→˚₊· ܴೈ 𝓙𝐨𝐮𝐫 𝟏𝟒 : 𝒔𝒊𝒆𝒈 𝒙 𝒓𝒆𝒂𝒅𝒆𝒓
ÉPISODE 4
— sieg x reader —
SI JE N’AVAIS PAS ETE DOTEE d’aptitudes me prédisposant à la sorcellerie, je serais dans des sales draps, aujourd’hui.
Halloween High est une belle université, chaleureuse et accueillante. Ou du moins, ce sont les pensées qui m’ont traversée la première fois que j’ai passé les double-portes menant au rez-de-chaussée. Mes yeux se sont écarquillés face aux deux gargouilles marquant l’entrée du réfectoire et, m’asseyant à l’une des nombreuses tables posées sur le sol en damier, j’ai observé les alentours, grisée.
Au fond de la salle s’étendait le majestueux tableau de notre directeur, Silvers Rayleigh. Fier et obscur, il projetait son regard calme sur les élèves habillée d’uniformes, lesquels se préparaient à débuter leurs années, marcher dans des couloirs aux murs garnies de tableaux, s’éclairer à la lueur des chandeliers et converser avec toutes les créatures formant la diversité d’halloween High.
Cependant la réalité m’a bien vite rattrapée. Me faisant l’effet d’une claque, elle m’est apparue lorsque l’héritier au trône des elfes, Eren Jäger, a officialisé sa relation avec une humaine. Les injures qu’il s’est pris et ragots sur cet amour « sale » ont fusé dans les couloirs. J’ai alors réalisé que nous n’étions pas les bienvenus.
Il existe une échelle tacite selon laquelle sont réparties les créatures. Les humains sans pouvoirs sont tout en bas tandis que les créatures comme les gorgones, les sirènes, les elfes, les vampires et autres monstres sont en haut. Entre ces deux extrémités se trouvent les gens comme moi.
Il existe les mages et les sorciers, des humains avec « quelque chose en plus ». Mais aussi les zombies, des humains décédés. Ou les fantômes qui sont sensiblement similaires. Nous ne sommes pas de simples humains mais l’avons été ou en conservons une partie, ce qui fait de nous des êtres incapables d’être admis dans les plus hautes instances.
Parmi les êtres de notre rang existe aussi une autre catégorie. Les hybrides. Nés d’une créature et d’un humain.
Comme le demi-frère d’Eren, Sieg.
Sieg Jäger est professeur ici. Ses cours commencent toujours de la même façon : il écrit une question au tableau et nous laisse la lire. Cependant jamais il nous demande la réponse à cette dernière. Les mois se sont écoulés et j’ai finis par comprendre qu’il écrit davantage ses interrogations pour nous-mêmes que pour en faire bénéficier la classe.
Tant et si bien que je ne cherche pas toujours à y répondre. Seulement aujourd’hui, je n’ai pas pu m’empêcher de le faire.
« Croyez-vous pouvoir vous définir autrement que selon votre race ? »
Non. Du moins, pas ici. Je suis une sorcière. Jamais je ne pourrais changer cela aux yeux d’autrui. Ou peut-être que si, dans le regard de certains.
Je pose les yeux sur Sieg qui écrit quelques phrases sur un parchemin. Nous avons la tâche de rédiger un texte afin de nous entrainer à l’écriture journalistique. Nico Robin, la cheffe du club de presse, a publié un article récemment sur une fleur nouvelle, la jasie, confectionnée par sa petite-amie et nous devons cerner les enjeux de son texte et la forme.
Seulement mon regard est irrémédiablement attiré par le professeur, sa façon de froncer les sourcils en passant en revue nos copies, son léger sourire quand il trouve une anomalie cocasse et sa plume griffonnant quelques mots.
Il n’a rien d’un elfe si ce n’est la beauté. Ses yeux ne sont pas fendus et ses oreilles sont rondes. Mais son agilité, son éclat et son endurance trahissent ses origines elfiques. Son hybridité a toujours su attirer mon regard et m’a longuement interrogé. Tant et si bien que, dans mon dernier devoir pour Shota Aizawa, notre professeur de communication, j’ai consacré toute une partie de mon écrit sur lui, la façon qu’il avait eu de se défaire de sa famille et assumer sa forme humanoïde.
Cependant j’ai très vite déchanté lorsqu’il a annoncé échanger les copies avec le professeur Sieg Jäger pour lui permettre d’analyser la qualité des sources utilisées dans notre travail. Depuis, je ne cesse de fixer le professeur où qu’il aille, tentant de discerner dans son regard un indice sur le fait qu’il aurait lu ma copie.
Soit il n’en a rien fait pour l’instant, soit il sait très bien cacher son jeu. Je n’ai pas hâte de le voir hausser les sourcils face à mes paragraphes sur sa famille et la quantité de sources astronomiques sur les déboires conjugaux de son « elfe de père », comme il aime à l’appeler.
— Fini ? lance Jäger sans lever le nez de sa copie.
Un pêle-mêle de « oui » et « non » lui réponde, lui attirant un sourire. Puis, se redressant, il quitte sa chaise et frappe dans ses mains pour attirer mon attention. Mon cœur s’emballe en voyant ses biceps se contracter sous sa chemise.
Grâce aux recherches menées pour mon devoir, j’ai découvert que Sieg Jäger est un ancien guerrier richement décoré par les elfes et les humains. Il s’est reconverti très tôt en professeur, quand son frère a exprimé son désir d’intégrer la prestigieuse académie d’Halloween High, pour pouvoir le protéger des éventuels opposants au trône.
Malgré moi, un tableau me reste en tête. Une huile sur toile datant de cinq ans et le présentant, ses muscles saillants sous la lueur du jour, au cœur de la forêt de Brocéliande, le crâne d’un général armé dans une main et une imposante épée recourbée dans l’autre. A la croisée entre la peur et l’admiration, les émotions qui ont jaillit en moi à ce moment me prennent à nouveau quand je le regarde.
A force de le voir sur cette estrade, même si j’avais déjà eu vent de son ancienne carrière de militaire, j’ai été prise au dépourvuespar ses exploits. Et maintenant, je ne peux voir autre chose qu’eux lorsque je le regarde.
— Bien, nous allons passer à la suite, lance-t-il.
— Monsieur ! J’ai pas fini ! lance Ochaco, ses ailes papillonnant dans son dos.
— Qu’importe, cet exercice visait à vous entrainer vous-mêmes mais je ne comptais pas le ramasser et, avant que vous ne protestiez, je ne vous ai pas prévenu pour vous forcer à faire ce travail. Vous êtes étudiant, maintenant, vous ne devriez pas profiter de la première occasion venue pour vous tourner les pouces.
Quelques plaintes résonnent mais il les balaye d’un geste de la main, marchant jusqu’à un tableau accroché au-dessus de celui où il écrit des instructions à la craie. Il s’agit d’un portrait d’une femme habillée d’une longue robe rouge. Ses dents jaillissent de ses lèvres, trahissant sa race vampirique.
Lady Anissa.
— Vous tous ici connaissez l’impératrice des Sombros, lady Anissa. La femme qui a mené une solide rébellion contre lord Dracula. Mais ce qui est important de retenir, lorsqu’on pense à cette femme, est les moyens qu’elle a mis en œuvre pour détruire son opposant. Qui peut me dire comment elle s’y est pris ?
— Facile. Une armée de grands gaillards ! tonne Katsuki, un loup-garou, dans mon dos.
— En employant diverses créatures ? tente Ochaco.
— Une campagne de diffamation.
Le regard de Sieg se pose sur moi. Un léger sourire malicieux étire ses lèvres et il acquiesce :
— C’est effectivement le cas, (T/P), dit-il en prononçant mon nom d’une voix suave qui me fait frissonner. Lady Anissa est la preuve que ce que l’on trouve dans les livres n’est pas toujours la vérité et que chaque source est à prendre avec des pincettes.
Malgré le fait qu’il n’ait aucune caractéristique elfique, il me semble que sa pupille se fend lorsqu’il ajoute, sans cesser de me regarder :
— Il serait peut-être judicieux que certains parmi vous cessent de se lancer dans des analyses de comptoir où ils ne font, in fine, que colporter des ragots mensongers.
Je sursaute presque au moment où il laisse tomber son stylo sur son bureau. Puis, claquant des doigts, sa pile de parchemin s’envole dans les airs et chaque feuille viennent se déposer sur l’un de nos pupitres. Bientôt, ma copie me parvient. Je me mords la lèvre en voyant mon texte entièrement rayé et le commentaire de Sieg Jäger.
« Vous viendrez me voir à la fin de l’heure pour discuter de vos passionnants sujets d’analyse. »
Je déglutis péniblement. Il a finalement bel et bien lu ma copie, bien qu’il ait su cacher son jeu. Je frissonne et lève les yeux vers lui. Il me regarde déjà, les bras croisés sur sa poitrine.
Je sens que ce cours va passer trop vite.
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— Vous vouliez me voir ?
La salle est vide. Seul le professeur et moi l’occupons. Ce dernier se tourne vers moi tout en effaçant les traces de craie au tableau. Mais son tampon sale ne fait qu’étaler les débris et, sans trop y réfléchir, je claque des doigts. Là, chaque grains de poussières disparait du tableau, le rendant intact.
La main toujours fermée sur le tampon posé sur la tableau, il baisse la tête et rit légèrement. Mais je sens qu’il se contient.
— Vous devez vraiment tout contrôler, n’est-ce pas ? lance-t-il.
— Je vous demande pardon ?
Il se retourne.
— L’information, vos cours, vos sources, la vérité, ce maudit tableau… Vous devez vraiment tout contrôler. Vous ne vous sentez pas capable de lâcher prise et me laisser faire mon travail, à ce que je vois.
— Monsieur, je suis vraiment navrée si j’ai outrepassé mes fonctions avec ce devoir, je…
Mais il m’interrompt en levant la main, me faisant taire. J’obtempère aussitôt, ne voulant aggraver davantage mon cas.
— Ce devoir aurait pu être intéressant. Vous deviez analyser la communication d’une personnalité, comment elle soigne son image et vous m’avez choisi dans la gestion de la crise de l’éclatement de ma famille. C’est assez intéressant et je ne peux pas dire que ce soit de mauvais goût, compte-tenu du fait que vous ne saviez pas que je serais en charge de la correction.
Je déglutis péniblement. Alors… Pourquoi semble-t-il si énervé ?
— Mon problème est, à vrai dire, très différent, (T/P). Car je sais qui vous êtes et vous ai étudié depuis votre arrivée dans ma classe.
— Je vous demande pardon ? je demande, interloquée.
Il me sourit sans me répondre, me laissant entendre implicitement que j’ai très bien entendu sa remarque et qu’il ne prendra pas la peine de la répéter.
— Vous êtes douée. Shota Aizawa vous a recommandé pour mon cours et vos travaux de l’année passée m’ont particulièrement plu. Mais j’ai énormément de mal avec les personnes qui préfèrent détruire la concurrence que s’y confronter, tonne-t-il. Les personnes qui, consciente d’avoir commis une erreur, vont chercher à dissimuler celle-ci plutôt que de l’assumer.
Mes sourcils se froncent. Je ne comprends plus rien. Je sens bien qu’il est furieux et réclame que j’assume une bourde que j’aurais commise. Mais laquelle ? J’estime n’avoir rien à me rapprocher.
— Vous n’êtes pas la seule à avoir écrit sur le sujet de la famille Jäger, les gargouilles de la bibliothèque me l’ont dit. Et, comme par hasard, la dissertation d’Emy a disparu de ma pile de copies. Emy a été renvoyée de mon cours car il s’agissait de la troisième fois qu’elle omettait de me rendre un devoir mais le plus étrange est que j’ai un souvenir claire d’elle le déposant dans mon casier.
— Je vous demande pardon ? je cingle. Vous êtes en train de m’accuser d’avoir fait virer une élève de votre cours ? Je ne savais même pas qu’elle avait choisi le même sujet que moi !
Il sourit amèrement.
— Ah oui, vous l’ignoriez ? Je suppose que vous ignoriez aussi que je peux communiquer avec mon chien et comprendre donc quand il me parle ?
— Oui… Et je ne vois absolument pas le rapport, je lance, commençant à m’agacer.
— Le rapport est que mon chien vous a vu lancer un sort à cette pile de copie, en faisant cramer une à distance et que j’ai effectivement retrouvé des traces de brûlures sur mon bureau ! tonne-t-il en poussant ses affaires, dévoilant les dommages.
— J… Mais non ! Ce n’est pas moi !
Je sais qu’il dit vrai sur son chien, les elfes peuvent communiquer avec les animaux. Mais je ne comprends pas pourquoi celui-ci a menti. Je n’ai jamais rien fait ! Pourquoi serais-je allée éliminer la copie de la dernière de la classe ?
— Les gargouilles vous ont donné les livres qu’il restait après son passage à la bibliothèque et ce n’était pas les plus fiables au niveau de sources. Les manuels les plus sérieux avaient été emporté par Emy et votre désir de compétition vous a eu, vous l’avez évincée !
Ma mâchoire se contracte brutalement et je gronde. Les gargouilles sont deux créatures gardant les portes de la bibliothèque. Chaque personne se présentant devant elles n’a pas besoin de dire le moindre mot : elles savent ce dont chacun a besoin et leur donne les livres en conséquence. Jamais elles ne donneraient des ouvrages s’ils ne pouvaient pas aider des élèves.
Alors, même si elles ne m’ont pas donné les livres les plus reconnus, j’ai confiance en mes sources et sais que je ne me trompe pas.
— Mais vous délirer totalement ! je tonne. Et c’est inadmissible de prodiguer des accusations pareilles sans preuve ! Avez-vous au moins cherché à retrouver le mana de ce sort de destruction !? Si vous analysez ces brûlures, vous verrez que ce ne sont pas les miennes !
— Je fais confiance à mon ch…
Excédée, je fends l’air de ma main, donnant une impulsion du bout de mes doigts. Aussitôt, un parchemin vierge sur le bureau du professeur s’embrase. Il se retourne, atterré, au moment où le papier termine de se consumer.
Je m’approche, regardant la surface du bureau. Les deux brûlures sont différentes. Chaque sort laisse une trace et chaque sorcier aussi. Les sorts de destruction laissent des traces de brûlures mais elles n’ont jamais la même forme.
Le blond semble désemparé.
— Vous voyez ? Ce n’est pas moi.
— Mais, mon ch…
— RIEN A FOUTRE DE VOTRE CHIEN.
Il se tourne vers moi, surpris de m’entendre crier. Mais ce hurlement est lié à ma déception. Mes recherches sur Sieg m’ont fait avoir de lui une vision particulière. A un certain point, j’ai même cru être tombée amoureuse de ce guerrier qui m’obsédait et à qui je n’arrêtais pas de penser. Alors le voir prêt à me condamner sans preuve me fait tomber de haut.
Froissant mon parchemin raturé, je le jette à ses pieds.
— Vous inquiétez pas. Vous n’aurez plus à vous coltiner ma présence dans votre classe. Je demande à en changer tout de suite.
Là-dessus, je quitte la salle, les yeux humides et le cœur gros.
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Il semble qu’Emy soit portée disparue.
L’article écrit par Nico Robin ce matin en a choqué plus d’un. Au cours des derniers mois, diverses affaires plutôt sordides se sont déroulées à Halloween High mais rien n’est jamais allé jusque-là. Cependant la journaliste est formelle : la démone d’eau n’a pas été aperçue depuis plusieurs jours. Ses colocataires et professeurs ont signalé son inquiétante disparition. Des équipes ont ratissé le château et ses alentours mais elle n’est visible nulle part.
Au cours du même reportage, Robin a révélé des informations autrement plus inquiétantes. Un inspecteur serait ici pour enquêter sur des phénomènes étranges. Qu’il s’agisse de la disparition d’Emy ou la tentative d’assassinat de deux femmes, nous tous avons des raisons de nous poser des questions et de craindre une présence maléfique.
Soudain, deux coups secs se font entendre. Je regarde les lits à baldaquin vides autour de moi. Ce doit être une de mes colocataires qui a oublié ses clés. Me levant, je déverrouille ma porte. Mais mes yeux s’écarquillent en découvrant l’homme sur le pas de cette dernière.
— Professeur Jäger ? je demande, les sourcils froncés.
Il semble plus pâle que tout à l’heure et je remarque des cernes violacées sous ses yeux. Mes sourcils se froncent. Il est drôlement mal en point.
— J’étais venu vous présenter mes excuses… Pour ce matin, lance-t-il d’une voix plutôt faible.
— Tout va bien, professeur ? je demande.
Il ne répond pas, regardant autour de lui. Ses yeux s’arrêtent sur moi et ils s’écarquillent légèrement, comme s’il venait de se rendre compte de ma présence.
— Qu’est-ce que je fais ici ? Je…
Un cri franchit mes lèvres et je sursaute lorsqu’il s’écroule soudain. In extremis, je lance un sort qui le fait flotter dans les airs, l’empêchant de cogner sa tête contre le sol. Je m’approche de lui et observe son teint blafard. Quelque chose cloche.
Continuant de faire voler son corps, je le dépose sur mon lit. M’approchant, je retire ses chaussures et défait sa cravate rouge pour le libérer un maximum. Au moment où je défais la boucle de sa ceinture, une chaleur m’envahit mais je tente de l’ignorer.
Je ne comprends rien. Que lui arrive-t-il ?
Promenant les yeux autour de moi, je fronce les sourcils. Je dois trouver une solution. Le mieux serait d’appeler quelqu’un mais je n’ai pas envie de laisser mon professeur inconscient dans ma chambre. Et si son état empirait ?
Soudain, mes yeux se posent sur la réserve de grimoire posée au pied de mon lit. Mes sourcils se haussent et je réalise soudain que, la semaine dernière, je me suis aussi évanouie et ai eu des moments d’égarement. Alors, allant à la bibliothèque, j’ai demandé aux gargouilles de m’offrir de quoi comprendre mon état.
Cependant ces harpies n’en font qu’à leur tête et, au lieu de me donner un manuel de médecine, elles m’ont confié un glossaire sur les spectres et fantômes. Je dois avouer que l’envie de chouter dans ses maudites sculptures me prend régulièrement, comme à chaque élève.
Jamais les gargouilles de la bibliothèque ne vous donnent ce que vous demandez. Elles préfèrent vous donner « ce dont vous avez besoin ». Je m’en suis rendue compte quand, alors que je m’ennuyais en début d’année, je suis venue leur demander un roman et que je suis repartie avec une dizaine de livres pour préparer mes exposés à venir.
Soufflant, légèrement dépitée, je m’assois à côté de mon lit et observe le professeur.
— Que vous arrive-t-il ?
Mes yeux s’attardent sur les cheveux blonds du professeur collés à son front et ses longs cils. Sa barbe dorée doit gratter la joue lorsqu’on le prend pour une étreinte. Mon corps s’enflamme quand je réalise que j’ai eu une telle pensée et je m’en maudits.
J’ai toujours trouvé son teint rosé assez joli. Là, son air blafard est quelque peu désarçonnant. Il ne semble plus en bonne santé et cette vision me met mal à l’aise. Quelque part, il semble presque… mort.
Mes yeux s’écarquillent soudain et je me tourne le pied de mon lit. Le grimoire sur les spectres, que je n’ai jamais ouvert, y traine. Mais bien sûr ! Les gargouilles ne m’ont pas donné de manuel de médecine car elles ne voulaient pas que je soigne mon problème ! Elles voulaient que j’en cerne l’origine !
« Le rapport est que mon chien vous a vu lancer un sort à cette pile de copie, en faisant cramer une à distance et que j’ai effectivement retrouvé des traces de brûlures sur mon bureau ! »
« Où suis-je ? »
Me ruant sur le glossaire, je l’ouvre à la page du sommaire. Aussitôt, je trouve la page concernant le fantôme auquel je pense.
« Le spectre se nourrit de l’énergie de la personne qu’il hante. Celle-ci ressentira un état de fatigue conséquent pouvant parfois aller jusqu’au décès. Le sujet peut aussi être victime d’hallucinations. Le spectre ayant volé son apparence et une partie de ses souvenirs, il se connecte avec sa victime qui peut alors osciller entre ce qu’elle voit par ses propres yeux et ce qu’elle voit par les yeux du spectre. Survient alors une perte de repère : le sujet croit se trouver dans un lieu et, l’instant d’après, un autre. »
— Voilà pourquoi il m’a vue détruire ce papier… Et pourquoi j’étais fatiguée, à ce moment-là. Et pourquoi il est si fatigué, maintenant. Ce n’était pas nous, c’est un fantôme qui a pris notre apparence.
Mes yeux s’écarquillent quand je réalise ce qu’il se passe. Et je murmure tout bas, sous le choc :
— Il y a un poltergeist à Halloween High.
Je regarde le blond endormi, frissonnante. Je dois le débarrasser de ce spectre sinon son état va empirer. Et le manuel est clair sur le meilleur moyen de sauver quelqu’un d’un poltergeist, en dehors de l’exorcisme qui est une pratique illégale.
Me ruant sur mon sac, j’en sors de l’eau de lune ainsi que quelques plantes. Les jetant en toute hâte dans un récipient, je les réduits à l’état de bouillie tout en récitant quelques incantations. Puis, sans perdre la moindre seconde, je me jette sur sa chemise que j’arrache, dévoilant son torse. Plongeant les doigts dans le liquide gras que j’ai créé, je trace quelques runes sur ses pectoraux fermes et ses abdominaux, tentant d’ignorer la fraicheur de sa peau qui m’effraie.
Puis, grimpant sur le lit, je me place à genoux auteur de ses cuisses et saisit ses mains. Je respire difficilement, anxieuse. Une personne non diplômée ne devrait pas faire ce rituel mais je n’ai pas le temps d’appeler quelqu’un à la rescousse.
Prenant une profonde inspiration, je murmure :
— Aliya spectram oblumiun.
Mes yeux s’écarquillent et je me cambre violemment, sentant mon souffle se couper et ma tête basculer en arrière. Les mains de Sieg se referment plus violemment sur les miennes, me maintenant en place tandis qu’un vent glacé s’empare de moi, terrifiant.
Je ne peux pas respirer. Une main transparente aux longues griffes est refermée sur ma nuque, m’attirant en arrière. Mais la poigne de Sieg est ferme.
Soudain, un hurlement retentit. Je tente de fermer les yeux car ceux-là me brûlent mais je n’y arrive pas. J’ai besoin d’air. Il me semble que ma tête va exploser.
Des tâches noirs obscurcissent mon champ de vision. Je vais m’en aller.
Soudain, de l’air pénètre mes poumons. Mes yeux se ferment et la main invisible sur ma nuque se relâche. Le vent se calme. Je reprends péniblement ma respiration en me penchant en avant.
Sieg est sous moi, les yeux ouverts. Son torse couvert de runes se soulève difficilement, lui aussi. Ses mains tiennent toujours les miennes mais il a repris des couleurs. Le poltergeist est pas parti, il l’a laissé tranquille.
Nous nous regardons quelques instants, en silence. Puis, il murmure :
— Tu m’as sauvé la vie.
Je hoche la tête.
— Et juste avant vous vous apprêtiez à me faire des excuses donc hésitez pas à reprendre où vous en étiez.
Il éclate d’un rire grave. Un frisson parcourt mon échine à ce son.
— Tu as gagné le droit de me tutoyer, lance-t-il.
— Et ?
Il rit à nouveau et, sans lâcher ma main, me lance :
— Et je suis désolé.
ꕥ
Ma relation avec Sieg s’est beaucoup améliorée depuis ce jour. Non seulement je n’ai pas quitté sa classe mais il a en plus insisté pour que je devienne son assistante. Les semaines se sont écoulées et la légère attirance que je ressentais pour lui s’est nettement approfondie.
— Alors, (T/P) ? Des projets pour ce soir ? lance Sieg.
Je souris. La première fois qu’il m’a posé cette question, j’ai cru qu’il m’invitait à diner. Mais finalement, il s’agit d’un rituel entre nous.
— Remy veut m’emmener diner, je lance tandis qu’il range ses parchemins.
Il se fige au-dessus de son bureau.
— Remy… Le vampire ?
— Du coup ce sera un petit-déjeuner pour lui, je fais remarquer.
— Parce que tu vas accepter ?
— Pourquoi je n’accepterais pas ?
Il me fixe quelques instants, son regard glissant le long de mon corps avant de remonter jusqu’à mon visage. Il hausse les épaules d’un air nonchalant mais je vois dans ses yeux que son cœur n’y est pas.
— Rien… Je… Disons que je ne pensais pas qu’il était ton genre d’hommes.
— Et quel est mon genre d’homme ? je demande malicieusement.
— Laisse tomber, répond-t-il en fermant son sac.
J’attrape ma lèvre entre mes dents. Une fois. Juste une fois, j’aimerai qu’il me donne la sensation que nos relations ne sont pas purement professionnelles.
Mais je suppose qu’il est vain d’espérer.
— Bon bah… Je vais y aller, je lance.
Je me retourne, dépitée. Je franchis la distance me séparant de la porte mais, à quelques pas de celle-ci, sa voix m’interrompt :
— Attends.
Je me retourne.
— Dine avec moi.
Mes yeux s’écarquillent.
— S’il-te-plait.
Désarçonnée, je l’observe. Il me rejoint en quelques pas tandis que je peine à trouver les mots pour réagir. Est-ce vraiment ce que je crois ? Sieg Jäger se montre-t-il jaloux ?
Il vient se planter devant moi.
— Pourquoi sacrifierais-je mon diner avec Remy pour toi ? je demande, appréhensive.
— Parce que…
Mais sa voix meurt dans sa gorge et il regarde ailleurs. Je fais un pas vers lui pour attirer son attention. Il me regarde à nouveau.
— Pourquoi, Sieg ? j’insiste.
Son regard est brûlant. Il saisit mes mains dans les siennes et murmure, louchant sur mes lèvres :
— Parce que je suis tombé amoureux de toi et que même si je n’ai jamais eu le courage de faire le premier pas, je ne peux pas rien faire en te voyant partir pour un diner avec un autre.
Mon cœur rate un battement. Je ne réfléchis pas et, lâchant ses mains, pose les miennes sur ses joues et l’embrasse. Je le sens sursauter puis il entoure mon corps de ses bras, plaquant mon buste au sien. Ma bouche remue contre la sienne et sa langue touche la mienne.
Ses mains caressent mon corps, le pressant plus fermement au sien et je gémis légèrement dans sa bouche, sentant une douce chaleur m’étreindre.
Quelques instants plus tard, mon front se pose contre le sien :
— C’est pas trop tôt.
...
J'espère que ce Sieg x reader vous a plu ! A demain avec Shigaraki !
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