𝐕𝐈 - 𝐆𝐖𝐄𝐍𝐇𝐀𝐄𝐋
«Gamberro»
Sixième chapitre:
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Gwenhael:
J'ouvre doucement les yeux, réveillée par les rayons de soleil qui viennent me frapper en plein visage.
Après des jours d'insomnie, j'ai enfin pu me reposer. J'allume mon téléphone une fois que mes yeux sont aptes à accepter sa luminosité et je regarde l'heure.
Il est 9h du matin, mais j'ai la forte impression d'avoir oublié quelque chose.
Je creuse dans ma tête, et je regarde quel jour on est. On est jeudi, mais jusque-là je ne vois toujours pas ce que j'ai pu oublier.
Attendez un peu...
C'est un jour de travail aujourd'hui!
J'ai directement bondi du lit pour me précipiter dans la douche, encore et toujours en retard et le pire c'est que je ne le fais même pas exprès.
Je prends rapidement une douche et je m'habille aussi vite aussi vite que mes bras me le permettent. Ma mère n'est pas là, elle est chez Andrian, elle voulait le consoler un peu. Elle voulait partir ce matin après s'être rassurée que je me réveille mais j'ai insisté pour qu'elle y aille. J'étais persuadée que j'allais gérer.
Mais apparemment, ce n'est pas le cas.
Je prends juste un jus de fruits et je ferme la porte à clés. Je laisse les clés dans le pot de fleur devant la porte.
Je suis restée planté au bord de la route à attendre un taxi comme une dingue pendant des minutes et des minutes.
Rien y fait, personne ne s'arrête. Pourquoi est-ce que je suis si poisseuse?
Je commence à pieds, puis finalement, il y a un taxi qui m'a accepté.
Je suis arrivé avec 2h de retard, en plus aujourd'hui il y avait une réunion à laquelle je devais assister.
Je vais encore me faire taper sur les doigts ça c'est sûr...
— Je connais quelqu'un qui risque se faire virer dès aujourd'hui. Commente Rhéane en riant.
— Tu ne m'aides en rien là!
— Laisse-moi deviner, ta mère n'était pas là c'est ça?
— Je viens de me rendre compte que sans elle je ne suis rien. La réunion est terminée?
— Oui et laisse-moi te dire que le nouveau patron a fait un de ces scandales. Non mais je ne suis pas sûre qu'il soit de la même famille que l'autre idiot qui nous sert de patron actuellement, il est plus beau, plus charmant. Il a plus de classe.
— Tu ne changeras jamais toi! Bref je préfère ne pas aller le voir maintenant.
— C'est dommage alors, parce que son rendez-vous est là. Et comme moi je ne suis chargée que de la vérification des commandes, c'est à toi de le faire.
— Quoi? Tu es sûre que tu ne peux pas aller le lui dire?
— Non désolé. Je ne suis même pas sûre qu'il connaisse mon prénom. C'est toi sa secrétaire chérie.
Je me contente de soupirer d'agacement.
Je pose mon sac sur mon siège et je monte dans son bureau, une fois devant la porte je prends une grande inspiration et j'ouvre la porte.
J'entendais déjà des voix à l'intérieur, ça s'arrête quand je fais mon apparition.
— Euh désolé de vous interrompre messieurs mais monsieur Ayoub votre rendez-vous est là.
— Ok faites-le entrer. Et je suppose que c'est maintenant que vous arrivez.
Je baisse juste la tête, cette fois-ci, je n'ai pas d'excuses valables.
— J'ai l'impression que le retard est inné chez vous. Encore un retard de plus et vous dégagez de mon entreprise.
— Tu t'es pris pour qui au juste? Elle ne partira que lorsque je l'aurais décidé, souviens-toi, c'est moi le patron et pas toi, alors commence déjà à t'habituer. Vous pouvez disposer mademoiselle. Lance une voix d'un ton moqueur.
Je tourne la tête vers celui qui venait de parler, et il s'agissait de l'homme qui m'avait agressé parce que j'avais parlé à sa fille.
Donc si je comprends bien, c'est lui le nouveau patron?
— D'accord. Réponds-je simplement.
Je sors du bureau et referme derrière moi. Je soupire d'agacement et je me dirige vers l'ascenseur.
Je suis à deux doigts de perdre mon boulot à cause d'une habitude qui ne me quitte plus maintenant.
J'étais en train d'attendre l'ascenseur quand je sens une présence près de moi, je lui lance un bref coup d'oeil et je soupire.
Mon coeur a commencé à battre bizarrement fort.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Et on entre.
Au début, personne ne dit rien. Bizarrement j'étais assez gênée, chose qui ne m'était jamais arrivée auparavant. Son parfum avait envahi tout l'ascenseur, et sa carrure imposante..
Je me sens si petite face à lui. J'ai préféré rompre le silence maintenant pour essayer d'évacuer la gêne.
— Euh...merci de m'avoir défendu tout à l'heure.
— Ce n'est rien. Répond-il calmement.
Bon maintenant, la gêne est de retour. Je ne dis rien, et lui non plus. Mon téléphone sonne, je regarde et c'est Calista. Je n'aime pas trop répondre au téléphone en public.
Ce n'est pas un grand public actuellement, c'est juste une seule personne mais j'ai l'impression que tout le monde écoute ce que je dis.
J'éteins mon téléphone. Je la rappellerais plus tard.
Il sonne encore une fois, je regarde encore et c'est encore elle.
— A mon avis vous devriez répondre, ça doit être important. Me conseille-t-il.
— Non m...
— Allez-y.
Je finis par décrocher.
— Oui?
— Ma chérie il faut que tu passes à la maison maintenant. Pour qu'on puisse parler du deuil et tout ce qui avec.
— Je passe le week-end tu sais que je ne peux plus me balader la nuit après ce qui s'est passé.
— Ah oui je suis désolée. Passe le week-end sans problèmes.
— Merci...mais c'est la vie. On se voit le week-end alors. Et comment il va?
— Il va super mal, je ne l'ai jamais vu dans un état pareil.
— Je sais que c'est dur mais ça ira, passe lui mes salutations s'il-te-plaît.
— D'accord, à plus tard.
— A plus, bisous.
Cette histoire me cale toujours au travers de la gorge mais je n'ai pas d'autres choix que de faire avec. La vie continue... malheureusement.
— Désolé de vous importuner avec mes problèmes. Lancé-je pour essayer de penser à autre chose.
J'avais levé la tête vers lui, il a tourné la sienne. Et il m'a regardé dans les yeux. Une vague de frissons m'a parcouru au même moment.
Il a un regard perçant qui m'a procuré une sensation très étrange. J'ai directement détourné les yeux pour éviter que le malaise ne s'accentue.
— Quel est votre prénom?
— Gwenhael.
— Hum.
Les portes s'ouvrent au même moment, je n'attendais que ça de toute façon, je suis vite sortie de là si non je crois que j'allais faire un infarctus. C'était tellement...malaisant. J'espère que c'est dû au fait que je sois fatiguée.
Une fois bien loin, c'est comme si je recommençais à respirer. Une situation ne m'a jamais mise dans cet état.
Je pensais que Rhéane abusait quand elle parlait de lui, ça doit être ça.
Ou pas...
Je retourne à mon bureau, elle n'y était pas. Je me suis installée à ma place et je me suis directement mise au travail.
J'ai essayé de faire le vide dans mon esprit et j'y arrive. De toute façon il ne faut pas que je pense à ce qui s'est passé au bar, c'est de l'histoire ancienne et je cherche désespérément le répit.
Rhéane revient quelques minutes plus tard, le visage illuminé comme si elle venait d'apprendre la nouvelle du siècle.
— Qu'est-ce qui t'arrive? Questionné-je en posant mon crayon sur la table.
— Tu ne devineras jamais ce que je viens de faire! Crit-elle avec excitation.
— Justement je ne peux pas deviner vu que je n'étais pas là.
— J'ai toujours su que tu étais folle mais pas a ce point là. Lance Tobié qui venait de se joindre à nous.
— Tu as bien vu ce qui s'est passé? Poursuit Rhéane.
— Mais soyez plus explicite je ne comprends rien, moi.
— Regarde la tâche sur ma robe c'est le connard de Tobié qui me l'a faite, du coup je suis sortie de la cafétéria en colère parce qu'elle ne partira pas de sitôt. Et là, il y a un homme qui m'interpelle, moi tu me connais, quand je suis énervée je ne veux pas qu'on en rajoute, mais lui il est allé jusqu'à m'arrêter par le bras, je lui ai demandé d'éviter de me toucher et je me suis libérée de son emprise. Il a persisté et est venu m'attraper une deuxième fois mais je me suis retournée et je lui ai envoyé une baffe en pleine figure puis je suis partie.
— Et tu es fière de toi là? Demandé-je posément.
— Pourquoi pas? Demande-t-elle en haussant les épaules.
— Non mais l'homme en question a eu assez honte, pas à cause de la gifle mais à cause de la façon dont il s'est fait humilier. C'était tellement violent. Commente Tobié.
— Vous êtes des tarés vous, ça ne se fait pas des trucs comme ça.
— Veuillez vous lever pour accueillir la Sainte Vierge Gwenhael. Se moque Rhéane.
— Arrête, je n'essaie pas de jouer les moralisatrices.
— Bref je retourne à mon bureau, moi. Dit Tobié.
Et puis il s'en va. Ce gars travaille au cinquième étage mais il vient nous rejoindre tout le temps ici en haut.
A chaque fois que je lui demande il me répond qu'on ne sait jamais qui on peut croiser en route.
Bref.
— Comment ça s'est passé avec ton patron?
— Il a menacé de me renvoyer au prochain retard.
— Il est tellement énervant celui-là.
— Mais heureusement que l'autre patron était là. Ajouté-je vaguement.
— Attends...tu veux dire que monsieur Tayssir t'a défendu? Dit-elle en souriant.
— Oui en quelques sortes.
— Oui! Crit-elle en levant ses bras vers le ciel. Vous avez certainement eu un coup de foudre l'un pour l'autre, vous allez vous marier et vous aurez plein d'enfants. Oh purée, je suis la belle soeur d'un homme riche.
Okay, là on est d'accord sur tous les points. Elle est folle et elle est bête.
— Quoi? N'importe quoi, reprends tes esprits ma vieille. On vient de deux univers complètement différents. Impossible qu'il s'intéresse à moi je ne suis même pas sûre qu'il ait retenu mon prénom.
— Parce qu'en plus de ça il t'a demandé ton prénom? Ça sent le coup de foudre...
— Arrête ça, il est marié, et toi tu es là à vouloir nous construire une vie.
— Quoi? Mais où est-ce que tu es allé chercher ça? Il n'est pas marié! Qui t'a raconté une connerie pareille?
— Il a une fille...
— Certes il a une fille mais...Elle regarde autour de nous. Ce que je vais te dire tu ne le répètes à personne.
— Je t'écoute. Dis-je en fronçant mes sourcils.
— En fait tu vois Ayoub c'est son grand frère, et c'est lui qui est marié mais il l'est avec la mère de la fille de Tayssir.
— Quoi? Attends, parle français parce que là honnêtement je n'ai rien compris.
— Tu vois la femme d'Ayoub que personne n'aime?
— Oui?
— C'est la mère de la fille de Tayssir. En fait, ils étaient ensemble avant, et elle est tombé enceinte avant de rencontrer Ayoub. Mais il parait que le jour de son mariage avec Tayssir elle a osé lui dire non et a déclaré ouvertement qu'elle préférait être avec Ayoub, elle a abandonné l'enfant à Tayssir et elle est partie avec son frère.
Donc il existe vraiment des femmes capables de faire ça?
Tu serais prête à abandonner ton propre enfant et le père de ton enfant juste comme ça?
— C'est pour ça que personne ne l'aime. C'est tout ce que je sais à propos de cette histoire, mais il y a encore beaucoup d'autres petits détails qu'on ignore.
— Mais c'est cruel. Commenté-je encore abasourdie.
— Je ne sais pas si un jour tu auras l'occasion de la voir. Mais avec ses gros yeux on dirait un hibou, je ne sais même pas ce qu'ils lui trouvent.
— Tu abuses un peu n'est-ce pas?
— Attends, tu verras.
Je ne dis plus rien et je me reconcentre sur le travail. Un homme qui a vécu ce genre de choses, est-ce qu'il existe encore un petit peu d'amour en lui?
A suivre...
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