01 - Lucifer McGuffin
16 septembre 1989 - 0:33
Le cœur battant à mille a l'heure, Luci sprintait sous la pluie. Iel avait garé sa moto, l'avait attaché, et parcourait les quelques mètres le séparant de l'entrée de l'hôpital sous la pluie battante. Une fois les pieds à l'intérieur, Luci s'arrêta. Il jeta un regard dehors où la pluie et la nuit noire semblaient former un immense gouffre sans fond. Avançant vers l'accueil de l'hôpital, iel notait le changement radical d'atmosphère. Déjà les lieux étaient blancs et très illuminés. Mais cela n'avait rien de rassurant, accompagné de l'infecte odeur de l'antiseptique et d'autres produits chimiques nettoyants. Et puis en général, on n'entrait pas dans un hôpital pour de bonnes raisons, sauf quand c'était pour voir son nouveau-né, mais la seule naissance pour laquelle Luci avait été dans cet hôpital était la sienne, et même cela n'avait pas été très heureux. Pas qu'il s'en souvienne, mais il en ressentait encore les répercussions aujourd'hui. Luci soupira en attendant que le vieux monsieur devant lui termine à l'accueil alors qu'une voix familière l'appela. "Luc !"
Elle se retourna et vit sa mère et son père s'avancer vers elle, l'air inquiets, mais heureux. Sa mère le pris dans ses bras et malgré de l'inconfort de Luci qui n'aimait point les câlins - ou tout contact physique d'ailleurs - il la laissa faire, il comprenait qu'elle devait être incroyablement stressée, totalement émotionnellement bouleversée par toute la situation. La mère de Luci était une femme pas très grande qui arrivait donc à la hauteur des épaules de son enfant. Elle avait une chevelure châtaine et portait de petites lunettes rondes qui lui faisaient plus vieille que ses quarante-neuf ans réels.
En contraste, le père de Lucy était quelqu'un de bien grand et d'intimidant que Luci admirait autant qu'il le craignait. Cet homme de famille affichait une tête grave. Il tendit à son enfant un panini, un peu humide et Luci l'accepta avec plaisir, l'engloutissant en quelques instants, il n'avait pas mangé depuis midi.
Une fois qu'il eût fini de manger, il lança enfin la question.
« Comment va, Otis ? »
« Son état est stable, répondit leur père. Il va s'en sortir, rassure-toi. »
« Ouf. Voilà déjà une bonne nouvelle. Mais... J'ai toujours pas compris ce qu'il lui est arrivé. »
« Nous non plus, à vrai dire... » soupira sa mère.
« De ce qu'on sait, ce devait être un ours, mais une bête bien grosse l'a attaqué alors qu'il rentrait du lycée... » son père se tut.
« Vous avez pu le voir ? » demanda Luci, sans masquer l'inquiétude dans sa voix.
« Pas encore. On nous a dit d'attendre, le docteur devrait arriver d'ici peu », expliqua son père.
« Monsieur McGuffin ?? »
Le concerné leva la tête et se redressa immédiatement lorsqu'il vit le docteur s'avancer vers lui. Madame McGuffin se releva aussi.
« Vous êtes Messieurs et Madame McGuffin ? La famille du patient Otis McGuffin ? » Demanda le docteur. C'était un homme qui devait avoir la trentaine, mais dont les cheveux tombaient déjà, révélant un merveilleux coup de soleil au sommeil de son crâne.
« Oui, c'est bien moi. Edgar McGuffin. Enchanté. » Il lui tendit la main que le docteur serra cordialement.
« Je suis le docteur Paléo. J'ai opéré votre fils Otis, il y a peu de temps. Venez, nous parlerons de cette affaire en lieu plus privé et vous pourrez le voir. »
« Luc ! » Lea concerné se retourna, ainsi que le reste du groupe, vers le jeune garçon qui courait vers eux.
Oh non. Pensa Luci. Pas Lukas.
Le garçon s'arrêta, essoufflé devant le groupe, plié en deux par l'effort de sa course, il lui fallut un moment pour reprendre sa respiration.
« Je... Je suis désolé, Mme McGuffin... je suis venu... aussi vite que j'ai pu... Comment va... Otis ? »
« Il va mieux. Le docteur Paléo allait justement nous expliquer son état », répondit chaleureusement la mère de famille.
« Bonjour ! » Lukas salua le docteur un peu timidement. Le docteur lui fit un signe de bonjour de la tête avant d'expliquer.
« A ce stade-ci nous n'acceptons que la famille pour la visite. »
« Ah mince. » Lukas jeta un regard déçu aux McGuffin avant d'ajouter. « Je vais rentrer alors... Vous me direz de ses nouvelles au téléphone ? »
« Oui bien sûr Lukas ! Merci d'être venu. On le dira à Otis, ça lui fera clairement plaisir. » Répondit Mme McGuffin avec un sourire.
Le jeune homme sourit nerveusement, salua les McGuffins et le docteur avant de tourner les talons et s'en aller à contrecœur.
« Bien, suivez-moi" la famille de lit en marche sur les talons du docteur Paléo.
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Lukas soupira avant de sortir dans la pluie dehors. Il faisait nuit noir, et pour couronner le tout, un grand nombre de lampadaires étaient cassés. Foutue ville isolée au fin fond de l'Illinois. Rouspéta intérieurement Lukas en traversant le parking. Je vais probablement me faire attaquer par une bête sauvage ou un groupe de cons. Le con en réalité c'était lui puisqu'il n'avait pas de parapluie.
Ainsi les bras levés inutilement au-dessus de sa tête, l'adolescent entama la marche vers son domicile.
« Merde j'aurais vraiment voulu voir Otis... Au moins voir qu'il va bien quoi. » Il essayait de se rassurer, mais l'inquiétude lui rongeant l'esprit et il savait que cela resterait ainsi jusqu'à qu'il voit Otis.
Il n'y avait bien évidemment aucun motif pour faire demi-tour et retourner à l'hôpital. Il ne pouvait pas voir Otis ce soir. Mais le simple désespoir que ressentait Lukas à cet instant précis étant suffisant pour qu'il fasse justement ce qui n'avait aucun sens, qu'il retourne sur ses pas et qu'il se rende à nouveau devant se foutu hôpital ou son meilleur ami se trouvait.
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Les trois visiteurs restés furent amenés d'abord dans le bureau du docteur Paléo. Luci remarqué immédiatement qu'au nombre de décoration et cadeaux qui ornait les étagères du docteur qu'il était très apprécié. Des petits cartes avec des messages de remerciement pouvaient être trouvés au quatre coins de son bureau. Cela eut l'effet de rassurer Luci un peu. Tant de gens avaient eu leurs vies sauvées par ce chirurgien, il n'allait pas se foirer sur Otis tout de même ?
« C'est une chance qu'on l'ait retrouvé lorsqu'un l'a retrouvé vous savez, quelques heures de plus et il aurait vidé tout son sang. Mais bon, l'important reste que votre fils est entièrement hors de danger. Il se réveillera sous peu et après une petite convalescence il sera neuf comme tout. Je recommande tout de même qu'il ne fasse que peu, voir pas, d'activités physiques pendant les deux prochains mois. Après il n'y aura pas d'effet plus long terme que cela, si ce n'est que multiples cicatrices. Il faudra évidemment les entretenir et veiller à ce qu'elles ne s'infectent pas avant qu'elles aient finies de cicatriser mais c'est un grand garçon, je pense qu'il sera tout à fait capable de s'en occuper lui-même. »
Mme McGuffin écoutait les paroles du chirurgien en hochant vigoureusement de la tête tandis que son mari et son plus jeune enfant abordaient tout deux un visage assez impassable, Luci parce qu'il s'en fichait des détails, Otis était vivant et en bonne forme plutôt, c'était tout ce qui comptait, et aussi parce qu'il était toujours dans un hôpital ce qui avait pour effet de le rendre inconfortable, et Monsieur McGuffin parce qu'en tant qu'homme de la famille, on est pas sensé pleurer de soulagement lorsqu'on apprend que son fils à réchappé de la mort. Les hommes ça ne pleure pas. C'était sa règle d'or.
« Moi... » Luci marque une pause pour calmer sa nervosité. « J'aimerais bien savoir pourquoi mon frère c'est retrouvé dans cet état. Je n'ai aucun détail sur la situation... Et franchement c'est angoissant. Je savais même pas qu'Otis n'était pas à la maison. »
« Et bien sachez tout de même monsieur que je ne sais pas grand choses non plus, j'ai beau avoir opéré sur Otis je ne connais pas toutes ses pensées. » Le docteur Paléo rigole un petit peu ce que Luci trouva assez détestable. "Ce que je peux voir dire en tout cas" enchaîna le docteur en reprenant son sérieux en voyant le regard meurtrier que Luci le fusillait avec. « Il a été retrouvé dans le bois près de Nort's Creek. Il n'était d'ailleurs pas là seul victime. L'autre étant un certain Robert Demartin. Lui n'as malheureusement pas survécu, mais ce qui est étrange... Enfin son corps était aussi lacéré de cicatrices similaires à celles d'Otis, bien qu'elles soient moins grandes. Mais non, ce qui est étrange c'est que Monsieur Demartin n'est pas mort de ses blessures fait par la bête, il s'est fait tiré une balle dans la tête. »
Luci qui jusqu'à présent écoutait en faisant balancer sa chaise en avant et en arrière bascula en avant d'un grand coup et releva la tête fixant le docteur d'un regard ahuri. « UNE BALLE DANS LA TÊTE ??? »
« Oui, c'est bien ce que je dis, s'il vous plaît ne criez pas." Le docteur Paléo se couvrir l'oreille. "Je dois donc vous informer qu'une enquête va être ouverte, et votre fils une fois réveillé devra répondre à des questions de la police. Je dois avouer que l'affaire m'échappe complètement, je n'y comprends pas grand chose. On a pas retrouvé la bête qui les as attaqués non plus, je dois avouer que si on a un ours agressif dans les parages de notre commune et celle voisine ça ne me met pas à l'aise, mais faut espérer que c'est un cas particulier... Enfin... Bon voilà tout ce que je sais. »
Les trois McGuffins présents ne réagir pas. Les parents enregistraient le plus calmement possible ces informations, mais le regard sur le visage de Luci indiquait qu'il était tout sauf calme. Elle avait l'air d'avoir vu un fantôme.
« Et on peut le voir docteur?" Demanda la mère de famille d'un petite voix, toujours aussi inquiète, brisant enfin le silence.
« Oui, suivez-moi." Dit Paléo en se levant de sa chaise, bien heureux que le long silence gênant pour lui soit terminé. "Il n'est pas encore réveillé, mais vous verrez il va plutôt bien. »
Cependant ce n'était pas l'impression qu'eurent les McGuffins lorsqu'ils entrèrent dans la pièce. Au moins, c'était vrai, il n'avait pas l'air trop amoché, son torse était entouré de grand bandages, mais son visage était intacte et à moins qu'on s'approche, on aurait crû qu'il dormait paisiblement et se rétablissait. Seulement il ne fallut que peu de temps pour que sa famille remarque que le garçon grimaçait dans son sommeil. Il semblait être dans un état de fort inconfort et il sait abondamment ce que le docteur remarqua en voyant l'état trempé de ses bandages.
En deux deux, les McGuffins furent sortis et Otis était a nouveau pris en charge par des infirmiers et le docteur.
« Qu'est ce qu'on fait? » Demanda finalement Mme McGuffin.
« On rentre. Il n'y a rien d'autre qu'on peut faire après tout non? » Proposa son enfant.
« Non, je vais rester jusqu'à qu'on me dise que tout vas bien a nouveau. Mais toi tu as cours demain. Rentre et va dormir, on te dira tout demain. » Luci obéis a sa mère sans rechigner. Elle déposa une bisou sur le front de Luci qui se pencha assez en avant pour qu'iel soit à la bonne hauteur. Iel salua son père d'un geste de la main et sorti de l'hôpital, heureux d'enfin sentir l'air frais d'une fraîche nuit d'automne sur sa peau, malgré la pluie et le manque de visibilité. Une minute de plus et iel aurait étouffe la dedans. Elle n'avait juste jamais aimé les hôpitaux.
Cela ne voulais pas dire qu'il ne s'inquiétait pas pour Otis, non non non, bien le contraire. Otis était le roc de Luci. Iel ne serait sans doutes plus là sans lui. Et toute cette affaire l'inquiétait... Énormément. Luci avait déjà sa petite idée de ce qu'il s'était passé et si elle avait raison, cela voulait dire deux choses. Ça aurait très bien pu être elle la victime vu ou elle se rendait ce soir la... Et la seconde chose... Était qu'Otis était comme lui. Luci effaça rapidement ses pensées. Impossible. Et puis ce n'était pas juste de spéculer. Otis leur expliquerait tout lorsqu'il se réveillerait. Il y avait évidemment une explication logique à tout cela.
En tant normal, Luci aurait allumé une cigarette pour se calmer, mais hors de question dans cette foutue pluie. Et puis Luci avait quelqu'un a récupérer de toute façon. Quelqu'un qui tourna le coin et entra dans le parking a l'instant même.
« Il y a eu un problème, mais ses blessures sont bien fermées, l'hôpital s'occupe de lui, on a plus le droit de le voir la, on ne peut rien y faire. Mes parents vont rester mais moi je supporte pas cet endroit, et toi ça sert vraiment a rien que tu reste. » Luci monta sur sa moto qu'iel avait préparé tout en parlant.
« Monte Lukas, tu te feras attaquer toi aussi dans ces conditions, ou renversé par une voiture. Je te ramène chez toi. »
« Tu t'attendais à ce que je revienne? » Lukas abordait un ton provoquant, et visiblement embêté par le blond devant lui, il avait croisé ses bras devant lui, ne cherchant plus a se couvrir inutilement des rages de la météo.
« A vrai dire je suis surpris que tu sois parti. Je croyais que tu tenais à mon frère plus que ça. » La réponse de Luci était toute aussi piquante et provocante que la question posée par Lukas. « De toute façon je t'aurais rattrapé en moto et je t'aurais ramené quand même. » Luci enfila son casque.
« Et pourquoi monsieur Luc s'attarde-t-il a remmener Lukas chez lui? La dernière fois que j'ai vérifié, nous n'étions pas sur la page meilleurs amis, même pas sur la page de la bonne entente. Donc dis moi Luc, pourquoi tout à coup? » Toujours ces petits lancés de couteau vers l'autre. Luci tiqua a la mention de son surnom.
« Lucifer." Siffla-t-elle. "Vous êtes incroyables à pas vouloir dire mon nom complet bahaha... Bref, que ce soit claire Lukas. De nous deux ici, c'est vachement plus logique que celui qui soit surnommé Luc soit toi. Ensuite, rien ne m'oblige à te ramener excepté ma propre générosité. Mon frère est dans un putain d'hôpital et je prie qu'il ne crève pas, mais je voudrais pas qu'il pense que pendant il était dans cet état que toi et moi on a décidé d'être des gros cons l'un envers l'autre. Parce qu'on était pas sur cette page là non plus la dernière fois que moi j'ai vérifié. Donc tu montes ou tu dégages de mon chemin, sauf si tu veux rejoindre mon frère dans l'hôpital en tant que patient. Capté? »
« Ouais c'est bon Luc. » Lukas roula des yeux et monta à l'arrière de la moto.
« Lucifer. » La moto démarra et le véhicule s'enfonça dans la nuit.
La ville n'étant pas grande, il fallu peu de temps en moto pour que Luci dépose Lukas au pas de sa maison.
« Bon ben, merci du coup pour le transport... S'il te plaît tiens moi au courant de l'état d'Otis... On se voit demain au lycée."
« Ouais. Bonne nuit Lukas. »
« Bonne nuit Luc. »
« Lucifer. » Corrigea-t-elle en démarrant son moteur mais Lukas ne l'avait pas entendu, il était déjà entré chez lui et avait refermé la porte d'entrée derrière lui.
De retour au domicile familial, Luci se dirigea vers la cuisine, attrapa une pomme pour finir de remplir son ventre après le panini tout à l'heure. Il était vachement fatigué et il monta donc à l'étage pour aller dormir. Passant devant la chambre d'Otis dans le couloir, Luci s'arrêta dans le cadre de la porte quelques temps. Quelle frayeur Otis lui avait faire quand même! Qu'est ce Luci ferait sans son frère là, ça il ne préférai pas l'imaginer. Après tout, Luci était entré dans ce monde après Otis, Otis avait toujours été là durant sa vie. Une vie sans Otis était tout simplement... Inimaginable.
Coucouuuu! J'espère que vous allez bien! Merci d'avoir lu ce premier chapitre et qu'il vous as plu! J'ai hâte de lire vos commentaires n'hésiter pas à me spammer de coms!!! Aussi dites moi si vous voulez être ajoutés à la tag list!
A la prochaine!!!
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