→˚₊· ܴೈ 𝓙𝐨𝐮𝐫 𝟐𝟔 : 𝒎𝒂𝒊 𝒙 𝒓𝒆𝒂𝒅𝒆𝒓

ÉPISODE 26
— mai x reader —

























— MAI, TU ES ridicule.

             Ses courts cheveux s’agitent au moment où elle s’écroule au sol, son revolver d’époque s’échappant de ses mains et allant glisser sous un meuble de cette salle de classe vide. Je pose mon pied sur son poignet, la maintenant au sol et elle écarquille ses yeux bruns avant de serrer ses fines lèvres.

             Mai Zenin est une exorciste. Douée. Mais loin d’être la meilleure.

             Son obsession des esprits la pousse à vouloir tous les occire. Pourtant ici, à Halloween High, l’existence de toutes les créatures sont tolérées. Même la mienne.

— Tu n’es qu’une sale raclure de poltergeist, gronde-t-elle. Et je te ferais payer ton existence.

             L’université est censée être particulièrement protégée. Pour sûr, cela n’est donc pas très rassurant de savoir qu’un poltergeist traine dans les couloirs et s’en prend aux élèves — deux élèves ont failli être assassinées, une est morte, une a été enlevée et l’apparence de trente personnes a été volée par l’esprit copieur.

             Evidemment, les regards se tournent sur moi. Mais je suis loin d’être le seul poltergeist ici. Et, mon espèce n’étant pas connue pour sa tendresse, même avant tous ces incidents, j’étais dument surveillée. Je suis sans doute la dernière personne qui aurait pu faire tout cela.

             J’aurais été attrapée avant.

— Mai, il y a des inspecteurs qui enquêtent là-dessus dont un membre de ta famille.

— Ce traitre l’a déshonorée.

— Je m’en fiche comme de ma première culotte. Tu ne saurais même pas exorciser si on te demandait de le faire alors arrête de jouer les justicières et va voir ailleurs si j’y suis.

             Mai a toujours eu une place spéciale dans mon cœur. Comme ma préférée parmi les abrutis. Sans doute car elle est la plus stupide de toutes. Je me sens comme ce professeur d’école qui se prend d’affection pour l’élève turbulent qui chahute tout le monde et refuse d’effectuer les exercices.

             Un jour, elle réalisera sans doute que je suis un esprit centenaire et suis donc infiniment plus puissante qu’elle. Quoi que je ne sois pas pressée que ce temps arrive. Car elle arrêtera alors de me chasser et chercher mon attention et je ne la verrais plus.

             Je n’ai pas envie qu’elle s’en aille. Elle me distrait.

— Je vais te régler ton compte, crache-t-elle sans parvenir à se relever.

— Ah oui ? Et tu comptes t’y prendre comment, ma belle ?

             M’accroupissant, je me retrouve au-dessus d’elle. L’une de mes mains se pose sur son épaule. J’utilise à peine une infime partie de ma force pour la clouer au sol. Elle n’arrive plus à bouger, battant des jambes inutilement.

             Un cri rageur franchit ses lèvres.

— TU SAIS QUE JE VAIS TE FAIRE LA PEAU, UN JOUR ! JE TE TRANCHERAIS LA GORGE EST T’EXORCISERAI, JE T’ANEANTIRAIS, JE TE METTRAIS A GENOUX, JE TE SUPPLANTERAI ET TE SURVIVRAI ! TU MOURRAS, INFÂME CREATURE, DEMON DES OBSCURES ABYSSES !

             Passablement ennuyée, j’attends qu’elle termine son monologue. Puis, observant ses cheveux collés à son front couvert de sueur, je me surprends à me dire que cela est une vision particulièrement avenante avant de murmurer :

— Tu sais très bien que non, ma belle.

             Elle cesse aussitôt de se débattre. Je reprends.

— Tu sais que tu ne me battras jamais mais tu reviens quand même. Peut-être est-ce parce que je suis la seule personne qui tolère encore ta présence ? Ou peut-être est-ce…

             Je me penche sur elle, glissant mon visage dans le creux de sa nuque. Aussitôt émane de son corps une dense chaleur et elle retient sa respiration. Mais je sais qu’elle n’a pas peur. Mai ne craint jamais les esprits. Non, là, sa façon de se tendre est liée à autre chose.

             Mon souffle caresse sa nuque et je murmure :

— …simplement ton obsession qui te joue des tours ? Que ça doit être dur de désirer autant une créature ennemie de la tienne ?

             Ma tête bascule soudain sur le côté, percutée violemment. Elle m’a infligée un coup de tête. Je me recule, libérant sa main sur laquelle je marchais et souris en touchant l’impact. Bien que je sois un spectre, je suis tangible. Etant centenaire, j’ai appris à manipuler ma forme et peut choisir de devenir intouchable ou non.

             Là, afin de la clouer au sol, je me suis rendue tangible. Et elle en a profité.

— Petite futé…, je rigole tandis qu’elle s’empare de son revolver sur le sol. Tu es décidément une sacrée mal…

             Je n’ai pas le temps de poursuivre ma phrase que mon dos percute violemment une armoire en bois. Un hoquet me prend et je me cambre presque. Le canon de son arme se glisse sous mon menton et, me regardant, elle s’approche de moi. Nos corps se pressent l’un à l’autre, je sens chaque forme, chaque battement de cœur de son être.

             Son nez frôle le mien tandis qu’elle crache, agressive, ses yeux lançant des éclairs :

— Je t’ai dit que je te ferais la peau.

             Mais je vois bien dans son regard qu’elle n’y croit pas une seule seconde. Alors, enfonçant plus encore mon visage sur son pistolet, je lui souris :

— Vas-y, ma belle. Bute-moi.

             Ses yeux s’écarquillent et, le temps d’un instant, elle recule. Puis, elle raffermit aussitôt sa prise sans cesser de me fixer dans les yeux. Elle semble réfléchir, tenter de se convaincre. Mais sa main tenant l’arme se fait fébrile. Elle ne me tuera pas. Nous le savons toutes les deux.

             Seulement elle parvient tout de même à me surprend quand, à l’instant où l’arme se décroche de ma peau, ses lèvres se plaquent aux miennes.

             Mes yeux s’écarquillent et je réalise qu’elle a fermé les siens. Il me faut quelque seconde avant de comprendre l’étrange sentiment qui s’empare de moi. Je me sens libérée, vivante. Alors mes mains se referment sur sa tête et je ferme les paupières. Passant ma langue dans sa bouche, je l’enroule autour de la sienne et elle pousse un couinement que j’avale.

             Posant le revolver sur un pupitre, elle caresse mon dos. Je glisse mes mains sous ses cuisses qu’elle enroule autour de mon corps et la soulève pour la poser sur une table. Elle me rapproche d’elle sans cesser de m’embrasser.

             Mes mains passent dans ses cheveux, j’avale ses gémissements et mon corps ne cesse de se rapprocher d’elle, comme pour s’en nourrir. Je suis peut-être un spectre.

             Mais putain, Mai me rend vivante.

             Soudain, elle me pousse. J’observe ses joues rougies, sa cravate détachée, ses cheveux ébouriffés et son regard fuyant. Mes sourcils se froncent. Qu’est-ce qui lui prend ?

             Pour toute réponse, elle murmure avant de s’enfuir en toute hâte :














— Saleté de poltergeist.

































             Mai m’inquiète. Il n’est pas habituel pour elle de m’éviter. Et j’aurais aimé avoir plus d’explications sur ce qu’il s’est produit hier mais, ce qui n’est pas normal, nous sommes en début d’après-midi et elle n’a pas essayé une fois de m’attaquer.

             Je ne veux pas qu’elle quitte ma vie à cause d’un simple baiser. J’aime être avec elle. Elle me vivifie et me revitalise. Je ne veux pas qu’elle s’en aille pour une raison pareille.

             Et cela est précisément ce qui me motive à traverser le mur des toilettes, arrachant un cri de stupeur aux filles qui ne réalisent pas que je suis moi-même une femme. Toutes s’en vont à toute vitesse tandis que Mai lève les yeux au ciel en passant un pinceau rouge sur ses lèvres.

— Ça sert à quoi puisque je vais te le retirer ? je demande, une fois que nous sommes seules.

             Elle lève les yeux au ciel et ferme sa trousse, faisant mine de partir. Aussitôt, je redeviens tangible et lui saisis le bras pour la retenir :

— Non, attends. Désolée.

             Elle ne tente plus de fuir mais ne se tourne pas vers moi. La connaissant, je pars du principe que cela est bon signe et étaye :

— Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. Je pensais que c’était ce que tu voulais mais si tu préfères, on peut oublier, tu sais. Juste…

             Les mots se bloquent dans ma gorge. Je n’aime pas exprimer mes sentiments mais il est hors de question que je la perde pour une question d’égo.

— …Ne pars pas, s’il-te-plaît.

             Elle ne répond pas. Au bout de quelques secondes sous silence, je lâche sa main. Aussitôt, elle s’en va, quittant la pièce. Je réalise que je ne me sens vraiment aussi vivante qu’avec elle. Quand elle m’a embrassé, il m’a semblé que mon cœur battait et maintenant, il me cuit d’une douleur atroce.

             Seule dans cette pièce, je soupire, exténuée. Je n’arrive pas à croire que je viens de perdre la seule personne que j’aimais avoir dans mon quotidien. Aurais-je dû la repousser ? Ne pas lui rendre son baiser ?

             Soudain, la porte s’ouvre. J’écarquille les yeux en voyant Mai, à nouveau debout dans l’encadrement de la porte. Seulement la vision qu’elle m’offre me chamboule.

             Des larmes ravagent son visage et elle me fixe avec une détermination rappelant les champs de bataille.

— Retire-le moi.

             Elle fond sur moi et je ne réfléchis pas une seconde. Prenant son visage en coupe, je pose mes lèvres contre les siennes. Ce baiser est différent du premier. Nous ne bougeons pas. Comme pour figer l’instant. Le garder à jamais en mémoire. Ne pas être contraintes d’affronter la réalité.

             Ses lèvres ont un goût fruité mais aussi amère, celui des regrets. Je ne veux pas la lâcher, je ne veux pas qu’elle parte.

             Mais nous reculons.

— Vas-tu vraiment me repousser juste parce que je suis une fantôme ? je lance sans pouvoir retenir ma colère.

             Elle baisse les yeux. Pour la première fois depuis que je la connais.

— Nos valeurs sont trop différentes. J’ai été élevée dans la tradition exorciste, quelle immonde Zenin je ferais en cédant à un spectre aussi considéré comme un démon, mes deux pires ennemis ?

— Parce que tu penses vraiment que je n’ai aucune valeur ? je crache.

— Tu ne te sacrifierai pas pour sauver le monde.

— Je sacrifierai le monde pour te sauver, toi.

             Ses yeux s’écarquillent et elle les lève brutalement sur moi. Ma mâchoire se serre en réalisant la bourde que je viens de commettre.

— Ce n’est sûrement pas ce que je dois dire mais c’est tout à fait ce que je ressens.

– Tu sacrifierais le monde… pour moi ?

             J’acquiesce. Et, baissant les yeux, elle semble réfléchir à toute vitesse. Comme si elle réalisait lentement quelque chose, elle murmure :

— Tellement de personnes me regardent mais… tu es la seule qui me voit.

             Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Elle lève la tête et saisit mes mains. Méfiante, je la regarde faire.

— Tu n’as plus honte d’aimer un poltergeist ? je demande.

— Tu es la seule personne qui n’a pas honte de m’aimer.

— Cela ne répond pas à ma question.

             Elle déglutit péniblement, regardant nos mains liées. Ses joues se teintent de rouge et elle chuchote :

— Je veux juste être heureuse. Et forcée je suis de constater que les seules fois où je le suis, c’est quand je suis avec toi.

             Ses yeux larmoyants se plantent dans les miens.

— Je suis désolée d’avoir pu te faire sentir comme une erreur de la nature ou d’avoir pu montrer une honte du fait de mes sentiments envers toi… Laisse-moi me racheter.

             Mes sourcils se froncent.

— Et comment comptes-tu te racheter ? je demande.

             Ses yeux louchent sur ma bouche tandis qu’elle s’approche de moi, nos nez se frôlant.

— Il me semble que tu n’as pas fini de tout retirer.

             Je ris doucement avant de poser mes lèvres contre les siennes. Le contact est d’abord doux, chaud, chargé d’espoir. Puis, sa bouche s’ouvre et ma langue la pénètre. Nos muscles s’enroulent l’un contre l’autre. Je n’arrive pas à me retenir, j’ai besoin de la sentir contre moi.

             La plaquant à mon corps, je glisse mes mains sous ses cuisses dénudées par sa jupe. Ses jambes s’enroulent autour de moi et elle caresse ma tête tendrement. Puis, je la dépose sur le lavabo, ne cessant de la dévorer.

             Mon cœur bat à toute vitesse.






















             Mai me ramène à la vie.


































...
A demain avec Ace ! Merci énormément de suivre cette aventure !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top