La bête se tient face à moi. De sa gueule coule de longs filets de bave et dans ses yeux semblent danser les lueurs de la mort. Je tiens mon épée fermement malgré mes mains tremblantes et je la fixe pour que rien ne trahisse ma peur grandissante.

Elle ne m'attaque pas. Pourtant, le cerbère est connu pour être une bête des enfers, violente et dangereuse. J'en profite alors pour faire un pas dans sa direction mais elle ne bouge toujours pas, comme inintéresser par ma présence. Le petit loup blanc le remarque aussi et lui aboie dessus. La bête bouge immédiatement la tête dans sa direction, ce qui provoque la tétanie du louveteau et la remonte vers moi en commençant à grogner. 

Autour de nous, de nombreuses créatures semblent se matérialiser depuis des vapes de fumée qui s'échappent de la bête. Ces créatures au physique de chien, sont des barghests, le cerbère passe à l'attaque. Les gens disent que les barghests sont des spectres qui se matérialisent pour persécuter les vivants. Certaines légendes disent même qu'ils incarnent la vengeance des dieux. Cependant, tous les contes s'accordent sur un point: les barghests ne montrent aucune pitié aux vivants.

J'avais appris au côté de Géralt que les barghests, comme les loups, sont plus forts en meute. Ensemble, ils entourent leur proie, sautent dessus et la déchirent avec leurs dents. Puisqu'ils sont rapides et agiles, ils peuvent facilement échapper aux attaques dirigées contre eux. Mais le plus important est que si le cerbère meurt, les barghests subissent le même sort immédiatement. Il faut donc que j'achève la bête sans me faire assassiner par ses sbires avant.

Les chiens commencent à tenter de m'encercler mais je les en empêche à l'aide de mon épée. D'un coup sec je tranche un chien en deux au niveau de son ventre, mais la bête n'en a que faire et en matérialise deux nouveaux. Ils m'encerclent encore une fois et se jettent sur moi alors que le cerbère ne bouge toujours pas.

J'ai du mal à me défendre, les algoules m'ont déjà salement amoché en lacérant mon visage et blessant mon mollet droit. J'ai beau me déplacer le plus rapidement possible, les chiens arrivent à m'attaquer au niveau des chevilles pour me faire tomber.

Soudain, la potion fait enfin effet ! Je sens mon crâne brûler ce qui me fait fermer les yeux et perdre l'équilibre. Lorsque je les rouvre, j'aperçois que je vois les attaques des barghests quelques secondes avant qu'elles ne se produisent. Je me relève alors d'un coup, oubliant la douleur et me battant face à mon destin. 

A l'aide de mon épée, je contre les attaques des chiens, les blessent, les tranchent, les tuent, tout en me rapprochant de ma cible principale : le cerbère. La bête a beau créer des barghests en continue, je suis de plus en plus proche d'elle et ses grognements sourds prouvent qu'elle le remarque. 

Elle se jette alors sur moi, mais j'ai le temps de l'éviter et de lui couper la patte droite. Elle roule sur le sol en hurlant mais se remet debout malgré les difficultés. Elle me fonce dessus et cette fois, plante ses crocs dans mon épaule droite, déplaçant un os au passage. Je fais alors passer mon épée de ma main droite a ma main gauche pour la placer sous son cou au moment où elle me mord. J'essaye de l'égorger mais sa peau est trop épaisse et mon épée reste coincée.

Je me retrouve à mains nues, entourer par les chiens des enfers et la bête. J'empêche chaque attaque en attrapant les chiens par la gueule et en l'ouvrant en deux. Je cours a nouveau vers la bête, attrape mon épée pour lui planter dans l'œil. Un giclée de sang  m'asperge, si bien que je ne sais plus lequel est à moi. Je retire tel le roi Arthur, mon épée de son œil pour frapper la bête d'un grand coup sur sa tête, un coup si puissant que je sens son crâne se fissurer sous moi.

Mes genoux tombent au sol, toute énergie à quitter mon corps. Celui de la bête tombe lourdement à mes côtés, faisant disparaître les barghests enragés et laissant le calme revenir dans la forêt.

Des larmes roulent alors sur mes joues. J'ai survécu, j'ai gagné.