14 - Mourrais-tu pour moi?
[ nda - je n'ai pas du tout voulu faire une référence à Given pour le titre ;-; pur hasard. Bonne lecture ! ]
« Savoir aimer, c'est ne pas aimer
Aimer, c'est ne pas savoir »
~
Aujourd'hui -
- Combien de temps est-ce qu'on va encore devoir attendre?
- Je ne sais pas.. écoute, essaye d'arrêter de te tracasser, ça ne sert à rien..
Les pupilles d'Izuku s'emplirent de révolte.
- Mais ! On ne peut pas le laisser là-bas indéfiniment ! protesta-t-il en serrant les poings. Ça fait déjà plus d'un mois..
- Je sais, Midoriya.
Momo empruntait une voix douce pour tenter de rassurer son ami, bien qu'elle soit elle-même en proie à une certaine inquiétude. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir les remords qui lui gonflaient la gorge.
S'il avait été capturé, c'était en partie de sa faute. Elle allait recevoir sur son visage les flammes de second de la Ligue, et Katsuki s'était interposé pour subir le coup à sa place. Il n'était pas anormal qu'il effectue une telle chose, selon le plan, mais elle ne pouvait s'empêcher de culpabiliser. Ils l'avaient ensuite capturé, alors que les héros battaient hargneusement en retraite.
- Les héros présents ce soir là, elle continua en touchant nerveusement ses cheveux coupés au carré, moi y comprit, avons été contactés de nouveau pour se réunir, la semaine prochaine. Je ne pense pas que ce soit un hasard.
Izuku la toisa, perplexe.
- Tu as le droit de me donner cette information? s'enquit le jeune homme un peu plus doucement.
Momo hocha la tête en fermant ses paupières pour ensuite ancrer à nouveau ses yeux noirs dans ceux de son camarade.
- On était en effectif assez réduit par rapport à une mission de ce genre, tu t'en doutes bien, expliqua-t-elle, déposant ses doigts sur son menton, pensive, et il me semble que de nombreux autres héros vont être appelés. J'ai entendu ça à l'agence.
- Tu penses que je vais faire partie du projet?
- J'en suis certaine, acquiesça la grande brune. Ils connaissent ton lien avec Katsuki, et tu étais sans doute la personne la plus proche d'Uraraka.
Le dos du garçon aux cheveux de cressons fut douloureusement caressé de frissons à l'énonciation de ce nom.
- Tu penses.. commença-t-il d'une voix à peine audible, tu penses qu'il l'a vu?
Ses mots atteignirent tout de même les oreilles de Yaoyorozu. Une vive tristesse filtra ses iris ébènes. Elle détourna le regard.
- Je l'ignore. J'imagine qu'ils ont dû se croiser au moins une fois, si elle est bien là-bas avec eux, exposa-t-elle avec rationalité.
Momo distingua le voile de chagrin sur la mine pâle d'Izuku. Celle-ci était poudrée de doutes.
Le futur héros professionnel ne cessait de se repasser en boucle sa dernière discussion avec son ami d'enfance. Katsuki l'avait fermement disputé, le caractérisant de lâche, car il cédait trop facilement face à sa peine. Il ne pouvait empêcher sa raison de s'avouer que l'explosif n'était pas en tord.
Ils avaient abordé Ochako.
Aux yeux du jeune Midoriya, leur ancienne camarade était ce qu'il y a avait de plus précieux à ses yeux, durant une longue époque. Ses sentiments n'avaient cessé de fleurir depuis le premier jour où il l'avait croisé. Cette fille avait tout pour elle. Elle était joviale, drôle, souriante, aimante et déterminée. Il en était tombé éperdument amoureux.
Mais il s'était contenté du statut d'"ami". De meilleur ami, même. Il en était parfaitement satisfait. Quand bien même il ne devait pas se laisser aller à ses sentiments pour elle, il en restait heureux de pouvoir passer tant de temps en sa compagnie. Finalement, il avait finit par se persuader que cette relation était ce qui leur convenait le mieux, à tous les deux. Il conservait son intimité privilégiée avec elle, il acceptait avec joie les confessions ou les remarques de la petite brune, et ils riaient ensemble, comme s'ils avaient connaissance de l'un et de l'autre depuis une éternité.
Ochako et lui n'abordaient jamais Kacchan. Non pas que ce fut un sujet tabou ou autre, mais pas une fois leurs conversations ne s'étaient étalées sur le jeune homme agressif. Elle n'avait jamais souhaité dériver sur sa personne.
Pourtant, lors de sa dernière discussion avec lui dans ce couloir, avant que le grand blond ne leur soit enlevé, il avait perçu quelque chose. Izuku l'avait accusé de ne pas avoir le droit de l'interdire de pleurer le drame qui leur avait arraché Kyouka Jirou, puisqu'il ne pouvait pas comprendre sa position. Lui qui était si proche autrefois de la criminelle.
Katsuki Bakugou ne témoignait jamais de grandes démonstrations d'émotions. Il n'était pas non plus comparable à Shoto, mais il savait que l'explosif se refusait à laisser entrapercevoir chez lui la moindre faiblesse, par l'immense fierté qui le caractérisait. Depuis l'année de leur seconde, où ils s'étaient battus, ce n'était plus jamais arrivé.
Et Midoriya, qui connaissait le jeune homme depuis si longtemps, avait reconnu cette légère, cette brindille, cette étincelle dans les yeux de vermeils de son rival.
Katsuki s'était intensément retenu pour ne pas lui sauter à la gorge.
C'était chose commune, les menaces, chez le grand blond, mais cette fois, il avait dégagé quelque chose de plus dangereux et de rancunier. Izuku était certain d'avoir noté cette pulsion à peine perceptible dans son regard.
La poitrine du garçon aux tâches de rousseur se serra avec démesure.
Pourquoi semble-t-il y avoir tant de choses que je ne sais pas?
- Ah, Shinsou !
La voix de Momo retira Izuku à ses réflexions profondes. Il orienta son regard vers son camarade de la classe B à la chevelure violette qui se dirigeait vers eux, l'air grave.
- Tout va bien? le questionna-t-il, intrigué par le visage sérieux qu'affichait Hitoshi.
Momo et lui échangèrent un bref regard qui se traduisait par « nous reparlerons de tout cela lorsqu'il sera parti »
- Désolé de vous déranger, débuta-t-il de sa voix rauque, et ne vous inquiétez pas, je me doute de votre sujet de conversation.
- Comment ça? se méfia Momo.
Shinsou tendit un document à Izuku sur lequel était inscrit le mot "CONFIDENTIEL". Ce dernier le saisit et étudia l'immense adolescent, perplexe.
Celui-ci acheva ses interrogations avant même qu'il ne les lui pose :
- C'est monsieur Aizawa qui me l'a confié, mais ça vient de l'agence de Mirio, expliqua-t-il simplement.
- C'est l'agence où tu te trouves? Yaoyorozu reçut une réponse positive par les yeux verts de son ami. J'en étais sûre.. On va être très nombreux, alors.
Shinsou reprit avant que le garçon n'offre de remarque.
- Je vois que vous êtes bien tous les deux dans l'affaire, conclût-il en soupirant. On n'est pas beaucoup dans le lycée à être conviés, à vrai dire. Seulement cinq.
- Tu y es donc.. qui d'autre? réfléchit la grande brune. Moi, Midoriya, Kôda, toi, et ?
- Kaminari.
Les yeux des deux terminale A se tintèrent d'horreur.
- Je ne pense pas que ce soit une-
- J'en ai parlé avec lui, la coupa Shinsou. Il refuse qu'on le mette à l'écart juste à cause de ses sentiments, récita-t-il avec compassion. Et on a besoin de lui.
Le manipulateur mental dirigea son regard violacé sur Midoriya.
- Lis bien tout, mais normalement, ce n'est qu'une convocation. Tout sera expliqué durant la réunion.
Celui-ci acquiesça distinctement. Ses iris verts reflétaient la détermination. Il était nettement rassuré de ne pas être mit à l'écart lui non plus.
Peut-être que..
La forme d'une silhouette s'imagea dans son esprit.
Il s'exaspérait lui-même. Mais au fond de lui, il l'espérait.
Peut-être qu'en plus de libérer son ami, peut-être qu'après, et que, malgré tout, il pourrait la revoir. Il l'espérait de tout son être.
~
Ochako, toujours assise près de lui, restait figée. Elle venait de terminer son récit, et le jeune homme l'avait laissé conter ses explications sans l'interrompre ou émettre le moindre commentaire.
Dos à Katsuki, l'adolescent ne parvenait pas à lire la jeune brune. Elle avait témoigné de quelques bribes de remords, de sentiments diverses qu'elle avait éprouvé, mais sa voix n'avait rien laissé paraître. Aucun sentiment, après l'histoire de sa première rencontre avec Crématorium, n'avait superposé ses mots.
Katsuki tentait en vain de mettre de l'ordre dans ses propres ressentis alors que son regard écarlate demeurait scotché sur sa personne. Désormais, il avait le loisir de pouvoir la toiser autant qu'il le souhaitait, grâce à cette lumière que la jeune criminelle avait daigné lui offrir après un mois sombre.
Il remarquait que de nombreuses cicatrices ornaient son dos. L'une d'elle semblait se prolonger sur une plus longue surface que ce que l'habit qu'elle portait n'en dévoilait.
D'ailleurs, s'il y avait bien quelque chose que Katsuki avait noté durant les visites quotidiennes qu'elle lui avait témoigné, c'est qu'Ochako soignait son apparence avec un soin qu'il ne lui avait jamais connu. Toujours apprêtée de manière hasardeuse, autrefois, il aimait le naturel qui se dégageait même de ses choix vestimentaires. Et aujourd'hui, elle avait beau lui renvoyer les mêmes caractéristiques qu'il avait aimé à l'époque, elle s'était égarée dans des tenues de flanelle, coquettes, et qui ne lui correspondaient guère.
Il tiqua sur ses propres réflexions, et soupira.
Cette fille venait de tout lui révéler. Elle venait de lui avouer, de lui dévoiler la vérité sur toutes les questions qui le torturaient depuis presque trois ans maintenant. Et lui, il tentait de fuir les réactions que son cœur lui émettait en pensant à ces détails futiles.
Au fond de lui, les émotions résonnaient. Elles hurlaient.
Mais il fixait toujours son dos, de marbre, sans rien extérioriser.
- Tu ne dis rien? Ochako reprit la parole, sans doute intriguée par son silence.
Katsuki ne changea guère l'orientation de ses yeux. Ils ne pouvaient se détacher de ce corps frêle qui recelait de secrets si sales. Des mots lui revenaient en mémoire avec une virulence peu commune.
« Elle n'aurait jamais tué votre copine si elle était pas amoureuse. »
Il ouvrit doucement la bouche, pour la refermer et l'ouvrir une nouvelle fois, en boucle, et cela pendant un moment qui parût éternité à la petite brune.
Finalement, ces simples termes émergèrent de ses lèvres ensanglantées par ses blessures :
- Si elle n'avait pas été là, tu m'aurais tué, ce soir là?
L'explosif eut le plaisir de constater que sa question déstabilisait la jeune fille. Un petit sursaut avait secoué ses épaules redressées. Un plaisir sans grand intérêt, mais qui lui paraissait indispensable à l'heure qu'il était.
Sa réponse ne tarda pas :
- Si tu ne m'avais pas aimé, je n'en aurais même pas été capable, avoua-t-elle en haussant les épaules.
Katsuki ne put retenir un ricanement cynique. Il dégagea enfin son regard acharné de sa silhouette pour abaisser son visage.
- Et si tu m'enlevais ton putain de "si" inutile? requit-il avec animosité.
Un sourire amer trônait sur sa peau. Ochako le notait dans les sons que produisaient ses lèvres. Son échine fût parcourue d'un frisson qu'elle ne connaissait que trop parfaitement.
- Tu veux savoir ce que j'en pense, moi, de la réponse? ajouta-t-il avant même qu'elle ne puisse lui adresser la sienne.
La petite brune ne penchait pas pour l'affirmative, même curieuse de le savoir. Ses muscles se tendaient sous une pression méritée. Sans qu'elle ne lui adresse le moindre verbe, le garçon continua :
- Moi je pense que tu n'aurais pas été capable de faire quoi que ce soit, que je sois débilement amoureux ou non, cracha-t-il de sa voix caverneuse.
Intriguée, elle inclina légèrement la tête dans sa direction pour lui jeter un regard, avant de retourner à sa position initiale.
- Tant de prétention, déclara-t-elle sur le ton de la plaisanterie.
Mais le jeune homme ne riait guère.
- T'en aurais pas été capable, poursuivit-il lentement, parce que même si t'étais qu'une flaque de boue..
Il marqua une pause, avant de reprendre, la tête un peu plus droite sur sa chaise de marbre:
- Parce que même si t'étais qu'une vulgaire flaque, même ton double se serait souvenu que tu crèverais pour moi, autant que j'aurai crevé pour toi.
De nouveaux frissons s'étalèrent sur la peau de l'adolescente. Katsuki déclarait son explication d'une manière si ferme et qui paraissait si évidente à ses yeux qu'elle en resta bouche bée, le cœur presque dans sa bouche suite à ce qu'il venait d'affirmer.
Ochako tentait de rester froide et de conserver la distance qu'elle avait toujours voulu soumettre à ses propres sentiments, mais sa voix chevrotante trahissait son tourment coincé au bas de son palet.
- Kacch-
- Pourquoi Shigaraki t'a-t-il accepté avec lui, alors que tu ne m'as pas tué? la coupa-t-il, souhaitant volontairement qu'elle ne réponde pas à ses propos.
Une morosité ardente gagnait de plus en plus la jeune fille. Elle était révoltée contre elle-même. L'impression que tout ce temps passé à ériger un contrôle sur tout ce qui la constituait s'évanouissait la gagnait.
Elle avala sa salive pour tenter de renvoyer au fond de son ventre ce qui essayait d'éclater à la surface.
- Ce que j'ai fais a provoqué tellement de scandale que Tomura s'est montré plus que satisfait, lui confia-t-elle, même si j'ai crû me prendre une raclée par lui quand Twice m'a conté ce que j'avais mal excécuté.
Le blond haussa un sourcil.
- C'est monsieur cramé qui l'en a empêché, j'imagine?
- Oui, confirma-t-elle. Dabi m'a aidé. " Attends demain matin. ", lui a-t-il dit pour me défendre. Et ça n'a pas loupé.
Bakugou crû entendre sa voix se casser à la fin de sa phrase, mais il ne s'en préoccupait pas.
- C'est sûr que tu t'es forgé rapidement une bonne réputation de traîtresse, lui lança-t-il.
- J'imagine, elle ne releva pas sa provocation.
Katsuki ne saisissait pas la nature de la relation de Dabi et Ochako. Pourquoi ce mec avait tant pourrit l'esprit de la fille qu'il avait tant aimé? Qu'est-ce qu'il souhaitait gagner d'elle, au juste? Il avait vraiment désiré tout ce cirque? Avait-il calculé tous les désordres que ses paroles allaient provoquer?
Remarque, grâce à ce connard brûlé, une bonne partie de la réputation de Yuei avait été réduite en fumée. Si c'était là son but premier, un but qu'une jeune fille un peu trop naïve n'avait pas pu relever, il avait haut la main fait succès à sa mission.
Il bouillonnait. Un feu d'humiliation brûlait son ventre.
- Donc au final, il ne t'a fallu que les paroles d'un autre mec pour te faire basculer? reprit-il avec d'autant plus d'agressivité dans ses syllabes.
- Qu'est-ce que ça veut dire?
Ses paroles avaient dû réveiller chez elle un fin soupçon de révolte, puisque sa tête venait enfin de virevolter de son côté, accompagnée de sa chevelure qui se baladait sur ses joues toujours aussi rondes.
Il affronta sévèrement ses iris noisettes quelques instants avant de clore les siens, le visage dirigé vers le sol, ses cheveux blonds recouvrants une partie de son front.
- Si je t'avais dit qu'en fait, le bonheur se trouvait au fond d'un fleuve glacé, tu t'y serai noyée, hein? enchaîna-t-il.
- Tu racontes n'importe quoi pour me faire réagir, se défendit-elle en conservant malgré tout un ton paisible. Tu es prévisible.
- Et toi t'es la meuf la plus influençable du siècle, merde ! rugit-il avec ferveur sans toujours lui adresser le moindre égard visuel.
L'offense que lui déversait le jeune homme avait fait reprendre quelque peu ses esprit à Ochako. Ses mains tremblaient toujours, comme souvent lorsqu'elle lui adressait la parole, mais sa gorge avait l'air apaisée des tremblements qui la secouaient juste avant.
- Je me suis laissée convaincre parce que je ne savais pas vraiment en quoi je croyais, c'est tout, argumenta la petite brune sans flancher. Maintenant, je le sais.
- Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé?
Alors que ses émotions traversaient difficilement les montagnes russes envers Katsuki depuis le début de cette entrevue, elles se dirigèrent à nouveau vers une montée inconnue. L'adolescente, déconcertée, élargit ses yeux dans lesquelles ses pupilles se perdaient.
Elle amena également son regard à contempler le sol.
- Tu l'as rencontré bien avant qu'on se fréquente, j'ai bien compris, poursuivit le grand blond qui faisait résonner le bruit des chaînes qui lui entouraient les jambes. Mais pourquoi tu ne m'en as jamais parlé?
Ochako déglutit. Un léger rire emplit d'amertume s'échappa de ses lèvres roses, néanmoins.
- Tu n'aurais pas pu comprendre, Kacchan.. elle replia ses genoux contre elle et y déposa sa tête. Qui, à Yuei, qui prêche la lutte contre les vilains, aurait pu comprendre ce que j'étais en train de devenir?
- Tu sous-estimes ces putains de pacifistes.
- J'ai essayé d'en parler à Izuku, une fois, lui confia-t-elle, et la jalousie manqua d'achever le corps du jeune homme. Mais je me suis dégonflée.
- Pourquoi lui? il tenait à le savoir.
Elle redressa légèrement sa tête pour le toiser avec curiosité.
- Parce que c'est mon meilleur ami, exposa-t-elle. Enfin, il l'était. Je te l'ai toujours dit.
Un vent de honte secoua passablement le visage de Bakugou en se remémorant la fois où il la croyait en train de se déclarer à lui devant un couloir où il s'était lui-même mit à l'écart.
Et puis au fond, même si ça le crevait de l'avouer, il devait admettre que le nerd avait en lui toute la fichue bonté nécessaire pour remettre quelqu'un sur le droit chemin. Il était tellement niai, lui et ses bonnes valeurs innées, niai à en faire pleurer l'enfer. Il aurait très certainement accepté les doutes de son amie pour lui expliquer, avec toute son admiration, à quel point les super-héros déchiraient, comparé à ces criminels.
Et lui, aurait-il été capable de l'aider? Il se posait réellement la question, et cela le torturait plus qu'il n'aurait désiré le croire.
Sa personne s'était incommensurablement changée, depuis ces années écoulées. Il avait comprit. Il avait trouvé ce qui lui manquait. Il avait enfin approché ses objectifs. Il sauvait des gens. Et il était reconnaissant à ceux qui lui offraient ces sourires de bienveillance, même si il n'y réagissait guère. Peut-être qu'à l'époque, où son caractère était encore fort hasardeux dans les choix qu'il empruntait, il n'aurait pas pu la sauver, elle. Il l'aurait peut-être rejeté? Qui sait. Même aujourd'hui, il ne saurait affirmer qu'il développerait les bonnes réactions dans des situations pareilles.
- Donc, si j'ai bien compris, le jeune homme reprit avec un certain méprit, le genre humain est un con égoïste qui fait le bien pour son propre bien.
Ochako leva les yeux au ciel d'exaspération.
- Résumé grossièrement.
- Donc ce qui t'a convaincu, c'est que tu te dises qu'en fait, à Yuei, on était tous des hypocrites qui voulaient devenir héros pour nos propres culs. Pour notre bonne conscience.
- Oui, souffla-t-elle après un moment d'hésitation.
Elle souhaitait quitter les lieux. Cette conversation durait depuis trop longtemps.
- Et toi, qu'est-ce que cette géniale transition t'as fait gagner, au final, sur le plan moral? ironisa-t-il.
- Je ne me mens plus à moi-même, affirma-t-elle sèchement. Je comprend ceux qui sont reclus.
Tout à coup, le visage de Katsuki s'éclaira d'une lueur colérique presque insoutenable pour la jeune criminelle. Il se mit à ancrer ses yeux hargneusement dans les siens.
- Ah? Toi, tu comprends ceux qui sont reclus? répéta-t-il d'une voix qui paraissait trop calme par rapport à l'expression de ses traits. Et ceux que vous oppressez par votre soit-disant code moral, tu les comprends, aussi?
- On n'oppresse jamais ceux qui ne le méritent pas, se défendit-elle en tachant de ne pas détourner le regard. On veut juste la liberté et la libre expression pour tous ceux qui n'ont jamais eu la chance d'être acceptés.
- En fait, ce que vous voulez, c'est créer le bordel.
- Arrête de-
- Ecoute-moi bien, crétine, il ne la laissa pas répliquer et haussa le ton de ses mots. Ce que vous voulez, c'est de l'anarchie. C'est laisser tout le monde être libre, c'est ôter le pays de ses lois et de ses contraintes.
- Oui, et n'est-ce pas mieux? déstabilisée, elle ne saisissait pas le fil de sa pensée.
- A la base, tout cette merde qu'est le monde, c'est la loi du plus fort, exposa-t-il d'une voix claire et concise. Chacun y va de sa propre capacité à survivre pour persister au milieu de gens qui font ce qu'ils souhaitent des vies des uns et des autres, qui eux, ne savent pas se défendre. C'est ça, ta putain d'anarchie, cracha-t-il, ses iris toujours menaçants. T'es bien placée pour savoir que les rues grouillent de gens plus tarés les uns que les autres. On ne naît pas niai et gentil. On naît avec le désir de rester en vie, et surtout avec une haine pour l'autre.
La jeune fille n'osait pas l'interrompre, et écoutait celui dont elle n'aurait jamais soupçonné capable de sortir de tels discours silencieusement.
- Comment on fait pour vivre dans un bordel sans nom, où chacun y va selon ses envies et sa force, hein? Eh ben t'acceptes d'être réduit de ton expression physique pour qu'on installe une sécurité, c'est tout. Si y'a des lois, si y'a des trucs par milliers qui sont interdis, c'est pour protéger les gens. Si on lutte contre les gens comme vous, c'est pour ne pas revenir à ce temps là, putain. Et dans tout ça, qu'est-ce que t'es pas fichue de comprendre?
Katsuki acheva enfin la vision qu'il souhaitait lui partager, avant de tousser sèchement d'avoir trop utilisé ses cordes vocales malgré son manque de force.
Ochako baissait enfin le regard.
Un petit sourire triste peignait ses lèvres roses.
Finalement, il avait vraiment changé.
Elle s'était répétée, depuis son arrivée ici, qu'il était toujours l'adolescent criard et instinctif qu'il avait toujours été. Celui qui n'avait toujours voulu que gagner, être le meilleur. Bien évidemment, elle le savait déjà en voie de progression à ce niveau là depuis longtemps. Mais depuis quand Katsuki Bakugou était quelqu'un de moralisateur, lui aussi? Depuis quand croyait-il fermement en ce qu'il faisait?
Et elle, pourquoi est-ce que cela la troublait autant?
- Je ne ferai pas de retour en arrière, Kacchan, l'informa-t-elle doucement. Je n'ai pas besoin de tes belles paroles.
- Tch, je ne voulais pas te convaincre, rétorqua-t-il avec cynisme. Juste t'expliquer que t'étais une bouffonne qui s'est trompée d'interlocuteur depuis le début. On peut faire croire n'importe quoi à n'importe qui si on trouve les mots que la personne a envie d'entendre.
Sans un bruit, sur ces verbes, la jeune fille se redressa enfin, après ces quelques trop longs moments en sa compagnie. Elle n'était pas ignare des répercussions qui pourraient tomber sur sa personne si l'on découvrait qu'elle discutait avec le précieux prisonnier, ou plutôt jouet, de Shigaraki. D'autant plus qu'elle lui avait offert l'air frais du dehors dont il était privé depuis sa captivité ici.
Elle s'approcha de lui lentement, à pas lourds, pour se positionner devant lui. Elle ne voyait plus son visage. Seulement sa tignasse emmêlée et sale.
Ochako éleva l'une de ses mains en l'air. La dernière fois qu'elle avait tenté de le faire, il l'avait sauvagement repoussé.
Sa main tremblait de tout part.
Le garçon releva la tête pour apercevoir son geste. Il n'émit aucune protestation, aucun bruit, aucun son. Rien n'émergea de sa bouche.
Tous les deux s'observèrent communément durant de longues secondes, la main de la jeune fille toujours figée en l'air. Leur regard se rendaient réciproquement la douleur que cette situation leur soumettait. Cette échange direct et sans barrière provoqua un désagréable déchirement au sein de leur poitrine, quand tous deux se souvenaient de ce qu'ils avaient été. De ce qu'ils étaient, et de ce qu'ils auraient pu être.
Katsuki ancrait ses yeux rouges dans cette couleur noisette qu'il chérissait tant. Qui était toujours là. Qui n'avait pas disparu. Mais qui possédait une nuance si changée.
Comment est-ce qu'il n'avait pas pu daigner remarquer la douce lumière s'éteindre dans son regard au fil des jours, autrefois?
- Je savais que c'était une mauvaise idée qu'on te garde ici en vie, murmura-t-elle.
- Tu aurais dû me tuer dès ta première visite, dans ce cas, répondit-t-il dans un pareil chuchotement.
- Tu le sais bien, après tout.
- Je sais quoi?
Elle se baissa et approcha son visage du sien, et ses doigts fins atteignirent enfin sa joue blessée mais toujours chaude de l'énergie que dégageait son corps.
- Que je mourrais plutôt que de faire ça.
Leurs soupirs se mélangeaient et leur souffle s'entremêlaient. Le jeune homme toisait ces petits bourgeons roses interdis, et jouissait malgré tout de la chaleur du contact établit sur sa joue. Il exécrait les chaînes qui empêchaient ses membres de réagir. Son bassin le remuait, reconnaissant cette sensation et ce désir qu'il n'avait pas éprouvé depuis si longtemps, même dans les draps d'une autre.
Le rose s'étalait sur la face de l'adolescente. Ils n'étaient que trop proches, mais en même temps si éloignés.
Ils se maudissaient eux-même pour être si faibles l'un en face de l'autre.
Leurs lèvres à quelques centimètres l'un de l'autre, ils s'apprêtaient à se noyer éperdument dans l'irraisonnable quand une voix derrière eux les interrompit.
- Ochako.
A l'énonciation de son prénom, la petite brune sursauta, prise sur le fait, et se détacha instantanément et brusquement de ce qui était sur le point de se produire.
- Dabi.. constata-t-elle en orientant ses yeux noisettes vers la porte. Je-
- C'est bon, épargne-moi, le grand second de la ligue leva les yeux au ciel en élevant ses mains dans un même temps. Allez, ferme-moi tout ça et viens.
L'adolescente exécuta rapidement son ordre et s'en alla fermer les rideaux pour enfermer à nouveau le jeune homme dans une obscurité profonde, si ce n'est la faible lampe qu'ils lui avaient accordé, et la faible luminosité qui se dégageait du couloir.
Ochako rejoignit son nouveau compagnon, et celui-ci l'accueilli en ébouriffant sa chevelure sans grande délicatesse, comme à son habitude. Elle émit une petite plainte, mais elle n'osa rien lui lancer, pour cette fois.
Katsuki étudia ce geste et cette complicité à vomir.
Tous les deux s'échangèrent une dernière confrontation visuelle avant que le brûlé ne referme immédiatement la porte, et cela dans un claquement sourd.
L'explosif, sur sa chaise, encore perturbé par ce qu'il venait d'apprendre de cette entrevue, sur la nuit de l'acte et sur ses propres sentiments, soupira.
Décidément, ils étaient tous les deux de gros imbéciles irrécupérables. Mais il ne pouvait remplacer son propre cœur, et en cela, il était accablé par les événements qui allaient devoir se dérouler.
~
Les jours passèrent sans que personne ne vienne le déranger, dans sa chambre noire. Le meneur de la ligue devait avoir des occupations plus intéressantes que la torture usuelle, et Ochako avait dû subir quelques lavages de cerveaux qui allaient effacer tout ce qu'il avait pu lui affirmer.
Personne ne vint également le nourrir pour tenter de le maintenir dans un semblant de vie. Il luttait avec acharnement, avec le peu de forces et d'énergie qu'il possédait encore. Tout ceci était plus que ce qu'un humain ordinaire aurait pu tolérer. Mais il devait tenir, il devait maintenir au moins une étincelle de vie, au moins pour réagir à ce qu'il attendait.
Une semaine s'écoula, et les dégradations sur son corps étaient catastrophiques. Ses plaies infectées, son estomac vide, la gorge sèche, l'obscurité, tout était en place pour le faire céder.
Un soir, un matin, une soirée, une après-midi, il n'en savait rien, alors que son organisme était au paroxysme de la faiblesse, un grésillement se fit entendre à son ouïe.
Quelques grésillements de plus.
Quelques secondes s'écoulèrent sans qu'aucun autre son ne se démarque.
Et enfin, une voix familière retentit à ses oreilles.
- Bakugou, tout va bien?
Un appareil implanté dans l'une de ses cuisses lui apportait les paroles de Best Jeanist.
L'explosif émit un faible rire ironique en guise de réponse.
- Désolé, ça a été plus long que prévu d'en trouver un. Mais je suis rassuré que tu sois vivant. Tout s'est passé comme prévu, alors..
Quelques autres voix se superposèrent à celle de son maître d'agence. Celle du nerd, de la fille à création, et de l'imbécile électrique. Ils tentaient de lui parler, mais ça ne créait qu'un brouhaha désagréable pour le jeune homme.
Katsuki leva les yeux au ciel, et sourit. Il était si dénué de force que c'en était désolant.
Il parvint tout de même à ouvrir la bouche, et de part sa voix brisée par la soif et la faim, il articula:
- Ça fait longtemps que je vous attend, bande d'imbéciles.
~~
Ohayôô
Je sais, j'ai encore abusé sur la longueur du chapitre, en plus c'est encore beaucoup de blabla 😭
Honnêtement j'ai adoré l'écrire quand même, parce que c'est la partie que j'avais le plus envie de dévoiler et de rédiger, vu que tout est prévu depuis le début dans ma petite caboche ( c'est presque faux ) uwuuu
J'espère que vous aurez aimé le lire en tout cas, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !
Et dites moi si vous préfériez une sad end ou une happy end 🤔 J'ai deux fins alternatives nyuhuhuu
Je dois être faite pour les fictions de 16 chapitres ptdrrr, c'est exactement pareil que Unpredictable. ( pcq oui la fin approche )
De gros bisous sur vos fronts ❤️
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