Chapitre 4

Nos pas nous mènent aux portes de la plus grande ville du Nord, Novigrad la magnifique. Fatigués de cette nuit de marche, nous arrivons aux premières lueurs du soleil. Le jour n'est pas encore présent que la ville est déjà très active, le marché s'installe, des vendeurs arrivent de toute la contrée. Géralt m'explique que Novigrad est le siège de l'Église  du Feu éternel , culte très populaire dans la ville car devant soit disant la protéger, et  sert de terre d'accueil pour les artistes principalement mais également d'autres personnages peu recommandables. Il accélère alors le pas.

Hélas Novigrad qui était autrefois sublime, a comme tant d'autres riches cités avant elle, souffert des séquelles de la guerre. Nilfgaard et Redania, deux villes d'une forte puissance, se sont affrontées pour la conquérir par l'intermédiaire de leurs armées, durant des années. La pègre avait  alors profité du chaos ambiant pour dominer les quartiers les plus sordides  et les moins fréquentables de la ville, la rendant encore plus dangereuse qu'auparavant. 

Rester dans un lieu pareil  est imprudent même pour les sorceleurs que nous sommes. Pourtant nous ne sommes pas inquiet, une vieille connaissance avait établi ses quartiers à Novigrad il y a peu de temps : Triss Mérigold. En revanche, nous n'avons aucune idée de où elle peut se trouver. Le Nord est devenu le théâtre d'une sanglante persécution depuis que Nilfgaard a ordonné la chasse aux sorcières dans toute la région, et malheureusement Novigrad ne fait pas exception. L'odeur de la mort, de la chair brûlée  et des cadavres abandonnés flotte sur la ville, horrible résultat des bûchers érigés à chaque coin de rue, certains portant encore le corps chaud des défuntes sorcières.

"Tu es sur qu'elle est encore ici ? Peut-être qu'ils l'ont eut elle aussi. "soufflé-je à Géralt.

Il ne me répond pas et continue d'avancer d'un pas déterminé à travers cette ville qui est pour moi le synonyme de mort et de chaos. Géralt pose les chevaux dans une écurie et se faufile à travers les rues sombres et macabres de Novigrad. Il escalade rapidement une maison qui a du brûler il y a quelques jours seulement et se glisse à travers la fenêtre d'une battisse en pierre. Je le suis sans mal et entre dans la maison de l'inconnu.

Je tombe alors nez à nez avec une jeune femme d'une abondante chevelure, de belles et longues boucles soyeuses aux reflets dorés, dont la couleur me rappelle légèrement celle de la jeune châtaigne, retenues par un bandana vert sur le haut de sa tête. Je suis surprise de la voir ainsi, les beaux cheveux longs et flottants sont rares dans notre culture ; ils montrent la liberté féminine mais surtout un haut statut social. En général, les damoiselles qui ne vivent pas dans des châteaux portent des nattes et que les femmes mariées  dissimulent leurs cheveux sous des coiffes ou des morceaux de tissus ternes, comme le veut la tradition. Seules les druidesses et les magiciennes osent s'afficher les cheveux au vent afin de souligner leur liberté et leur indépendance. J'avoue que moi même, je prends régulièrement la liberté de le faire, mais au combat, il est préférable d'avoir les cheveux attachés en queue de cheval pour éviter de se faire attraper par les ennemis bêtement et surtout pour ne pas être dérangé.

Je continue d'observer la jeune femme, non sans gêne, son visage souriant et rassurant, montre une femme gaie, prête à s'esclaffer pour n'importe quelle raison, comme le ferait une enfant. Elle porte autour de son cou une amulette, un saphir enchâssé dans une monture en argent et suspendu à une fine chaîne. Malgré la chaleur à l'intérieur de la pièce, elle est habillée d'un manteau de fourrure bien plus propre que le mien et en bien meilleur état. 

Elle nous observe à son tour. Nous sommes bien ridicules face à la prestance de cette femme, nos visages sales et boueux sont dans le même état que nos cheveux habituellement blanc. Même nos vêtements montrent que nous n'avons pas pris de repos depuis des mois. Pourtant, elle nous sourit et entame la conversation.

"Que fais-tu ici boucher de Blaviken ?" demande-t-elle en regardant Géralt. Je lève un sourcil d'incompréhension, je n'avais évidemment posé aucune question sur ce qu'il s'était passé dans l'enceinte de la ville mais quelque chose me dit que je vais rapidement le savoir.

"Comment es-tu au courant Triss ? Grogne-t-il.

- Je suis un mage, je peux prévoir qui vient dans ma demeure et suite à quelles raisons. Tu crois que n'importe qui me trouve aussi facilement ?

- Nous sommes là par hasard, dis-je alors, nous allons rejoindre la ville de Cintra pour chercher de la protection.

- Pour ?

- Stregobor veut ma mort et probablement d'autres sorciers à cause de.."

Géralt pose une main rapide sur mon visage et m'ordonne de me taire.

"A cause du massacre de Blaviken, ment-il, il veut sa revanche.

- Que s'est-il passé là bas ? s'étonne la sorcière.

- J'ai été ensorcelé par une princesse maudite par le soleil noir, me forçant à massacrer une grande partie des habitants, elle comprise... 

- Je vois.. quels ont été ses derniers mots ?"

Il hésite quelques secondes avant de répondre.

"La fille de la forêt sera toujours à tes côtés, elle parlait de Eyvor je suppose.

- Non elle parlait de ta destinée et c'est pour cette raison que tu vas à Cintra.

- Tu peux m'en dire plus ?" demande-t-il en se rapprochant de Triss. Elle émet un mouvement de recul et hoche négativement la tête. 

"Si tu veux que je réponde à tes questions, vous devrez me rendre un service avant ça.

- Je t'écoute.

- Dans la forêt un monstre veut ma mort, je veux qu'il périsse sous les coups de l'épée d'argent. Ramène moi sa tête et je répondrais à 3 de tes questions.

- J'y vais de ce pas.

- Non ! Dit-elle soudainement plus fort." Elle pointe son doigt dans ma direction "Eyvor ira seule tuer ce monstre, toi je te garde ici pour être sur que vous ne vous enfuyez pas".

Malgré les grognements de Géralt, elle me tend une potion et me conseille de ne l'utiliser qu'en dernier recours. Je saute alors par la fenêtre rejoindre la forêt pour tuer un monstre dont je ne connais rien.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top