ÉPISODE 3O
— geto x reader —
ESSOUFFLEE, JE COURS A toute vitesse dans la large forêt de pins d’Halloween High. Le ciel est sombre au-dessus de ma tête, la lune est difficilement discernable entre les hautes branches des pins. Je manque de m’écrouler à plusieurs reprises, me prenant les pieds dans des racines.
Être prise en chasse dans la large forêt de ce domaine n’est déjà pas bien réjouissant. Mais que la sombre créature vous poursuivant soit en plus un fléau est autrement plus tétanisant. Les questions se bousculent dans ma tête tandis que je tente d’ignorer mes poumons me cuisant d’une douleur froide.
Je suis venue ici trouver le poltergeist, une sombre créature qui terrorise cet université depuis des mois maintenant. Des membres du ministère ont été déployés pour l’immobiliser et je voulais simplement le prévenir qu’il devait s’en aller s’il espérait pouvoir en réchapper.
Mais lorsque je suis arrivée au chêne centenaire où il se tapis, il avait déserté celui-là. A la place, une sombre créature m’attendait. En ma qualité d’exorciste, il ne m’aura fallu qu’un regard pour reconnaitre l’ombre planante d’un fléau.
A tout vitesse, j’ai fui. Il existe différente créature que nous, les exorcistes, sommes amenés à affronter.
Les plus faibles sont les fantômes. Êtres humains traumatisés par leur mort et prenant refuge dans cet état second, ils sont pour la plupart inoffensifs. Il en existe plein, à Halloween High, cette grande université truffée de monstres mais jamais il ne me viendrait à l’esprit de les tuer.
Ensuite, les démons sont légèrement plus coriaces. Tant qu’ils acceptent de vivre en se nourrissant de personnes déjà défuntes, ils sont acceptés ici. Nous tous pouvons avoir des régimes alimentaires suspicieux, ce n’est pas une raison pour interdire l’accès à cet endroit.
Finalement, les fléaux. Eux, en revanche, ne sont pas une seule seconde tolérés ici. Se nourrissant du malheur d’autrui, ils n’hésitent pas à le reproduire et le provoquer.
Jamais je n’aurais cru, même dans le cadre d’une enquête sur ce poltergeist, que le directeur Rayleigh accepterait d’en faire venir un ici. Mais me voilà coursée par une créature aussi sombre que rapide. Je n’ai qu’une infime chance de m’en sortir.
Un hurlement franchit mes lèvres quand une main glacée tire mon mollet. Je bascule en avant, mon menton percute le sol et je roule. Le paysage autour de moi ne devient que de fines lignes de couleur tandis que je glisse à toute vitesse.
Soudain, mon corps se voit arrêté. Brutalement, je me fige.
Juste devant moi, deux chaussures sont plantées dans la terre. Lustrées et en cuir, elles sont entourées d’une cape trainant sur le sol. Tremblante, un frisson me parcourt tandis que je relève lentement la tête. Je ne suis pas sûre de vouloir découvrir ce fléau. Quelque chose de terrifiant habite l’air, depuis qu’il a surgit devant moi.
Mes yeux se posent enfin sur lui avant de s’écarquiller.
— Toi…, s’exclame-t-il.
Je tremble de part en part. Geto. Mon premier amour, la première personne que j’ai réellement aimée. Un être profondément doux, avec le cœur sur la main.
Non. C’est impossible.
Ses longs cheveux d’un noir profond brillent sous les lueurs de la lune. Coiffées en un demi-chignon, quelques mèches s’échappent devant ses yeux. Un kimono noir l’habille, sombre, comme ses yeux d’un noir absolu. Un cicatrice zèbre son front. Elle n’existait pas, avant.
Mon corps est pris de tremblements et une larme roule le long de ma joue. Quelle sordide créature est ce fléau ? Je ne savais pas que les fléaux pouvaient prendre l’apparence des êtres aimés. Mais je me serais attendue à ce qu’il me tue ou m’arrête.
Pas qu’il me torture psychologiquement en faisant semblant d’être mon premier amour décédé.
— Toi…, répète-t-il. Je te connais…
L’obscurité s’enroulant autour de lui se dissipe brutalement. Il me semble que son aura s’apaise aussi, que son allure terrifiante cesse de l’être, qu’il devient plus ouvert, plus accessible.
— Qui es-tu ? chuchote-t-il.
— Tues-moi au lieu de me torturer, sale monstre, je crache.
Les fléaux se nourrissent de malheur. Et mon cœur se déchire en voyant le visage de l’homme qui a bercé mes nuits, l’exorciste qui m’a enseigné les plus discrètes et efficaces techniques, la créature qui a embrassé mes lèvres tremblantes, à la suite d’un exercice où il a cru me perdre, l’élève qui a serré mon corps dans ses bras avec force, me chuchotant de ne jamais le quitter.
L’amant qui, contre ma bouche couverte de larmes, a poussé son dernier soupir.
— Je ne te torture pas. Je veux savoir qui tu es, insiste-t-il.
J’ai trahi l’ordre des exorcistes la nuit où Geto a été tué. Nous avions été déployés dans un immeuble infesté de démons et fléaux et étions censés avoir des renforts pour nous épauler. Ceux-là ne sont jamais venus, même quand un monstre a pris possession du corps de mon amour, fissurant son crâne au niveau du front et le déchirant de l’intérieur.
Le noiraud s’est effondré au sol. J’ai tout juste eu le temps de me jeter à côté de lui pour lui demander s’il allait bien. Il a attrapé ma tête pour rapprocher mes lèvres des siennes, désireux de me voler un dernier baiser.
Il n’a pas eu le temps de le faire que ses yeux se sont révulsés dans leurs orbites.
— Comment sais-tu à quoi il ressemblait, hein ? je crache. Tu as lu mon esprit et volé son apparence !? C’est comme ça que vous fonctionnez, maintenant ?
— Je sens ta douleur…
— Tant mieux ! Tu ne te nourris que de ça, infâme raclure !
De l’incompréhension me traverse lorsqu’il se laisse soudain tomber sur ses genoux. Arrivant à ma hauteur, il m’observe doucement. Entre ses longs cils, ses yeux noirs luisent tout en me détaillant. Mon cœur remonte jusqu’à ma gorge. Il lui ressemble comme deux gouttes d’eau. A la seule exception de sa cicatrice, il me semble qu’il est le même.
Ses sourcils se froncent et il prend mon visage en coupe. Je sursaute presque. Ses mains sont froides et chaudes en même temps. Comme si son corps était mort mais qu’entre nous s’éveillait un lien lorsque nous nous touchions.
— Je ne veux pas me nourrir de ton malheur, chuchote-t-il.
Une autre larme roule sur ma joue.
— Alors pourquoi voles-tu son apparence ? je couine. Laisse-le reposer en paix, il ne mérite pas ce que tu lui fais…
— Mais de qui parles-tu ?
Je ferme les yeux. Je ne veux plus le regarder. Ce n’en est que plus douloureux. Seulement même son toucher est le même, réconfortant et profondément happant. Mes entrailles se soulèvent et mon cœur se serre. Je suis tiraillée, dévastée de devoir revivre sa mort et comblée par l’illusion de l’avoir retrouvé.
— Je l’aimais tellement… Un des tiens me l’a déjà volé, je refuse qu’un autre me force à revivre ça.
Mes yeux s’ouvrent pour chasser des larmes. Les sourcils du fléau sont haussés, leur extrémités intérieurs pointant vers le ciel comme s’il était profondément touché.
— Arrêtes de pleurer, je t’en supplie… Je n’aime pas ça. Je ne sais pas comment mais je t’ai connu et je haïssais déjà cela à l’époque.
Je l’observe. Ses paroles me touchent, elles me donnent presque l’impression que tout cela est réel. Mais j’ai été éduquée par une école qui m’a appris combien les fléaux pouvaient être cruels lorsqu’il s’agissait de trouver leur nourriture.
Geto est mort. J’ai pleuré des heures sur son corps inerte, attendue que les autres viennent me tuer pour le rejoindre. Mais ils m’ont laissé.
— Ne me tortures pas, je supplie dans un couinement.
Il bouge la tête de droite à gauche.
— J… jamais ! Je me suis réveillé un jour sans la moindre idée de qui j’étais. Tu ne sais pas combien cela est bouleversant de marcher dans des rues sans savoir où tu vas, chez qui prendre refuge. Un membre du ministère m’a vu et ils m’ont recruté. Selon eux, je suis amnésique car j’ai été tué puis transformé en fléau. Je ne me souviens rien de ma vie d’avant.
Son regard s’adoucit. Son pouce caresse ma pommette.
— Et je suppose que j’étais censé ne rien me souvenir cependant te rencontrer a perturbé mes plans.
Un léger rire franchit ses lèvres. Triste. Le même qu’autrefois. Mon cœur bat à tout rompre et il secoue la tête, comme dépassé par ses propres paroles.
— Chérie, te rends-tu compte que je ne me souviens de ton visage et suis encore peiné à l’idée que tu ailles mal mais n’ai aucune idée de comment je me nomme ?
Mon cœur bat à toute vitesse. Serait-ce possible ? Jamais mes cours n’ont mentionné la possibilité qu’un fléau fouille dans mon esprit et prenne l’apparence d’un être que j’aime pour me détruire. En revanche, j’ai appris que certains humains pouvaient devenir des fléaux.
Les exorcistes sont si puissants qu’ils conservent d’ailleurs leurs apparences premières. Mais ils s’oublient eux-mêmes, renonçant à l’être humain qu’ils étaient.
Cependant Geto semble faire exception à la règle, il se souvient de moi.
— Geto ? je chuchote d’une voix étranglée. C’est bien toi ?
Ses paupières se ferment avant de se rouvrir, laissant voir ses yeux bruns, leur cercle marroné entourant une pupille sombre. Ils ne sont plus entièrement noirs, comme les ténèbres. Non, ils sont semblables à ceux que j’ai autrefois connus.
Ceux de mon Geto.
— (T/P), chuchote-t-il pour toutes réponses.
D’autres larmes roulent sur mes joues et mon cœur bat à toute vitesse. Je hoquète, peinant à croire ce qu’il se passe. Mais je reconnaitrais le regard de l’amour de ma vie entre mille. Geto est là. Il est revenu. Je le croyais mort mais ses mains sont solidement fermées sur mon visage, il me tient avec force.
Et mon nom dans sa bouche sonne comme une délicate incantation.
— Je savais bien que quelque chose me manquait, chuchote-t-il. Et c’était toi… Cette chose que j’ai cherché partout, qui m’a mené dans cette forêt alors que les membres du ministère sont censés patrouiller dans les couloirs. J’ai entendu ton appel du plus profond de mon cœur…
Brutalement, il pose sont front sur le mien et ferme les yeux, prenant une profonde inspiration.
— Ne m’abandonne plus jamais.
Je secoue la tête de droite à gauche.
— Jamais, je te le promets.
Ses lèvres se posent contre les miennes. Je respire enfin. Mes paupières se ferment. Mais le bonheur m’apparait. Ses mains glissent sur mon cou, me penchant en arrière tandis qu’il approfondie le baiser. Sa langue s’enroule autour de la mienne et je gémis dans sa bouche.
Mes doigts détachent son demi-chignon avant de glisser dans ses mèches. Il m’embrasse avec passion, ses bras s’enroulant autour de mon corps. Mon cœur bat à tout rompre. Je me sens entière.
Une partie de moi peine à croire que l’amour de ma vie soit revenu. L’autre sait qu’il s’agit réellement de mon amant perdu.
— Geto, je soupire en reculant.
Allongée sur le sol, je pose mon front contre le sien. Ma poitrine se soulève avec force et j’observe son visage détendu. Il me surplombe, un sourire étirant ses lèvres.
— Je dois t’avouer quelque chose. Et je ne t’ai pas retrouvé pour te mentir.
— Dis-moi, chuchote-t-il.
Un frisson me parcourt. Bien que je sois assez nerveuse, la sombre octave de sa voix me fait frissonner.
— Le poltergeist que tu cherches, je l’ai aidé à s’enfuir. Il n’a tué personne. Il a essayé de tuer tous ces gens car c’était le seul moyen d’accéder à leur souvenir et il en avait besoin car il voulait trouver l’auteure du premier meurtre. Une fois qu’il l’a fait, il a voulu l’attraper mais elle avait déjà fui.
Les sourcils se Geto se froncent.
— La victime du premier meurtre était son amie et je sais ce que ça fait de perdre quelqu’un à qui tu tiens. Je ne voulais pas qu’il soit puni pour cela alors qu’elle est la véritable fautive.
Les sourcils de mon amant se haussent. Un instant, je crois qu’il va rentrer dans une colère noire. Mais un sourire étire ses lèvres et, se penchant vers moi, il chuchote :
— Ton secret est en sécurité avec moi. C’est à toi que ma loyauté va.
Et, là-dessus, il m’embrasse avec passion.
...
A demain pour la toute dernière partie avec un personnage mystère !
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