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— Je t'aime.

— Je... Moi aussi.

Un soupir défaitiste avait échappé à Jisung. Ça faisait désormais quelques mois qu'il sortait avec Chan, et il n'avait toujours pas réussi à lui dire « je t'aime ». Pourtant, il le pensait fort, tout le temps. je t'aime, je t'aime je t'aime je t'aime. Mais ces simples mots ne franchissaient jamais la barrière de ses lèvres. Il en allait de même avec l'expression de ses sentiments en général. Un blocage, ou plutôt, une incapacité à mettre des mots dessus.

Dès le départ Jisung avait été franc avec Chan, il lui avait dit qu'il n'y arrivait pas à cause d'expériences passées. Chan était d'ailleurs très compréhensif, au plus grand bonheur du plus jeune. Il ne voulait pas faire échouer leur relation parce qu'il ne savait pas communiquer. Au départ, ça avait néanmoins été très compliqué, Jisung n'exprimait jamais ses malheurs, et Chan devait le forcer à avouer après de très longues minutes de silence.

Jisung avait promis de faire des efforts, et maintenant il arrivait à dire quand ça n'allait pas, même si ça restait une bataille de dire clairement ce qui se passait dans sa tête et dans son cœur.

— Ton train est à quelle heure ? demanda Jisung, en regardant enfin son petit-ami.

— 14 heures. Je devrais arriver chez Hyunjin vers 16 heures. Tu restes dormir ce soir ?

Jisung hocha vivement la tête, heureux à l'idée de pouvoir passer plus de temps avec Chan. Leurs soirées ensemble étaient réellement réconfortantes, et Jisung donnerait tout pour que ce soit ainsi tous les soirs. Malheureusement, étant les étudiants qu'ils étaient, c'était pour le moment un challenge de trouver un studio qui pourrait les accueillir tous les deux. Alors ils allaient plus souvent dormir chez l'un ou chez l'autre, bien contents que leurs petits studios ne soient pas si éloignés que ça. Une « chance » de vivre dans les studios du campus.

— On commande ? J'ai découvert un japonais pas cher l'autre jour et j'ai vachement envie d'essayer.

Au tour de Chan d'acquiescer avec un sourire. Jisung savait que la nourriture japonaise était probablement sa préférée. Jisung ne s'en rendait peut-être pas compte, mais juste ça, se souvenir d'un petit détail, et de rester avec lui comblait Chan de bonheur. Ça valait probablement tous les « je t'aime » du monde. Et puis, il ne voulait surtout pas forcer son amoureux à dire ces mots. Il savait pourquoi il n'y arrivait pas, il comprenait, et même si lui le disait de temps en temps, il n'attendait pas de réponse verbale. Il appréciait néanmoins les efforts de Jisung, et était particulièrement fier de constater le progrès qu'il avait fait depuis le début de leur relation.

Après avoir commandé leur repas de ce soir, le couple tenta de se mettre d'accord quant à l'activité qui les occuperaient. Chan proposa de regarder un film, tandis que Jisung suggérait de faire des jeux de sociétés. Ils finirent par décider qu'ils pouvaient absolument faire les deux. Après une bonne demie heure d'attente, leurs plats arrivèrent, et ils s'installèrent confortablement sur le lit de Chan, l'ordinateur posé entre eux.

Le film qu'ils avaient choisi était Arietty, parce que rien ne valait un bon Ghibli. Puis quand leur repas et le film furent tous deux terminés, ils débarrassèrent et sortirent le jeu de l'oie, parce que là aussi, rien ne détrônait un bon classique.

Quand ils décidèrent qu'ils en avaient marre, ils se préparèrent à aller au lit, et se firent des papouilles, l'un allongé sur l'autre, tout en faisant des projets sur la comète.

— On habitera dans une maison, mais pleins pieds ! Les escaliers c'est dangereux. Et on aura un joli jardin plein de plantes diverses, et un potager évidemment. Oh, oh ! On pourra avoir des poules ? On habitera à la campagne du coup, mais quand même proche d'une ville parce qu'être coupé de tout c'est casse couille !

— Tu veux que je demande aux parents de Hyunjin de nous donner leur terrain ? Il y a tout ce que tu veux dessus, Chan se retint d'éclater de rire.

Jisung était bien trop adorable quand il s'emballait comme ça. À parler plus vite que ses pensées, se coupant parfois la parole lui-même. Chan aimait l'écouter, il adorait avoir une part de l'être qu'était Jisung. Il était si intéressant, si rêveur. Chan chérissait ses qualités autant que ses défauts. Après tout, on ne peut pas aimer quelqu'un en aimant seulement ses qualités. Jisung le croyait au début, et c'était pour ça qu'il s'efforçait à être parfait, sans une fêlure. Il voulait absolument plaire, mais Chan lui avait appris que c'était souvent en étant soi-même qu'on plaisait. C'était peu après que Chan avait avouer que Jisung lui plaisait tout particulièrement, et depuis ce jour il ne regrettait aucunement ses paroles.

— Franchement ouais, demande leur. Au pire on fera une coloc' avec Hyunjin ?

— J'ai du mal à savoir si t'es sérieux ou pas là..

— Je suis absolument très sérieux. Et aussi très fatigué, je dis probablement des bêtises. De toute façon la semaine dernière je voulais qu'on vive dans une penthouse près de la mer... Avec un serpent de compagnie qu'on appellerait capucine, et elle aurait un nœud rose comme ça les gens auront pas peur quand ils la verront.

— C'est pas une mauvaise idée... Mais c'est pas une bonne idée non-plus. Et puis il va falloir que tu te décides sur un projet parce qu'on ne va pas pouvoir habiter différents endroits en même temps.

— Sauf si on arrive à se faire cloner.

— Ça c'est une mauvaise idée.

— T'es pas drôle.

Cette fois, Chan ne put s'empêcher de rire. Décidément, Jisung était adorable, et Chan était heureux de l'avoir à ses côtés. La main dans les cheveux de Jisung, Chan souriait. Il regardait le plafond, en écoutant ce que Jisung disait, jusqu'à ce qu'il ne s'endorme de fatigue. Même les faibles ronflements du plus jeune était adorable, et Chan ne put que se trouver niais. Il était dingue de Jisung, d'une manière qu'il n'avait jamais vécue auparavant, malgré ses quelques relations. Avec Jisung tout était mieux, plus facile à vivre.

— Bonne nuit Sungie. Je t'aime.

Et la nuit les enveloppa tous les deux dans ses bras, les berçant doucement jusqu'à ce que le jour ne décide de prendre sa place.