→˚₊· ܴೈ 𝓙𝐨𝐮𝐫 𝟏𝟓 : 𝒔𝒉𝒊𝒈𝒂𝒓𝒂𝒌𝒊 𝒙 𝒓𝒆𝒂𝒅𝒆𝒓

ÉPISODE 15
— shigaraki x reader —































             UN MONSTRE EST TAPI sous mon lit.

             Jamais je n’ai attiré l’attention de mes pairs. Certains entrant à Halloween High savent se faire remarquer. Leur statut d’humain leur vaut des insultes ou celui de créatures surnaturelles leur permet de se hisser à un certain niveau au sein de notre société monstrueuse.

             De mon côté, j’ai toujours su me faire discrète. Démone d’eau, je n’ai jamais vraiment été le genre à vouloir me faire remarquer. Je vais en cours puis rentre dans ma chambre sans m’arrêter pour discuter avec des amis. Je ne suis pas du genre à aimer les groupes.

             Cette raison précise m’a d’ailleurs poussée à demander, depuis mon arrivée au sein de ce château, une chambre simple. Les étudiantes sont généralement réparties dans des dortoirs où elles deviennent quatre colocataires mais ce mode de vie ne m’a jamais plu. Qu’il s’agisse de nos horaires ne coïncidant pas forcément, de l’absence d’intimité, de possibles tensions ou même de simple manque de place, je ne suis pas friande de ce modèle.

             Pourtant, je m’y suis pliée longuement. Malgré mes lettres à l’administration requérant une chambre simple, j’ai toujours été courtoise lorsqu’ils me refusaient cette demande. Jusqu’au jour où le miracle s’est produit.

             L’une de mes colocataires m’avait annoncé que j’avais un courrier. J’ai déballé le papier fermé du cachet rouge sang d’Halloween High et y est lu quelques mots déposés en écriture manuscrite. Ceux-là m’informaient du fait que je pouvais, si je le souhaitais, prendre mes appartements dans une chambre simple.

             J’ai d’abord été surprise. La raison pour laquelle je me suis toujours vue refusée l’accès à une chambre simple est qu’il n’y en a aucune, ici. Toutes sont larges et conçus pour accueillir plusieurs lits. Même si je continuais d’envoyer des courriers, je n’espérais pas vraiment que la situation change.

             Cependant cette nouvelle chambre où on me proposait d’emménager seule n’était pas une chambre simple. Et la lettre m’informait que je ne serais pas tout à fait seule.

             Quatre lits, dans cette pièce, visaient à accueillir des colocataires. Mais toutes avaient fui en réalisant l’existence d’une présence, dans cette pièce, un monstre qui se tapirait sous leur lit et ferait bouger les sommiers, les terrorisant. Aussi, la proposition de l’administration était limpide : soit je m’engageais à arrêter de leur envoyer des courriels, soit j’emménageais dans cette chambre car il s’agissait de la seule pièce que l’école était en mesure de m’offrir.

             Voilà comment je me suis retrouvée, allongée seule dans cette vaste pièce, les yeux grands ouverts malgré la nuit tombée, fixant le plafond au-dessus de ma tête, incapable de trouver le sommeil à cause de bruit d’ongles grattant le bois du parquet. Ces filles disaient vraies. Il existe véritablement un monstre, sous ce lit.

             Je soupire, fixant les rideaux de mon lit à baldaquin. Je n’ai pas peur. Je sais me battre, à l’instar de chaque démon, et suis de nature à penser que ce monstre devrait être effrayé par moi et non l’inverse. Qu’importe la nature de la bête ayant pris refuge sous mon matelas, elle peut vivre ici tant qu’elle se fait silencieuse.

             Sinon, je n’hésiterais pas à la déloger de mes propres mains.

— Arrête ça, j’essaye de dormir, je gronde d’une voix enrouée par le fatigue.

             Le bruit des grattements s’arrête aussitôt. J’esquisse un sourire satisfait et ferme les yeux, réajustant les draps de soie sur mon corps. Seulement, aussitôt, le bruit reprend. Mes paupières s’ouvrent à nouveau et je serre la mâchoire.

             Non mais je rêve. Non seulement le bruit d’ongles crissant sur le bois n’est pas agréable mais j’ai en plus cours demain et n’ai franchement ni l’envie ni la patience de débattre maintenant avec un monstre. Poussant un soupir, je me traine sur le matelas et, allongée sur le ventre, fait dépasser ma tête du lit pour regarder en-dessous.

             L’obscurité me rend impossible la tâche de distinguer quoi que ce soit. Je ne vois qu’une masse noire sous le matelas et me contente de déclarer d’une voix endormie :

— Bon, je ne sais pas ce qu’est ton problème ni pourquoi tu aimes autant saouler le monde. J’ai bien compris que tu partais du principe que c’était chez toi et que tu espères qu’en m’effrayant tu pourras me faire partir mais je compote bien rester alors arrêtes tes conneries.

             Je me redresse et me replace sur le lit. Mais je me ravise aussitôt et, à nouveau, me jette au bord du lit et regarde en-dessous :

— Et tu serais sans doute moins aigri si tu dormais pas sur du parquet mais un matelas.











             Là-dessus, je reprends ma place. Plus aucun bruit ne se fait entendre pour le restant de la nuit. Je parviens à m’endormir rapidement. Et pour la première fois depuis longtemps, mon sommeil est réparateur.










































             Bien que ma chambre soit hantée, jamais je ne me suis sentie aussi détendue. Mes nuits ne sont plus rythmées de conversations tardives, mes matinées ne sont pas chahutées par les allées et venues de chacune. Je suis apaisée. Cela ne fait qu’une semaine que j’ai emménagé dans mon nouveau lieu de vie mais aucun déconvenue n’est apparu.

             Chaque soir, je me suis couchée et ai fermé les yeux. Au bout de quelques dizaines de minutes, j’entendais régulièrement le parquet grincer sous mon lit, comme si quelqu’un sortait de cette zone et s’installait sur le matelas à côté du mien. Mais, le matin, je me retrouve toujours seule.

             Poussant la porte de la chambre, je découvre la lumière du soleil baignant la salle. Les lits aux rideaux rose pâle, les commodes d’antiquaires et les placards savamment travaillés. Comme d’habitude, je lance un regard sous mon matelas mais aucune forme ne s’y dessine. Le monstre doit se cacher quelque part. Mais je ne sais pas exactement où.

             M’installant à mon bureau, je sors un rouleau de parchemin ainsi que quelques grimoires que je dispose autour de moi. Puis, en ouvrant un, je commence à effectuer mes recherches. Le professeur Muzan, enseignant l’histoire de la magie noire, a été limpide sur le fait que nos dissertations devaient êtres sourcées et argumentées. Les gargouilles tenant la bibliothèque m’ont donné de quoi remplir ses critères.

             Les heures passent tandis que je gratte à toute vitesse sur la feuille. Mon poignet me fait mal et la plume menace de se briser mais je ne cesse de couvrir mon parchemin d’inscriptions. Je dois boucler tout cela le plus rapidement possible.

             Soudain, mes sourcils se froncent.

— Sorts d’amnésie, les sorts d’amnésie, je chuchote en soulevant les différents grimoires étalés autour de moi. Je suis sûre de vous avoir vus quelque part…

             Un nombre incalculable de livres aux reliures de cuir s’entassent devant moi et je ne serais pas capable de dire où j’ai bien pu voir l’article m’intéressant. Je tourne en rond, déplaçant la moindre feuille sur mon bureau. Quand soudain, un froissement retentit derrière moi.

             Je me retourne vivement et remarque quelque chose de changé, dans la pièce. Tous les livres que j’ai sont soient ouverts sur mon bureau, soient rangés dans les étagères. Cependant j’aperçois un grimoire ouvert et posé sur mon lit.

             Les sourcils froncés, je m’en approche. Bientôt, j’aperçois le titre de la page.

« Les sorts d’amnésie au travers des siècles. »

             Me redressant, je regarde autour de moi, tentant d’apercevoir le moindre mouvement suspect. Le monstre est là. Je l’ai toujours su, l’administration m’en a informé et j’ai même tenté de lui parler la première nuit de mon arrivée ici. Mais je suis assez surprise de constater qu’il essaye aussi d’entrer en contact avec moi.

             Hésitante, je reporte mon attention sur le livre et le saisit.

— Merci, je lance, incertaine.







             Puis, je rejoins mon bureau et continue mes devoirs.










































             Après le jour où le monstre m’a indiqué le grimoire à utiliser pour mes devoirs, nous nous sommes d’une certaine manière rapprochés. Je ne l’ai toujours pas vu et ne sais rien de lui, mais un certain rythme de vie s’est imposé ici.

             Le soir, en rentrant du réfectoire, je dépose toujours une boîte dans laquelle j’ai embarqué un repas sous mon lit juste avant d’aller me doucher. Puis, en revenant, habillée, je retrouve celle-ci vide. Je m’installe ensuite à mon bureau pour faire mes devoirs et, dès que je bute, je le dis à haute voix. Quelques secondes après, je trouve généralement un petit bout de parchemin avec la solution griffonnée ou un livre ouvert à la page me permettant de mieux comprendre mon sujet.

             Ensuite, je m’occupe de diverses façons. Parfois, je m’entraine à créer des sculptures d’eau, espérant divertir le monstre. D’autres, je lis et place un livre sous mon lit pour lui donner de quoi s’occuper. D’autres encore, je parle à haute voix, racontant les tracas de ma journée.

             Mais aujourd’hui, j’aimerai que cela change.

— Je te donne des bouts de parchemin et cette plume ainsi qu’un encrier, je déclare en posant ceux-là sous le lit, derrière les couvertures dépassant qui cachent le monstre. Je te pose des questions et tu y réponds. J’aimerai mieux te connaitre.

             Reculant, je m’assois sur un autre lit faisant face au mien.

— D’accord ? je lance.

             Quelques secondes s’écoulent avant qu’un papier glisse sur le sol, dépassant juste assez pour que je puisse lire son contenu sans apercevoir ne serait-ce que la main du monstre.

— Génial. Quel est ton nom ? je demande.

             Un bruit de griffonnage retentit.

« Shigaraki. »

— Shigaraki ? Vraiment ? Ce nom me dit quelque chose…, je fais remarquer.

             Le parchemin retourne sous le lit durant une dizaine de secondes avant de ressortir.

« C’est le nom d’un démon célèbre. »

— Tu es un démon célèbre ? je m’exclame. Mais oui ! C’est les élèves qui t’appellent comme ça. Je n’ai jamais compris pourquoi, d’ailleurs.

             Chaque créature hantant Halloween High possède un surnom. Le fantôme de l’opéra, l’esprit frappeur ou même Shigaraki. Mais jamais je n’aurais cru que le célèbre démon de guerre habitait dans ma chambre. Car beaucoup de rumeurs circulent sur lui, le présentant tel un cruel général de l’armée qui aurait massacré des populations entières.

             Rien à voir avec la créature mangeant les repas que je lui apporte, lisant avec moi ou m’aidant pour mes devoirs.

« Les élèves disent n’importe quoi. »

— Ça c’est bien vrai ! je ris bruyamment. Ils aiment se mêler de ce qui ne les regarde pas. Je sais pas si t’as entendu parler de l’elfe Eren ? Il s’est fiancé avec une humaine et tout le monde donne son avis sans arrêt !

             Tout un tas de ragots ont été inventé pour discréditer ce couple. Alors je ne saurais pas surprise d’apprendre que Shigaraki a aussi subis les frais de mensonges colportés.

« Oui, j’en ai entendu parler. Je ne suis pas étonné. »

— Je n’ai jamais compris le besoin des gens de cracher sur les autres… Mais du coup, ça ne te dérange pas que je t’appelle Shigaraki ? Si c’est le nom que t’ont donné les élèves ?

« Tenko Shimura était mon nom d’humain mais je suis mort. Je ne juge pas utile de conserver ce nom qui est celui de quelqu’un n’existant plus. »

             Mon cœur se serre en voyant cette réponse. Je suis moi-même un démon, une créature « morte ». Auparavant, j’étais une humaine vivante puis ma mort traumatisante m’a transformée en une créature. Chaque démon se créé à la suite d’une mort violente et il a ses particularités. Je suis un démon d’eau, je manipule cet élément.

             Je n’ai aucune idée de ce qu’est ce garçon.

— Mais comment veux-tu que je t’appelle, au juste ?

             Quelques instants s’écoulent avant qu’il ne fasse glisser un autre parchemin.

« J’aime bien Tomura. »

— Bien, Tomura, je souris.

             Je réfléchis à un autre sujet de conversation que je pourrais lancer — je ne veux pas toucher un sujet sensible comme les circonstances de sa mort ou ce qui a bien pu l’amener à devenir un « monstre se tapissant sous les lits » ou, tout simplement un démon.

             Cependant, avant que je ne prenne à nouveau la parole, un autre parchemin apparait sous le lit :

« J’aime bien tes constructions en eau. Elles sont jolies. »

             Mon cœur s’échauffe à cette vision. Ce compliment me touche. Je n’ai jamais osé montrer mes créations à quiconque à l’exception de Tomura. Et je me reposais sur le fait que, puisque nous n’avions aucune communication, son avis ne pourrait pas me blesser.

             Mais je me sens flattée par sa remarque et, aussitôt, claque des doigts. Une guirlande de lierre transparente — puisque faite d’eau — jaillit depuis mon lit, se glissant jusque sous le sien. L’eau la constituant créé une matière translucide mais la forme reste visible.

— Merci ! je m’exclame dans un sourire. Et toi ? T’as des talents particuliers ?

             C’est une façon détournée de lui demander quel genre de démon il est. Il pourrait être un démon d’eau comme moi, un démon de feu et de glace comme Shoto Todoroki, de flammes comme son frère, de sommeil comme Shota Aizawa ou encore de sang comme Muzan… Plein de possibilités sont possibles.

« Tu n’as pas envie de connaitre mes talents. »

             Mes sourcils se froncent.

— Pourquoi dis-tu une telle chose ? je demande. Je suis sûre que tu as d’excellents pouvoirs !

             J’attends sa réponse, pressée, mais rien ne vient. Les secondes s’écoulent puis deviennent des minutes sans qu’un bout de parchemin ne jaillisse du lit.

Tomura ? j’appelle. Tomura ?

             Mais il ne donne aucun signe de vie. La soirée s’écoule et j’essaye de rentrer en contact avec lui à plusieurs reprises, en vain. Mon cœur se serre et je me sens stupide d’avoir tenté d’aborder ce sujet que je sais pourtant être houleux.








             Lorsque je vais me coucher, je peine à m’endormir en sachant Tomura en colère contre moi.










































             Tomua ne m’a plus adressé la parole depuis ce jour. Les plats que je laissais sous le lit sont restés intacts et, quand je ne trouvais pas de réponses, il n’essayait plus de me venir en aide. Les livres que je déposais à côté du lit restaient intouchés et, malgré la quantité de parchemin et plume que j’ai déposé et questions que j’ai lancées, il ne m’a plus répondu.

             Cela fait une semaine, maintenant. Une semaine que je me sens terriblement seule et que les cours me fatiguent de plus en plus.

             Aujourd’hui, le professeur Muzan n’a pas été des plus tendres avec moi. La dissertation que j’ai rédigé avec la toute première aide de Tomura m’a été rendue. En plus d’avoir héritée d’une note catastrophique, il s’est permis un commentaire sur sa honte que je sois un démon au même titre que lui.

             Le cœur gros, je pousse la porte de ma chambre. Les larmes imbibent mes yeux et ma gorge est serrée. Je ne fais rien, ne tente jamais de me faire remarquer et donne le meilleur de moi-même dans mes devoirs. Or cela n’a pas suffi. Le professeur Muzan n’a pas hésité avant de m’humilier devant l’intégralité d’une classe qui ne connait même pas mon prénom.

             Fermant derrière moi, je me jette sur le lit sans suivre mon habituel rituel et me rendre à mon bureau pour faire mes devoirs.

             Epuisée et attristée, je reste allongée sans un mot. Le visage enfoncé dans mon oreiller, je ne bouge pas, n’ayant la force de me relever pour continuer mes travaux. A quoi cela sert-il ? Me démener pour me faire à nouveau humilier ? Autant ne pas bouger le petit doigt… Si je me fais rabaisser sur un travail dans lequel je ne me serais pas investie, je ne le prendrais pas aussi mal.

             Alors le mieux est de laisser cela tomber et ne plus avoir à subir les humiliations publiques du professeur Muzan.

             Soudain, la couverture remonte le long de mon corps, me réchauffant. Aussitôt, je me retourne. Je me retrouve nez-à-nez avec deux yeux écarquillés sous une chevelure bleutés. Autour de ceux-là s’étend une chair tuméfiée et profondément asséchée, irritée. Sa couleur bleutée contraste avec de profondes cernes.

             Mais je ne peux même pas voir l’intégralité de ce visage. Une main posée dessus le dissimule en partie, ne laissant voir que ses iris. Celles-ci sont traversées d’effroi.

Tomura ? j’appelle.

             Tétanisé d’avoir été surpris, il se recule aussitôt, me laissant voir sa silhouette. Habillé d’un long manteau noir, quelques mains recouvrent aussi celui-ci, agrippée à son corps. Je me redresse aussitôt, tentant de le rattraper mais il plonge sous le lit.

             En un clin d’œil, il a disparu.

Tomura !

             Je regarde la couverture qu’il a déposé sur moi, charmée par son intention. Il a dû penser que j’étais endormie. Il ne soupçonnait pas que je pourrais me redresser et le voir. Et je pense pouvoir comprendre pourquoi il se cache et surtout, d’où viennent ces horribles rumeurs.

             Il existe beaucoup de pouvoirs, parmi les démons, mais certains sont dits consumateurs. Ils détruisent les démons se servant d’eux, les blessent. Un démon de feu de troisième année, par exemple, Dabi, ne peut projeter des flammes sans se brûler la peau.

             De toute évidence, le pouvoir de Tomura assèche profondément sa peau et il est si complexé qu’il tente de la dissimuler en posant des mains dessus.

Tomura, j’appelle faiblement, je me fiche de la nature de tes pouvoirs. Je sais qui tu es. Tu n’as rien à voir avec les rumeurs. Je sais qu’en réalité, tu es gentil et tendre. Et si tes pouvoirs te blessent, ça n’a rien à voir avec toi.

             Quelques instants s’écoulent. Il ne répond pas.

Tomura, n’ai pas peur de te montrer à moi, s’il-te-plaît, je lance, la gorge serrée. Tu m’as énormément manquée, cette semaine.

             Un silence prend place. Mais, bientôt, une voix grave et raque retentit.

— Vraiment ?

— Vraiment ! je réponds aussitôt. Viens, s’il-te-plaît ! Je t’assure que tu n’as pas à avoir peur du regard que je pourrais poser sur toi !

             Des secondes s’écoulent puis le parquet craque. Soudain, sa silhouette émerge de sous le lit. Il redresse la tête, me regardant. Ses cheveux sont cachés sous une capuche et son visage, derrière la main posée sur ses traits. Il se relève précautionneusement et je discerne une angoisse dans son regard.

             Mais, aussitôt, je me déplace, tapotant le lit pour l’inviter à s’assoir. Il hésite mais s’exécute, se posant devant moi en tailleur. Je souris en le voyant faire, sentant mon cœur se gonfler de joie. Il me regarde alors et il me semble que son inquiétude se fane.

— Alors ? reprend-t-il de sa voix grave et rauque. Pas trop déçue ?

             Je secoue la tête vivement.

— Déçue ? Tomura, tu es magnifique !

— Ne mens pas, répond-t-il aussitôt.

             Je secoue la tête de droite à gauche. La personnalité du démon, sa façon de veiller sur moi de loin m’a apaisé, au cours des dernières semaines. Mais en plus, ses yeux sont d’une douceur renversante et la couleur de ses cheveux me happent, semblables au ciel.

— Je ne mens pas, je chuchote en plongeant mon regard dans le sien. Je te l’assure, Tomura.

             Doucement, je repousse une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

— Tu es magnifique.

             Là, comme s’il s’agissait d’une formule magique, la main sur son visage se décroche soudain, tombant entre nous, et dévoilant un nez droit, des pommettes hautes ainsi que des lèvres gercées et fendillées. Il se crispe, comme s’il redoutait ma réaction à la vue complète de son visage.

             Ma main se pose sur son visage, le caressant doucement. Sa peau est raiche sous mon touché. Mais cela ne me gêne pas. Je lui souris tendrement.

— Vraiment magnifique.

             Ses yeux s’écarquillent et ses mains se posent sur mes hanches. Elles sont chaudes.

             Doucement, je me penche vers lui. Il fait de même. Nos paupières se ferment.

             Soudain, nos lèvres se rencontrent. Ma langue humidifie les siennes, les rendant plus glissantes. Nos torses se pressent l’un à l’autre, je passe mes mains dans ses cheveux, les emmêlant. Je fonds dans son éteinte.

             Bientôt, nous nous séparons. Je pose mon front contre le sien.

— Je t’assure, Tomura, tu es vraiment magnifique.

             Il ferme les yeux.

— Merci.















— Ne pense pas un seul instant que la moindre chose peut me gêner chez toi.














































...
Merci d'avoir lu ! J'espère que ça vous aura plu ! A demain avec Maki !

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