第一章 - Okiya
Geisha / Geiko : je ne vais pas vraiment vous expliquer en quoi cela correspond étant donné que c'est le but de cette histoire haha, mais je veux donner une petite précision. Le Japon a connu deux capitales. La première était Kyoto, délaissé par l'empereur Meiji qui lui préféra Edo (l'actuelle Tokyo). Ces deux grosses villes, de part leur importance, possédaient chacune un "business" dans le domaine des geisha assez important. Deux termes sont alors apparus ; "geiko" était utilisé à Kyoto, et "geisha" utilisé à Tokyo. Petit à petit, ce dernier s'est démocratisé et on a tendance à employer le mot "geisha", peu importe la région. Cet aparté est simplement pour vous prévenir que la différence entre une geisha et une geiko est uniquement géographique, mais l'exercice du métier reste le même (encore plus rare, le terme geigi peut être employé). Pour ma part, j'utiliserai le terme geisha car il est plus "générique". La traduction officielle est "la femme qui excelle dans l'art".
Deux ères importantes : l'histoire débute sous l'ère Meiji (1868-1912) mais Mikasa exercera véritablement en tant que geisha sous l'ère Taisho (1912-1926), d'où le titre de cette fanfiction. À noter qu'on nomme les ères en fonction du titre de l'empereur en exercice.
Okiya : demeure où vivent les geisha et ceux qui gravitent autour d'elles (apprenti, directrice, serviteur, etc...). Lorsqu'une geisha a fini de rembourser sa dette, elle peut décider de vivre dans sa propre maison. Mais généralement, elle se préparera chez elle et viendra ensuite dès le matin dans l'okiya qui représente une sorte de "maison familiale" à leurs yeux pour prendre le petit déjeuner. C'est également ici que viennent certains clients.
Okkasan : bon, je pense que vous connaissez tous ce terme mais on sait jamais haha, ça veut dire "mère". Je vais volontairement garder ce mot sans le traduire en français, afin de montrer la symbolique qu'il a car c'est comme ça que les geisha appelent la directrice de l'établissement. Petite précision, beaucoup l'écrivent avec un seul "k" de nos jours, mais dans les livres sur les geisha que j'ai pu lire, il était orthographié avec deux, alors j'ai décidé de le garder ainsi.
Saku Hana : signifie « fleur épanouie ».
Serviteur : Il est le seul homme autorisé à pénétrer dans l'okiya (exceptée les clients, évidement). Bien qu'il est souvent le mari de l'okkasan (mais pas obligatoirement) il a un rôle qui n'est pas au premier rang. Il va être chargé, entre autre, de protéger les Meiko et les Geisha, de les accompagner parfois, mais aussi d'attirer les clients "potables" dans l'okiya.
Taabo : petite servante.
Yarite-baba : femme d'un certain âge qui sert d'entremetteuse entre les geisha et leurs clients
.⛩.
— Fujino, tu n'y penses pas !
Yuko était désemparée par la décision que venait de lui annoncer son mari.
— Tu crois que ça me fait plaisir ?! la rabroua ce dernier. Mais on peut pas la garder. Une fille, c'est une bouche de plus à nourrir. Et puis c'est pas comme si je te parlais de la vendre à un proxénète !
L'air bougon, il but une rasade de saké. Sa femme eut un rire sarcastique.
— Tu sais autant que moi que la ligne est très fine, lâcha-t-elle avec amertume.
— Roh, ça va, s'énerva de nouveau Fujino. De toute façon, ma décision est prise. L'okiya nous attends demain matin, vers huit heure. Tu iras seule, je dois aider Katsuhiko sur un chantier.
— Mais-
— Ça suffit, Yuko !
Son mari lui coupa la parole en se levant brusquement, l'air menaçant.
— Je suis encore maître chez moi, merde !
L'alcool qu'il buvait pour oublier commençait à lui embrumer l'esprit. Sa femme comprenant alors que sa décision était irrévocable, abaissa les épaules d'un air accablé. Une boule de tristesse écrasait ses cordes vocales et elle se mordit la lèvre aussi fort qu'elle le pouvait pour que ses larmes n'agacent pas davantage cet homme qu'elle avait pourtant, un jour, aimé.
Le lendemain, c'est la mort dans l'âme qu'elle fit ce que Fujiro lui avait ordonné. D'un pas trainant afin de retarder l'inévitable, elle prit le chemin du quartier des plaisirs. La petite main chaude de sa fille serrait ses doigts fortement par angoisse de la perdre. Ce n'était qu'un bébé qui était bien trop jeune pour être bousculé ainsi dans le monde des adultes, rempli de débauche et de luxure. Mais son mari avait raison. Bien que la guerre contre les russe s'était soldée par une victoire écrasante des japonais, c'étaient la sphère privilégiée des têtes couronnés qui s'étaient enrichie et non la population.
— On va où, maman ? demanda Mikasa.
Ses yeux bruns s'étaient levés vers sa mère, attendant patiemment une réponse. Mais Yuko se contenta de serrer davantage la main de sa fille. Parler aurait été fondre en larmes.
L'okiya Saku Hana avait une particularité. Située presque tout au bout du quartier des plaisirs, elle bénéficiait d'une des meilleurs réputation et son architecture était là pour souligner son rang supérieur. Comparé à ses sœurs, elle était dotée d'un large et beau portail suggérant une assez grande propriété.
Yuko tira sur la chaînette. À peine la clochette qui y était reliée avait-elle retenti, qu'un homme vint leur ouvrir.
C'était le serviteur de l'okiya. Le seul homme admis à pénétrer dans la maison des geisha, au service de leur sécurité et chargé de recruter les clients qui seraient pris en charge plus tard par la yarite-baba.
— Motome va vous recevoir, dit-il sobrement en les guidant jusqu'a l'entrée de la maison. Inutile de vous déchausser, vous l'attendrez ici.
Puis sans un regard, il disparut derrière un paravent.
Yuko était estomaquée par la beauté des lieux. Devant elle se dressait un immense escalier dont le bois d'hinoki était si polie qu'il s'était transformé en miroir.
— Enchantée.
La voix solennelle de la patronne des lieux la fit sursauter. C'était une femme assez grande, habillée d'un kimono luxueux, sublimé d'un obi brodée de files d'or.
— En... Enchantée, s'exclama Yuko en s'empressant d'effectuer une courbette. Je... Je viens à la demande de mon-
— Je sais, la coupa la directrice.
Son ton n'était pas spécialement froid, mais il appelait à l'autorité.
— Alors, voyons voir ce que vaut cette petite.
Sa démarche lente et assurée lui donnait l'impression d'une déesse. Ses pas coulés sur le parquet presque dans une danse, et Yuko ne put s'empêcher de la comparer à la divinité Uzumé.
Lorsqu'elle se pencha vers Mikasa, l'enfant se rapprocha de sa mère, effrayée.
Yuko vit la patronne froncer les sourcils et se mit à espérer que le caractère farouche de sa fille la répugne. Mais au même moment, un sourire subtile émoussa les lèvres de femme élégante.
— Elle a une belle qualité de cheveux, dit-elle en se redressant. Elle me semble timide, mais ce n'est pas un défaut. Je pense qu'elle deviendra une très jolie jeune femme.
Motome, comme l'avait appelé le serviteur, fouilla à l'intérieur d'une bourse en cuire qui était reliée à sa ceinture.
— Voilà pour vous. C'est la somme que j'avais convenu avec votre mari. Avez-vous le contrat signé ?
Yuko était effarée de voir avec quelle facilité elle avait pu donner un prix à son enfant. Mais il était ainsi, le monde où ils évoluaient. Tout se marchandait, même la vie, et en vu du profit que chacun semblait en tirer, ce n'était pas près de s'arrêter.
Réprimant de violents hauts le cœur, elle tendit la lettre que son mari lui avait donné.
— Revenez chaque semaine avec du linge propre, nous vous donnerons celui usagé, lui intima la patronne tout en vérifiant que le contrat était rempli en bonne et due forme. Elle n'aura besoin que de quelques vêtements de tous les jours. Pour le reste, nous nous en chargerons.
Yuko attrapa la bourse que lui tendit Motome. Elle pesait lourd dans sa main amaigrie par le travail dans les rizières.
— Hoshiko, appela ensuite Motome.
Presque instantanément, une jeune fille apparut derrière l'un des panneaux coulissants en papier de riz.
Habillée plus sobrement que sa patronne, elle ne manquait tout de même pas de magnificence dans son kimono grenat sur lequel était brodé aux fils magenta des grues en plein vol. Elle semblait jeune sous son maquillage d'albâtre, et Yuko ne lui donna pas plus de quinze ans.
En l'apercevant, elle comprit qu'il était temps de dire adieu à sa fille.
Elle se retourna vers l'enfant aux cheveux noirs et aux yeux carbonados qu'elle avait hériter d'elle, et s'accroupi.
Sans un mot, elle l'entraîna contre son cœur, et la serra aussi fort qu'elle le put.
— Je t'aime, mon bébé, lui susurra-t-elle dans un murmure, davantage pour apaiser sa souffrance que par volonté de parler à l'enfant. Je t'aime de toute mon âme. Sois forte, devient une belle jeune femme, et ne m'oublie jamais.
Les yeux embrumés malgré ses efforts pour ne pas craquer, elle embrassa Mikasa sur le front, et se releva.
— Merci, dit-elle en se courbant poliment devant la directrice de l'établissement.
Puis sans se retourner vers sa fille, elle partit.
— Maman... s'écria l'enfant.
Mais alors quelle voulait la suivre, quelqu'un la retint par la main. Mikasa vit alors l'élégante poupée qui venait d'apparaître lui sourire.
— Viens... souffla gentiment Hoshiko dans un sourire qui se voulait rassurant.
Mikasa fronça les sourcils.
— Mais maman...
— Ne t'en fais pas, viens avec moi, je vais m'occuper de toi.
La petite semblait hésiter, lançant plusieurs regards vers la porte d'entrée que le serviteur venait de refermer.
Des larmes dû à l'incompréhension commençaient à inonder ses yeux noirs.
— Attends.
Motome fit un geste pour retenir Hoshiko. Elle s'accroupit ensuite devant la fillette, et dit :
— Désormais, ce sera moi, ta mère.
Elle aussi souriait, mais le rouge qui recouvrait l'ensemble de ses lèvres et la coiffure imposante que formaient ses cheveux la rendait effrayante aux yeux de Mikasa.
Elle se rapprocha d'Hishiko pour se protéger.
— Okkasan...
Motome se releva en soupirant.
— La timidité est une qualité recherchée par bon nombres de nos clients, fit-elle, son regard toujours rivé sur l'enfant. Mais il faudra veiller à ce que cela ne soit pas à outrance.
Elle se tourna ensuite vers l'adolescente.
— Je te la confie, Hoshiko. Lave-la, habille-la, et instruit-la sur ce qu'elle doit savoir d'une okiya.
L'adolescente s'exécuta sous l'œil à la fois inquiet et curieux de la petite fille. Elle lui prit délicatement la main et l'intima de la suivre. Ensemble, elles traversèrent le long couloir, puis montèrent l'escalier en bois.
L'étage supérieur était lui aussi paré du bois rouge qui entourait les encadrures d'une multitude de portes, et un autre escalier supposait que l'établissement s'étendait bien plus encore.
— Viens, souffla Hoshiko en attirant Mikasa dans une pièce.
Un baquet était disposé, déjà rempli d'une haut chaude d'où s'échappait de la vapeur.
Après avoir nettoyé l'enfant, elle se permis de fouiller à l'intérieur du petit sac qu'avait laissé Yuko pour en sortir des vêtements propres. Hoshiko l'aida à s'habiller, et entreprit de brosser ses cheveux. C'est vrai qu'ils étaient beaux. Mais cela n'était pas si surprenant, car Motome avait l'œil quand il s'agissait de dénicher des perles rares. Pas une seule geisha ou apprentie du Saku Hana n'était en manque de beauté. La directrice avait fondé sont établissement en suivant scrupuleusement les princeps de ses prédecesseuses, ce qui permettait désormais à toutes ses filles de jouir d'une renommée qui leur ouvrirait n'importe quel porte ; une fois leur dette remboursée, bien évidemment.
— Où est maman ? demanda Mikasa.
La petite fille n'avait pas parlé jusque là, préférant observer son environnement. Mais elle commençait à trouver le temps long, malgré les caresses de l'élégante poupée.
— Ce sera Motome désormais, ta mère.
Elle vient de signer les papiers d'adoption, répondit Hoshiko d'une voix douce, continuant de brosser ses cheveux.
Mikasa fronça les sourcils. Elle s'apprêtait à protester, mais Hoshiko l'en empêcha.
— Écoute, lui dit-elle en se tournant face à l'enfant. Désormais, c'est ici que tu vas vivre. À l'okiya Saku Hana.
Elle marqua une pose avant de reprendre.
— Sois en fière, car peu de jeunes filles peuvent se vanter d'avoir attiré l'attention d'okkasan.
— Okka... San ?
— Oui, c'est comme cela qu'il te faudra appeler Motome, maintenant.
— Pouquoi ?
— Parce qu'elle t'as adopté, je te l'ai déjà dit.
Mikasa ouvrit de grands yeux. Elle ne comprenait pas tout, mais si la jolie princesse qui s'occupait d'elle habitait ici, alors elle n'avait pas à s'inquiéter.
— Toi aussi, elle t'a adopté ? demanda l'enfant, pleine d'espoir.
Hoshiko opina de la tête, et la petite brune se mit à sourire.
— Maintenant, reprit l'adolescente, retiens bien ce que je vais t'apprendre.
Mikasa s'accroupit confortablement pour écouter avec attention.
— Ici, chacun à sa place. Il y a tout d'abord okkasan, puis les geisha, les maiko, et enfin, les petites taabo comme toi.
Elle ponctua sa phrase en effleurant le nez de l'enfant de la pointe de son index. Mikasa échappa un petit rire.
— Dis, c'est quoi une tabo ?
— Taabo, la reprit gentiment Hoshiko.
C'est une petite apprentie. En tant que telle, tu devras t'occuper de différentes tâches que te confira okkasan. Tu devras aussi parfois aider les maiko, mais surtout les geisha à s'habiller. Attention à être bien discrète, cependant, quand il y aura des clients.
— Des clients ?
Mikasa fronça les sourcils.
— Comme papa quand il vend son poisson ?
Hoshiko hocha négativement la tête.
— Tu comprendras vite ce que je veux dire, petite taabo.
Elles restèrent ensuite un instant silencieuses, l'adolescente guettant patiemment les moindres gestes de l'enfant. Cette dernière semblait plongée dans une profonde réflexion qui lui rappela sa propre arrivée à l'okiya, une dizaine d'années auparavant.
— Dis... l'interpella soudain Mikasa. Je pourrais devenir aussi belle que toi, si je reste ici ?
Elle avait plongé ses deux carbonados dans les yeux d'Hoshiko, qui se mit à sourire devant les paroles innocentes de la petite fille.
— Oui, et même plus encore, répondit-elle. Mais d'abord, il te faudra devenir une maiko. Puis quand tu passeras geisha, ta beauté ne sera que décuplée.
— T'es une geisha, toi ?! s'empressa de l'interroger Mikasa, de plus en plus intéressée par l'idée de devenir une aussi élégante princesse.
— Non, pas encore ! s'exclama Hoshiko. Je suis une maiko. Mais plus pour longtemps, car mon mizu-age arrive, fit-elle avec une voix où l'on pouvait presque distinguer une pointe de fierté.
Mikasa pencha sa tête sur le côté, les sourcils froncés, en écoutant encore un mot qu’elle ne connaissait pas.
— C'est quoi, ça, le mizu-age ?
Hoshiko se mit à rougir subitement.
— Ce... Ce n'est rien, bredouilla-t-elle. Tu le découvriras bien assez tôt...
.~.🌸.~.
Et voilà le premier chapitre 🤗
Alors, plongez dans l'ambiance ???
Dites-mois en commentaire et à vendredi prochain,
Prenez bien soin de vous,
Crunch~
PS : D'énormes bisous à mon éternelle correctrice : andreajustwrite
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