第二章 - Mizu-age
Seiza : position assise avec les jambes repliées sous notre corps (celle classique des japonais...)
Engawa : véranda en bois qu'on retrouve tout autour des maisons japonaises.
Fusuma : ce sont des sortes de cloisons coulissantes que l'on retrouve à l'intérieur des maisons traditionnelles japonaises et qui permettent de redéfinir l'espace.
Zashiki : maison de thé qui embauchait les geisha pour animer.
Sasha : Vous allez retrouver le personnage de Sasha. Pour être honnête, elle n'était pas du tout prévue... Mais après mure réflexion, j'aime tellement la dynamique qu'elle a avec Mikasa, que je trouvais que mon histoire manquait cruellement de panache sans elle. Imaginez là donc avec un peu plus de traits japonais qu'elle n'en a d'ordinaire ! 😆
.⛩.
Ces premiers pas à l'okiya étaient assommants. Restreinte à des tâches répétitives et domestiques, Mikasa s'ennuyait à mourir. Hoshiko avait fini par devenir une "geisha accomplie" comme elle aimait l'exprimer. Pourtant, la petite fille avait senti un profonde détresse lorsqu'elle l'avait croisé après le fameux mizu-age dont elle ne comprenait toujours pas le sens.
Mais ce sentiment avait fini par s'estomper au fils des jours, et malgré son emploi du temps chargé, la charmante princesse continuait de lui octroyer un peu de son temps lorsqu'elles se rendaient, ensemble, aux bains publics.
Mikasa avait également fait la rencontre des autres habitants du Saku-Hana. Tout d'abord, il y avait Matsubara, le serviteur discret et presque muet, seul homme à pouvoir pénétrer librement dans l'okiya et accessoirement le mari de de la directrice. Mikasa ne comprenait d'ailleurs pas très bien pourquoi, si elle devait appeler Motome okkasan, elle ne devait pas appeler cet homme otosan. Hoshiko le lui avait formellement interdit, se justifiant par le fait que ce n'était pas conventionnel. L'enfant lui avait alors demandé d'expliquer ce que voulait dire ce nouveau mot compliqué, et la meiko avait conclu pas un "tu comprendras quand tu seras plus grande" ponctué par un joli sourire, comme à chaque fois.
Au sein de l'okiya, il y avait aussi Watabe, la beebe avec qui Mikasa devait partager les tâches domestiques tel que le ménage ou encore la lessive ; bien qu'elle fut la seule autorisée à s'occuper des affaires de la patronne. La petite brune aimait bien Watabe, cette femme assez jeune au gros visage et aux courbes abondantes. Elle était joviale, et un grain de malice faisait sans cesse briller ses iris. Chargée également de préparer à manger, elle était généreuse dans les portions qu'elle mettait dans les assiettes, sous l'œil réprobateur de Motome qui voyait là une perte de gain énorme.
Maita, elle, était la plus âgée du Fuku Hana. Embauchée au titre de banba, elle aidait Watabe aux cuisines et au service.
Enfin, venaient les deux geishas, autre que Hoshiko désormais, qui se prénommaient Esumi et Inai. L'une était plus belle que l'autre, mais l'autre était plus gentille que la première. Pourtant, et malgré leur différences, les deux jeunes femmes étaient soudées. Arrivées ensemble à l'okiya, elles s'étaient forgées une certaine réputation au sein du quartier des plaisirs et il n'était pas rare que les clients qui venaient à l'okiya les demandent toutes les deux. À côté d'elles, d'autres geisha étaient relayées à l'okiya, mais une fois leur dette payée, elles avaient décidé de s'acheter leur propre maison avec l'aide de leur protecteur.
Mais si la maison de Motome avait pu voir le jour, c'était aussi et surtout grâce à la présence d'une autre personne ; probablement la plus importante : Aemi.
Aemi était la prostituée de l'okiya. Car si une telle institution voulait avoir sa place dans le quartier des plaisirs, il était obligatoire qu'un de ses membres se décide à jouer ce rôle. Douce et timide, elle avait un joli visage, bien que ce dernier fut gâté à la suite d'un accident qui avait éborgné son oeil droit. La beauté étant tout pour une geisha, elle avait dû renoncer. Mais Motome était un femme d'honneur qui s'était attachée à Aemi, une de ses premières "filles". Elle lui avait alors proposé le poste que l'ancienne prostituée de l'okiya venait de laisser tomber. Et chaque jour qui s'écoulait, les geishas la remerciaient d'exister, pouvant ainsi lui délaisser les clients trop insistants ou venus avec une seule idée bien précise en tête.
Deux ans plus tard, Motome avait adopté une nouvelle jeune fille, pas plus âgée que Mikasa. Elle s'appelait Sasha et était une véritable gloutonne. Bien loin de son caractère silencieux, la deuxième taabo était même assez dispersée. Au début, Mikasa avait trouvé son agitation plus que perturbante, et les remontrances à répétition de l'okkasan la terrifiaient, tout comme sa camarade. Mais cette dernière, plutôt que de courber l'échine, voyait son inquiétude la transformer en véritable empotée, ce qui lui faisait faire de nouvelles bêtises et attirer automatiquement un blâme supplémentaire.
Watabe aimait bien Sasha. Toutes les deux partageaient le même amour pour les bons plats, et Mikasa avait vu à plusieurs reprises la cuisinière glisser entre les mains de sa camarade quelques mochis de plus que le nombre préconisé par la patronne au moment du goûter.
Puis leurs dix ans arrivèrent. Toutes les deux avaient continué d'aller à l'école primaire après leur entrée à l'okiya, et il leur fallait désormais poursuivre leurs études à l'école, Nyokôba, de la ville. Levé six heures pour arriver à temps en cours, les retards étant sanctionnés entre vingt-cinq et cinquante sens s'ils n'étaient pas justifiés convenablement.
Lors de leurs premiers jours, Sasha avait eu du mal à trouver son nom au-dessus du casier qui venait de lui être attribué.
— Sasha Braus... marmona-t-elle. Sasha Braus... Eh, Mika, je trouve pas mon nom ! Et toi ?
Mika était le surnom que s'évertuait à lui donner sa camarade, en dépit de la désapprobation des autres membres de l'okiya.
— Tu es là, lui indiqua Mikasa. Sasha Nagai.
Elle la vit écarquillés les yeux en se rappelant de la réalité. Cela faisait déjà plusieurs années que la brune aux yeux carbonados s'était adaptée à ce changement ; son nom de naissance s'estompait au fur et à mesure que les années passaient. Après leur adoption par Motome, tout ce qui les rattachait à leurs familles de sang devait disparaître. Identité, contact ; cela était restreint au maximum. Lorsque Yuko venait déposer les affaires de sa fille pour la semaine, elles n'avaient même pas le droit de s'échanger un mot. Alors Mikasa observait, secrètement cachée derrière un arbre, cette femme qui lui devenait de plus en plus étrangère.
L'éducation au Nyokôba était strict. Bien que les horaires ne s'étendaient que de huit à quinze heures, les élèves enchainaient les exercices de coutures, de calligraphie ou encore de lecture.
Mikasa n'était pas mauvaise, et plus étonnant encore, Sasha aussi avait un niveau acceptable. Mais après les cours, les deux jeunes taabos ne devaient pas traîner. Filant entre les allées de cerisiers qui longeaient la rivière de la ville, elles se dépêchaient de rejoindre le Fuku Hana pour s'entraîner au shamisen, sous l'œil intransigeant des geisha.
Ces femmes qui représentaient désormais l'excellence au sein de la maison ne leur laissaient rien passer. Et la plus douée d'entre toute était Esumi. Mais c'était également elle la plus sévère. Ensemble, Sasha et Mikasa passaient des heures à pincer les cordes de l'instruments, ou à s'exercer au Uta, le chant traditionnel qui devait accompagner la mélodie du luth.
La pratique, déjà intense durant les périodes chaudes, devenait particulièrement pénible quand l'hiver arrivait. Prônant les bienfaits du froid, Motome les envoyait sous la neige pour échauffer leurs voix et les rendre plus claires. C'est alors que dans le vent glacial s'élevait un concerto d'onomatopées articulées ; signe que toutes les petites taabos du quartier subissaient le même exercice.
Mais le chant et la musique n'étaient pas les seules choses importantes que l'on enseignait aux jeunes servantes. La danse était elle aussi une distinction forte entre les geisha, et chacune n'avait d'autre choix que de surpasser ses concurrentes pour se créer une place au sein des zashiki. Pour cela, Motome s'exclamait que leurs sœurs ainées n'étaient pas suffisantes, et mandait la venue d'un professeur. Sasha se révéla alors particulièrement douée pour ce domaine empli de dextérité. Mikasa, quant-à-elle, n'était pas très souple et se complaisait davantage dans le chant, où même Esumi l'intransigeante ne trouvait presque rien à redire.
Ce n'est que deux ans plus tard que la vie de Sasha et de Mikasa sortit enfin de sa monotonie. Un jour où elles rentraient de leurs exercices éreintant sous la neige, le bout du nez complément gelé, Motome les accueillit avec un large sourire, et leur annonça qu'aux floraisons prochaines des cerisiers, elles se rendraient à leur premier zashiki. Cela n'était pas sans importance, car c'était le signe que les deux jeunes filles faisaient enfin leur entrée dans le grand monde.
Le jour J arrivé, les deux jeunes filles avaient revêtu un furisode, kimono dont les longues manches rendaient enfin officiel leur passage à geisha apprentie. Mais pour pouvoir obtenir ce titre, il était d'abord nécessaire de passer par plusieurs étapes qui leur parurent une éternité. Tout d'abord, le serviteur escorta les deux nouvelles à travers toutes les maisons pour qu'elles puissent se présenter. À l'occasion étaient distribués aux établissements des gâteaux fourrés à la pâtes de haricots rouge, sous l'œil cruellement salivant de Sasha qui avait l'interdiction formelle d'y toucher. Par la suite, les anciennes taabo devaient continuer leur périple en pousse-pousse afin de rencontrer les traiteurs qui pourraient par la suite mandater leur service. Dans cette entreprise, le serviteur laissait sa place à leurs "sœurs ainées" ; plus précisément les geishas du Fuku Hana que Motome avaient désigné comme soeur-marraine pour chacune d'entre elles. À son plus grand soulagement -bien que sans surprise- Hoshiko fut désignée pour Mikasa. Avec les années, cette dernière avait, elle aussi, fini par quitter l'okiya. Sa beauté avait attiré l'œil d'un homme particulièrement riche qui lui avait permis de s'émanciper assez tôt. C'est avec joie que ce dernier l'avait aidé à rembourser intégralement les frais liés à la journée d'initiation de sa petite apprentie. Car si les directrices des okiya prenaient à leurs charge les dépenses que pouvait engendrer la formation de la future geisha qu'elle avait désigné comme leur successeur, c'était aux soeur-marraines de payer pour celles qui deviendraient des geisha ordinaires.
Sasha non plus n'était pas mal tombée, car c'était Esumi qui devait désormais s'occuper d'elle. Certes, la femme avait un tempérament exigeant, un poil taquin et était assez narcissique. Mais sous ces défauts, elle jouissait d'une renommée qui assurait à la gloutonne un succès certain.
Mais ce qui correspondait au plus grand changement, c'était le prénom. En devenant maiko, Sasha et Mikasa devait abandonner définitivement la seule chose qui les reliait encore à leur ancienne famille. Ainsi, la première fut rebaptisé Ukemochi, et la deuxième Uzume. Quand Mikasa entendit ce nom pour la première fois, elle repensa à sa mère. Cela faisait plusieurs années qu'elle ne l'avait pas vu. Avec son entrée au Nyokôba, elle avait été privé de la seule horaire où Yuko pouvait déposer les affaires de sa fille. Et désormais maiko, cette course allait se terminer.
Après s'être prosternée devant les patrons de chaque maison de thé sous l'œil attentif de leurs ainées, leur vie d'apprentie put enfin commencer. Maintenant, il fallait aux deux maiko accompagner leurs soeur-marraines à tous les banquets où elles étaient conviés. Couper les bouts de chandelles, servir du saké aux convives, chanter, jouer de la flûte pour divertir ou bien du shamisen et danser, tout en n'oubliant pas d'honorer régulièrement les autres geishas présentent avec des compliments et des courbettes ; être apprentie n'était pas de tout repos.
Uzume se distinguait par son agilité et sa grâce. Sa grande beauté était également sublimée par le maquillage qu'elle pouvait désormais arborer. Mais Ukemochi n'était pas en reste. Certes, résister à la tentation lors des repas était un véritable calvaire, et Esumi la houspillait régulièrement lorsqu'elle surprenait la gloutonne en train de s'empiffrer de mochi ou autre met présent. Mais à côté de ce petit défaut, elle faisait preuve d'une dextérité sans pareil pour pincer les cordes du shamizen. Avec le temps, cela avait même surpassé son talent pour la danse.
Puis un jour, Hoshiko et Esumi leur annoncèrent qu'elles avaient été invité à une réception particulière, car y étaient conviés de nombreux américains. Les étrangers n'étaient pas très bien réputés auprès des japonaises ; entre autre à cause de la guerre. Mais ils avaient néanmoins un avantage non négligeable, c'est qu'enivrés par les fastes exotiques auxquels ils n'étaient pas habitués, ils devenaient généreux.
— On compte sur vous, les filles, fit Esumi d'une voix sévère.
— Vous devrez animer cette soirée avec grâce et élégance, continua Hoshiko, mais surtout, assurez vous qu'aucun verre ne reste vide !
— Ah, et Ukemochi, si je vois une seule de tes mains piocher dans les plats, je m'assurerai personnellement qu'okkasan t'interdise tout petit déjeuner pendant un an.
La jeune maiko se raidit à l'annonce de cette terrible sentence.
✺
Le soir arriva, et les jeunes maiko qui avaient accompagné leurs sœurs-marraines n'avaient même pas eu le temps de s'éblouir devant la magnificence des lieux que les convives avaient déjà envahit l'espace. Avec elles, trois autres apprenties venues des okiya voisins aux Fuku Hana leurs prêtaient main forte. Mais à elles cinq, les pauvres jeunes filles n'avaient pas le temps de souffler une seule seconde. Valsant ainsi entre invités, bouteilles de saké et shamisen, Sasha s'entrava et bouscula malencontreusement l'un des américains.
— Je suis désolée ! s'empressa la gloutonne en effectuant plusieurs révérences, sentant déjà le regard volcanique d'Esumi dans son dos.
Mais en jetant un œil discret au visage de l'homme qu'elle venait de bousculer, la jeune Maiko eut soudain l'impression que la remontrance de sa sœur-marraine serait une douce caresse.
Face à elle, la scrutaient deux yeux algides, aussi foncés que les abysses de l'océan et dont la froideur aurait pu glacer Amaterasu.
— Hi !
Elle échappa un hoquet de surprise.
Elle effectua encore quelques courbettes en lâchant de nouvelles excuses, puis vint se réfugier là où devaient attendre les maiko lorsqu'elles avaient un bref instant de répit.
— Mikaaaa ! arriva-t-elle vers sa camarade, totalement paniquée.
Une fois leur nouveau noms attribués, les deux maiko et le reste de leur entourage ne devait plus que les appeler exclusivement par Uzume et Ukemochi.
Mais il n'était pas rare que la plus gloutonne des deux oublie cette règle et, si elle était surprise par ses ainés, se fasse sévèrement réprimander.
— Les américains sont terrifiants ! continua Sasha.
Pour se consoler, elle piocha dans un plat remplit de mochi que les cuisines venaient de la charger d'emmener sur les tables des convives.
— N'en profite pas pour manger, la taquina Mikasa, ou tu vas encore te faire punir par Esumi. Et tu sais quelle n'aura aucune pitié à te dénoncer auprès d'okkasan.
Sasha lui lança un regard indigné face au manque d'empathie de son amie.
Cette dernière lâcha un petit rire en voyant sa mine déconfite.
— Mais il était vraiment terrifiant ! pleurnicha la gloutonne.
Intriguée, Mikasa jeta tout de même un oeil curieux vers l'homme qui terrorisait tant sa camarade. Petit, brun et à la peau étonnamment claire, elle ne lui trouvait pourtant rien de très "terrifiant". Mais lorsque les yeux ténébreux de ce dernier percutèrent ses opales grises, elle sentit le bas de son ventre se contracter.
Mikasa n'était pas véritablement impressionnée ; mais elle trouvait se regard pénétrant, captivant, et il lui fallut un grand effort pour en détourner ses propres yeux.
— Aller, Livaï, rigola une femme rousse en entourant les épaules de l'américain. Arrête de tirer la tronche, on est au Japon !
L'homme foudroya son amie du regard.
— Dégage, quat'z'yeux, râla-t-il.
— À force de froncer autant les sourcils, tu vas finir par avoir des rides avant l'heure, intervint un homme blond en leur tendant à chacun un verre.
Livaï soupira.
— Tu peux me rappeler ce qu'on fiche là, Erwin ? Et surtout pourquoi la folle est venue avec nous ?!
Le blond rigola.
— On est là pour implanter notre société dans le pays du soleil levant, répondit-il. Et inutile de te rappeler que, maintenant, Hanji est ma femme...
Le brun grimaça.
— C'est vrai que tu as fait cette erreur...
Son ami rigola de nouveau.
— Eh, oh, je suis là, je t'ai écouté ! protesta la rousse.
Livaï lui lança un regard dédaigneux.
Soudain, un homme les interrompit :
— Eh, mais regardez qui voilà ! fit-il en s'approchant du trio.
— Dennis, s'exclama Erwin en lui tendant une main que son interlocuteur serra chaleureusement. Ravis de te revoir.
— Alors, quelles sont vos premières impressions sur ce magnifique pays ?
— Charmant, répondit le blond en souriant. Et très accueillant.
— Ah ça, les japonais savent y faire, renchérit son collègue. Regardez moi toutes ces jolies filles. Ils les appellent des geisha...
— C'est vrai qu'elles sont plutôt belles, s'extasia Hanji. Tu trouve pas, Livaï ? Y en a peut être une qui voudrait de toi... le taquina-t-elle.
Le brun grogna avant de répondre :
— Aucune envie de finir ma vie avec une couche de plâtre, cracha-t-il en faisant référence au maquillage prononcé des jeunes femmes.
Erwin soupira tout en secouant sa tête de désapprobation.
— Tu n'es pas près de devenir un homme à marier... se désola-t-il.
— Ça m'arrange.
Effectivement, Livaï pensait que si le mariage se résumait à perdre la raison et épouser une folle dingue comme Hanji, alors il était bien mieux célibataire ; et ce, encore pour longtemps.
— T'as pas changé à ce que je vois, mon cher Livaï, s'exclama Dennis en plaquant un bras autour de ses épaules.
Le brun le foudroya du regard, la vapeur chaude de saké qui émanait de sa bouche lui donnant la nausées. D'un geste brusque, il se dégagea de son étreinte.
— D'ailleurs, je vous ai pas dit, c'est moi qui serait en charge de vous aider pour installer notre société ici.
Erwin acquiesça d'un signe de tête.
Le blond et le brun étaient venus au Japon sur ordre de leur directeur général pour implanter une nouvelle entreprise. Le voyage ne devait pas durer plus de quelques jours, le temps de signer les plans pour la construction des futurs bâtiments. Mais Dennis, en charge des affaires à l'étranger, avait été envoyé ici bien avant eux en rôle de repérage.
Hanji, quant à elle, avait simplement souhaité accompagner son mari et son meilleur ami. Tous les trois se connaissaient de longue date, et bien que sans poste officiel, la rousse s'impliquait souvent dans leurs affaires bien plus qu'eux même.
— Ah la la, soupira Dennis, regardez moi la grâce des japonaises... dit-il en désignant de la main quelques geisha. Rien à voir avec nos femmes !
Il termina ses propos dans un rire gras, avant de se tourner vers le trio.
— Mais moi, je vais vous dire ce que je préfère. Ce n'est pas elles qui me font envie, c'est plutôt ces gamines, là-bas.
Il désigna ensuite l'attroupement de maiko qui était à l'affût du moindre souhait de leurs grandes sœurs ou des leurs clients.
— Eh, regardez, siffla l'une d'entre-elle. L'américain nous montre d'entre du doigt.
Un frisson d'horreur parcourut Sacha.
— Il est vraiment pas beau... s'exclama-t-elle avec une grimace.
Un rire sarcastique d'une de des camarades retenti derrière elle.
— Il veut peut-être s'occuper de ton mezu-age, railla-t-elle.
La gloutonne sursauta.
— He, pourquoi ça serait forcément moi ?! paniqua Sasha. C'est peut être toi, d'abord !
— Ça risque pas, répondit l'autre. C'est toujours le même homme qui s'occupe des maiko de mon okiya. On dit qu'il est riche, beau, gentil et surtout très doux.
Uzume tiqua en écoutant les propos de la jeune femme. Elle ne savait pas véritablement à quoi correspondait la cérémonie du mizu-age. Alors que ses quinze ans arrivaient, okkasan et Hoshiko lui avaient montré quelques estampes qui lui avait mis le rouge aux joues. Elle avait trouvé que la femme devait particulièrement être souple pour exercer de telle figure, et s'inquiétait un peu de ne pas être à la hauteur.
Dans le fond, elle ne savait pas réellement de quoi il s'agissait, cependant quelque chose dont elle était certaine, c'est que l'homme qui était désigné à chaque fois était riche, certes, mais sûrement pas beau, et encore moins "gentil et très doux" comme semblait le dire sa camarade. Et ce, peu importe l'okiya. Car malgré ce que Motome et les geisha lui disaient à voix haute, elle avait surpris à plusieurs reprises ces dernières se plaindre de "l'homme du premier soir" comme on l'appelait souvent.
— Mikaaaa...
En écoutant Sasha pleurnicher sur son prénom, Uzumi revint a la réalité.
— Dis moi que nous aussi on a un homme riche, beau et gentil à l'okiya pour s'occuper de nous ; et pas ce gros américain !
La jeune femme haussa les épaules.
— Je ne sais pas, avoua-t-elle. Mais arrête de m'appeler comme ça. Je me nomme Uzume, désormais. Et redresse toi, Esumi est entrain de te fusiller du regard.
À l'écoute du nom de sa sœur-marraine, Sasha se raidit avant de tourner lentement vers cette dernière. Au fond de la salle, la geisha avait ses yeux pénétrants accrochés à elle, tout en parlant gaiement avec un client. La gloutonne eut un sursaut de peur et attrapa précipitamment une bouteille de saké pour aller remplir le verre de ceux qui se trouvaient aux strict opposé d'Esumi.
Uzume prit elle aussi une cruche et imita sa compagne à un autre endroit de la pièce.
— Tu vois, Livaï, continua Dennis, lancé dans un monologue sur ce qu'il préférait au Japon.
Erwin et Hanji avaient réussi à s'éclipser de cette conversation ennuyante et avaient laissé leur meilleur ami seul avec lui, non sans que le petit brun au tempérament orageux ne se jure de le leur faire payer.
— Ces filles que tu vois là-bas, on les appelle des maiko. Elles sont jeunes, et la naïveté qui ressort de leur mouvement est diablement plus excitant que le reste de ces bonnes femmes qui n'en ont qu'après ton porte-monnaie.
Livaï acquiesça d'un geste mécanique. Il aurait aimé pouvoir dire à Dennis qu'il n'avait que faire de ces fantasmes sexuelles plus que douteux ; mais il y avait les regards d'Erwin que le brun croisait régulièrement et qui semblaient lui indiquer que froisser leur collègue serait particulièrement handicapant pour la suite de leurs affaires. Alors il devait serrer les dents, tout en buvant cet alcool étrange mais assez agréable propre aux nippons.
De son côté, Mikasa se promenait à travers la pièce, à la recherche de la moindre coupe vide. Soudain, elle en aperçut une et se précipita -du moins tout aussi vite qu'il le lui était permis- pour la remplir. Lorsqu'elle leva les yeux vers l'invité, elle reconnu le petit américain brun dont elle avait croisé le regard algide quelques minutes plus tôt.
En apercevant la maiko qui le servait, Livaï fronça les sourcils. Il reconnut de suite la jeune femme qui avait soutenue son regard.
Sans dire un mot, Mikasa se courba légèrement par politesse, puis repartit à la recherche de nouvelles coupes à remplir.
— Ah, regarde moi ça, soupira Dennis l'air souriant tout en observant l'apprentie geisha s'éloigner. Elle est pas belle, leur jeunesse ?
Devant son sourire sordide, Livaï retint une grimace de dégoût.
— Tu sais, reprit son collègue en se tournant vers lui, il y a un rite par lequel ces maiko doivent passer pour devenir geisha. C'est... quelque chose qui se pratique à deux, si tu voix ce que je veux dire.
Il ria d'un rire gras et lança un clin d'œil à son collègue.
— Oui, je vois, grommela ce dernier d'un air plein de dédain, tout en portant son verre à ses lèvres et en détournant le regard.
Quel gros porc, lâcha-t-il mentalement. Je vous jure, Erwin et Hanji, que je vais vous faire la peau quand je vous chope.
— Il suffit simplement de payer une coquette somme d'argent si on veut pouvoir participer, continua Dennis. Ça fait un moment que j'y songe, j'aimerais bien tenter le coup, pour une fois. Pas toi ? Disons que ça fait partie du folklore pour découvrir ce pays.
Il explosa de nouveau en un éclat de rire sonore et écœurant.
— Bon, c'est pas tout mais j'ai vu qu'on venait d'apporter des mochi, reprit-il. J'adore ces pâtisseries, tu devrais les goûter, mon cher Livaï.
— Ça ira, j'ai pas très faim... répondit ce dernier en espérant chasser ce collègue encombrant le plus rapidement possible.
— Comme tu veux.
Dennis haussa les épaules et s'éloigna enfin. Livaï lâcha un long soupir de soulagement.
Il est vraiment chiant, celui là...
Il jeta ensuite un oeil à l'assistance afin de repérer ses deux traîtres d'amis, mais c'est alors qu'il recroisa de nouveau ce regard sombre aux reflets gris.
Mais qu'est-ce qu'il a à me fixer depuis tout a l'heure, lui, se dit Mikasa en croisant les pupilles bleues nuits de l'américain. Ces étrangers sont vraiment sans gène.
C'est quoi le problème de cette gamine ?! s'exclama mentalement Livaï au même moment. Je croyais que les japonaises étaient prudes, tu parles !
— Bah alors, mon p'tit Lili, on en pince pour une maiko ?
Le bras lourd de son amie tombant sur ses épaules le fit sursauter. Sans soutenir davantage le regard de la jeune japonaise, il incendia la chatain :
— Dégage de là, ragea-t-il en s'échappant de son étreinte. Et d'ailleurs j'ai deux mots à vous dire, continua le brun en se tournant vers le blond. Vous êtes sérieux, de vous être barrés comme ça ?!
Hanji éclata en un rire franc.
— C'était l'idée d'Erwin !
— Eh, protesta le blond. J'avais simplement envie de me restaurer un peu. Puis après, tu avais l'air en si bonne conversation qu'on a pas osé vous interrompre...
Livaï fussilla littéralement le duo du regard. Si, à ce moment même, ses yeux s'étaient parés de lames, ils les auraient décapité sans d'autre forme de procès.
— Bon, et sinon, elle te plaît cette Uzume ? continua la châtain sur un air empli de sous-entendu.
— Uzume ? répéta Livaï en fronçant les le nez. De quelle merde tu me parles, encore ?!
Hanji échappa un gloussement moqueur.
— C'est la maiko que tu dévisage depuis tout à l'heure.
Elle imagea ses propos en pointant Mikasa d'un geste de son menton.
— Tch, c'est cette gamine qui arrête pas de me regarder, mélange pas tout, la folle.
— Hm, mais bien sûr... répondit son amie sur un ton peu convaincu. En tout cas, reprit-elle, tu vas avoir l'occasion de la mater un peu plus longtemps. Je crois qu'elle va nous livrer un petit spectacle.
Le duo d'Uzume au chant, et d'Ukemochi au shamisen avait au fur et à mesure commencé à faire parler de lui au sein du quartier des plaisirs. La voix modulée et mélodieuse de la première se fondée avec harmonie dans les notes rondes et traditionnelles de la seconde.
Lorsque le brouhaha se tut, Sasha commença à jouer, et Mikasa échappa les premières paroles de Surayama.
Les sonorités étaient opposées à ce que les américains avaient l'habitude d'entendre, et le son cinglant des cordes pincées de l'instrument donnait même à penser que certaines notes étaient dissonantes pour les non-initiés. Cependant, la voix de la maiko qui les surplomba vint tout faire s'envoler. En une fraction de seconde, l'atmosphère changea pour se charger de l'odeur feutrée des fleurs du printemps. La voix de Mikasa était si douce à entendre, qu'on aurait presque pu croire discerner le son d'un ruisseaux s'écouler paisiblement.
Livaï en resta sans voix. Lui qui était d'ordinaire imperturbable et qui voyait son visage ne se déformer que sous les traits de la colère, écarquilla les yeux. Une expression subjuguée s'empara de lui, et il goûta, pour la première fois depuis son arrivée, aux plaisir de la culture japonaise.
Jamais il n'avait eu l'opportunité d'écouter une voix si pure, si cristalline ; paraissant tout aussi éclatante que la peau diaphane de la chanteuse. Cela s'opposait diamétralement à la cacophonie que sa petite sœur Isabel lui faisait subir lorsqu'il était au pays de l'Oncle Sam.
Quand le duo de maiko eut terminé, l'assistance resta un instant silencieuse, avant que diverses acclamations et applaudissements retentissent.
— Ah, finalement, je crois que c'est pour elle que je vais me laisser tenter... soupira Dennis, ses yeux dévorant toujours goulûment Mikasa.
— De quoi tu parles ? s'enquit Hanji, l'oreille curieuse se laissant facilement happée par toutes les conversations.
Le public s'étaient de nouveau dispersé pour reprendre un volume de conversations normale.
— Tout à l'heure, j'ai dit à Livaï que j'aimerais bien me laisser tenter par cette histoire de Mizu-age.
— Oh, j'ai entendu parlé de cette cérémonie, s'exclama la châtain.
— J'hésite, mais je crois que cette Uzume m'a tapé dans l'œil, continua Dennis.
— Ah ben dis donc, on dirait que tu as de la concurrence, Livaï, s'exclama la folle en lui claquant une tape dans le dos ce qui lui valu un coup -plus fort que la moyenne- dans les côtes.
— T'arrêtes avec ces conneries ?! ragea le petit brun.
Au même moment, Dennis le dévisagea.
— Elle t'intéresse ? lui demanda-t-il, l'air un peu étonné que ce collègue introverti se laisse si facilement séduire.
— Non, absolument pas, c'est juste quat-z-yeux qu'a un peu trop forcé sur leur saké de merde.
— Ah bon, super dans ce cas, renchérit Dennis en se frottant les mains.
Il se tourna ensuite vers Uzume qui était en train d'aider Sasha à ranger son Shamisen. Cette dernière avait prit les grandes manches de son kimono dans la boîte de l'instrument.
Un sourire répugnant qui dévoilait une dentition gâté naquit sur son visage.
En apercevant l'immondice de son visage, Livaï ne put s'empêcher de jeter un œil vers la chanteuse. Comme si elle avait senti leurs regards, cette dernière se retourna vers eux ; et devant son expression de surprise, l'américain la trouva vulnérable. Il se mis alors à penser à sa petite sœur qui devait avoir à peu près son âge. Ce n'était qu'une gamine. Une gamine qui s'était retrouvée dans ce monde, sûrement pour des raisons bien plus sombre que sa propre volonté. Il regarda de nouveau son collègue dont les idées malsaines qui lui traversaient l'esprit se peignaient trop clairement sur son visage, puis de nouveau le dos frêle de la maiko qui descendait enfin de l'estrade.
— Laisse-la moi, s'exclama-t-il enfin.
Les mots lui avaient échappé, sans qu'il ne puisse les contrôler et il lui fallait quelque secondes avant de prendre conscience de ce qu'il avait dit.
— Hein ? fit Dennis en se retournant vers lui, l'air surpris. Tu la veux, finalement ?
Livaï, qui savait pertinemment ce que cela engageait, hésita un instant avant de soupirer :
— Oui, dit-il en ancrant ses pupilles bleus dans les yeux marrons de son collègue. Je vais découvrir ce fameux "folklore".
Un frisson de dégoût le parcourut tandis que son collègue lui rendait un sourire pernicieux.
Quelques jours plus tard, Motome vint trouver Mikasa qui exerçait sa voix, assise en seiza sur l'engawa de l'okiya.
— Uzume, s'exclama la patronne, nous venons de trouver l'homme qui s'occupera de ton initiation sexuelle !
En écoutant ses mots, la maiko se crispa et une crampe vint comprimer ses entrailles. L'okkasan aperçu le visage fermé de sa fille, et la rassura :
— Ne t'en fais pas, tu as quelques jours pour te faire à l'idée ; et d'ici là, Hoshiko et moi seront là pour t'expliquer tout ce que tu dois savoir.
Uzume acquiesça d'un bref signe de tête. Elle ne savait toujours pas en quoi cela consistait véritablement, et se doutait qu'elle ne comprendrait enfin que lorsque le jour serait venu.
— En arrivant, tu devra retirer ta ceinture, mais bien garder ton kimono, expliqua avec douceur Motome. Puis tu ira t'allonger dans le lit, à côté de l'homme.
La date fatidique arriva au moment même où les fleurs des sakura commençaient à faner. Le matin, Motome envoya Mikasa tôt au bain public afin qu'elle puisse être un peu plus minutieuse sur sa toilette que d'ordinaire. En pénétrant dans la brume chaude du sento, Uzume sentit tout son corps se détendre.
Elle laissa un instant son esprit vagabonder avant de commencer à nettoyer son corps.
Le Mizu-age...
Elle y avait pensé distraitement jusque-là. Elle avait aussi toujours eu conscience qu'un jour ou l'autre, il lui faudrait passer par cette étape si elle souhaitait devenir une geisha accomplies, cependant, elle ne put empêcher une sourde angoisse de l'atteindre.
Apres les bains, il fallut à la jeune fille passer de longues heures chez la coiffeuse. Confection minutieuse du shimada, cette queue de cheval retournée typique des maiko, l'épais fond de teint appliqué avec soin sur son visage, son cou et sa nuque. Et enfin, un rouge un peu plus sombre que d'ordinaire sur ses paupières et ses lobes d'oreilles. Avant de quitter l'établissement, la coiffeuse glissa dans ses cheveux l'épingle ornementale que lui avait prêté Hoshiko pour lui souhaiter bon courage.
Il faisait nuit quand Uzume, fin prête, rejoignit la maison de thé où allait se dérouler son mizu-age. Il était de coutume que ce soit celle qui l'ai le plus appelé pour des zashiki qui lui mette sa "pièce à l'écart" à disposition lors de cette cérémonie.
Avant de faire rouler le fusuma, la future geisha prit une profonde inspiration, puis elle pénétra dans la pièce. À l'intérieur, seule une lampe à huile éclairait l'espace, conférant une atmosphère feutrée et chaude lorsque sa lumière se reflétait sur les panneaux blanc cassé. En apercevant l'homme qui lui était assigné pour ce premier soir, Mikasa retint son souffle. Elle reconnu de suite l'américain brun au regard tempêtueux qui l'avait dévisagé toute la soirée. Il était avachi sur une chaise, les bras croisé, les jambes étendu devant lui et les yeux fixant le sol.
Sans un mot, la maiko referma le fusuma, et commença à défaire son obi.
— Ne te déshabille pas.
La voix grave et stricte de l'homme résonna. Uzume tiqua au ton autoritaire, et arrêta son geste. Elle lui lança un regard étonné, mais ce dernier continuait à fixer le sol avec une attention toute particulière.
— Couche toi, continua-t-il d'une voix plus douce.
Perplexe devant ce déroulement qui n'était en rien similaire à ce qu'on lui avait décrit, Mikasa s'exécuta. Allongée sur le dos dans le lit, elle attendit quelques instants avant d'entendre un bruissement d'étoffe. Discrètement, elle jeta un œil à l'étranger au comportement curieux. Il avait changé de position, rejetant sa tête en arrière, mais conservant toujours ses bras et ses jambe solidement croisés.
— Dors maintenant, lui ordonna-t-il tout en fermant les yeux.
Et aucune autre parole ne fut prononcée.
✺
Plusieurs jours étaient passés depuis que Livaï avait décidé de s'initier au "folklore japonais". Aussi étonnant que cela puisse paraître, Hanji avait réussi à tenir sa langue, et seuls Erwin, Dennis et elle était au courant de ce qu'il s'était passé ; pour le plus grand plaisir du brun.
Mais alors qu'il pensait toute cette histoire enfin terminée, Dennis s'exclama un jour :
— Dis moi, Livaï, tu t'es bien occupé du Mizu-age de cette Uzume, non ?
Le petit brun arqua un sourcil en le dévisageant. Il acquiesça rapidement d'un signe de tête avant de demander :
— Oui, pourquoi ?
Dennis fronça le nez.
— Parce que j'ai été voir la patronne, et elle m'a dit qu'Uzume était encore disponible.
Livaï écarquilla les yeux.
Espèce de mégère ! jura-t-il.
Sans laisser le temps à son interlocuteur de continuer, il se rua en direction du Fuku Sana.
Lorsqu'il arriva devant l'okiya, Livaï exigea de rencontrer Motome. Mais devant le refus de Matsubara, son esclandre fut-elle que, craignant d'attirer la foule, le serviteur fini par céder.
C'est donc en trombe que le petit brun entra dans les appartements de la directrice.
— Vous m'expliquez ?! cracha-t-il de son ton froid.
Nullement impressionné, Motome se releva avec grâce et lenteur de sa chaise, avant de lui répondre.
— Vous expliquer quoi, monsieur Ackerman ?
Livaï fit claquer sa langue d'agacement.
— Je crois vous avoir assez payé pour le Mizu-age de votre maiko, alors vous m'expliquez pourquoi vous dites qu'elle est encore "disponible" ?!
Il lâcha ce dernier mot avec dégoût.
Tout dans ces mœurs l'écoeuraient. Voir ces femmes réduites à des marchandises lui donnait la nausées. Et savoir qu'il allait sûrement engraisser les gros porcs qui se servaient d'elle avec l'argent qu'il avait donné à ce foutu établissement était pire.
Un sourire condescendant étira les lèvres de la femme.
— Monsieur l'américain, lâcha-t-elle d'un ton calme. Voyez-vous, le monde des geisha et de ce qui en découle vous est terriblement étranger.
Elle marqua une pause avant de reprendre.
— Les maiko, comme Uzume, doivent rembourser une dette. Leur corps, leurs talents pour les arts, et leur beauté sont autant d'atout qui leur permettent de tenir leur frais. Mais parmi tout ça, là où une maiko peut gagner beaucoup d'argent, c'est sur son mizu-age. Ce n'est pas la première fois que l'on ment sur la virginité d'une furisode geisha, et ce ne sera pas la dernière.
— Sale-
Mais Livaï fut coupé par Motome qui reprit instantanément la parole.
— Maintenant, dit-elle avant d'illuminer son visage d'un sourire rusé, si vous souhaitez tant que ça qu'Uzume vous soit exclusive, vous avez toujours l'opportunité de devenir son danna.
.~.🌸.~.
Hello, la rentrée est désormais arrivée pour tout le monde, que ce soit en étude secondaire, universitaire ou au travail. Ça a été ?
J'espère que ce chapitre vous aura au moins réconforté après cette longue semaine de labeur !
Moi je vous fais pleins de bisous, et je vous dis à vendredi prochain.
Prenez soin de vous,
~Crunch❣
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