Otis ne reparla pas à ses amis, il les évita comme la peste pendant le reste de la période scolaire. Les vacances arrivées, il ne leur adressa pas un mot non plus, même pas à Luci, ou du moins il ne lui parla que le stricte minimum, alors qu'ils vivaient dans le même domicile.

Ce fut une période difficile pour Otis. Il ne pouvait plus se regarder dans le miroir, il ne pouvait pas regarder le monstre qu'il était, il ne pouvait pas regarder ses affreuses cicatrices qui parcouraient tout son corps. Depuis le soir où il avait attaqué la petite fille, il avait un goût amer dans la bouche, comme un mélange de la fille, de regrets et de dégoût. Depuis ce soir-là aussi, les rumeurs à son sujet étaient nées et elles ne cessaient de grandir. Même Ellie commençait à se méfier de lui, et le fait qu'Otis traînait tout seul, des énormes poches sous les yeux, alors que ses résultats scolaires étaient en chute libre, n'aidaient pas du tout son cas.

La pause de Noël fut la bienvenue, mais rapidement Otis passa son temps libre à se morfondre dans son lit. Une seule pensée tournait dans sa tête: Ils auraient dû me tuer. J'aurais même pas dû survivre en septembre. Je ne suis qu'un danger pour tout le monde, un monstre et je ne mérite pas la vie. Même si je peux tenir un an sans faire plus de mal à quelqu'un, qu'est-ce que la vie me réserve après? Est-ce qu'elle vaut vraiment la peine d'être vécue par quelqu'un comme moi?

Malheureusement pour Otis, il avait des apparences à garder, surtout quand toute la famille du côté de son père arriva chez eux pour fêter Noël. Il fit mine d'être le fils parfait, ne protestant pas lorsqu'il fut ordonné de prêter sa chambre à sa grand-mère et d'aller partager celle de Luci. Il fit mine de réconforter sa mère lorsque celle-ci pleura dans la cuisine parce que sa famille en Finlande lui manquait beaucoup, comme à tout les noëls. Il aida à décorer le sapin, laissa à contre cœur ses cousins jouer avec sa précieuse batterie dans le garage, aida sa mère dans la cuisine, aida à dégager la route de la neige et resta poli, aimable et serviable tout au long des fêtes. Contre tout attente, ou en réalité, contre juste l'attente d'Otis, se fut Luci qui causa un fiasco. Personne n'aimait beaucoup Lucifer de toute façon, donc ce n'était pas surprenant, mais Otis avait misé qu'il serait le premier à péter les plombs tellement sa famille l'énervait, entre les remarques homophobes de toutes âges, ses cousins qui se moquaient de ses cicatrices et ses cheveux longs, et juste le niveau incalculable d'hypocrisie que tout le monde avait avec tout le monde. Jusqu'à Noël tous se passa plutôt bien, et Luci et Otis y survécurent, mais le soir du nouvel an... Ce fut autre chose. Parce que des cousins d'environ trois, quatre ans jouaient à chat alors que Luci mettait gentiment la table. Ce qui devait arriver arriva; ses petits cousins lui fonçèrent dedans, la bousculant et lui faisant lâcher les belles assiettes pour les repas particuliers. Luci savait que c'était lui qui serait engueulé, pas les petits cousins, eux étaient trop jeunes pour savoir qu'ils avaient fait une grosse bêtises, après tout, c'était par erreur.

Edgar McGuffin n'était pas content, et encore, c'est un euphémisme. S'enchaîna un échange de cris entre Luci et son père où Luci essaya tant bien que mal d'expliquer qu'il n'avait pas fait exprès non plus, mais Edgar McGuffin ne voulait rien savoir. Ce fut lorsque les larmes vinrent piquer le coin de ses yeux que Luci savait qu'il avait "perdu". Il devait sortir de là où il exploserait en sanglots devant tout le monde et ça c'était la honte. Alors Plan B, la fuite. Il chopa sa veste et son casque à la porte d'entrée et claqua la porte derrière lui. Il roula d'abord jusqu'à la cabine téléphonique du quartier, paya et composa le numéro de Laura.

"Réponds réponds réponds Laura..." Mais personne ne décrocha à l'autre bout de la ligne. "Putain!" Luci donna un grand coup de pied dans le bord de la cabine. Évidemment que Laura n'allait pas lui répondre. Laura, on ne pouvait que compter sur elle quand elle était célibataire, parce qu'en couple, l'autre devenait le centre de l'univers pour elle. À qui d'autre je peux téléphoner ??? Il se posa la question quelques secondes avant de trouver la réponse. Michael! ... mais je n'ai pas son numéro... Tant pis, je vais essayer d'y aller quand même.

Il remonta sur sa moto et peu de temps après arriva chez Michael. Les lumières étaient encore allumées mais lorsque essayer la porte d'entrée celle-ci fut fermée. Faute d'avoir ni clé, ni sonnette, et que lorsqu'il toqua il ne fut pas entendu, Luci se résolut à entrer par la fenêtre. Il gara sa moto contre la maison, cachée du regard des opportunistes et fit le tour de la maison pour trouver une fenêtre ouverte. La seule était celle des toilettes et Luci soupira. C'est ça où la rue ce soir. Il sauta, attrapa la fenêtre ouverte et se hissa à travers, passa tout juste, mais faisant un vacarme impossible.

"Qui va là!" La porte des toilettes s'ouvrit grand et Luci, debout sur la cuvette des toilettes, vit entrer Michael, armée d'un parapluie. Luci ne put s'empêcher d'exploser de rire.

"Lucifer? Tu t'es tournée vers une vie de crime finalement?"

"Mais non ducon. Je me suis disputé avec mon père et je ne peux pas crasher chez Laura, du coup je suis venu voir si je pouvais dormir ici." Expliqua-t-il en descendant des toilettes.

"Ah bah bien sûr, entre!... Enfin bon techniquement tu est déjà entré mais bon... Un peu étrange d'accueillir quelqu'un chez soit depuis les toilettes mais bon, ce n'est clairement pas la chose la plus farfelue que nous ayons vu récemment." Luci roula la yeux, sourire au lèvres. "Sans blague..."

"Et ferme la fenêtre derrière toi, j'ai un peu moins confiance en la sécurité de ma maison tout à coup." Ajouta Michael.

"Ta mère n'est pas là ?" Demanda Luci en s'asseyant sur le canapé.

"Non."

"Merde je suis désolé. C'est pas cool qu'elle te laisse seul comme ça pour le nouvel an. Elle était là au moins pour Noël?"

"Oui évidemment! Même si Noël c'est un peu différent pour nous puisqu'on n'est pas croyant."

"Logique. Mais n'empêche que c'est triste de passer le nouvel an seul. Ce serait ma plus grosse peur de passer un nouvel an tout seul."

"Je sais qu'elle pense à moi en tout cas. C'est pas sa faute, elle fait de son mieux pour moi." Michael s'installa à côté de Luci. "Tu sais que je n'ai pas de père. On est pas riches non plus, ma mère se sert de ses aptitudes surnaturelles pour trouver du travail. Elle est employée secrètement pour régler des problèmes "magiques" dans tout le pays. C'est comme ça qu'elle gagne de l'argent et elle fait vraiment tout ça pour moi."

"Ah d'accord..." Luci hocha de la tête, pensive.

"Dit, ma mère elle passe son temps à t'appeler Luci quand elle est là. Tu lui as dit que tu voulais t'appeler comme ça ou c'est juste un surnom qu'elle a trouvé?"

"Pour être honnête" Luci se tourna sur le canapé pour regarder Michael en face. "Laura elle m'appelait Luci aussi, et je crois que je le préfère à mon vrai prénom, même si ça fait très féminin. J'ai rien dit à ta mère, elle a dû deviner ou je ne sais quoi. Mais je ne demande pas aux gens de m'appeler comme ça parce qu'à la base, même les profs m'appellent Luc, et j'ai du mal à les convaincre d'utiliser mon vrai prénom que je préfère quand même à Luc, alors les convaincre de m'appeler Luci c'est peine perdue."

"Je vois." répondit Michael. "Je t'appellerais Luci alors si ça te va."

Le visage de Luci s'illumina d'un gigantesque sourire. "Tu m'as refaite mon année là Mikey!"

"Eh non!" Rouspeta le brun. "À condition que tu ne m'appelle pas Mikey ou par n'importe quelle surnom. Je suis Michael un point c'est tout!"

"D'accord Michael un point c'est tout."

"Roh mais ta gueule!" Rigola Michael en balançant un cousin sur la tête de Luci. "Bon tu veux faire quoi pour fêter le nouvel an?"

"Je sais! On peut cuisiner des cookies! J'ai aucune compétence culinaire donc ce sera drôle!"

"Bonne idée!" Ils se levèrent et se mirent à cuisiner leurs délices. Évidemment qu'ils les brûlèrent presque. Enfin, quelques minutes avant minuit ils sortirent leur cookies du four.

"On met un peu de musique? Histoire de bien commencer l'année?" demanda Luci.

"Ok! Je te laisse mettre la musique que tu veux, je vais chercher une bouteille de vin dans la cuisine."

Ils s'installèrent sur le canapé, leur cookies tout chaud sur la table basse devant eux avec la bouteille de vin, et Last Christmas de Wham! dans le fond.

"10! 9! 8! 7! 6! 5! 4! 3! 2! 1! BONNE ANNÉE!" s'écrièrent-ils en se prenant dans les bras. Ils avaient beau être juste tout les deux, ils furent ceux qui passèrent le meilleur nouvel an comparé à Otis qui picolait dans un coin pendant que sa famille s'embrassaient, ou bien Lukas qui était loin d'eux tous, parti visité sa famille pour cette occasion, et s'ennuyant aussi dans son coin.

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Le lendemain, Luci se réveilla après Michael. Luci pouvait l'entendre en bas en train de préparer du café. La blonde se dépêcha de se rhabiller. C'est en enfilant son tee-shirt qu'iel remarqua la housse de guitare rangée derrière les habits dans le placard de Michael. On toqua à la porte de la chambre. "T'es réveillé?" Demanda Michael en passant la tête par l'entrebâillement.

"Non, je dors comme une marmotte." Répondit Luci avec un clin d'œil.

Michael roula des yeux, un sourire aux lèvres.

"Tu joues de la guitare?" Demanda Luci.

"Hmm? Ah oui, mais j'ai pas trop eu le temps de jouer depuis toute l'histoire du loup garou. Pourquoi tu demandes?"

"Parce que tu ne m'as jamais rien dit pardi!" S'exclama Luci en prenant son ami par les épaules.

"Bah je pensais pas que ça soit si important."

"Décidément Michael Vauns, tu ne cesseras jamais de me surprendre."

Lorsque l'on tente quelque chose pour la première fois, cela ouvre souvent des portes pour que cette chose se reproduise. Ainsi, crasher chez Michael devint de plus en plus courant pour Luci. Et ça l'arrangeait bien, puisqu'ils étaient encore en froid avec Otis. Seul petit problème, il leur restait moins d'une dizaine de jours avant la prochaine lune, voilà que sans communication, l'organisation était en pagaille. Les cours avaient repris, et rien n'avait changé depuis avant les vacances.

"Cette année on va avoir dix-huit ans c'est dingue!" s'exclama Michael alors qu'il était assis avec Luci et Lukas à midi.

"Prêts à être des membres responsable de la société?" demanda Luci en buvant sa brique de jus.

"Nooon! Je viens tout juste d'avoir 17 ans!!! Laissez moi profiter de ma jeunesse en paix!" se lamenta Lukas.

"Salut." Luci et Lukas se retournèrent pour voir arriver Otis, son repas à la main. Il avait l'air absolument épuisé et au bord des larmes, le même air qu'il avait depuis la dernière lune.

"Salut." répondit sèchement Luci.

"Je peux m'asseoir?" Ils hochèrent de la tête et Otis fit le tour de la table pour prendre la place à coté de Michael.

"J'ai pas encore décidé ce que je veux, mais en attendant que je mette tout au clair dans ma tête il faut quand même que je passe mes lunes surveillées à la cabane... je suis désolé de vous demandez ça... mais jeudi vous pourrez venir me garder à la cabane?"

"Bien sûr." répondit Lukas. "On ne vas pas te lâcher comme ça." Il offrit un sourire chaleureux à son meilleur ami.

"Vous promettez que vous m'abattrez si je m'échappe? Il faut que vous compreniez, c'est leur vie ou la mienne, et je préfère que vous preniez la mienne."

"On fera en sorte que tu ne sortes pas la cabane avant que tu sois cent pour cent Otis, ça on te le promet, même si nous on doit risquez nos vies." Otis soupira et secoua la tête. Ils faisaient tout ça pour lui sans la moindre plainte... vraiment je ne mérite pas de tels amis. "Vous êtes en or vous savez? Vous faites tellement pour moi... Merci vraiment."

"Tu ferais pareil pour nous..." Lukas trempa une frite dans son ketchup. "Enfin j'espère..."

"Évidemment!" et Otis offrit son premier sourire depuis des semaines à Lukas.

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Vendredi 12 janvier 1990

La nuit de la pleine lune se déroula sans accroc et cela rassura beaucoup Otis. La presse c'état calmé au sujet des attaques pour l'instant et Otis la nuit suivante passa sa première nuit de sommeil ininterrompue depuis la dernière lune.

La vie semblait reprendre son cours. Avec les nombreux soirs que Luci avait passé chez Michael, il avait pu mieux le connaitre lui, et également en apprendre un peu plus. Et parmis les choses qu'il avait appris sur Michael, il avait appris que ce dernier était bi.

"Attends mais t'aime les hommes?" Demanda le blond, pris de cours et surpris par Michael l'avait balancé très tranquillement au cours d'une conversation sur des musée d'arts qu'il s'était rendu là bas avec Alexis, lorsque les deux étaient en couple l'an dernier.

"Ben oui je suis bisexuel." avait expliqué Michael.

"Je sais même pas pourquoi je suis surpris." avait rit Luci.

"Comment ça?"

"Tu es quelqu'un d'absolument imprévisible Michael. Je ne devrais pas être surpris que tu me surprennes."

"Ça veut un peu rien dire mais bon. Et toi?"

"Et moi? C'est à dire?"

"Permet moi de conjecturer que les filles ce n'est pas trop à ton gout.

"Ah ouais et qu'est-ce qui te faire dire ça?" Luci croisa ses bras sur sa poitrine, une regard defiant.

"Euh... ben les trucs stéréotypiques, ton style quoi. Le fait aussi que tu n'as jamais été en couple avec une fille et pour finir mon gaydar me fait dire que toi tu est aussi hétéro qu'un cercle."

"Il ne te trompe pas ton gaydar." rit Luci.

"Jamais."

COUCOUUUUU
Bon bah confirmation bi chez Michael ça fait trois sur 4 bahaha

J'espère que ce chapitre vous a plu, dites moi vos pensées dessus et à jeudi prochain! :)