𝐈𝐂𝐄.𝐂𝐑𝐄𝐀𝐌
ꕥ
Los Angeles,
le 27 novembre 19✗✗
Cher Monsieur Chris,
Vous ne savez pas qui je suis, ou peut-être bien que si, mais cela n'a aucune importance. Je ne savais pas qui vous êtes non-plus. Cette question m'a par ailleurs obnubilé pendant de longues années. Enfin, de longues années d'enfant. Cette année je passe mes 23 ans ; cela doit être bien futile pour vous, cependant.
Oh, pardonnez-moi. Je ne me suis pas présenté correctement, même si mon nom figure au dos de l'enveloppe. Je m'appelle Kim Seungmin. Peut-être vous rappelez-vous d'un enfant qu'on appelait Sky, quand vous travailliez encore à l'Echo Park Lake.
En effet, je fréquentais beaucoup ce parc. Et vous, dans un coin plus reculé du lac, à l'abri d'un kiosque, vous installiez tous les jours votre chariot à glace. Ce n'étaient même pas des glaces en bâtonnets, mais bel et bien des cornets -ou des pots selon les préférences. Vous rappelez-vous de cela ? C'était il n'y pas si longtemps que cela, pour vous. Comment discernez-vous le temps qui passe, Monsieur Chris ?
Peut-être ne pose-je pas les bonnes questions au bon moment. Excusez-moi pour l'incohérence que peut avoir cette lettre, Monsieur Chris ; je n'en ai point fait de brouillon, et ne compte en aucun cas en rédiger un. Un brouillon rendrait la chose bien moins authentique et c'est là ce que je tiens à éviter.
Je m'imagine que vous devez hésiter à continuer de lire cette lettre, il est vrai qu'au final vous ne me connaissez pas. C'est pour cela que je prie votre curiosité de vous pousser à continuer cette lecture.
Je vais tâcher de rendre tout cela plus clair.
Permettez moi donc de recommencer.
Je me prénomme Kim Seungmin, mais on me connaît plus souvent sous le surnom de Sky. J'ai fréquenté durant toute mon enfance le parc dans lequel vous vendiez des glaces, sous un kiosque au bord du lac. Ce parc était celui de l'Echo Park Lake, à Los Angeles. Je venais même y acheter une de vos glaces tous les deux à trois jours. Je prenais toujours les mêmes saveurs; une boule vanille et une boule violette.
Une fois pourtant, il m'est arrivé de demander ce que contenait le compartiment secret. Pour mes yeux et mon esprit d'enfant, c'était probablement une saveur pour les « grands ». Quand j'y ai repensé, quelques années après, je n'ai pu que me moquer de moi-même. Comment ai-je pu penser cela, alors que ma mère elle-même prenait des saveurs que je considérais comme étant celles des enfants ? Et j'avais également posé cette question après avoir vu un autre enfant en demander et en avoir un cornet. J'étais idiot. Mais peut-être avais-je conclu cela car vous m'aviez répondu « Ce n'est pas pour toi, mais pour des personnes spéciales. »
Oh, j'en avais été offensé, et cela avait dû se voir sur mon visage car avec une amertume subtile vous aviez ajouté « Considère toi heureux d'être ordinaire, c'est ce que certaines personnes souhaiteraient être. » Je n'avais évidemment pas été d'accord avec vous. Je voulais être spécial moi aussi.
Suite à cela, je vous ai boudé. Je venais toujours au parc tous les après-midis, m'amuser dans l'air de jeu, mais quand ma mère me proposait d'aller acheter une glace, je secouais la tête en croisant les bras. À la place, j'ai demandé à aller acheter des pâtisseries chez un autre vendeur du parc. Je voulais être spécial, moi aussi, et je me souviens m'être dit que peut-être qu'en changeant de goûter, je ne serais plus une personne normale.
J'ai tenu deux semaines ainsi, mais vos glaces me manquaient. Alors un après-midi, alors que ma mère m'emmenait chez ce vendeur de pâtisseries, j'ai demandé à revenir à votre chariot. Et j'ai commandé mes éternelles boules de vanille et de violette. Je me souviens, vous m'aviez accueilli avec un sourire chaleureux. D'habitude, vous aviez plutôt un air neutre. Mais ce sourire ne m'était pas destiné, vous souriez à ce qu'avait dit l'enfant avant moi.
Je ne savais pas ce que c'était à ce moment-là, mais j'étais jaloux, parce que je n'avais rien de spécial. Je ne vous faisais pas sourire avec mes mots d'enfants. Mais vous étiez une personne que j'estimais, de la manière dont les enfants estiment les personnes et les objets.
Éventuellement, j'ai arrêté d'être jaloux alors que les mois passaient. J'avais même oublié le compartiment de glace secret, même si je venais encore régulièrement vous acheter une glace. Il y avait d'autres choses tout aussi futiles que cela qui me préoccupaient. Comme par exemple cette rentrée des classes, qui arrivait trop rapidement à mon goût. Pourtant j'aimais l'école, je ne m'y ennuyais pas comme certains.
Enfin, cela ne vous concerne en aucun cas.
Une année passa, où mes habitudes ne changèrent guère. Quand j'avais école, je venais le soir, une heure, voire deux si je n'avais pas beaucoup d'exercices pour le lendemain. Le week-end j'y passais mes après-midis, seulement si j'avais fini mes devoirs le matin. Les dimanches soir, nous faisions des repas de famille et un de ces soirs-là nous avions décidé de faire une balade nocturne avec ma famille, au parc.
C'était bien plus calme qu'en journée, personne ne se baignait dans le lac, personne ne faisait les singes dans l'aire de jeux. Il n'y avait pas de cris, pas de pleurs et pas de rires non-plus. Les adultes parlaient pendant que je menais la marche. Consciemment ou non, j'ai pris la direction de « votre » kiosque. Mais alors que nous approchions du kiosque, nous distinguions un raffut qui se rapprochait. Ou plutôt, nous nous rapprochions d'un grand raffut.
Si je n'avais pas été curieux ce jour-là, je pense que cette lettre n'aurait jamais été écrite. Enfin, il m'a tout de même fallu neuf ans pour me rappeler de tout cela, et commencer à faire des recherches vous concernant.
Revenons à ce soir-là, et non pas aux temps présents, cela est réservé à plus tard.
Avec ma famille, nous nous sommes rapprochés pour voir ce qui se passait ici. Je n'eu que le temps d'apercevoir cinq silhouettes avant que ma mère ne me tire à l'écart. Je voyais mal de loin, alors tout ce que j'avais pu voir étaient des formes floues qui bougeaient. Mais deux personnes sont passées près de ma mère et moi, en nous demandant de nous écarter car nous gênions le passage. Ce n'était pourtant pas l'officier que je regardais, mais l'homme avec un capuchon sur la tête, qu'il maîtrisait.
J'avais crié pour être sûr qu'il m'entendrait « Qu'êtes vous ? » J'avais avalé une syllabes en voulant dire « Qui êtes vous ? » Mais en y repensant, ces deux questions revenaient au même. Et la réponse aussi.
L'homme dont je ne voyais pas le visage avait répondu avec un rictus évident dans sa voix « Une abomination. » Mais je ne croyais pas au fait que les abominations adultes puissent exister. Pour moi à cette époque-là, les seules abominations qui existaient étaient les voleurs de goûters. Cet homme, qui se faisait arrêter, n'avait pas pu voler le goûter de qui que ce soit dans un parc en pleine nuit. Alors j'ai cru de tout mon être que cet homme n'était pas du tout une abomination.
Agités, les membres de ma famille ont tous décidé de rentrer à la maison. Je n'en avais pas vraiment envie, je voulais comprendre ce qui se passait. Mais visiblement, je n'étais pas assez âgé pour me mêler des affaires des grands. Alors je me suis résigné, et nous sommes rentrés à la maison. Les adultes parlaient entre eux et quand je m'approchais pour écouter, ils me disaient de ne pas m'inquiéter et que je pouvais aller me coucher.
Alors c'est ce que j'ai fait. Je suis allé au lit, et j'ai essayé de dormir. Mais je n'étais pas fatigué, et ce qui s'était passé au parc n'arrêtait pas de se rejouer dans mon esprit. J'essayais de reconnaître la personne qui s'est faite arrêter, par sa posture, sa démarche, ou bien même sa voix. Malheureusement, je ne me souvenais pas avoir déjà croisé quelqu'un qui marchait le dos courbé, les mains maintenues, et qui se faisait pousser. Ni de quelqu'un avec autant de venin dans la voix.
Je ne sais pas combien de temps je suis resté éveillé, à retourner le problème dans tous les sens en essayant de résoudre ce mystère. Je procédais à la manière des détectives dans les histoires que ma mère me racontait quand j'étais plus jeune encore.
Jusqu'à quel âge votre mère vous a-t-elle raconté des histoires avant de dormir, Monsieur Chris ? Accepteriez-vous de répondre à absolument toutes mes questions ? Pour l'instant je ne souhaite ni réponse, ni même aborder ce sujet. Il me faut encore tout vous raconter pour justifier cette lettre. Mais j'y reviendrai à un certain moment.
Le lendemain de ce dimanche soir, je me suis réveillé à une heure avancée de la mâtinée, et en descendant les escaliers, j'ai découvert deux officiers de police assis sur le canapé du salon. Je suis remonté dans ma chambre car je savais qu'on allait me dire qu'ils étaient là pour des affaires de grands. Cela commençait à être lassant puisque que j'étais adolescent. J'avais l'impression que mes parents étaient bien trop protecteurs et ne remarquaient pas que je grandissais.
Mon père ne m'avait pas remarqué, ni les officiers, et ma mère était absente à ce moment-là. Alors que j'allais ouvrir la porte de ma chambre, des éclats de voix me sont parvenus : « Mais enfin ! Vous n'allez pas interroger un enfant ! » Et à un des officiers de répondre : « De ce que vous m'avez dit, il a 11 ans. Votre fils n'est plus un enfant. Il peut répondre à nos questions. » Et à mon père de s'offusquer encore une fois : « Il a pourtant vu la même chose que toute notre famille ! Que voulez vous savoir de plus ? »
Et avant qu'un des officiers ne puisse lui répondre, j'ai fait demi-tour précipitamment. « Je peux répondre à leurs questions père ! » Je me sentais fier d'être enfin inclu dans une affaire de grands. Alors j'ai essayé de cacher ma joie en prenant cet air sévère que mon père adorait porter.
Les deux policiers se sont regardés avant de se lever. Ils voulaient m'interroger dans ma chambre. Je me suis assis sur mon lit, l'un d'eux a pris ma chaise de bureau et l'autre est resté près de la porte. Était-ce pour s'assurer que mes parents ne viendraient pas nous déranger ?
« Peux-tu me dire ce que toi et ta famille avez fait hier soir ? » Je ne savais pas réellement à partir de quel moment il voulait que je commence mon récit, alors j'ai dit ce que je viens de vous écrire jusqu'ici. L'homme prenait des notes et hochait la tête.
« Connaissez-vous Monsieur Christopher Bang ? » J'ai fait non de la tête, parce que je ne connaissais pas votre nom quand je venais vous acheter des glaces. L'officier m'a alors dit que c'était vous. Alors j'ai dit ce que je savais. « C'est Monsieur Chris ! Il vend des glaces sous le kiosque du parc. » Mais je n'ai rien dit d'autre, parce que je ne savais pas pourquoi il parlait de vous. Il ne me l'a pas dit non-plus, seulement qu'il allait falloir que je me trouve un autre marchand de glace.
J'ai été sincèrement inquiet pour vous. Je vous idolâtrai et l'idée que quelque chose d'affreux ai pu vous arriver me mettait en horreur. C'était peut-être idiot, vous n'aviez aucune idée de qui j'étais, et je ne vous connaissais qu'en tant que marchand de glace.
En tout cas, mes réponses semblaient satisfaire les deux agents, qui se retirèrent pour aller je ne sais où. J'espérais qu'ils allaient s'assurer que vous alliez bien. Je ne sais toujours pas dire, aujourd'hui, si j'étais incroyablement naïf ou tout à fait idiot. Qu'en pensez vous Monsieur Chris ?
Êtes-vous en train de vous demander comment un humain aussi idiot avait pu vous retrouver ? Où êtes vous peut-être attendri par ma détermination à vous retrouver ? Peut-être vous effrais-je, à vous raconter le pourquoi du comment je vous écris en ce jour ? Eh bien, encore une fois, peu importe. Je ne sollicite que votre curiosité.
Je reprends.
Les policiers sont partis de chez moi, et à peine avais-je eu le temps de rejoindre la porte de ma chambre que mon père m'a assailli, lui aussi, de questions et d'affirmations. Je ne l'ai pas vraiment écouté, mais ce que je percevais n'était pas intéressant pour moi de toute façon. C'était la même chose qu'à chaque fois que je m'imposais. « Ce n'est pas à toi de prendre de telles décisions, Seungmin ! Tu es encore trop jeune et tu ne comprends pas ce qui se passe. Laisses ta mère et moi prendre les décisions importantes. » Même quand ça concerne ma personne ? Je l'avais demandé une fois, et je m'étais pris une gifle. Depuis, je me la posais simplement dans ma tête, sans pour autant comploter de rébellion. Après tout, mes parents faisaient énormément pour moi. J'étais sûrement un enfant ingrat. Dans d'autres foyers cela devait être le même schéma.
Une semaine passa avant que ma mère m'autorise à retourner au parc. Même si je le savais, j'ai eu du mal à accepter que vous n'étiez plus là. C'était étrange, comme si une présence rassurante n'était plus là pour veiller sur les enfants. Je n'aimais pas. Alors j'ai arrêté d'aller au parc, j'ai arrêté de sortir après l'école, quand mes devoirs étaient terminés le week-end. J'ai commencé à lire, seul dans ma chambre.
Puis graduellement, je changeais de pièce dans la maison pour lire. Le bureau de père quand il n'était pas là. Le salon. La véranda. Le jardin. Sous le porche. Ça a duré quelques mois comme ceci avant que je ne me décide à remettre les pieds en dehors de la propriété de mes parents pour aller autre part qu'à l'école. Visiblement je n'avais pas raté beaucoup de choses. J'ai erré longtemps aux alentours du parc, avant de m'y aventurer de nouveau. J'avais peur d'être de nouveau écrasé par ces sentiments de vide, de solitude et de manque. Peut-être étais-je étrange. J'avais une tendance à rejeter les changements que je ne pouvais contrôler.
Et encore un mois après avoir recommencé mes sorties en ville, j'ai osé mettre les pieds dans le parc. Rien n'avait changé. L'Echo Lake Park était fidèle à lui-même. Ombragé autour de la rive et vers les rues, et ensoleillé sur le lac. L'aire de jeux où j'ai passé des heures avait dû être nettoyée ; on aurait dit qu'elle était neuve. Mais je ne suis pas allé m'asseoir contre un arbre près de l'aire de jeux. J'ai été à votre kiosque, prenant mon courage à deux mains. Autant en finir une bonne fois pour toute. De toute façon, il ne me restait pas beaucoup de temps ici, dans ce parc, ni même dans cette ville, et son pays.
Deux jours plus tôt, mes parents m'avaient annoncé que nous retournions en Corée du Sud. Encore une fois à cause du travail de mon père, qui lui proposait d'être affecté quelque part tous les trois ans. Je n'ai encore aujourd'hui aucune idée de l'ancien travail de mon père. On ne m'a jamais dit la vérité -et je ne l'ai pas réellement recherchée-, car une fois en Corée, père n'a plus eu besoin d'être affecté quelque part.
Donc, je suis allé à votre kiosque. J'espérais que rien ne vous avait remplacé, car c'était votre endroit à vous. Si quelqu'un travaillait désormais ici, alors ce serait une abomination. Voler l'emplacement de quelqu'un c'était comme voler son goûter. Heureusement, personne n'était là, et j'ai pu m'asseoir sur le banc qui faisait face au lac. C'est seulement à ce moment-là que j'ai remarqué que vous tourniez le dos au lac quand vous vendiez vos glaces. c'était dommage, mais bien plus pratique de faire face à la terre plutôt qu'à l'eau, pour attirer des gens à votre chariot. Quoi que vous auriez pu vous mettre sur le côté. Vous auriez vu et le lac et les clients qui arrivaient.
Peut-être était-ce la réflection du soleil qui vous gênait, Monsieur Chris ?
L'excuse des glaces qui fondent était en plus logique. Pas de quoi attirer quelques soupçons que ce soit. Dont les miens.
Puis j'ai déménagé dans la capitale coréenne. J'ai eu beaucoup de mal à m'adapter. Je ne me souviens plus si je l'ai déjà mentionné, mais je supporte mal le changement. Je n'arrivais plus à dormir, ni à manger, et ce n'était pas une crise, j'en étais physiquement incapable. Et évidemment cela à inquiéter mes parents qui m'ont gardé alité jusqu'à ce qu'un médecin leur dise qu'ils faisaient tout l'inverse de ce dont j'avais besoin.
Alors le lendemain, ma mère m'a emmené me promener, et j'ai découvert cette grande ville moderne. Il y avait beaucoup de parcs, même peut-être plus qu'à Los Angeles, mais aucun n'arrivait au niveau de l'Echo Lake Park.
Aucun n'arrivait à la hauteur du kiosque et de son stand de glace.
Et cela m'a rendu malheureux, du malheur des adolescents.
Alors je ne faisais plus que rentrer directement après l'école, sans passer par quelque parc que ce soit, sans rester avec des amis. J'allais à l'école, j'étudiais, j'attendais que la journée se passe, et je rentrais directement chez moi. Je faisais mes devoirs, je mangeais, je prenais une douche et je me couchais. Je trouvais plus de bonheur à rester enfermé entre les murs de ma maison plutôt que dans l'étendue infinie du monde, juste après ma porte d'entrée.
Même aujourd'hui, je trouve plus de bonheur et de réconfort dans mon appartement qu'au dehors.
Deux ans plus tard, quand j'eu 14 ans, une affaire éclata ; envahissant la presse, les rues, les esprits comme un virus.
Les gros titres disaient « Un vampire a tué toute une maisonnée dans son manoir aux abords de Séoul. »
Je n'avais jamais entendu parler de vampires. Mes parents me laissaient rarement écouter la radio pour connaître les actualités de la presse. Et je ne pouvais pas y avoir accès dans leur dos, puisque mon père gardait toujours la clé avec lui. ils prétendaient que c'était pour me garder de l'atrocité du monde.
Mais cette affaire-ci—
Même mes parents ne pouvaient me le cacher. Les programmes télévisés étaient interrompus par les directs des journalistes. Alors au dîner, lorsque le drame fut découvert, j'étais là. A la table du salon, je regardais avec peur ce que les caméras filmaient. Bien sûr je ne comprenais pas. Qu'étaient donc ces prétendus vampires ? Une nouvelle espèce ? Des criminels ? Depuis combien de temps étaient-ils en Corée du Sud — à Séoul ? Y en avait-il ailleurs ? Étaient-ils aussi dangereux que les médias le prétendaient ?
Je le crus. Le fait qu'une famille entière, et leur personnel aient été assassinés en une nuit, me terrifiait. J'étais terrifié des vampires. J'avais peur qu'un de ces vampires vienne attaquer ma maison, alors que nous dormions. Je ne voulais pas mourir. Je ne voulais pas que mes parents meurent. Mais je savais que les vampires n'en auraient rien à faire. Eux ils veulent juste du sang. Et comme ils ne supportent pas le sang vampire, ils se doivent de boire le sang humain. Et les animaux alors ?
Et pendant que je ruminais, je me rappela de la fameuse nuit à Los Angeles, au parc, avec ma famille. La fameuse nuit où un homme m'avait répondu qu'il était une abomination. Contrairement à ce que j'avais naïvement pensé, il n'était pas un voleur de goûter mais probablement un vampire.
Je voulais faire des recherches, mais au lieu d'être un peu plus souples, mes parents devinrent encore plus strictes. Je n'ai plus eu aucun droit de toucher à un ordinateur, ni de rester à table plus longtemps qu'il ne le fallait. Je n'ai plus eu aucun droit de sortir seul, même pour sortir les poubelles. Mes parents embauchèrent une baby-sitter, afin de me conduire où j'avais besoin d'être. Je ne l'aimais pas, elle était aussi stricte que mes parents, mais pas de manière affective. Je ne pouvais déjà faire beaucoup, mais maintenant je pouvais faire encore moins. Je ne pouvais plus aller à la bibliothèque sans que l'on contrôle ce que je voulais emprunter...
C'était très dur. Cette période fut très dure. Même si j'étais reconnaissant que ma famille veuille me protéger, je ne supportais pas d'être étouffé ainsi. Alors je voulais me rebeller, trouver un moyen de retrouver ma liberté. Mais en même temps, toutes ces nouvelles mesures me permettaient de ne plus penser aux vampires, et même si la crainte de me faire tuer dans mon sommeil résidait toujours en moi, elle était bien moindre.
Au bout de quatre mois, mes parents commencèrent à redevenir souples. Il me permirent de rester à table plus longtemps, même s'ils ne mettaient les informations seulement quand je partais. Ils me donnèrent la permission d'utiliser l'ordinateur, à condition que l'un d'eux soit avec moi pour surveiller mon activité. Ce fut seulement un mois après qu'ils renvoyèrent la nounou, et j'en fus bien heureux.
A partir de ce moment-là, je me mis à faire tout ce qui m'était interdit. Rien de bien insensé, mais je me mis à écouter la radio tous les soirs après les cours. Et tout ce flux nouveau d'information, me passionna. Avant cette nouvelle passion, j'étais très assidu à l'école. Je faisais partie des meilleurs de ma classe. Mais pendant des mois, je n'arriva plus à me concentrer pendant mes cours, j'attendais impatiemment de rentrer chez moi, pour découvrir l'actualité du jour.
Arriva une période d'examen, que j'eu bien du mal à passer, car je n'arrivais pas à apprendre mes cours. Ma passion devenait une obsession. Je montrais bien plus d'intérêt à une discussion sur l'actualité que sur n'importe quel sujet qui m'aurait tout autant intéressé auparavant. Cela commença bien évidemment à inquiéter quand ils eurent connaissance de mon relevé de notes.
Ils voulurent évidemment m'interdire l'accès au poste radio une nouvelle fois, mais je résistais. Je leur ai promis de faire des concessions s'ils me permettaient de toujours pouvoir écouter les actualités. De plus, et je me rattachais énormément à cet argument, je devenais grand, il fallait que je sois au courant de l'information, que j'alimente ma culture générale avec ce qui se passait dans notre pays. Je ne pouvais pas rester ignorant.
Cela fonctionna, plus ou moins. Mes parents étaient très difficiles à convaincre, et je crois surtout qu'ils auraient préféré que je reste cet enfant innocent. Mais je m'approchais de mes 15 ans, j'allais bientôt entrer au lycée.
Vos parents étaient-ils aussi protecteurs, Monsieur Chris ? Je ne vais pas vous cacher ma curiosité sur votre enfance, je pense que c'est assez clair.
Une petite appartée car je viens de me relire, et je vous présente mes excuses, d'expliquer aussi longuement mon enfance alors que vous voulez sans doute seulement savoir pourquoi je vous écris. Et encore, je viens de me rendre compte que je suppose que vous êtes toujours en train de me lire, Monsieur Chris. J'espère certainement que vous avez assez de curiosité, mais je comprends aussi si vous avez déjà renoncé à me lire. C'est étrange de penser que j'écris peut-être pour rien. Mais peu importe. Même si vous n'êtes plus en train de lire, j'ai besoin de poser tout cela sur papier. Pourquoi ? Je ne puis réellement le dire, n'ayant moi-même pas les mots.
Ainsi je termine mon appartée, pour revenir à ce que je disais précédemment.
Je me remis à étudier sérieusement, et mes parents me permirent d'écouter les informations. Des mois passèrent puis les vacances d'hiver commencèrent. Je ne sais pas si vous connaissez le système sud coréen, mais pour nous, les années scolaires se terminent fin décembre et commencent en mars. Pour nous, le lycée est aussi une période très compliquée, car nous devons travailler très dur pour être sûrs de pouvoir intégrer les universités les plus prestigieuses. Enfin, déjà au collège il y avait beaucoup de pression par rapport à cela, mais au lycée, cette pression s'accentue.
Sans surprise, je voulais intégrer une licence de journalisme, et sans surprise encore une fois, je me devais d'entrer dans une des plus prestigieuses universités.
Alors je redoublais d'efforts, faisant mille et une recherches sur l'histoire, moins scolaire, et plus d'un point de vue journalistique. Comment les évènements étaient-ils rapportés ? Comment les médias prenaient position et influençaient ainsi l'opinion commune sans en avoir l'air ? Comment tout cela fonctionnait donc ?
Mes parents ne pouvaient évidemment pas répondre à certaines questions dont je ne trouvais pas les réponses, alors j'avais hâte d'être pris à l'université. Je n'aimais pas ne pas avoir de réponses, ce qui me rendait parfois susceptible, ce qui, à la fois rendait fiers mes parents, mais qui les énervait aussi profondément. Mais comme ils pensaient que malgré mon investissement en classe, je n'allais pas réussir ma vie, ils étaient surtout soulagés que je choisisse une voie.
Très rapidement ma première année de lycée se termina, sans aucun nouveau scandale sur quelque vampire que ce soit. C'était rassurant autant qu'effrayant, car comment savoir si un nouveau drame allait se produire ?
Je me disais naïvement que si les autres avaient vu l'un des leurs se faire arrêter ils n'allaient pas vouloir que ça leur arrive à eux également. Oui. Malgré tout ce que je viens de vous écrire, j'étais encore assez naïf, ou dirais-je plutôt que je recherchais le bon en chaque personne. Ce n'était pas réellement une qualité, mes parents trouvaient même que c'était un trop grand défaut, et qu'il faudrait que je commence à voir les personnes telles qu'elles sont réellement.
Et je me suis rendu compte qu'ils avaient raison, que je devais toujours voir la vérité en face, surtout si je voulais être un bon journaliste. Tout du moins, je devais rester neutre. Dans le journalisme, mon opinion ne comptait pas. Je n'avais pas le droit d'exprimer ce que je pensais, car mon futur lecteur devait se faire son opinion sur le sujet lui-même.
Je pensais que ça allait être très compliqué de me retirer ce trait de caractère, alors que je l'avais depuis ma naissance. Mais les événements de la vie firent que je n'eu pas plus de mal que cela à voir la réalité sans son voile d'optimisme. Déjà que je n'étais pas l'adolescent le plus extraverti, voilà désormais que je me renfermais davantage sur moi-même, fuyant de possibles nouvelles relations. Je ne faisais plus confiance à beaucoup de monde, sauf mes parents et les personnes que je connaissais depuis longtemps.
Pourquoi ? Oh... Je ne sais pas si vous le dire vous avancera beaucoup. Pour faire court et simple, nous avions un nouvel élève, qui s'avéra être un vampire quelques semaines plus tard. Rien de bien grave, si on omet les faits qu'il s'était intégré à mon groupe d'amis, et qu'il trouva fort amusant de s'en prendre à notre classe entière en cours de sport.
Durant cette attaque, je ne tentai pas de sauver mes camarades, car je savais que je ne ferais pas le poids, et surtout j'étais tétanisé de peur, caché dans les toilettes. Alors je regardais mes camarades courir dans l'espoir de trouver un abri, et qui se faisaient un à un attraper par cet horrible monstre. Il était dur de le reconnaître, aussi bien physiquement que mentalement. Ses yeux étaient devenus rouges et ses traits étaient bien plus sévères, bien plus cruels que ceux que j'avais connus.
Je n'aurais pas dû survivre. J'aurais dû mourir, comme mes camarades et notre professeure. Mais la brigade anti-vampire arriva avant. Juste avant qu'il n'ouvre la porte des toilettes.
Il fut neutralisé, et des agents me firent sortir de ma « cachette ». Je ne voulais pas regarder autour de moi, je ne voulais pas constater le massacre, un fois sorti de mon état de paralysie. Je ne voulais pas accepter ce qui venait de se passer. Derrière moi, un de mes plus proches amis cria mon nom, et sans surprise je fondis en larmes.
Voilà, je n'irais pas plus loin, car je sais que ce drame a fait le tour des journaux mondiaux, et je suis certain que vous êtes quelqu'un qui suit l'actualité de près. Et surtout, je ne pourrais pas vous relater avec exactitude ce qui se passa une fois que je me calma. Tout est toujours aussi flou dans mon esprit.
Après cela, je resta longtemps enfermé dans ma maison, refusant de sortir. Même si mon école avait pris des mesures, mais malgré tout, je demandais à mes parents de me faire changer d'école. Heureusement qu'il y avait plusieurs école, car nous purent en trouver une assez proche de chez moi, mais tout de même assez loin de l'ancienne. Je ne me sentais pas plus en sécurité, mais au moins je n'avais plus le fardeau de fouler tous les jours le lieu du massacre.
Mes parents m'emmenèrent voir un psychologique, et même si elle ne voulait que mon bien, je ne pus m'empêcher de la détester. Je n'aimais pas sa manière de me parler comme à un enfant en bas âge, et encore moins le fait qu'elle me demandait d'être heureux de n'être pas mort à la place de mes camarades et amis. À choisir, j'aurais nettement préféré que personne ne meurt, mais d'après elle c'était le destin.
Quand je raconta cela à mes parents, ils me firent immédiatement voir une autre psychologue, et avec lui les choses étaient déjà beaucoup plus simples. Bien sûr j'étais toujours traumatisé, je le serais toujours, mais au moins, je savais travailler dessus pour que cela impacte moins ma vie.
Il passa une année comme cela, durant laquelle j'appris à travailler avec mon traumatisme, et durant laquelle je me plongea dans mes études.
Je passa en deuxième année sans difficulté. Durant cette année-là, rien de bien papiltant ne m'arriva, et je dirais même que c'est pour le mieux. J'allais mieux, je faisais mon deuil et ne vivais plus dans la crainte constante, lancinante, assourdissante de me faire attaquer par un vampire. Les fantômes de tous ces morts me quittaient petit à petit, et je ne faisais plus énormément de cauchemar sur cette maudite scène.
Enfin, bien trop rapidement, autant que bien trop lentement, ma dernière année de lycée arriva. Plus aucune pitié de la part des professeurs, ils notaient sévèrement, s'énervaient quand un élève ne comprenait pas dès la première explication, et donnaient bien trop de devoirs à faire pour le lendemain pour que nous puissions combiner bien-être mental, physique et bonnes notes. Les premiers mois furent durs, je l'avoue sans honte, mais fort heureusement, je parvins à me rattraper sans pour autant sacrifier ma santé. Mes méthodes d'études étaient basées sur l'efficacité plus que le temps consacré. Étudier des heures pour des résultats insatisfaisants n'était pas la clé de la réussite, contrairement à ce que pensaient la plupart de mes camarades.
Ce que je vous dis doit vous sembler sans importance. En vérité, moi-même je n'arrive pas à évaluer la pertinence de mes propos. Je suis désolé, de vous faire ma biographie. Je sais que je vous l'ai déjà dit, mais c'est pour moi un moyen d'en venir au pourquoi je vous contacte.
Si cela peut vous rassurer, je suis bien plus direct et concis dans mes articles.
En fait, je ne pense même pas que vous ayez besoin d'être rassuré. Peut-être n'en avez vous rien à faire de moi. Peut-être avez-vous arrêté de lire désormais, et j'écris dans le vide.
Je reprends sur cette année de terminale. Quoi que, il n'y a pas beaucoup à en dire.
J'ai simplement passé mon temps à étudier, autant en classe, que dans les académies, que chez moi. J'étais le meilleur élève de ma classe, et mes parents étaient très fiers de moi. C'était tout ce dont j'avais besoin : des bonnes notes, et la fierté de mes parents.
Mes professeurs étaient optimistes quant à mon entrée dans l'Université Nationale de Seoul, dans le département de communication.
Et très vite après qu'ils aient donné leur accord à mon passage à l'université, il fallut envoyer nos candidatures aux universités que nous voulions. Par sécurité, j'ai également envoyé une lettre à l'université de Yonsei, et celle de Sungkyunkwan, qui sont les trois meilleures de Seoul. Nous aurions les réponses au bout de deux à trois mois, donc pendant ce temps, toute ma promotion était stressée, et à raison parce que les professeurs ne faisaient rien pour nous rassurer.
La compétition augmenta dans notre classe, et un petit peu de manière inter-classe, mais rien de bien important. Tout le monde voulait être premier, et ce serait mentir si je disais que je ne participais pas à cette compétition.
Et puis les résultats arrivèrent, et évidement je reçu d'abord les réponses des universités que je voulais le moins. J'étais accepté, et pas peu fier au vu de tout le travail que j'avais fourni. Mais je ne recevais toujours pas la réponse de mon premier choix, et cela commençait à m'angoisser, je ne pouvais m'empêcher de me dire que je n'avais pas été accepté, que mon niveau n'était pas assez élevé. Mais une semaine avant le début des inscriptions j'ai reçu une réponse positive. Dans la lettre, ils prirent la peine de m'expliquer que j'avais été en liste d'attente et que quelqu'un s'était substitué donc j'avais reçu sa place. Il fallait leur répondre dans un délai de trois jours pour confirmer que nous voulions passer à l'étape de l'inscription. Fébrile, j'avais rédigé ma lettre dans l'instant, et était parti la poster.
Mes parents n'étaient pas encore rentrés quand je revenais à la maison, alors je fis ce que j'avais à faire en attendant qu'ils arrivent eux aussi. Je me disais que pour l'occasion, je pouvais préparer la table comme pour les grandes occasions, et qu'on pourrait faire un dîner à la hauteur. Mais au bout de quelques heures, mes parents ne rentraient toujours pas. Et surtout, protecteurs qu'ils étaient, ils ne m'avaient toujours pas appelé pour me dire ce qui se passait.
Je décidais d'appeler au bureau de mon père, mais ils me dirent qu'il était parti une heure auparavant. Cela était déjà étrange. Et ma mère ? Où était-elle partie ? Que se passait-il ? Malheureusement les téléphones portables n'existaient pas à cette époque, alors je ne pouvais pas les contacter. Il allait bientôt être une heure du matin quand le téléphone fixe sonna, et je me précipitai dessus.
L'hôpital. Mes parents étaient à l'hôpital. Je pensais directement à une attaque de vampires, mais l'infirmière me rassura pour me dire qu'ils avaient simplement eu un accident de la route. Ça ne me rassurait qu'à moitié. Ils n'étaient apparemment pas en danger, mais allaient quand même rester toute la nuit pour les garder sous surveillance. On m'expliqua qu'ils avaient été retrouvés dans le fossé, aux abords de Seoul, je ne comprenais pas, à ce jour, je ne comprends toujours pas pourquoi ils voulaient quitter la ville sans me prévenir.
Mes parents rentrèrent donc le lendemain, sans que je puisse aller les voir, parce qu'ils avaient expressément demandé dans un instant de lucidité que je ne vienne pas à l'hôpital. Quand nous dinâmes ce soir-là, ils agirent comme si de rien n'était malgré mes nombreuses questions. Cela m'agaça, mais je n'insista pas, je savais que ça ne me ferait que perdre mon temps. Jamais ils ne m'en parlèrent, et jamais je ne réussis à trouver d'article de faits divers les concernant.
Je soupçonne toujours une altercation avec des vampires, mais si ça avait été le cas, les journaux en auraient immédiatement parlé.
Deux jours plus tard, me souvenant que je devais leur annoncer mon acceptation. Ils me félicitèrent et mirent en place ce que j'avais prévu le soir de l'accident. Je crois que je n'ai pas réellement célébré, à cause de cette affaire, mais je restais malgré tout heureux de mon admission. Les vacances d'hiver passèrent très rapidement, et je rentrais enfin à l'université. C'était un monde nouveau, autant qu'habituel. Nous avions juste beaucoup plus d'autonomie et je n'arrivais pas à savoir si j'aimais cela ou non.
Malgré mes habitudes de travail, j'eu du mal à prendre le rythme de l'université. C'était rapide, tout s'enchaînait, et en même temps, c'était lent. Je n'avais pas beaucoup de cours, minimum un par jour, parfois deux. Et les cours étaient très longs, mais le temps passait rapidement. Et j'avais du mal à m'organiser. Pourtant, je m'étais fait un emploi du temps.
Mais ce n'est pas le plus important. La première année n'est pas la plus importante, puisque ce n'est qu'une vague introduction à la communication.
La deuxième année n'était pas réellement meilleure, nous étions toujours dans une introduction, peut-être un peu plus précise et approfondie que l'année passée.
La troisième année, le premier semestre n'était toujours pas très captivant. Mais le second semestre, pour moi, fut enfin intéressant. Nous abordions le journalisme, et même si mes habitudes d'étudiants ne changeaient pas, mon intérêt pouvait probablement être facilement remarqué.
Finalement, arriva ma première année de master, dans le journalisme évidemment. J'avais 20 ans, et j'étais plein d'ambition. Étonnamment, dès la première année de master, nous devions choisir le sujet dans lequel nous voulions nous spécialiser. Plus étonnant encore, alors que je pensais que le thème des vampires n'existeraient pas, par l'abjection des étudiants à leur regard, mais celui-ci était un sujet disponible. Il proposait une étude approfondie de leur histoire, de leur culture et de leur langue. C'était nouveau pour moi, d'apprendre qu'ils ont une langue bien à eux. Aucun des articles que j'avais épluché n'en avait parlé.
Je m'inscris sans réfléchir à ce cours. J'avais extrêmement hâte qu'il débute. Je voulais tout savoir sur votre race, monsieur Chris, comprenez-vous ? Je pense que oui.
Quelle désillusion ce fut quand j'assista au premier cours. Personne ne le prenait au sérieux, pas même notre professeur. Je ne comprenais pas quel était alors l'intérêt de ce cours. Se moquer des vampires ? Tourner au ridicule leur comportement ? Les détester ? Je savais que je n'allais pas supporter d'assister à ce cours à peine dix minutes dedans. Malgré tout, je garda patience, et alla simplement informer le professeur que je ne reviendrai pas au futures séances.
Après cet incident, je m'investis le plus possible dans mes cours, en faisant des recherches complémentaires sur les vampires pendant mes temps libres.
Très rapidement, je passais en master deux, et notre directeur de master nous rappela que nous avions un stage d'un semestre à réaliser lors du second semestre, qui servirait à clôturer notre année et à être directement insérés dans le milieu professionnel, car les entreprises proposaient généralement un contrat à leur stagiaires.
Vous vous en doutez, monsieur Chris, je savais déjà dans quelle agence de presse je voulais faire mon stage. Nos professeurs nous conseillaient d'envoyer nos curriculum vitae et nos lettres de motivation dès le début du mois d'avril, pour être sûr de ne pas être pris de court lorsque le second semestre arrivera. Nous avions même un atelier pour nous aider à préparer nos candidatures, et dès le premier de ces ateliers, j'alla voir l'enseignant pour lui présenter mon projet.
Le Los Angeles Daily News. Voilà comment se nommait mon projet. Je voulais absolument retourner à Los Angeles, autant car je considérais cette ville comme ma véritable raison, mais également parce que c'était là-bas la dernière fois que je vous avais vu. Et vous le savez, je tenais absolument à vous retrouver. Mon professeur valida mon projet, même si je ne lui avais pas présenté les faits de cette manière-ci.
Le premier semestre fut très long. J'avais envoyé mes lettres de motivation et mon curriculum vitae à différentes agences de Los Angeles, et ils avaient mis un mois à me répondre, pour une grande majorité d'entre eux. Ce fut un mois très long, et quand je vis que les réponses étaient négatives, je pensais que je n'arriverais jamais à atteindre mon objectif. Du moins pas de la manière la plus rapide. Ces agences ne voulaient pas de stagiaires étranger, n'en prenaient pas tout simplement ou en avaient déjà le nombre requis.
La dernière agence était une agence de presse indépendante, qui se nomme L.A. says. Ils m'acceptèrent comme stagiaire. J'étais content, bien que sceptique de ce que ce stage allait donner comme résultat.
Malgré tout, j'étais très excité de revenir à Los Angeles, et de voir comment la ville avait évolué. Arriva enfin le second semestre, et je pris l'avion pour Los Angeles. J'allais habiter dans un studio, non loin de L'Echo Lake Park, mais ce ne fut pas le premier endroit par lequel je passais. À risque de passer pour une étrange personne, je retournais à mon ancienne maison. Elle n'avait pas changé. Elle était très bien entretenue, et je reconnaissais quelques plantes à ma mère dans l'allée. Elles avaient tenu.
Comme si le temps qui passe n'avait aucun effet sur elles. Impressionnant, n'est-ce pas, monsieur Chris?
Après cette minuscule visite, je me rendais enfin à mon studio. Il n'était pas bien grand évidemment, mais suffisant pour moi. Je ne pris pas le temps de déballer mes affaires, et ressortais presque immédiatement, en direction du parc. Je savais pertinemment que je n'allais pas vous trouver.
Oh, je ne me souviens pas si je vous ai dit pourquoi je veux vous retrouver ? Eh bien, un peu de patience et vous le découvrirez.
J'allai donc au parc, et même si je savais que je n'allais pas vous trouver, je fus déçu en découvrant que c'était réellement le cas. J'avais espéré, un petit peu. Je n'avais pas espéré vous revoir au kiosque, à servir des glaces, mais j'espérais vous voir dans le parc, vous promener, ou peut-être assis sur un banc, que sais-je ? Ce ne fut pas le cas.
Je ne rentrais pourtant pas bredouille puisque j'avais tout de même pu revoir le parc de mon enfance. C'était déjà beaucoup, pour le premier jour de mon retour à Los Angeles.
Avez-vous déjà voyagé monsieur Chris ? Je me dis que oui, que ce fut une obligation plus qu'un désir, pour vous.
J'allais dîner dans un restaurant, le soir, pour célébrer mon retour à la maison. À ma surprise, sur le chemin du retour, je passais devant une échoppe de presse, et bien que fermée, il restait certains journaux sur le rebord. Je vis le L.A. says et fut sincèrement étonné. Je pensais que pour un journal indépendant, ils n'auraient pas une grande portée. Que seulement quelques connaisseurs pouvaient y avoir accès, mais pour qu'un vendeur de journaux en ait en réserve, c'était que ce journal devait tout de même avoir une petite notoriété. Voilà que j'avais hâte que mon premier jour commence. Heureusement, celui-ci était le lendemain. Oui, malgré le décalage horaire, et la fatigue qui allait me tomber dessus, je ne voulais pas perdre mon temps à ne rien faire.
Je rentrais rapidement me coucher, et était heureux de retrouver l'animation de Los Angeles. Pas qu'il n'y en avait pas à Seoul, au contraire, mais les ambiances étaient différentes, et je préférais celle de Los Angeles.
Le lendemain matin, j'avais une heure d'avance, quand j'arrivais devant le bureau de l'agence. Ou le prétendu bureau, car je me trouvais devant un immeuble qui tombait quelque peu en ruine. Je doutais que des gens vivent ici et pourtant ça ne m'étonnerait pas plus que cela. À l'heure où je devais commencer, un homme arrivait de l'autre bout du trottoir, et avait l'air très déterminé à venir dans ma direction. Il était simple de comprendre que cet homme était mon employeur. En arrivant à ma hauteur, il me salua et j'en fis évidemment de même, et il m'invita à entrer.
En effet c'était minuscule. Il y avait de la place pour deux personnes, mais certainement pas plus. Et malgré tout, ce journal se faisait vendre à une échoppe. Ce n'était pas rangé, différents documents recouvraient toutes les surfaces -même le plafond. Il y avait une unique fenêtre, à peine assez large pour pouvoir accueillir assez de lumière. Je n'osais imaginer le montant de la facture d'électricité. Il y avait deux bureaux, et un canapé, qui étaient tout autant ensevelis sous les documents que le reste. Il y avait plusieurs étagères, qui restaient debout par je ne sais quelle magie. Je me demandais sincèrement dans quoi j'étais tombé, et si j'allais en sortir dans de bonnes conditions.
Malgré tout, et je me dis que tout n'était peut-être pas perdu dans ce cas, mon employeur semblait assez gêné de m'accueillir dans ce bazar. Apparemment, lui et son collègue étaient pris dans une grosse affaire, du type « nous courrons partout depuis les dernières semaines et nous devons autant chercher les informations que les écrire car l'affaire que nous couvrons est énorme et les autres journaux peuvent nous devancer. » Je demandais quelle était donc cette affaire.
Apparemment, des vampires préparaient une attaque de masse.
Je demandais s'ils avaient prévenu la police. Non. Ils voulaient publier leur article avant que la présumée attaque n'ait lieu. Ils voulaient aussi avoir toutes les informations pour pouvoir publier quelque chose de précis et qui pourrait mieux aider que différents témoignages incomplets. J'hésitais quant au fait que c'était une bonne intention autant que ce n'était pas « juste ». Ils auraient dû prévenir la police et les aider dans leur enquête, plutôt que de faire le travail des policiers.
Mais je ne dis rien et je demandais simplement ce que je devais faire.
Eh bien, on me donna le travail de rédiger l'article.
Pour un premier jour, c'était peut-être beaucoup demandé à un simple stagiaire. Je n'avais concrètement jamais rédigé d'articles qu'un grand public lirait. Et puis je ne connaissais rien de l'affaire, comment étais-je supposé écrire quelque chose de détaillé et qui pourrait aider ?
Apparemment, tous les documents éparpillés étaient des rapports des informations qu'ils avaient. Et vraisemblablement, encore une fois, aujourd'hui était le dernier jour pour écrire l'article, car dans deux jours l'attaque devait se dérouler.
Mon employeur me laissa seul dans ce bureau, devant rejoindre son collègue. Pendant une brève seconde je me demandais s'ils avaient inventé toute cette histoire pour pouvoir rivaliser avec les plus grands journaux, ou si c'était réel. Je n'arrivais pas à me décider, alors j'alla vers la pile qu'il avait indiqué un peu plus tôt pour voir ces fameux rapports. Il y en avait beaucoup, et je les ai lus un par un pour mieux comprendre la situation. C'était fascinant, alarmant et fatiguant.
Votre nom y figurait monsieur Chris. Je ne sais pour quelle raison. Peut-être s'agissait-il de noms tirés au hasard ?
Il s'était écoulé deux heures quand je m'attaquais à la rédaction et j'essaya de faire quelque chose de concis mais tout de même assez détaillé. Puis je me relus des dizaines de fois, corrigeant de multiples erreurs. Il ne me restait plus qu'à le faire valider par mon responsable, qui était je ne sais où. Je me demandais encore une fois si c'était une histoire inventée, faite pour me tester sur mes capacités ou si tout cela était bel et bien réel.
Je l'appelais donc, pour lui demander s'il pouvait relire mon article. Derrière lui, j'entendais de la musique jazz et des rires. Bon... Au moins, cela me fixait sur l'invention de cette affaire. Cela me rassurait. Au moins, aucune attaque ne serait perpétuée, et c'était une très bonne nouvelle.
Ou alors mon patron était en compagnie d'informateurs et tout cela était bien réel... Mais j'en doutais honnêtement.
Dans un coin de mon esprit, j'étais aussi rassuré que vous ne soyez pas mêlé à une affaire sordide monsieur Chris. Auquel cas mon projet ne pourrait plus avoir lieu d'être. Tout repose sur vous, sur votre gentillesse, votre comportement remarquable, vous savez.
Enfin, peu importe. Mon employeur me demanda de lui envoyer par email. Ce que je fis. Il m'assura qu'il me donnerait un retour dans la soirée. Ça ne coïncidait évidemment pas avec une heure de sortie de journal habituelle. Ce qui écarta définitivement la possibilité que ce soit réel.
Et à ce moment-là, je n'avais plus rien à faire. Je décidais de faire des recherches sur vous, pour pouvoir vous retrouver et vous contacter. Internet me donna différent résultats, et avant les pages jaunes, un article attira mon attention. Il parlait de vous, bien entendu. J'allai dessus, pour découvrir que vous étiez l'homme qui avait été arrêté devant moi, cette fameuse nuit.
J'étais surpris, puis enfin les pièces se mirent en place dans mon esprit. L'interrogatoire des policiers, le lendemain, pourquoi il me posaient des questions à votre propos... Le compartiment de glace secret. Vos paroles sur le fait d'être spécial... Je me trouvais idiot de ne pas avoir compris plus tôt, ou de ne pas avoir cherché plus tôt. Je faisais décidément mon travail dans le désordre. Je me disais alors qu'il serait impossible de vous contacter, de vous retrouver. Vous deviez être en prison, ou même mort.
Je me trompais. En cherchant un peu plus sur cette affaire, je découvris des archives, qui disaient que vous collaboriez avec la police anti-vampires pour éliminer ceux qui sont les plus aptes à attaquer les humains. Je trouvais cela noble.
Cependant, je me rendis compte que l'article datait de quelques mois après cette nuit. Ce qui voulait dire que votre collaboration avait dû commencer vers cette période-ci. Je supposais donc que lors de votre arrestation, les policiers vous ont proposé un marché. Peut-être pas dès lors votre arrestation, cependant.. Peut-être après un mois d'interrogations ?
Nous arrivons enfin à la raison pour laquelle je vous contacte.
Mais d'abord, je dois terminer de raconter.. Eh bien, ma vie. Vous trouvez sûrement cela idiot, inutile, impertinnent ou que sais-je encore... Mais je crois que j'ai besoin de raconter tout cela. Je sais que je pourrais totalement m'en passer et que cette dizaine de feuilles est superflue... Mais comme cela, vous ne vous poserez pas beaucoup de questions monsieur Chris. Ou du moins, aucune concernant ma vie.
Ma première journée se termina sur énormément de nouvelles informations sur vous, et aussi sur un mail de mon employeur qui me rendait sa conclusion sur mon « article ».
J'avais fait du bon travail, ce n'était cependant pas assez concis, et mon style d'écriture, d'après lui, n'allait pas attirer les lecteurs. Mais dans l'ensemble, toutes les informations étaient là, et on pouvait remarquer un certain effort pour essayer de rendre cela court. J'étais satisfait.
Je rentrais chez moi, et regardais les feuilles que j'avais imprimées vous concernant. Je décidais de garder cela pour le jour où je vous rencontrerai.
Le lendemain, je me re-présentais en avance devant l'immeuble, et je fus cette fois accueilli par ce collègue dont mon employeur m'avait parlé la veille. Ce jour-là, j'étais affecté au tri du local. Évidemment, je n'étais qu'un stagiaire après tout. Eux allaient à la pêche aux informations et moi je rangeais ou servais le café.
Cela dura pendant un, voire deux mois. Mon stage ne durait qu'un semestre, c'est-à-dire de septembre à février. Nous étions donc en décembre quand mon employeur me demanda enfin de rédiger un article. Certes un fait divers, mais cela restait un article, qui serait publié. Pour commencer, il m'avait donné un sujet, et j'avais écrit un très, très court article dessus, en essayant de transformer ma manière d'écrire en quelque chose qui pourrait attirer les lecteurs. Quelques heures après, je rendais mon travail pour une relecture, et apparemment, c'était trop court. Alors j'ajoutais des détails ici et là. Cela ne me dérangeait pas car j'avais en quelques sortes fait exprès de rendre cet article trop court pour pouvoir l'agrandir après. c'était toujours plus simple que d'enlever des informations, que je jugeais toutes importantes.
La semaine d'après, mon article paru. J'étais très fier et décida d'en envoyer une copie à mes parents, et d'en garder une pour moi. Certes ce n'était qu'un fait divers, mais cela restait tout de même le début de ma future carrière. Sur les mois restants de mon stage, j'allais développer mon savoir et ma technique, et peut-être que cette agence allait me garder, ou alors je pourrais essayer de trouver une autre agence.
J'avais hâte.
Au fur et à mesure, on me demanda de rechercher un fait divers moi-même, et je pus enfin travailler sur le « terrain ». J'aimais beaucoup cela. Mais ce que je voulais, c'était interviewer des personnes pour des articles plus importants que les faits divers.
Ce moment arriva un mois avant la fin de mon stage. Mon employeur me demanda d'aller à une conférence de presse du maire de Los Angeles. Il tenait une conférence sur les projets de cette nouvelle année. Cela concernait surtout la construction d'une nouvelle école à la place d'un centre commercial qui avait fait faillite, ou d'une usine qui subirait des travaux parce qu'elle n'était plus aux normes de sécurité. Rien sur les vampires, alors que depuis une semaine ou deux, les attaques avaient augmentées. Je ne savais pas si je devais poser une question par rapport à cela, ou si je devais me taire et me faire petit.
Visiblement, quelqu'un se posait la même question, et avait décidé de prendre la solution que j'avais rejetée.
« Et les vampires ? » disait cet homme, prétendument de The Los Angeles Times.
« Quoi, les vampires ? » avait répondu le maire.
« Au vu du nombre d'attaques grandissant depuis les dernières semaines, allez-vous prendre les mesures nécessaires à la protection des citoyens ? » j'avais posé la question.
Je l'avais posée et mes voisins m'avaient regardé comme si j'étais fou. Je me posais exactement la même question. Le maire me demanda qui j'étais et pour quel journal je travaillais et répondit ensuite -quand je répondis moi-même- que ce n'était pas son affaire, que la police anti vampire était indépendante de son pouvoir et que si je voulais des informations je devais m'adresser à eux. J'étais sceptique mais ne fit plus aucun commentaire jusqu'à la fin de la conférence.
En sortant, je remarquais une ombre passer rapidement en longeant les murs, et j'aurais pu jurer que c'était vous monsieur Chris, même si cela n'avait duré que de brèves secondes.
Je retournais au local, et me mettais directement à écrire, pour le journal du lendemain.
Après cela, je m'occupais de nouveau de faits divers. Ma question, et mon insolence étaient remontées aux oreilles de mon employeur, et il estimait que tant que j'étais stagiaire, ce serait mieux pour ma future carrière si je ne me faisais pas des ennemis avant même d'avoir réellement commencé. Je dois avouer que j'étais plutôt d'accord.
Rapidement, mon stage se termina et je dû rentrer à Seoul pour faire mon rapport et potentiellement recevoir mon diplôme. Et peut-être pour revoir mes parents également.
Mais je savais que j'allais très rapidement revenir à Los Angeles, car mon employeur m'avait proposé un contrat.
Pendant ces deux mois où je fis mon rapport puis reçu mon diplôme, rien de bien palpitant ne se passa.
Puis je retournais à Los Angeles, dans le même petit studio qu'à mon arrivée.
Cela fait maintenant un an que je suis employé au L.A. says et pendant cette année, il y eut des hauts et des bas. Je traitais différentes affaires. Je ne relâchais pas mes efforts pour vous retrouver, évidemment. À chaque fois qu'une nouvelle piste se présente, elle me conduit vers une voie sans issue.
Mais c'est normal. La plupart des vampires vous considèrent comme un traître et ont plusieurs fois tenté de vous tuer. Je ferais tout pour effacer mes traces également, si j'étais dans votre cas. De ce que je sais, vous collaborez encore avec la police, mais beaucoup plus rarement.
Vous avez aussi changé de nom et d'apparence, pour pouvoir vous intégrer de nouveau dans votre société. Maintenant, je sais que je dois vous chercher sous le nom de Bahng Chahn. Cela ne change pas tant que cela de votre ancien nom.
J'ai fait cette découverte il y a quelques mois. Quelques semaines plus tard, je trouvais votre adresse. Un manoir perdu dans les bois. Très vampire de votre part, si je puis me permettre.
Et pour les mois qui séparent cette découverte et le commencement de cette lettre, eh bien il y a de l'indécision.
Pendant tout ce temps, j'avais mûri, et m'étais dit que c'était très naïf de ma part de vouloir vous retrouver pour en apprendre plus sur les vampires de manière fiable et non pas biaisée par une haine et une peur normale chez les humains.
Puis, il y a une semaine, mon patron m'a demandé de trouver un sujet choc pour la une du mois prochain. Cela m'a refait penser à ce projet, et j'ai rapidement exposé mon idée à mes collègues ; et bien que sceptiques, ils acceptèrent de me laisser essayer. Ils n'étaient pas sûrs que le public accueille mon article de manière positive, puisque je veux prouver que tous les vampires ne sont pas mauvais -comme vous, par exemple. Ils m'ont conseillé de juste écrire un article explicatif de pourquoi les vampires agissent tel qu'ils le font, et de quelle manière nous pourrions peut-être arriver à une paix commune... Et l'idée m'a séduit. Bien plus que celle que j'avais au départ. Elle était déjà plus mature, plus raisonnée, et plus réaliste.
Alors, voilà, monsieur Chris, la raison pour laquelle je vous contacte.
J'aurais pu commencer mon récit à partir de mon stage, j'en ai conscience, mais je veux que vous compreniez mes motivations.
J'espère sincèrement pouvoir mettre en place une entrevue avec vous, où vous le désirez.
Je reste bien évidemment à votre disposition,
Kim Seungmin.
ꕥ
Le soleil était haut dans le ciel, quand Seungmin arriva au portail de la propriété de monsieur Banhg. Il avait pris un taxi, et il demanda au chauffeur de repartir, puis de revenir vers la fin de l'après-midi, et s'il n'était pas au portail quand il arrivait, d'attendre une dizaine de minutes peut-être, avant d'aller prévenir son patron. Le chauffeur affirma qu'il avait compris, et fit demi-tour lorsque Seungmin s'était suffisamment éloigné. Le portail était grand ouvert, et Seungmin n'hésita qu'une seconde avant de s'avancer le long de l'allée.
Celle-ci était longue. Et pendant ces quelques minutes de marche, Seungmin eut le temps de repenser à toutes les décisions de sa vie. Il eut le temps de se demander si ce qu'il faisait était réellement une bonne idée. Il savait qu'il mettait sa vie en jeu en venant ici. Il savait qu'il s'était peut-être fait des illusions sur la personnalité de ce Banhg Chahn, que même si les années ne l'atteignaient pas physiquement, elles avaient tout de même un impact mental. Il savait aussi que cela restait une opportunité unique et qu'il se devait de la saisir, que sa carrière pourrait en dépendre totalement. Il avait promis de rester fidèle au L.A. says et par cette promesse, il entendait aussi lui donner davantage de notoriété. Il savait que sa démarche était très courageuse et que n'importe qui d'autre aurait pu lui rire au nez, mais là ça n'avait pas été le cas. Il avait hâte d'en voir le résultat.
La demeure commençait à apparaître, et Seungmin se sentait de plus en plus observé, comme si des milliers d'yeux surveillaient ses moindre faits et gestes, pour voir s'il faisait quoi que ce soit de suspect. Il n'était pas rassuré, mais mettait tout son espoir sur l'honnêteté de « monsieur Chris ».
Puis il arriva enfin devant la porte, et la dernière pensée avant de toquer fut que cet homme avait tout de même pris le temps de lire une lettre longue et ennuyante sur la vie d'un jeune journaliste qui prenait non pas quatre chemins mais des centaines pour en venir à ses motivations. Cela le fit sourire et le détendit, puis il toqua.
À peine quelques secondes après qu'il eut toqué, la porte s'ouvrit pour relever nul autre que Banhg Chahn. À vrai dire, Seungmin s'attendait à voir un majordome, ou un employé, qui que ce soit mais l'homme qu'il était venu interviewer.
— Personne ne vous a suivi ?
Sa voix avait la même chaleur, la même gentillesse dont se souvenait Seungmin, même si elle était teintée de méfiance, et ce fut un choc. Cet homme n'avait réellement pas changé, et même si c'était à prévoir, cela restait tout de même troublant.
— Non. C'est vous qui avez les cartes en main, monsieur.
Et les silhouettes des deux hommes disparurent en même temps que la porte se refermait.
ꕥ
Bonjour!
Après deux longs mois je sors enfin ice.cream!
J'espère qu'il vous a plu, et que vous avez appréciez la lettre de seungmin ⭒
Personnellement je suis très fier.e de moi, car c'est un challenge pour moi d'écrire et d'actuellement terminer quelque chose.. Mais voilà! j'ai réussi!
Je suis probablement en retard par rapport à tout le monde du jeu du hasard mais c'est pas grave ptdrrr
excusez-moi s'il reste des fautes, et si elles sont vraiment très très grosses hésitez pas à me les montrer!!
encore un immense merci à celleux qui sont arrivés jusqu'ici <3
un gros gros merci à Camille_Baclet et Sam_Hel pour avoir beta lu cet os, <33
et aussi un gros merci à strawpicky pour la couverture 🫶🏻
maintenant je dois bosser sur ma deuxième participation au jeu du hasard..
bisous bisous 😽
L1NOSCATS ⋆
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top