→˚₊· ܴೈ 𝓙𝐨𝐮𝐫 𝟐𝟏 : 𝒃𝒂𝒌𝒖𝒈𝒐 𝒙 𝒓𝒆𝒂𝒅𝒆𝒓
ÉPISODE 21
— bakugo x reader —
BIEN QUE LES CREATURES soient diverses, ici, aucune n’est comme moi. A quelques exceptions près. Quelques autres monstres ont été façonnés de façon similaire à moi mais nul hormis moi ne peut se targuer d’avoir été créé de toute pièce et être vivant. Pas même les robots chez qui la vie s’est créée majoritairement grâce à des sortilèges ou programmes complexes.
Cousue et infestée de boulons, j’ai été ramenée à la vie grâce à la foudre. Mon corps façonné par un docteur fou est devenu la prouesse de ce dernier. Et la première œuvre qu’il avait conçue porte aujourd’hui le titre tristement célèbre de bête. Mais un nom plus célèbre encore lui est affilié, celui de son créateur. Du mien.
Le docteur Frankenstein.
J’aime à décrire la créature que je suis comme étant merveilleuse. Car l’idée même que l’on ait pu ramener la vie dans un corps qui en était dépossédé me fascine. Mais les humains ne sont pas de cet avis. J’ai donc trouvé réconfort à Halloween High, où les créatures sont si nombreuses et variées que juger la différence d’un tiers devient simplement incongru.
Cependant, certaines fois, même mes collègues de cette université en veulent à ma nature. Et je peux les comprendre. En branchant un appareil robotique à mes boulons en cours de mécanique, exaspérée de devoir attendre que la prise se libère alors que nous étions trente élèves, j’ai courcircuité le système et ai plongé la seule pièce du château pourvue d’électricité dans le noir.
Le club de robotique me hait.
Marchant dans les couloirs, j’évite les regards apeurés des élèves me croisant. Ma manipulation a aussi eu un effet sur mon corps et ce dernier est traversé d’éclairs, signe que mon système est loin d’être en bon état et qu’il est fort possible que je crame quelqu’un sans même le vouloir.
Une jeune fée virevolte loin de moi, aussitôt imitée par un kitsune qui fronce le nez. Je marche le long d’un couloir du rez-de-chaussée. A ma gauche, de grands arcades rendent visibles le jardin fleuries et parsemé de fontaines. A ma droite, quelques portes donnent sur des salles et, au bout, je reconnais la double-porte flanquée de deux gargouilles marquant l’entrée de la bibliothèque.
Les gargouilles sont toutes des harpies mais celles d’Halloween High sont pires — vraiment pire. Et les gardiennes de la bibliothèque ont une particularité : elles interdisent quiconque d’entrer dans cette pièce. A ma connaissance, nul n’a jamais posé pied dans cet endroit à l’exception de Dabi et sa petite-amie, deux élèves de troisième année — et qui sont en détention dans le sous-sol depuis que le professeur Muzan les a surpris.
Quoi qu’il en soit, le principe de cette bibliothèque est particulier.
Je me souviens encore du jour où, agacée que mon maquillage ne fonde à cause de la surchauffe de mon système, je me suis placée devant les gargouilles et leur ai demandé de m’ouvrir la porte de la bibliothèque. Elles m’ont dit que la porte ne s’ouvrait jamais, que c’était elles qui donnaient les livres dont nous avions besoin. J’ai alors ouvert la bouche pour leur dire ce que je voulais mais elles m’ont coupée, me tendant un manuel d’histoire.
Lorsque, désarçonnée, j’ai objecté en disant que je n’étais pas venue chercher un manuel d’histoire, elles m’ont rétorqué qu’elles se fichaient bien de ce que j’étais venue chercher, elles me donnaient ce dont j’avais besoin. Jamais je n’ai voulu y retourner, comprenant qu’il était inutile d’espérer y trouver un ouvrage particulier.
Oui. Je m’étais fait le serment de ne jamais retourner les voir mais il me faut à tout prix un manuel pour revisser et replacer mes boulons correctement.
— Bonjour, je salue poliment en me dressant devant elles.
— Mes aïeux, on aurait sans doute mieux fait de lui donner le manuel, quel maquillage affreux !
Je lève les yeux au ciel, coutumière de leur méchanceté.
— Vous savez très bien de quoi j’ai besoin, je soupire. C’est une question de vie ou de mort pour mes camarades que je revisse mes boulons alors donnez-moi un manuel, s’il-vous-plaît.
— De vie ou de mort ? Vraiment ? lance l’une d’entre elles.
— Tu veux dire que certains des empotés qui viennent sonner nos cloches toutes les minutes pourraient décéder ?
Le rire malicieux de la deuxième ne me dit rien qui vaille. Elle sourit en échangeant un regard venimeux avec sa consœur. Puis, elles se tournent vers moi et lancent d’une même voix :
— Non.
Je me raidis.
— Non ? Mais vous êtes obligée de m’aider, dans un cas comme celui-ci ! C’est une question de vie ou de mort ! C’est dans le règlement !
— Si c’est dans le règlement, ça me fait une raison de plus de ne pas t’aider.
Mes yeux s’écarquillent. Bon sang, quel est le problème de ces harpies ? J’ouvre les lèvres pour les incendier mais une voix brute et grave résonne dans mon dos :
— (T/N), quand est-ce que tu vas comprendre que ce sont deux connasses ?
Je sursaute presque. Katsuki Bakugo. Un loup-garou qui se trouve dans l’un de mes cours et que j’observe de loin, assez impressionnée par sa force et intimidée par son caractère. Jamais je n’aurais cru qu’il connaissait mon nom.
Cependant je ne veux pas lui laisser savoir qu’il m’impressionne et m’assure que ma voix est franche quand je réponds :
— Sans doute mais j’ai besoin de réparer mon système.
Me retournant, je l’observe. Il a abandonné son uniforme — ce qu’il n’a, bien entendu, pas le droit de faire. Un débardeur noir moule son torse affiné et musclé par les heures de pleine lune où il a tiré sur des chaines le retenant captif avec hargne.
Sa bouche rosée se finit en une moue sous son nez assez imposant séparant ses deux yeux venimeux. Il n’a rien du blondinet doux et inoffensif berçant les clichés. Non. Sa rage de vivre se lit sur son visage, impressionnante.
— Ton système ? C’est toi qui a fait sauter le labo de robotique ? lance-t-il.
Je déglutis péniblement, embarrassée. Il hausse les épaules en me voyant faire puis marche vers moi. Je me raidis en le voyant rompre la distance nous séparant si facilement. Je ne serais pas capable de le faire. Je demeurerai pantoise, effrayée par son fort caractère.
Mais lui se plante devant moi et, fronçant les sourcils, tire sur le col de ma chemise. Je me raidis en écarquillant les yeux tandis qu’il plisse les yeux, observant manifestement la couture cousant la peau de mon cou. Mais qu’est-ce qui lui prend ?
Il ne me parle même pas, semblant très investi dans ce qui se déroule sous ses yeux. Puis, saisissant un crayon de papier glissé sur son oreille, il le dégaine et le pose près d’un boulon dépassant de la couture. Je n’arrive pas à deviner ce qu’il fait après mais il ne cesse de remuer sans se préoccuper des bruits inquiétants de mon corps.
Soudain, il cesse tout mouvement. Les éclairs se sont arrêtés. Je ne fais plus aucun bruit… Il me semble que Bakugo vient juste de me réparer.
— Eh voilà le travail, lance-t-il de sa voix bourrue en rangeant son crayon sur son oreille.
Puis, sans même me laisser le temps de le remercier, il tourne les talons.
ꕥ
Je n’ai pas eu l’occasion d’interpeler Katsuki au sujet de sa prouesse mécanique d’hier. Même moi, qui suis censée connaitre mon système, n’ai pas su expliquer le problème. Mais lui, sans un mot ni habituel cri de colère, il s’est contenté de s’approcher et trouver une solution au problème.
Il est du genre colérique. Je l’aurais davantage cru capable d’hurler à cause du danger que je représente en me disant que c’est stupide de se trimballer avec des boulons dans le corps si on ne sait pas les réguler mais il ne m’a fait aucune remarque ni ne s’est vanté de m’avoir sortie de cette mauvaise passe.
A présent assise derrière lui pendant que Muzan fait cours, je ne peux m’empêcher de fixer sa nuque. Du moins, je fais la même chose que chaque jour depuis qu’il s’est installé à cette place pour la première fois mais, aujourd’hui, je me souviens de le sensation dure du crayon sur ma nuque et chaude de son souffle sur mon cou.
Il n’a aucune idée du surchauffage auquel il a soumis mon système, en agissant de la sorte.
A présent, Muzan parle de créatures aquatiques et leurs rituels funéraires mais je n’écoute pas le moins du monde, traversée de mille et unes questions. Pourquoi Katsuki en connait-il autant sur mon système d’exploitation ?
J’ai toujours été intriguée par lui mais ce qu’il s’est produit hier a fait empirer les choses.
— Mademoiselle (T/N), vous pouvez me le dire, si mon cours vous ennuie.
Je me raidis aussitôt. Mon nom de famille m’a semblé autrement plus percutant quand Katsuki l’a prononcé que maintenant. Mais j’en demeure effrayée. Mes yeux se posent sur le professeur Muzan qui semble agacé et mes entrailles se soulèvent quand le blond se retourne pour me regarder.
— Pardon.
— Que ça ne se reproduise plus.
Le cours reprend mais Katsuki continue à me regarder. Intimidée, je décide tout de même de le regarder à mon tour, espérant le chasser.
Mais au moment où nos regards se croisent, il m’adresse un clin d’œil avant de se reconcentrer sur sa copie.
ꕥ
Le jardin est traversé de beaucoup de personnes marchant et flânant parmi les bosquets. A une intersection se trouve une fontaine. Comme Izuku me l’a gentiment indiqué, le blond s’y trouve. Un bouquin à la main et assis, il lit sans se préoccuper des gens l’entourant. Je ne l’aurais pas cru du genre à lire, cela me surprend agréablement.
Mais je me fige en réalisant de quel livre il s’agit. Rouages et Systèmes de Mes Créations par le docteur Frankeistein. Il s’agit de l’écrit grâce auquel il m’a régulée !
— Tu sais que c’est malpoli d’espionner, (T/N) ? retentit sa voix.
J’écarquille les yeux. Bien que je sois à quelques mètres de lui, je ne pensais pas qu’il m’avait reconnue. Il y a tellement de personnes par ici et il semblait si concentré. Même là, il ne lève même pas la tête de son bouquin pour me regarder.
— Je suis un loup-garou, je peux te traquer à l’odeur, explique-t-il en devinant mes pensées.
— Je pensais que seuls les vivants avaient une odeur, je m’étonne.
— Tout le monde a une odeur.
Ses yeux se lèvent enfin de son livre pour se planter directement dans les miens. Je tressaille presque face à la force de ses pupilles.
— Surtout toi.
Déglutissant péniblement, je ne réponds pas tout de suite. Mais les secondes passent et, esquissant un sourire en coin, il se tourne à nouveau vers les pages.
— Tu as semblé calme, ces derniers temps, je fais remarquer.
— Parce que je ne t’ai pas hurlée dessus en te voyant en survolte et lis un livre ?
— Euh… Oui.
Il rit doucement. Un son grave et déstabilisant. Court. Tel un grondement si mystérieux qu’il en devient effrayant. Puis, refermant son livre et se levant de la fontaine, il marche jusqu’à moi. Je me raidis en le voyant faire, le souffle court.
— Qui sait… Peut-être que j’ai trouvé une façon de m’apaiser ? soupire-t-il en faisant promener sa griffe le long de ma joue.
Puis, sans plus de parole, il tourne les talons. Hébétée, je mets quelques instants avant de me retourner pour le regarder partir. Il est déjà très éloigné donc je m’exclame :
— ATTENDS !
Plusieurs têtes se lèvent vers moi et je suis soudain bien embarrassée. Katsuki, lui, ne se retourne pas mais il s’arrête de marcher. Puis, sans même se retourner, il chuchote :
— Viens ici au coucher du soleil.
ꕥ
Nerveuse, je lisse mon uniforme du plat de la main tout en observant le soleil rougeâtre se décliner au-dessus de moi. Les cours des élèves diurnes sont finis depuis quelques heures et les vampires sortiront bientôt de leur chambre pour aller à leur tour étudier.
Mais, au lieu de me préparer à dormir dans mon lit, je suis debout dans les jardins. Ceux-ci sont déserts, à cette heure tardive. Et cela les rends encore plus beaux, surtout sous cette lumière rougeâtre.
— Tu es venue.
Je me retourne. Katsuki est là. Une nouvelle fois, il a abandonné son uniforme. Un débardeur noir habille son torse musclé, laissant voir ses bras imposant et un jogging gris cache ses jambes. Je devine qu’il sort d’une séance de sport intensive.
Il ne se tient qu’à un pas de moi, juste devant moi.
— Tu voulais me parler, Bakugo.
J’insiste sur son nom de famille, ayant remarqué son habitude d’utiliser le mien. Il sourit en m’entendant faire, regardant au loin.
— Oui, je voulais te parler, lance-t-il. Ou plutôt, je voulais te donner ça.
Il me tend au livre doté d’une relire épaisse et gravé. Je reconnais l’ouvrage de mon créateur. Celui qu’il lisait, tout à l’heure.
— Je… Merci.
— Ne me remercie pas et prends-le. Tu devrais savoir comment te réparer toute seule.
Je m’exécute et saisis le bouquin. Mais je peine à croire que ce soit la seule raison pour laquelle il m’ait faite venir ici.
— Pourquoi tu lisais ce bouquin, toi ?
Il ne répond pas tout de suite, presque songeur. Puis, il hausse les épaules.
— Peut-être que j’espérais qu’une créature faites de boulons ait besoin de mon aide un jour et que je la répare.
Mon cœur bat avec force. Pardon ? Il semble tout à fait sérieux. Il ne blague pas. Et, sans même me laisser le temps de digérer sa phrase, il s’en va, tournant les talons.
Mais je l’interpelle.
— Bakugo !
Il s’arrête mais ne se retourne pas.
— A quoi tu joues ? je lance. T’as besoin d’une distraction ? Ou t’as reçu un pari ? Parce que j’ai du mal à comprendre qu’un gars qui lève les yeux au ciel dès que la moindre personne parle ait pu avoir envie de lire un livre pour se rapprocher de la seule créature de Frankenstein de sa classe ?
— Une distraction ?
Il se retourne enfin. Mes épaules s’affaissent.
— Tu ne m’as jamais adressé la parole. Alors pourquoi ?
Il détourne brutalement le regard.
— Je rêve où tu rougis ? je m’exclame.
— MOI !? ROUGIR !?
J’éclate presque de rire en le voyant s’écrier soudain de rage, outré. Haussant les épaules, je souris.
— Eh bah voilà, c’est pas compliqué d’être soi-même, hein ?
Il regarde le sol un bref instant, réfléchissant.
— Ça ne te dérange pas que je sois…ce que je suis ?
A mon tour, je m’approche et me plante juste devant lui. Mes yeux se plantent dans les siens tandis qu’une douce chaleur m’envahit. Nous sommes juste en face l’un de l’autre.
— Rien ne me dérangera jamais dans ce que tu es.
Comme si ces mots avaient déclenché quelque chose en lui, ses mains se posent sur mes joues et ses lèvres pressent les miennes. Aussitôt, mon cœur fait un bond et j’agrippe son débardeur, le rapprochant encore plus de moi.
Ses bras se glissent autour de moi et nos langue s’enroulent. Mes yeux roulent dans mes orbites tandis qu’il caresse mon dos. Mes mains se perdent dans ses cheveux et nous nous embrassons longuement.
Puis, nous finissons par nous séparer. Son front se pose sur le mien et il chuchote :
— Je crois que si tu aimes celui que je suis, je finirais aussi par l’accepter, (T/P).
...
Désolée pour l'heure tardive ! A demain avec Shoto !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top