement-

- Perdue ?

- Oui ! M'exclamais-je comme si ça allait m'aider à extérioriser mes journées vides de sens. Perdue c'est le mot ! Je ne sais même plus ce qui est réel, ce que je veux et ce que je pense ! J'en sais strictement rien maman !

Qu'est-ce que mon corp voulait ? Qu'est-ce que mon cœur souhaitait ?! J'en avais aucune foutue idée !

C'était vide, fade, sans aucune couleur pour éclairer mes journées.

Je ne me sentais pas à ma place.

Je ne l'étais pas !

- Et lui ! Ce foutu type ! Je ne sais même pas ce que j'attend de lui ! Et merde ça me tue de regarder la fenêtre en espérant le voir débarquer dans la rue pour me prouver que j'avais tord !

Je soufflais, hors de moi.

Ma mère avait évité le sujet depuis mon retour, du moins, elle avait compris qu'il fallait attendre que ce soit moi qui face le premier pas.

Et j'étais entrain actuellement de le faire.

- Je ne sais plus qui je suis, qui il est, et qu'est-ce que je dois faire pour le savoir...

Ma gorge se serrait.

- J'aurais juste aimé ne jamais l'avoir rencontré, parce que maintenant, c'est trop dur de l'oublier...

Et je n'en avais pas envie, je ne voulais pas accepter que tout ça était fini.

- Mais je veux pas maman... je veux pas l'oublier... commençais je à murmurer en sentant mes lèvres trembler, mes yeux s'humidifier, et mon cœur s'écraser dans ma poitrine.

Cette douleur là, c'était tout ce qui me ramenait finalement à lui, elle semblait si réelle elle.

- Écoute Levi, si toi tu sais que c'est réel, qu'au fond de ton cœur, le tiens juste ici, illustrait ma mère en tapotant soudainement ma poitrine du bout de ses doigts ce qui me fit presque sursauter, tu sens qu'il bat ici rien que pour ce garçon, alors pourquoi est ce que tu penses que c'est faux ? Si tu le ressens maintenant ?

Je baissais les yeux vers son doigt froissant mon t-shirt, ce dernier touchant l'endroit où mon cœur commençait à battre bien plus fort.

Mais je n'étais pas certaine que c'était bien le mien qui réagissait.

- Parce que dans cette autre vie... reprenais je d'un air attristé, il battait déjà pour lui, alors ce n'est pas moi qui l'aime, juste le destin qui me dit que je dois l'aimer parce que c'est comme ça que j'avais été autrefois.

Ma mère releva les yeux vers les miens, plissant ces derniers en même temps que ses lèvres, elle semblait réfléchir à mes mots, assimilant déjà tout ce que j'avais pu lui expliquer auparavant.

- Et tu es sure de ça ? Tu ne penses pas plutôt qu'il vous a donné une autre chance de vous retrouver ? De retomber amoureux l'un de l'autre et de vous aimer pleinement ? Tu ne crois pas que c'était juste un moyen pour vous deux de vous rencontrer ici ?

Je me figeais.

Ceci expliquerait que...Non ! Ce n'était pas logique ! Ca ne pouvait pas être si facile !

- Et mes illusions ? Comment tu les expliques ?

- Pourquoi leur cherches-tu un sens ? Elles ne t'ont pas juste aidé à comprendre que tu avais une deuxième chance ici ? Tu as la chance de pouvoir l'avoir avec toi encore une fois et de réaliser ça ? Alors oui peut être que cet autre toi n'est pas la toi d'ici, mais ça ne change pas l'idée que Jungkook et toi êtes fou amoureux, et ça, dans cette vie là, la précédente et là prochaine.

Mon cœur se serra de nouveau, coupant mon souffle alors que je sentais les larmes me monter aux yeux automatiquement.

- Je...

- Ce n'est pas ton corps ici qui l'aime, mais ton âme. Et crois moi Levi, tu auras beau renier au plus profond de ton être et penser que ce n'est pas toi qui l'a choisi, ton âme a choisi la sienne, et ca pour l'éternité.

Je fermais les yeux, les larmes dévalant mes joues pour la seconde fois de la journée alors que certaines images revenaient dans mon esprit comme un surplus d'eau que j'avais tenté de retenir.

Je te promets de t'aimer, maintenant, et pour l'éternité.

Le visage de Jungkook apparu aussitôt devant moi, un sourire sur le visage, les yeux pourtant beaucoup trop sombre pour qu'il soit réel. Et j'avais l'impression de voir son fantôme.

Mon corps frissonna, comme si quelque chose s'était mit à me compresser de part et d'autre de mon corps, je suffoquais.

Quelque chose était entrain de se passer.

- Je- je dois prendre l'air...

Je me levais maladroitement, réussissant à peine à me tourner sur le lit, j'attrapais machinalement mon téléphone pour le fourrer dans la poche de mon jogging.

- Lévi ? Tu vas bien ? S'inquiéta ma mère en me voyant tituber jusqu'au centre de la chambre.

- Oui...non... j'en sais rien, je dois sortir maman.

Attrapant mon manteau sur ma chaise, je me tournais vers elle pour lui murmurer un merci précipité avant de me jeter sur la porte d'entrée, accourant dehors comme si le froid allait enfin pouvoir me réveiller.

Mais mon corps était en transe, il n'allait pas bien du tout.

Je tremblais, mon cœur se pompant de mon sang un peu trop rapidement pour que ce soit normal.

- Qu'est-ce...

Mes jambes étaient lourdes, si lourdes que j'étais capable de m'écrouler à même le sol à tout moment si je continuais à rester là.

Je me jetais alors dans la rue, marchant pour essayer de faire partir ce picotement dans mes jambes qui les rendait si flageolantes.

J'avais l'impression d'avoir couru des heures durant alors que je venais de me réveiller à peine une heure plus tôt.

Bon sang...mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ?

Je perdais le contrôle de mon corps, il ne voulait plus m'entendre, il ne réagissait que par lui même et en fonction de lui.

Jungkook.

Les écouteurs dans ma poche, il fallait que je pense à autre chose, tout sauf à lui.

Tout sauf à nous.

Maladroitement, je les branchais à mon portable et les fourrais dans mes oreilles, tapant sans attendre sur mon application musicale pour venir m'enfermer dans ma bulle.

Je continuais à marcher sans but, courir même ? Je n'en savais trop rien, il fallait simplement que toute cette sensation dans mon corps s'en aille.

Et peut être que fuir la réalité était une solution.

Je m'enfonçais dans les rues de la capitale telle une petite sourie parmi la foule de gens ordinaire qui me frôlait à chaque seconde, mais malgré ça, je restais focalisée sur les battements de mon cœur.

Je n'entendais que ça.

Boom.

Boom.

Boom.

Ils s'accordaient à mes pas.

Boom.

Boom.

Boom.

- Merde... merde merde !

Je m'arrêtais brusquement, les battements se stoppant par la même occasion.

- Je-

Ma main retira automatiquement un écouteur de mon oreille, devrais je me reconnecter à la vie réelle ou ce que je voyais devant moi n'était qu'un rêve de mauvais goût ?

Ma réponse arriva bien vite lorsque je reniflais, une odeur si forte atteignant mes narines à m'en faire reculer de peur.

Des fleurs, partout. Ma vision était floutée d'un amas de flocons blancs semblable à de la dentelle.

Des Queens Anes Lace.

Je me figeais, comment était ce possible ?

Il fallait que je tombe sur elles maintenant. Que je retrouve leur odeur à plein nez comme pour me rappeler cette fois où son bouquet s'était écraser contre ma poitrine comme un poignard empoisonné ?

Je me figeais, une autre odeur énivrant la rue tandis que je reculais.

- C'est la sienne... c'est- pourquoi-

Je me retournai dans tous les sens, à croire qu'il était là, juste à côté de moi, mais rien. Jungkook avait laissé son odeur avec moi, comme un souvenir que je me mis à fuir de nouveau.

Mais qu'est-ce que je fuyais vraiment ?

La réalité.

La foutue réalité.

Elle était là, à se moquer de moi en me crachant dessus sans que je ne puisse rien faire d'autre que de tenter de l'ignorer, de fermer les yeux en courant sans vraiment savoir comment j'allais me sortir de ce jeu.

C'était entre elle et moi.

Le combat du réel.

Malheureusement, je n'étais clairement pas à mon avantage contre elle, surtout lorsqu'elle m'envoya une énorme claque dans la figure, me donnant l'impression de m'être fait jeter du toit d'un immeuble.

J'étais entrain de tomber de bien haut.

- Putain...

Je m'étranglais, levant les yeux effarés vers la structure devant moi.

- Pas ici ! Tout sauf ici !

J'hurlais, les gens s'éloignant de moi alors que mon regard était figé sur le grand bâtiment en face de moi.

Je revoyais encore ces affiches, les siennes, son visage souriant au public et me murmurant :

Ne me laisse pas.

Je secouais la tête, les larmes se mettant sans attendre à tomber contre mes joues froides alors que son visage ne sortait pas de ma vision.

- Je ne veux pas, je ne veux pas revoir ça !

Pourquoi est-ce qu'il fallait que ça arrive maintenant ? Que tout se déclenche encore plus violement que les illusions ?

C'était réel cette fois-ci, je le sentais ! Et c'était encore pire.

Mon cœur me serrait, me brulait, m'étouffait. Et tout ça parce que je comprenais, petit à petit, où ce combat allait finir.

J'étais entrain de perdre, de me laisser frapper sans une seule seconde de répit, la réalité m'agressait, encore et encore, me portant des coups que je n'étais même pas certaine de pouvoir encaisser.

Mais j'accusais, encore et encore. Me recroquevillant mentalement jusqu'à ce que le coup de trop soit donné.

You are the cause of my euphoria.

Je me figeais, ma main serrant mon portable comme elle ne l'avait jamais fait, et lorsque je la remontais vers mon visage, mes yeux s'écarquillèrent.

Sa voix.

Je déglutis alors que sa musique continuait à jouer dans mes oreilles similaire à de la torture.

- Pas ça ! Tout, mais pas ça !

Mais j'avais beau taper sur mon écran pour passer ses chansons, elles défilaient les unes après les autres, sans s'arrêter une seule seconde d'entendre le grain de sa voix résonner en moi.

- STOP ! ARRETE !

Je lui hurlai dessus, comme s'il était là, devant moi.

J'hurlais en mettant mes mains sur mes oreilles, retirant avec violence les écouteurs pour les balancer sur le sol, tombant à genoux contre le sol en me recroquevillant cette fois-ci physiquement.

Je n'en pouvais plus.

- Jungkook ! S'il te plait !

Je suppliais le monde pour que ça s'arrête, qu'il sorte ou qu'il entre dans ma tête, faites en sorte que ça s'arrête !

Je pleurais, seule dans la rue, à attendre que son odeur, son visage et sa voix disparaissent.

Mais rien, rien n'y faisait, c'était comme si mon corps me hurlait que je ne devrais pas être là, ici, sur le sol de Paris.

Et ça depuis toujours.

Je réalisais que ça avait été le cas, je ne m'étais jamais senti à ma place, bien avant que je ne le rencontre. Depuis toujours, je sentais que quelque chose manquait.

Et là je compris.

La réalité qu'on m'imposait, celle contre laquelle je me battais, c'était la mienne. Et il n'y avait que moi pour la contrôler de mes propres mains, si je voulais la battre, il fallait que je l'agrippe moi même. La vieille dame avait raison.

Mon destin.

C'était le mien.

Et depuis le début, chaque choix, chaque geste. Je les avais contrôlé.

Depuis le début. C'était moi. Moi et rien que moi.

Mon âme, c'était la mienne, peu importe les vies, peu importe le temps qui passait. C'était moi.

Et j'avais été trop plongé dans les illusions pour réaliser que la personne que je voyais dans ce miroir, c'était moi, et non pas une autre Lévi sortie de nul part.

Pareil pour Jungkook, peu importe le nombre de vies où je le voyais, ça avait été lui, et rien que lui.

Je pleurais alors encore et encore.

Comment est-ce que j'avais pu croire que c'était faux ? Quand ce sentiment dans mon cœur avait été si réel.

Je criais en silence, comprenant à quel point j'avais été la plus grande des idiotes. A force de me perdre dans ma fausse réalité, j'en avais oublié la mienne.

Jungkook.

Lui était réel, lui était ma réalité et tout ce que je ressentais pour lui n'avait jamais été aussi vrai que maintenant.

Je me redressais, les larmes glissaient toujours contre mes joues, tombant les unes après les autres sur le sol froid de Paris, mon téléphone suivant le mouvement de mon bras qui retombait contre mon corps, je serrais les doigts.

Il fallait que je le vois, que je lui dise, qu'il comprenne lui aussi.

J'allais prendre mon destin en main, l'attraper au creux de ma paume et lui hurler que c'était à moi de choisir ma vie.

Je plongerais dans ma propre réalité, et effacerais cette désillusion de mon esprit à tout jamais.

Et ça, pour l'éternité.

Ainsi nous commençons le premier chapitre des trois derniers... Aie aie aie...

Lévi vient enfin de réaliser qu'elle avait tord, et que depuis le début, c'était bien elle qui ressentait tout. Et pas son autre elle.

Et si ça c'est pas beau !

En vrai je pense que tout le monde avait compris ça... Mais au moins elle aussi maintenant !

Enfin bon, l'épisode a Paris n'est pas très long, ça ne servait à rien de s'éterniser ici alors que le but était simplement de vous faire comprendre tout comme elle que sa place était auprès de Jungkook et non ici.

J'espère en tout cas que ça fait pas trop court, j'avais peur que j'enchaine les choses trop rapidement...

En tout cas, à tout de suite pour la suite ! Et le chapitre final ! 

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