→˚₊· ܴೈ 𝓙𝐨𝐮𝐫 𝟕 : 𝒂𝒊𝒛𝒂𝒘𝒂 𝒙 𝒓𝒆𝒂𝒅𝒆𝒓

ÉPISODE 7
— aizawa x reader —











































             UN HURLEMENT RETENTIT, me faisant éclater de rire. Cela fait plusieurs heures maintenant que Livai Ackerman a ramené une louve entourée d’un drap dans sa chambre. Et, la pleine lune étant haute dans le ciel, j’ai jugé qu’il serait de bon ton d’ouvrir les rideaux pour relancer la mutation de la jeune femme.

             Halloween High est ma maison depuis mon décès. Je ne me souviens pas réellement de celle que j’étais avant, de mon vivant. Ma mémoire commence à l’époque où je suis devenu un spectre. Ceux-là sont divers et variés.

             Il existe des élèves fantômes qui suivent des cours, certains sont d’anciens chanteurs d’opéras, d’autres franchement maléfiques et d’autres encore, persuadés d’être encore vivants… Mais, personnellement, je suis unique en mon genre.

             Non seulement je suis le seul esprit frappeur de cette université, mais je ne suis en plus pas une élève. Simplement une résidente qui aime les terroriser.

             Flottant près du haut plafond des couloirs, je passe au-dessus des têtes des élèves y marchant. En journée, les créatures sont composées essentiellement de fées, sorcières, humains, mages, gorgones et autres gnomes insignifiants. Mais, la nuit, les élèves sont exclusivement des vampires.

             Je ne terrifie par les êtres diurnes et les êtres nocturnes de la même façon.

— Attention…, je ris en passant au travers d’un lustre de cristal. IL NEIGE !

             Là-dessus, j’empoigne une quantité d’ail moulu que j’ai volé au cuisinier Sanji avant de la jeter sur la foule. Aussitôt, une série d’éternuements et de pleures retentit. Les vampires ne sont pas blessés par cet aliment mais il les rend tout de même sérieusement malade.

             J’éclate de rire en voyant une blonde pleurer à chaudes larmes, posant ses mains cadavériques sur ses yeux. Un autre éternue, un filet de morve jaillissant de son nez et m’arrachant une grimace de dégoût.

— BEURK, GROS DEGUEULASSE ! je hurle avant d’éclater de rire.

             Les esprits ne dorment jamais. Alors mes journées se ressemblent, à Halloween High. Le matin, j’aime glisser quelques laxatifs dans des petits-déjeuners au hasard puis je traverse quelques créatures, me délectant des cris qu’ils poussent en sentant ce courant glacial avant d’organiser quelques farces en tout genre. Il y a peu, par exemple, j’ai fait tomber une femme de ménage du haut de son échelle.

             Le professeur de communication Shota Aizawa a assisté à toute la scène et s’est plongé dans une rage folle.

             Il est le seul que je fuis, ici. Mes blagues ont toujours été enfantines mais la fréquence répétée de celles-ci n’a pas semblé lui plaire. Dernièrement, la rumeur court qu’il cherche à me mettre la main dessus… Et je n’ai pas forcément envie de faire face à un démon en colère.

             Filant au-dessus des corps toussotant et crachotant, je volète à travers le mur pour accéder au couloir d’à côté, déterminée à recommencer ma farce. Cependant, à ma grande surprise, aucun élève ne foule les pierres du sol et les chandeliers ne sont pas allumés… Etrange. Il s’agit pourtant d’un chemin menant au bureau d’un professeur nocturne…

— Ta seule cible sera moi, aujourd’hui.

             Mes yeux s’écarquillent en entendant cette voix d’outretombe. Elle n’a rien de commun. Une sueur froide coule le long de mon dos. Seuls les démons parlent de cette façon, comme s’ils jaillissaient des enfers eux-mêmes.

             Doucement, si lentement que mon spectre me semble être une machine mal huilée tressautant sur ses gonds, je me retourne.

             Il se tient là, debout dans l’allée. Un sweat noir habille son torse, se mariant avec la longue cascade de cheveux ébènes coulant ses épaules. Ils encadrent un visage dangereusement pâle où sont plantés deux yeux ressemblant à des obsidiennes. Autour de ceux-là, des veines noires s’étirent telle une toile d’araignée.

             Les démons ont le plus souvent une forme humanoïde. Mais, quand ils se battent, leurs yeux changent en fonction de leurs pouvoirs et leur sang afflue si vite dans leurs veines que celles-ci ressortent, noires.

— Tu m’as posé bien des problèmes, au cours des derniers jours, lâche Aizawa de sa voix infernale et caverneuse. Je n’ai eu de cesse de te chercher.

             Je dois avouer commencer à me sentir en danger. Les professeurs ne sont pas censés utiliser leurs pouvoirs dans l’enceinte de l’établissement et, à part quelques farces, je n’ai jamais rien fait de bien méchant… Mais il semble vraiment en colère, à présent. Et je ne sais pas si je vais pouvoir m’en sortir aisément.

— Navré, mon cher, vous n’êtes pas mon style, je ris en me tournant dans les airs, flottant sur le dos.

             Il me regarde faire de ses yeux noirs.

— Vous allez payer pour les sévices que vous avez infligé à mes élèves. Ils sont sous ma responsabilité alors je ne puis tolérer qu’on s’en prenne à eux.

— Je n’ai rien fait de mal ! je m’exclame.

— Trente-six élèves ont été admis à l’infirmerie au cours de cette semaine à cause de diarrhées explosives ! Nous avons dû renouveler nos stocks de potions pour soigner toutes les blessures que vous avez infligée ! Osez me dire que vous n’avez rien fait ?

— Je suis un fantôme farceur ! Il est normal que je fasse des farces ! je proteste en fronçant les sourcils.

— Je suis démon depuis assez longtemps, ma chère, pour savoir que les fantômes choisissent tous d’être ce qu’ils deviennent. Qu’il s’agisse des êtres maléfiques comme ceux du sous-sol, des fantômes d’opéra comme le spectre de la tour Est…

— Ah oui, j’ai envie de la buter, la castafiore. Si elle était pas déjà morte, je l’aurais fait !

             Sa mâchoire se contracte et il penche la tête sur le côté, visiblement agacé. Aussitôt, je réalise qu’il n’apprécie pas qu’on lui coupe la parole et je lui offre un sourire penaud.

— Je fais rien de mal ! je reprends. Tout ce que je veux dire, c’est qu’il existe des esprits sacrément mauvais et pas que parmi les morts, d’ailleurs. Vous feriez bien de garder un œil sur votre collègue Muzan ! Mais moi, je suis juste une blagueuse. Pas besoin de me sortir tout l’attirail.

             J’accompagne ce dernier mot d’un geste pour désigner l’aspect physique du professeur. Ce dernier lève les yeux au ciel en me voyant faire.

— Cet attirail est nécessaire pour vous maitriser.

             Je pouffe bruyamment de rire. Soit, les voix caverneuses des démons me font peur et Aizawa est assez célèbre dans le monde des créatures à cause de ses faits d’armes — il a été un brillant soldat par le passé. Mais ma peur s’arrête ici.

— Me maitriser ? je pouffe. Je suis un fantôme, enfin !

             Pour prouver mes dires, je fonds en sa direction. Même les démons haïssent la sensation de fraicheur et désespoir qui les envahit lorsqu’ils sont traversés par un esprit. Je vais lui apprendre une leçon qu’il n’est pas près d’oublier : je suis insaisissable.

             Dans un rire, je m’approche de lui. Il me laisse faire, les mains jointes dans le dos et le menton levé, visiblement confiant. Quel abruti…

             Soudain, ma tête percute quelque chose de solide et je tombe en arrière. Mes yeux s’écarquillent quand mon dos percute le sol. De la solidité… Cela faisait tellement longtemps que je n’avais rien touché. Mon cœur s’emballe aussitôt et je lève les yeux vers l’homme.

             Il me regarde toujours, impassible.

— C… Comment vous ?

— Je suis un démon du sommeil. La plupart des choses que je manipule sont censées être intouchables. Je peux donc vous toucher et, en ma présence, vous pouvez tout toucher, vous aussi.

             Un rire franchit mes lèvres et je me dresse sur mes genoux. Le sol est trop dur contre eux, me faisant presque mal. Je pouffe en le sentant avant de poser mes paumes contre la surface. Puis ma joue et enfin mon front. Je me roule ensuite sur le sol, sentant les rainures des dalles sous mon corps.

             C’est désagréable et douloureux… Je me sens si vivante !

— Ma forme démoniaque maintient les élèves éloignés d’ici. Et je resterai ainsi jusqu’à la fin de notre entretien parce que je n’ai pas envie qu’ils assistent à la suite.

             Aussitôt, je me raidis, écarquillant les yeux. Il me regarde faire d’un air peu intéressé.

— J… Vous allez m’exorciser !?

— Les fantômes ont les mêmes droits que les autres créatures et l’exorcisation est un crime au même titre que le meurtre donc non, répond-t-il simplement.

             Je pousse un soupir de soulagement.

— J’aimerai conclure un marché avec vous.

— Un marché ? je répète.

             Il acquiesce, ses yeux m’observant tandis que je reste assise au sol pour mieux savourer la sensation des pierres contre mon corps.

— Je veux vous convaincre d’arrêter de faire des farces aux élèves.

— Impossible ! je proteste. C’est dans ma nature !

— Les fantômes n’ont pas de nature. Ils sont influencés par leur vie. Et la vôtre a dû être franchement agaçante, si vous voulez mon avis.

             Aussitôt, je me renfrogne. Ma tête s’enfonce dans mes épaules et je baisse les yeux.

— Allez-vous en, je bougonne.

— Pas avant que nous ayons convenu d’un marché, objecte-t-il. Il est absolument hors de question que je reparte en sachant que vous continuerez à terroriser les élèves. Ils sont sous ma protection.

— Mais vous n’allez pas me retirer ça ! je m’exclame. Qu’est-ce que je vais faire ? Vous savez combien c’est chiant, la vie de fantôme ? Je peux même pas pioncer pour passer le temps !

— Vous pouvez vous trouver des petites choses à faire mais cela est le cadet de mes soucis. Soit vous arrêtez vos farces tout en gagnant quelque chose en retour, soit je vous enferme dans une armoire en épines de roses.

             Je me fige. L’épine de rose est la seule matière que les fantômes ne peuvent pas traverser. En début d’année, quand un spectre s’en ai pris à la petite-amie d’Eren, celui-ci l’a enfermé dans une armoire faite de cette matière. Le pauvre garçon a été traumatisé — et, en bonne farceuse, je lui ai livré un bouquet de roses le lendemain.

             Je secoue vivement la tête. Il comprend que je ne veux pas être enfermée et soupire, visiblement agacé par la lenteur de notre conversation.

— Bon, alors dites-moi. Il y a-t-il quelque chose qui vous ferait plaisir ? Vous n’avez besoin de rien dans votre vi… Vous n’avez besoin de rien ?

             Je le fusille du regard même s’il s’est corrigé. Puis, mes sourcils se froncent et je mors l’intérieur de mes joues — je peux les sentir, à présent. Je n’aurais jamais cru que cette sensation me manquerait autant.

— Je… J’ai peut-être une idée, je chuchote.

— Dites-moi.

             Comprenant qu’il s’apprête à conclure un marché — chose que l’on ne peut pas briser lorsqu’on le passe avec un démon — il s’accroupit pour être à ma hauteur. Embarrassée, je lui jette un coup d’œil rapide. Ses yeux sont encore entièrement noirs mais semblent moins colériques que tantôt.

— Je veux savoir qui j’étais… Quand j’étais vivante.

             Ses sourcils se froncent.

— Comment ça, qui vous étiez ? Vous n’en avez aucun souvenir ?

             Je secoue la tête et il semble soudain embêté. Ses yeux se posent au loin et il pousse sa joue de sa langue. Je me redresse aussitôt.

— C’est quoi cette tête ? Un marché est un marché ! Je n’accepterai pas d’autres closes, je vous préviens !

— Je sais très bien, soupire-t-il. Mais je suis forcé de vous prévenir…

             Il semble hésiter mais mon regard insistant l’incite à poursuivre. Il secoue la tête, comme pour se remettre les idées en place, avant de plonger ses yeux dans les miens :

— Pour qu’un fantôme oublie le contenu de sa vie, il faut que sa mort ait été particulièrement traumatisante.

             Je frissonne. Son air concerné me touche presque. Il se doute visiblement qu’il m’est arrivé quelque chose de grave… Mais quoi ? Et ai-je seulement envie de le découvrir ? Peut-être l’ai-je oublié pour me préserver ?

             Mais surtout… Qui suis-je ?

             Prenant une profonde inspiration pour imiter les vivants et me calmer, je secoue la tête, espérant me remettre les émotions en place. Puis, affichant un faux sourire, j’insiste :

— C’est pas grave ! Je veux savoir !

             Un éclair de surprise passe dans ses yeux mais il finit par acquiescer, se relevant. Depuis sa hauteur, il me jauge avant de me faire signe de l’imiter. Je me retrouve debout devant lui. Il plante ses yeux dans les miens et saisit mes mains.

             Je sursaute brusquement. Elles sont si…chaudes. Dans la mort, tout est froid sans que cela ne soit gênant. Nous ressentons la température et savons qu’elle est basse mais ne ressentons pas le besoin de nous couvrir.

             Là, c’est… Inattendu. Et réconfortant, quelque part.

— Moi, démon du sommeil Aizawa Shota, accepte d’enquêter sur la vie de la femme devant moi. Et la femme devant moi accepte de cesser d’importuner les membres de l’établissement.

— Tous les membres ?

             Il me foudroie du regard. Aussitôt, je baisse la tête, m’excusant dans une grimace maladroite.

— Dites que vous acceptez, ordonne-t-il.

             Je ferme les yeux, savourant ce moment solennel.

— J’accepte.

             Là, ses mains lâchent les miennes et le froid revient. J’écarquille les yeux, regardant autour de moi tandis qu’il tourne les talons, marchant vers la porte marquant la fin du couloir.

— Quoi !? je m’exclame. C’est tout !?

— A quoi vous attendiez-vous ? me lance-t-il d’un ton ennuyé.

             Doucement, je me sens m’enfoncer dans le sol et ce dernier se faire moins solide sous mes pieds. Baissant brutalement le regard sur mes jambes, je réalise que je traverse à nouveau les surfaces. Mais bien sûr ! Aizawa a dit que je ne devenais solide qu’en sa présence. S’il s’éloigne, je reprends ma forme fantomatique.

             Aussitôt, je fonds en sa direction, voletant au-dessus du sol pour le rattraper avant de reposer mes pieds sur ce dernier. Je souris en sentant la surface solide contre mes pieds et continue :

— Bah ! Je sais pas… C’est un contrat avec un démon, tout de même ! Je m’attendais à un peu plus de pétarades ! De feu ! De peps !

— Enfreignez-le et vous aurez les trois.

             La porte marquant la fin du couloir s’ouvre devant lui, donnant sur un escalier vide. Il commence à descendre celui-ci mais se tourne brutalement vers moi. Je constate alors que sa peau est plus rosée et qu’il possède à nouveau des iris — qui sont brunes. Ses veines ont disparu. Il a quitté sa forme démoniaque.

             Je l’entends dans sa voix, beaucoup plus claire quoi que toujours grave quand il lance :

— Je peux savoir pourquoi vous me suivez ?

             Aussitôt, j’attrape ma lèvre entre mes dents, ne sachant quoi répondre.

— J’aime la solidité ? je tente.

             Il soupire, levant les yeux au ciel et recommençant à marcher.

— Si j’avais su que ça vous transformerait en véritable pot-de-colle, je ne vous aurais sûrement pas révélé mon effet sur vous.

— Soyez pas si ronchon ! je lance dans un rire en atteignant la dernière marche et le suivant tandis qu’il traverse un couloir du rez-de-chaussée enseveli sous les tapisseries. Je ne me suis jamais sentie heureuse avant aujourd’hui ! Ou sans doute que si mais, comme la sensation de solidité, je n’en ai aucun souvenir !

             Je sens le regard en coin qu’il me lance.

— Vous ne vous êtes jamais sentie heureuse ? Vraiment ?

— Je suis un fantôme, je lance en haussant les épaules. Quelqu’un qui fait des farces à longueur de journée pour attirer l’attention souffre forcément de solitude. C’est évident. Ça ne vous a pas traversé l’esprit, vous dont la nature même vous pousse à sonder les rêves et cauchemars des gens ?

             Regardant à nouveau en face de lui, il atteint une gargouille marquant l’entrée d’un escalier et commence à grimper les marches.

— Je dois avouer que je n’ai pas cherché à comprendre.

             Un léger sourire étire mes lèvres.

— Je vois… Vous voulez protéger vos élèves, c’est plutôt noble, je commente.

— Noble ? Vraiment ? demande-t-il. Alors que je vous ai menacé de vous enfermer dans une armoire en épines de rose ?

— Je n’ai jamais dit que vous étiez toujours noble ! Avec moi, vous êtes un vrai bouseux.

             Là-dessus, je saute dans les airs et commence à flotter, légèrement fatiguée de monter les marches. Puis, glissant à côté de lui et le suivant, je souris en remarquant ses yeux se lever au ciel.

             Me plaçant sur le dos, je le regarde en biais.

— Je vous agace, pas vrai ?

— Disons que vos farces et les élèves à l’infirmerie ne m’ont pas prédisposé à vouloir converser sympathiquement avec vous, cède-t-il.

— C’est drôle, pourtant.

— Mais ça ne fait rire que vous, commente-t-il.

— C’est le principal.

— Non, vous importunez les autres élèves.

             Mes épaules se haussent tandis que nous atteignons la dernière marche. Je repose pied à terre.

— Ils auraient pu venir m’en parler, si ça les dérangeait. Ils ont préféré m’envoyer un démon, je marmonne.

— Qu’est-ce que vous auriez fait, de toute façon ? Que ce soit moi ou des élèves qui viennent vous parler, qu’est-ce que ça change ?

             Je me renfrogne, le dépassant pour qu’il n’ait pas à regarder l’expression sur mon visage.

— Laissez tomber.

             Il obéit, se taisant. En silence, nous finissons le chemin et atteignons une large salle parsemée de pupitres. Au fond, au-dessus d’une estrade, un large tableau noir s’étend. Nul n’occupe la salle. Les derniers cours des vampires sont terminés et ceux des êtres diurnes débuteront dans quelques temps.

             Marchant joyeusement en profitant de la sensation du sol sous mes pieds, je trottine en passant entre les pupitres, observant autour de moi.

— Alors c’est ici que la magie opère ? Que vous donnez cours ? je demande, légèrement excitée.

— Il n’y a pas vraiment de magie, objecte-t-il. Je fais des cours de communication.

             Je me tourne vers lui, un sourcil haussé et la tête penchée sur le côté. Il m’observe quelques secondes.

— Vous ne savez pas en quoi ça consiste, n’est-ce pas ?

             J’acquiesce vivement et il lève les yeux au ciel.

— Il y a différentes sous-catégories en fonction du métier qu’on veut faire — manager, communiquant, DRH, héros, monstres, créateurs de légendes… Mais sinon c’est majoritairement des cours consistant à expliquer comment se créer une bonne image.

             Je mords l’intérieur de ma joue. Il soupire, comprenant que j’ai quelque chose derrière la tête.

— Quoi ?

— Je peux participer au c…

— Non.

             Me dépassant, il rejoint son bureau. Aussitôt, je me retourne, les sourcils froncés. Il s’assoit et saisit une plume, griffonnant quelques mots.

— Et pourquoi ?

— Vous n’êtes pas une élève.

— Vous n’en savez rien ! Je sais même pas qui je suis !

             Je réalise mes paroles au moment où je les prononce. Sa main s’immobilise au-dessus du parchemin en même temps. Mon expression outrée fond aussitôt et je recule, m’éloignant du démon. Là est ma première interaction sociale et je me montre tout à fait exaspérante.

             Levant les yeux sur moi, il m’observe m’éloigner.

— Restez ici.

— Non, j’ai… Quelque chose à faire, je mens.

             Je ne sais pas pourquoi j’essaye de partir, moi qui étais si excitée à l’idée de parler à nouveau à quelqu’un… Je crois que j’ai honte qu’il réalise la raison pour laquelle je fais toute ces blagues. C’est assez pathétique, dans le fond. Et même minable.

— Votre seule occupation réside dans le fait de faire des blagues. Vous n’avez rien à faire.

— Oui, mais…

— Ecoutez, plus vite j’aurais mené mon enquête sur vous, plus vite je pourrais me débarrasser de vous et mieux on se portera tous les deux donc mettez-y du vôtre, s’il-vous-plait, lance-t-il en le désignant une chaise.

             Mes sourcils se haussent tandis qu’il replonge son nez dans ses papiers, indifférent.

— Vous ne voulez pas que je reste ? je demande.

— Vous l’avez dit vous-mêmes : vous êtes agaçante. Et j’ai mieux à faire que de m’entretenir pendant des heures avec un fantôme qui n’a tellement rien à faire de ses journées qu’il devient un poids pour cette école.

             Son ton est tout à fait détaché quand il prononce ces paroles. Je suis même sûr qu’il ne réalise pas le moins du monde le poids de ces dernières. Mais, personnellement, ces mots me font l’effet d’une claque.

             Il est la première personne qui m’adresse la parole. Auparavant, malgré toutes mes blagues, aucun élève n’est jamais venu me voir.

             Et il a hâte de se débarrasser de moi.

             « Agaçante. » « Mieux à faire. » « Tellement rien à faire de ses journées. » « Un poids. »

             Il ne s’aperçoit même pas de ma réaction, continuant à écrire sur son parchemin. Malgré ma mort, il me semble que mon cœur se serre dans ma poitrine.

— Vous savez quoi ? Laissez tomber ! Nouveau contrat, j’arrête mes blagues et en échange… Bah, vous m’enfermez pas dans le placard. C’est pas mal ça, hein ? je ris bruyamment. Allez ! Salut !

             Sans lui laisser le temps de répondre, je flotte jusqu’à la sortie. Se faisant, j’ai le temps de remarquer le regard étonné qu’il me porte mais il ne dit rien ni ne demande d’explication. Je sors de la salle, me sentant étrangement lourd pour un fantôme.







             Je réalise alors que des éclats fantomatiques et blanchâtres tombent le long de mon visage avant de se dissiper. Des larmes.










































             Flottant à côté d’un lustre, j’observe les élèves. Ceux-là ne font pas de même, absorbés par leur petit-déjeuner. A côté de moi se trouvent des laxatifs que je ne verserai pas dans leur plat. Le temps des blagues est révolu.

             Soudain, un sourire étire mes lèvres. Une élève est assise. Seule. Comme moi. Elle doit être une gorgone, à en juger par les écailles sur sa peau et les trois yeux sur son front. De longs cheveux roses tombent autour de son visage.

             Flottant jusqu’au sol en damier, je survole quelques tables où mangent des élèves avant de m’assoir devant elle. Ses sourcils se froncent en me voyant faire. Elle s’empare d’une perle rouge grosse comme une phalange qu’elle s’empresse de fourrer dans sa bouche.

— Salut ! je lance dans un sourire. Je suis… Je suis nouvelle. Tu t’appelles comment ?

— Euh… Pudding.

— Enchanté, Pudding !

             Les coins de ses lèvres s’arquent en un sourire mais ses yeux ne se plissent pas et elle évite mon regard, haussant les sourcils. Puis, ses yeux accrochent ceux d’un loup aux muscles épais qui passe à côté.

— Pudding !

— Katsuki ! s’exclame-t-elle tandis que le blond s’assoit, posant son plateau à côté de moi.

             Il ne me regarde pas ni ne me salue. Je ne m’en formalise pas. Peut-être cela veut dire qu’il n’est pas étonné de me voir ? Oui. Ce doit être cela. Ma présence ne le dérange pas. Un frisson me parcourt.

             Je suis en train de parler avec deux personnes.

             Tous ces mois, j’ai joué des farces en espérant qu’on vienne me demander des comptes. Mais à présent, je me rends compte qu’il suffisait de faire le premier pas.

— Alors ? Vous avez cours de quoi, ce matin ? je demande dans un sourire.

             Ils ne répondent pas mais se contentent de s’échanger un regard insistant. Leurs lèvres s’ourlent dans un sourire moqueur et ils se remettent à manger. Aussitôt, l’excitation qui était montée en moi à cette vision retombe. Je me sens soudain mal à l’aise.

             N’osant pas ajouter quoi que ce soit, je les observe manger. J’aimerai disparaitre sous terre ou même m’éloigner mais j’ai peur d’attirer l’attention sur moi en faisant cela.

— C’est qui ? lance soudain une voix, dans mon dos.

             Une fille aux longs cheveux noirs noués en queue de cheval s’assoit à côté de moi. Je n’ai aucune idée de quelle créature elle peut être.

— Salut ! je lance en souriant et me tournant vers elle. Je suis…

             Mais elle ne me regarde pas et ignore la main que je lui tends, se contentant de regarder Pudding. Celle-ci hausse les sourcils.

— Je sais pas. Je vous attendais et elle s’est mise là.

             Aussitôt, je pique un fard. Je ne connais pas les codes d’interaction social et n’avais pas conscience que j’outrepassais mes fonctions. Je me sens soudain très intrusive. Il faut que je m’en aille.

             Ouvrant la bouche pour m’excuser et partir, je suis coupée par le blond :

— Au pire, y’a une table de libre, là-bas. On se casse ?

             Pudding ne perd pas de temps pour répondre et se contente de saisir son plateau, se levant. Aussitôt, Katsuki l’imite et la nouvelle venue, qui ne s’était même pas installée, les suit. Mon cœur se serre tandis qu’ils s’en vont.

             J’ai honte. J’ai l’impression que tout le monde vient de voir ce qu’il s’est passé. Que tous les autres élèves présents dans la cafétéria en rient intérieurement.

             Ce n’était sans doute pas une bonne idée d’essayer de leur parler, finalement.

— Excuse-moi, cette chaise est libre ?

             Me tournant, je croise le regard brun d’une grande fille aux cheveux roux. Je reconnais sa beauté. Il s’agit d’une nymphe. Aussitôt, l’excitation m’envahit et je souris de toutes mes dents :

— Oui ! Tu peux t’as…

             Mais, sans me laisser finir, elle s’empare de la chaise qu’elle vient placer autour d’une table déjà occupée et s’assoit dessus. Je la regarde faire et fixe cette bande d’amis discutant joyeusement durant quelques instants.

             Entre les paroles d’Aizawa, la façon de me fuir de Pudding et ses amis et maintenant ça… Je suppose que je ne suis vraiment pas faite pour les interactions sociales.

             Sentant les larmes monter, je me précipite vers le plafond, flottant loin des regards. Personne ne m’observe faire, ce qui me rassure. Je crois que j’aimerai redevenir invisible. Je n’aurais jamais dû tenter de les approcher.

             J’ai tellement honte.

             Perchée à côté d’un lustre, je regarde à nouveau les élèves, le cœur gros. Tous amassés parmi les tables, ils rient entre eux, heureux de commencer cette journée. Et ce qui n’était qu’une supposition devient alors une confirmation. Je ne ferais jamais parmi d’eux.

             J’ai mal.

             Soudain, tandis que mes yeux détaillent la salle, je croise un regard. Sursautant presque, je déglutis péniblement. Aizawa, assis à la longue table au fond de la salle où déjeunent les professeurs, me fixe avec insistance. A sa gauche, un homme pâle aux cheveux noirs fait de même. Je reconnais Livai Ackerman.

             Mais je n’ai pas la tête à songer aux farces que j’ai jouée à l’homme. Non. Car quelque chose est étrange, dans la façon qu’a Aizawa de me regarder. Si étrange que j’en frissonne. Son insistance me trouble.

             Je saute du lustre de cristal, flottant vers le mur que je traverse à toute vitesse, souhaitant à tout prix m’éloigner de lui. Une fois dans le couloir, je suis soulagée.

             Le corridor est vide. Personne ne foule le sol de pierre paré d’un tapis rouge ni ne passe devant les gargouilles et tableaux à l’effigie de personnalités influentes ou paysages célèbres. Pour une fois, après ce que je viens de vivre, cet éclat de solitude me fait du bien.

             Il est sans doute préférable que je reste anonyme.

— Avais-tu déjà parlé avec quelqu’un avant de me rencontrer ? résonne une voix, dans mon dos.

             Je me fige, sentant le sol devenir solide sous mes pieds et reconnaissant cette voix grave. Me tournant, je surprends les yeux bruns d’Aizawa. Ses cheveux sont lâchés autour de son visage inexpressif.

             Je souris faussement.

— Qu’est-ce que vous croyez ? Bien sûr que oui ! je ris bruyamment.

— Ne me mentez pas.

             Mes sourcils se froncent et je croise les bras sur ma poitrine, indignée.

— Mais je ne vous mens pas !

— Pudding s’est mal comporté avec vous, vous ne devriez pas avoir honte, déclare-t-il en fronçant les sourcils.

             Mes épaules s’affaissent et je quitte mon expression outrée.

— Alors vous avez vu la scène…

             Il acquiesce.

— J’ai vu la scène, en effet.

             Malgré ses paroles, la honte me cuit et je détourne brutalement le regard. Sérieusement, première fois que je parle à quelqu’un et elle préfère quitter ma table plutôt que de rester à mes côtés ! Je n’ai même pas l’excuse d’être malodorante, je suis un spectre !

             Forçant un énième rire, je lance :

— Oh mais non ! C’est une amie, elle m’a juste fait une farce. Il s’est rien passé, je vous assure.

— Ecoutez, soupire-t-il, je suis sûr que vous êtes une personne formidable et que c’est elle qui a perdu quelque chose. Mais ne mentez pas pour sauver les pots cassés. C’est à elle d’être embarrassée car vous avez été tout à fait sympathique.

— Ah oui ? je tonne sèchement. Je croyais que j’étais un poids lourd pour cette université ? Agaçante ? Que vous aviez hâte d’en finir avec moi ?

             Le fusillant du regard, je crache :

— Je vous ai donné l’occasion de vous débarrasser de moi alors fichez-moi la paix et gardez vos conseils à la con.

             Furieuse, je quitte la salle en flottant à toute vitesse. Sur mon passage, des tableaux se décrochent du mur et viennent s’écraser au sol dans un fracas assourdissant. Il ne tente pas de me suivre. Tant mieux.

             Cette journée est vraiment atroce.












             Je ne veux plus jamais parler à qui que ce soit.










































             La salle du professeur Muzan est vide. Je ne l’apprécie pas particulièrement et les élèves non plus mais il ne m’a jamais empêché de prendre refuge ici lors de ses pauses. La première fois qu’il est entré dans sa salle de cours alors que j’étais assise à une table, il ne m’a accordé aucune attention et s’est contenté de corriger quelques parchemins.

             Aujourd’hui, il sort de la pièce au moment où j’y entre. Nous nous croisons mais je ne lui parle pas. Après Aizawa et Pudding, j’ai retenu la leçon.

             Flottant jusqu’à son bureau posé au fond de la pièce, je m’assois sur celui-ci, face à la vaste fenêtre donnant sur la cour. Je n’ai même pas le temps d’observer les allées de fleurs baignées des lumières du soleil que le bois du bureau devient soudain très solide, contre mes fesses.

             Mes yeux roulent dans leurs orbites.

— Laissez-moi tranquille.

— Même si vous êtes revenue sur notre marché, le fait est que nous l’avons conclu alors je me devais d’enquêter sur vous, déclare Aizawa. Et j’ai trouvé quelque chose.

             Aussitôt, je me redresse, intéressée. Mais mon excitation retombe dès que je croise son regard sombre. Ses bras sont croisés sur sa poitrine et il est appuyé dans l’encadrement de la porte. De toute évidence, quelque chose le préoccupe.

             Me regardant longuement, il déclare :

— Il n’y a qu’une seule personne qui soit morte ici. Une ancienne surveillante, il y a une dizaine d’années déjà. Une humaine.

— C… Qui !? Son prénom !

             Il mord sa lèvre, visiblement soucieux.

— …(T/P) (T/N).

             Ces mots me font l’effet d’une claque. Mes sourcils se haussent. Ici, tous connaissent ce prénom et ce nom de famille. Une plaque commémorative a été érigée sous une gargouille, dans l’aile ouest du château. La plupart des élèves la surnomme « La Disparue ».

— Mais… Elle a été tuée…

— Par quelque chose d’inconnu, oui. Son corps n’a jamais été retrouvé mais un chaman a senti son décès et la violence de ce dernier. On ne sait pas par qui ni comment vous avez été tué mais…

— Mais même de mon vivant, les gens ne m’aimaient pas, je conclus, amère.

             Il ne semble pas surpris par ma conclusion. Mais son regard se fait insistant, comme s’il tentait de me pousser silencieusement à changer d’avis.

— Quoi ? Vous n’allez pas prétendre le contraire !? je cingle.

— Personne n’a appris à vous connaitre, je suis convaincu que vous êtes quelqu’un de f…

— Je ne veux pas de votre pitié !

             Il ne répond pas, soupirant doucement.

— Quand vous ne me connaissiez pas, vous êtes parti du principe qu’il fallait vous éloigner de moi car j’étais agaçante ! Et Pudding aussi ! Je dois dégager une aura naturelle qui repousse les gens !

— Je ne voulais pas vous faire de peine…

— TROP TARD !

             Ma voix sonne plus aigüe que je ne le voudrais et déraille légèrement. Aussitôt, la honte me cuit. Je déteste l’idée qu’il puisse me prendre en pitié. Je ne veux pas que les autres m’approchent par compassion mais simplement pour moi. Je me retourne, lui montrant le dos.

             Seulement c’est tellement dur de les aborder. Leur faire des blagues et espérer qu’ils me demandent des comptes semblait plus facile… Même cela n’a pas fonctionné.

— Je voulais vous informer, (T/P), du fait que je compte rouvrir l’enquête sur votre mort. Je ne suis pas fier de la façon dont ce sujet a été traité et bâclé.

             Mon cœur rate quelques battements. Une douce torpeur s’étale dans mon ventre. Vraiment ? Quelqu’un serait-il prêt à faire une telle chose pour moi ? Non. Pas après ce que j’ai vu des vivants.

             Les gens ne sont pas bons.

— Inutile d’avoir pitié de moi, je grogne, les dents serrées.

— Ce n’est pas de la pitié.

             Je ne réponds pas. Mais il ne semble pas être de cet avis.

             Une main se referme soudain sur mon menton, tournant ma tête brutalement sur la droite. Mes yeux croisent ceux d’Aizawa. Nos nez se frôlent. Mon souffle se coupe brièvement. Nous sommes proches. Très proches. Son souffle s’échoue sur mes lèvres.

             Des frissons parcourent mon échine. Le contact est physique m’est étranger. Mais je ne peux ignorer qu’il s’agit là d’une sensation agréable. Une flamme s’allume dans mon ventre, vacillante et grondante.

— Regardes-moi, ordonne-t-il.

             Sa voix est chaude et suave. Je ne réagis même pas avant d’obéir. Son brutal tutoiement me prend de court. Tout comme notre proximité.

             Ici m’apparait chaque pépite anthracite de ses iris.

— Je n’ai pas pitié de toi. C’est différent de la pitié.

— Comment veux-tu que je te croie ? je murmure. Tu avais tellement hâte de te débarrasser de moi.

— Ce n’étais pas de toi que je voulais me débarrasser. Mais du sentiment que tu m’inspirais.

             Mes sourcils se froncent. Ses doigts glissent sur mon menton, devenant une main plate qui se passe  sur ma paume. Son pouce caresse ma pommette.

— Tu me touches.

             Mes yeux s’écarquillent.

— Ta candeur me touche et réveille en moi quelqu’un que je croyais mort. Celui que j’étais avant de devenir un démon. L’être humain.

             Je déglutis péniblement. Une lueur semble s’être allumée dans son regard.

— Tu dis que… Que tu voulais me fuir par crainte d’affronter celui que tu étais ? je demande doucement. Et pas simplement car tu ne m’aimes pas ?

— Et que tu as de toute façon trop fait ressortir le côté humain en moi. Et c’est lui qui fait que je ne peux pas détourner les yeux de ce qu’il s’est passé.

             Son pouce caresse à nouveau ma pommette.

— Tu mérites justice et je te l’apporterai.

             Là-dessus, il se recule. Je ressens une certaine fraicheur quand il s’éloigne. Et je le regarde disparaitre en sortant de la salle de classe.
















             Pourquoi mon cœur bat si fort dans ma poitrine ?










































             Lorsque la vie n’est pas peuplée de farce, celle-ci est d’un ennui mortel. Flânant dans les couloirs, j’erre à côté d’élèves qui ne font pas attention à moi. Je suis ennuyée, bien que la promesse d’Aizawa égaye mon quotidien.

             Il trouvera ce qui m’est arrivée. Tôt ou tard.

— (T/P) ?

             Comme si mes pensées l’avaient invoqué, sa voix résonne derrière moi. Je me retourne, attirant les yeux de quelques élèves qui sont surpris d’entendre mon nom. Je souris en le voyant, bien qu’il ne semble pas spécialement ravi de me voir.

             Quoi que je ne m’en formalise pas. Il n’affiche jamais trop d’expression faciale. Cela est courant chez les démons.

             La seule fois où j’ai vu une certaine chaleur l’animer a été quand il a mentionné le fait que son humanité se manifestait à mon contact. Mon cœur se réchauffe d’ailleurs à ce souvenir… Sa main sur ma joue a aussi su éveiller en moi la vivante que j’étais.

— Oui, Shota Aizawa ? je demande.

             Ses yeux s’écarquillent avant de regarder loin de moi. Surprise, j’aperçois quelques rougeurs colorer ses joues et il pose sa main sur sa nuque.

— Je me demandais si tu voudrais…

— Oui ? je demande dans un sourire.

— M’assister dans la préparation de mes cours ?

             Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et je me jette sur lui, entourant sa gorge de mes bras et enfouissant mon visage dans le creux de son épaule. Mes jambes flottent derrière moi et je savoure la sensation de son corps contre le mien.

             Avec lui, j’existe.

             Quelques instants passent avant que ses mains glissent sur mon dos, me rendant la pareille.

— Merci ! Merci !

— Je… Ce n’est rien.

             Je me recule brutalement, prenant son visage en coupe et riant bruyamment :

— Au contraire ! C’est tout ! Oh ! Shota ! Merci tellement !

             A nouveau, il détourne les yeux quand je prononce son nom et des rougeurs teintent ses joues. Mon cœur gonfle autant que l’euphorie envahissant mon corps. Et peut-être est-ce la joie m’animant mais je réalise maintenant quelque chose que je sais pourtant depuis notre rencontre.

             Cet homme est prodigieusement beau. Autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Son visage m’aspire une paix qui se reflète dans ses yeux.

             Me reculant pour mieux l’observer, un sourire étire mes lèvres.

— Bon bah, suis-moi.

             J’obtempère et nous traversons les couloirs parsemés de tableaux et chandeliers, prêts à nous diriger vers la salle de classe.

— Je peux te poser une question ? je demande.

— Hmmm…

— Pourquoi moi ?

             Il ne répond pas mais je devine à son regard qu’il veut que j’étaye davantage.

— Pourquoi le désigner comme assistante alors que je n’ai aucune expérience ? Tu avais envie de passer du temps avec moi ? je le nargue.

             Mais il ne répond pas à ma taquinerie. Au contraire, il s’arrête de marcher. Je me tourne vers lui. Le couloir est désert autour de nous. Ses yeux me fixent avant de glisser sur mes lèvres, je sens une chaleur m’envahir quand je remarque le regard qu’il pose sur moi.

             Cet homme me fait me sentir vivante.

— Oui.

             Sa réponse est simple. Mes sourcils se froncent. Mais je ne peux ignorer le plaisir qui m’envahit face à cette réponse.

— Vraiment ?

             Pour toutes réponses, ses mains se posent sur mes joues, rapprochant brutalement mon visage du sien. Nos nez se frôlent, la température grimpe et l’air s’épaissit. Je sens son souffle sur mes lèvres. Il regarde celles-ci.

             Avant de les embrasser.

             Un contact doux. Chaud. Simple. Une simple caresse qui m’envahit de frissons d’extase.

             Il recule et pose son front contre le mien.

— Les démons ne peuvent pas aimer. Mais tu as éveillé l’humain que j’étais et lui, il aime, soupire-t-il.

             Ses yeux se ferment et il pose à nouveau ses lèvres contre les miennes.

— Il n’aime que toi.

             Là, mes mains se glissent dans ses cheveux longs tandis que les siennes caressent mon dos, me plaquant contre son torse. Mes lèvres s’ouvrent et sa langue trouve la mienne. Je gémis contre ses lèvres.

             Se séparant brièvement de moi, il pose son front contre le mien.

— Dis mon prénom.

             Mes sourcils se haussent, surprise.

— Mon prénom. Dis-le. J’aime l’entendre dans ta bouche.

             Mon corps fond presque contre le sien tant la chaleur est insoutenable. La mort semble presque m’avoir quittée. Il m’apporte la vie.












 

— Je t’aime, Shota.





























...
J'espère que cet os avec Aizawa vous aura plu ! A demain avec Armin !

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