EPISODE 25
— megumi x reader —
MEGUMI EXCELLE SUR BIEN des points à l’exception de celui que je juge être le plus important.
Jamais je n’ai été très friande des effusions d’émotions. Quand je me suis rapprochée du noiraud, il y a quelques mois, je me suis bien découvert quelques sentiments pour lui mais notre histoire a été relativement simple, ce qui n’a pas été pour me déplaire.
Un soir, j’ai expliqué à l’exorciste que je m’étais attachée à lui. De son côté, il a admis ressentir la même chose et nous avons, depuis, considéré nos personnes comme un couple. Cela me sied d’ailleurs tout à fait, jusqu’au jour où j’ai réalisé combien mon histoire différait des autres.
Megumi et moi ne marchons pas main dans la main dans les couloirs d’Halloween High. A la pleine lune, il ne m’apporte aucun met pour soulager ma douleur liée aux mutations. Jamais je ne l’ai vu voler un bouquin sur les chats-garou pour tenter de mieux me comprendre. Il n’a pas non plus le réflexe de m’embrasser sur les lèvres le matin, lorsqu’il me croise.
Je me demande parfois si nous sommes en couple.
— A toi.
Sa voix résonne, juste devant moi. Nous sommes assis dans une salle commune, entourés par des tableaux et chandeliers. L’ambiance est assez calme, détendue, du feu craque dans la cheminée et de la buée se dessine sur les fenêtres. Entre nous s’étend un plateau d’échec.
Je bouge un pion du bout de ma griffe.
— Quelque chose ne va pas ? demande-t-il alors.
Il sait que mes griffes ne sont visibles que lorsque mes sentiments sont exacerbés. Mais je secoue aussitôt la tête pour nier. Il ne cherche pas plus d’explications et hausse les épaules, déplaçant une tour. Je manque de soupirer.
J’aimerai qu’il insiste, qu’il creuse, qu’il se fasse du soucis pour moi. Il y a peu, quand des inspecteurs sont arrivés à Halloween High pour enquêter sur des phénomènes étranges, je me suis empressée de savoir comment il allait. Car j’avais appris que son père — avec qui il entretient une relation compliquée — faisait parti des hommes déployés par le ministère.
Il m’a promis qu’il allait bien mais je suis restée à ses côtés. Lui ne fait pas de même pour moi.
— Je vais aller dans ma chambre, je lance soudain, me levant alors que nous n’avons même pas finit de jouer.
Le noiraud fronce les sourcils. Ses yeux émeraudes me dévisagent tandis qu’il me suit du regard. Là, dans son uniforme d’Halloween High, son teint hâlé illuminé par la lumière tamisée de la cheminée, je ne peux m’empêcher de remarquer à quel point il est beau. Mais cela ne suffira pas à me retenir.
— Déjà ? Mais on a pas fini de jouer.
— Moi, si, je grommelle.
Peut-être que je ne parle pas que du jeu ? Je ne le sais point. A chaque geste que fait Megumi, je suis éblouie par sa beauté. Son calme m’apaise et nos discussions d’autrefois me manquent. Je regrette les après-midi que je passais à m’esclaffer avec lui.
Je ne sais pas pourquoi tout a changé mais je suis certaine que cela est loin de me plaire.
— (T/P).
Sa voix est ferme. Je sais qu’il se montre patient et me demande implicitement de ne pas le repousser. M’arrêtant, dos à lui, j’observe la porte se dessinant devant moi. Personne n’est avec nous, dans cette pièce. Nous avons le droit à une délicate intimité que beaucoup rêverait d’avoir.
Mais je n’ai pas la sensation qu’elle nous serve grandement. A vrai dire, elle me paraît même profondément inutile.
— Quoi ? je réponds d’une voix assez sèche sans même me retourner.
— Parle-moi.
Il marque une brève pause.
— S’il-te-plaît.
Mes sourcils se froncent et je me tourne vers lui. Son expression est la même qu’à l’accoutumée. Il semble presque ennuyé et n’affiche aucune émotion particulière. Mais je le connais assez pour reconnaitre la lueur brillant dans son regard, la douceur sincère qu’exprime son cœur.
Je soupire, me sentant soudain bien stupide et me laisse tomber sur la chaise que je viens de quitter. Il me regarde faire et claque des doigts. Aussitôt jaillit une créature du néant, un fléau — une arme d’exorciste — qui range les pièces du jeu d’échec tandis qu’il croise les bras pour m’observer en silence.
— J’ai bien vu que tu n’allais pas bien et même si j’ai décidé de te laisser le maximum de temps possible pour que cela s’arrange, je suis désolé mais je ne supporte plus de te voir dans cet état. J’ai besoin que tu sois franche avec moi sinon je ne pourrais pas t’aider.
Mes sourcils se haussent. Et moi qui croyais qu’il se fichait de moi. Comme s’il avait deviné mes pensées, il tend sa main par-dessus la table pour saisir la mienne. Je me crispe aussitôt, craignant qu’il se blesse sur mes griffes mais aussitôt, il chuchote :
— Je ne crains rien chez toi si ce n’est ton malheur. T’occupes pas des griffes mais de moi. Dis-moi ce qu’il se passe.
Je lève les yeux vers lui, chamboulée. Un frisson me parcourt et je le laisse me caresser plus doucement encore la main, légèrement prise de court.
Il se montre si prévenant avec moi ce qui rend la tâche de l’accabler de reproches particulièrement délicate. Je ne veux pas lui faire de mal ni lui causer de torts. Il mérite bien mieux. Mais je dois avouer qu’il ne s’est pas illustré dans le rôle du petit-ami parfait, ces derniers temps.
— Ecoute, Megumi, c’est pas très utile de…
— Bien sûr que c’est utile. C’est de toi qu’on parle là, de ton bonheur. Il est hors de question que j’ignore une telle chose.
Je soupire, soudain bien embarrassée. Son pouce caresse le dos de ma main, se voulant réconfortant mais je ne me sens que pire encore, détestant la méchanceté dont j’ai pu faire preuve dans mon jugement.
— Je suis désolée, Megumi, je… J’avais la sensation que tu ne m’aimais pas. Alors j’étais jalouse des autres couples mais aussi particulièrement en colère…
— (T/P)…, murmure-t-il.
Pour la première fois depuis longtemps, une expression distincte apparait sur ses traits. Et je m’en veux profondément en réalisant que je suis celle l’ayant fait surgir. Car il semble sincèrement blessé par ce que je viens de dire. Ses yeux se baissent et il fixe la table, l’esprit flottant.
— Je ne suis pas très doué pour te le montrer mais je te jure que je t’aime. Je suis désolé de ne pas avoir été à la hauteur. Je suis vraiment fier d’être avec toi et je sais que rien ne différencie maintenant de la période où on était amis parce que maintenant comme avant, on est toujours ensemble.
Il regarde le plateau d’échecs sous ses yeux, pliés avec soin par son fléau.
— Je pensais que tu aimais bien passer du temps avec moi, chuchote-t-il en lâchant ma main comme si celle-ci était brûlante et l’avait blessé.
Aussitôt, mon cœur se serre. Non ! Il ne m’a pas du tout comprise ! Ce n’était pas de cela que je parlais !
— Bien sûr que j’aime passer du temps avec toi ! je m’exclame en faisant le tour de la table. Parfois, j’ai juste peur que tu ne me voies que comme une amie ou que tu t’ennuis en ma présence.
Megumi n’est pas au fait des choses de l’amour. Bien qu’il sache qu’un baiser ne s’échange qu’entre personnes en relation amoureuse, il ne sait pas quand m’embrasser et je crains de le forcer.
— Mais tu es mon amie ! Une amie que j’aime encore plus que les autres et avec qui je souhaite passer ma vie. Je ne sais juste pas comment agir autrement que comme cela, je suis comme cela… Et je suis désolé de te décevoir, je comprendrais si ce n’est pas assez et que tu préfères partir…
— Jamais je ne partirai.
J’ai pu hésiter mais cette dernière conversation m’a rappelée pourquoi et à quel point j’aimais Megumi.
Debout devant sa chaise, je passe une main dans ses cheveux. Il rougit violemment en me sentant faire et m’observe, intimidé. Je lui souris tendrement et chuchote :
— Laisse-moi te montrer.
Il acquiesce et je m’assois sur ses cuisses doucement. Il se crispe et détourne la tête pour ne pas regarder ma poitrine. Je ris doucement, attendrie par sa réaction et saisis l’un de ses bras que je passe autour de moi pour le sécuriser. Puis, je fais pareil avec le deuxième.
Prenant son visage en coupe, je le force à me regarder. D’inhabituelles rougeurs couvrent ses joues, charmantes. Je souris en les voyant et frotte mon nez contre le sien avant de poser mon front sur son jumeau. Ses bras se raffermissent sur moi et il m’observe, les yeux grands ouverts.
— On peut faire ce genre de choses…, je chuchote. Enfin, si ça te plaît, évidemment.
Il déglutit péniblement.
— Oui, ça me plait beaucoup.
Je ris doucement afin de me pencher sur lui. Nos lèvres se frôlent et je chuchote contre sa bouche :
— Et n’hésite pas à m’embrasser quand tu le souhaites.
Sans perdre un instant, il s’exécute. Fondant sur moi, il me happe et m’embrasse avec une passion que je ne lui avais jamais connu, comme s’il s’était retenu dans le moindre de nos rares baisers et implosait à présent. Ses mains caressent mon dos, cherchant avidement la moindre de mes courbes et je souris contre lui.
Bientôt, nous nous séparons, à bout de souffle.
— Eh bien, Megumi, je ne t’imaginais pas si désireux de m’embrasser.
— J’avais peur d’aller trop loin en faisant réellement ce dont j’avais envie alors je me retenais, chuchote-t-il.
Caressant son front, j’écarte l’une des mèches noires qui tombait sur ses yeux avant d’embrasser sa tempe tendrement.
— Tu peux tout faire avec moi, je ne te jugerais pas et te dirais si cela ne me convient pas.
Passant mes bras autour de sa nuque, j’enfouis ma tête dans le creux de son cou. J’ai rêvé de cela, ce simple acte de tendresse que tant d’amoureux font et je me sens comme bénite d’y avoir le droit, à mon tour. Un sourire me prend et je soupire contre son oreille :
— Le mal de notre couple a été le manque de communication. Ne répétons pas à nouveau cette même erreur stupide. D’accord, mon amour ?
Il acquiesce et pose une main sur ma tête, la caressant. Je souris à ce geste affectueux et me redresse pour le regarder.
— Bon, qu’est-ce que tu veux faire ce soir ? je demande.
Il hésite un instant et je sens qu’il n’ose pas me parler. Mais je le connais assez pour savoir ce qu’il se trame dans son esprit.
— Je veux bien jouer aux échecs mais autour d’un pique-nique dans le jardin, d’accord ? Histoire de mêler un peu de romantisme à tout cela.
— Je suis tout à fait partant, chuchote-t-il en entourant mon corps de ses bras, me serrant contre lui.
Je pouffe en le sentant faire, grisée. Il m’observe rire quelques instants, les yeux brillants. Surprise, je lui demande pourquoi il me fixe ainsi et il me répond simplement, avec une douceur déconcertante :
— Rien… C’est juste que tu es vraiment une femme magnifique.
Mon cœur fait un bond et je hausse les sourcils, surprise. La spontanéité de sa déclaration me touche et je me sens brûler de l’intérieur, fondant. D’un geste vif, j’enfouis mon visage dans sa nuque, touchée.
Aussitôt, il caresse ma tête :
— C’était trop ? demande-t-il d’un air inquiet. Cela t’a gênée ?
— Pas du tout ! Enfin… Je suis gênée d’être aussi flattée mais tu n’as rien fait de mal, crois-moi.
Je me redresse et il écarquille les yeux en regardant le sommet de mon crâne. Comme à chaque fois que je suis flattée, quelques attributs de mon métamorphe sont ressortis. Un rire le prend quand il caresse doucement mes oreilles.
Je me penche sur le côté, grisée par ses gratouilles et il rit doucement en me voyant faire, sachant que c’est incontrôlable.
— Ah oui donc tu es très loin de l’avoir mal vécu, rit-t-il doucement.
Pour toute réponse, je l’embrasse passionnément.
...
Merci d'avoir lu ! A demain avec Mai !
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