𝐋𝐕 - 𝐓𝐀𝐘𝐒𝐒𝐈𝐑
«Gamberro»
Cinquante-cinquième chapitre:
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Tayssir:
Les portes de l'ascenseur étaient sur le point de se refermer mais quelqu'un les bloque.
Elles se ré-ouvrent laissant apparaitre l'autre psychopathe. Je soupire d'agacement avant de fourrer mes mains dans mes poches et de m'adosser contre le mur métallique.
Elle entre et les portes se referment enfin.
Elle se met en face de moi avant de croiser ses bras et de me regarder de haut en bas.
— Tu n'as rien à me dire, Tayssir? Demande amèrement Yléana.
Je la fixe sans rien dire.
— Qu'est-ce que cette secrétaire faisait chez toi? Pourquoi c'est elle qui m'a ouvert la porte?
— Alors là, on ne va plus s'entendre. Quand tu parles d'elle, évite d'utiliser le terme « secrétaire ». En ce moment tu ne vaux pas mieux.
— Bien-sûr que je ne vaux pas mieux, j'ai été obligé de me rabaisser au niveau d'une minable secrétaire parce que j'ai voulu te rendre un service. Mais toi, tranquille tu prends du bon temps en te tapant ta secrétaire.
Elle se stoppe un instant, et se rapproche de moi.
— Reste loin de moi s'il-te-plaît.
Elle ne m'écoute pas et se place en face de moi en levant légèrement la tête.
— N'oublie pas qu'on avait un accord. Je mets ton pervers de frère en prison et toi tu fais de moi ta femme. Mais entre toi qui ne respecte pas tes engagements, et ton ex qui passe son temps à m'envoyer des menaces de mort. Ce n'est qu'une question de temps avant que je ne vrille. Et quand je vrille...
Elle s'arrête encore une fois et se met à rigoler, néanmoins je vois des larmes se glisser sur ses joues.
Elle est folle.
Rien à dire.
— Tu es sûre que tu vas bien?
J'essaye de la tenir par les épaules pour l'éloigner de moi mais elle s'éloigne toute seule en faisant un pas en arrière.
— Après m'être occupée de ton frère, je m'occuperai de sa femme et ensuite on fera comme convenu toi et moi.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent au même moment. Elle sèche ses larmes et sort sans même m'adresser encore une fois la parole.
Je fronce les sourcils ne comprenant rien à ce qui vient de se passer. Je hoche la tête de gauche à droite, et je sors à mon tour.
Je vais dans le parking souterrain afin de prendre ma voiture et de me rendre chez ma mère. J'ai vraiment besoin d'avoir des réponses à mes questions.
Au bout de vingt minutes de route, je finis par arriver devant leur bâtiment.
Je prends l'ascenseur et je vais jusqu'à l'étage où se trouve leur appartement. Je sonne à la porte et c'est Diane qui m'ouvre la porte.
— Bonjour monsieur Miller.
— Bonjour Diane.
Elle me laisse entrer, la maison est bien rangée comme d'habitude.
— Elle est où ma mère?
— Elle est dans sa chambre en train de lire un livre je crois.
— Merci.
Je me dirige vers sa chambre et la porte était entre-ouverte, effectivement elle était en train de lire un livre. Elle a toujours aimé ça, la lecture.
Je pousse la porte, elle lève la tête vers moi et me sourit chaleureusement.
— Mon chéri, viens donc t'asseoir près de moi.
Je pousse la porte derrière moi et je vais m'asseoir près d'elle dans le lit.
— Alors, qu'est-ce qui t'amène?
Je ne dis rien et je fixe mes mains jointes. Je ne sais pas comment m'y prendre pour aborder le sujet. Gwenhael m'a demandé de m'y prendre de la bonne façon. Mais c'est assez compliqué pour moi.
La douceur n'a jamais été mon truc de toute façon.
— Tu es sûr que tu vas bien? Tu m'as l'air assez préoccupé.
— Maman...je peux te demander quelque chose?
— Tout ce que tu veux.
— Okay...je...il est où mon vrai père?
— Comment ça ton vrai père, mais...
Quand l'information est enfin parvenue à son cerveau, elle s'est stoppée. Je pose mon regard sur elle, et elle me fixait déjà les yeux brillants.
Une larme se laisse glisser sur sa joue gauche.
On n'a même pas encore commencé à parler de choses sérieuses qu'elle pleure déjà. J'appréhende un peu la suite, et j'hésite à stopper la conversation maintenant.
— Tu sais, si tu ne te sens pas prête à tout me dire. Tu peux toujours tout garder pour toi, et je resterai dans le déni comme depuis vingt sept ans maintenant.
— J'avais prévu t'en parler depuis, mais ton...enfin ton oncle m'a menacé de ne rien te dire qu'il s'en chargerait lui-même le moment venu.
Et de la plus sale des manières.
— Et il est où alors mon père, mon géniteur?
Elle baisse la tête en laissant une vague de larmes envahir son visage. Elle se met à jouer nerveusement avec ses doigts.
— Il...il l'a tué.
— Qui? Attend...sois plus claire maman je ne comprends rien.
— J'ai été mariée de force à Victor ton oncle. Parce qu'il voulait prendre la place de son frère à la tête de l'entreprise. Et il fallait qu'il soit marié. A cette époque, je sortais avec Antoine ton vrai père. Mais Victor s'en foutait pas mal.
— Il a réussi son coup, il a réussi à faire de moi sa femme et à prendre la tête de l'entreprise. Antoine s'est senti trahi et blessé et il a fini par disparaitre de la circulation. Après quatre ans de mariage je suis tombée enceinte de Ayoub. Je ne peux pas te dire que tout était rose mais à force de subir le chantage et les menaces de Victor. J'ai fini par m'y faire.
— Deux ans après la naissance de Ayoub, Antoine a refait surface, prêt à reprendre le contrôle des choses.
Elle s'arrête encore une fois et pose son regard sur la fenêtre.
— J'ai été faible, j'ai succombé, j'ai baissé la garde. Quand Victor a appris que je suis tombée enceinte et que l'enfant était d'Antoine, il a piqué une crise d'hystérie et sous le feu de l'action il l'a tué. Sous mes yeux...
Elle pose sa main sur sa poitrine et elle se met à respirer difficilement.
— Maman?
— Appelle Diane s'il-te-plaît.
Je n'ai pas eu besoin de le faire puisque Diane venait de faire son apparition dans la pièce avec un plateau plein de nourriture.
— Qu'est-ce qui lui arrive?
— Je n'en sais rien. On peut appeller son médecin si c'est si grave.
Ma mère fait pression sur ma main en secouant la tête de gauche à droite.
— Laissez je vais m'en occuper.
Je me lève du lit afin de lui céder le passage, elle pose son plateau sur la table de chevet. Et va prendre sa trousse de secours dans le placard.
Je ne sais pas pourquoi je commence à avoir subitement chaud. Mon coeur bat à une vitesse incontrôlable.
Ce sentiment.
Je sors en trombe de la chambre ainsi que de l'appartement. J'ai voulu appeller l'ascenseur mais il était occupé, alors j'ai pris les escaliers. Je les descendais quatre par quatre.
Pour savoir aimer, il faut déjà avoir été aimé soi-même. Ce qui n'a pas été le cas. Chaque étape de ma vie n'a été que déception. Condamné à être maudit, condamné à faire du mal, condamné à être un voyou.
Une fois en bas du bâtiment, je suis directement monté dans ma voiture. Je ne sais pas où aller.
J'hésite entre débarquer dans mon ancienne villa et buter Victor, ou brûler la villa elle-même.
Il m'a privé de tout. Il m'a privé d'une vie normale.
Je sors mon arme de ma boite à gants. Et je regarde mon reflet dans le rétroviseur.
Pense à Gwenhael et à Malya.
Qu'est-ce qu'elles diront? Qu'est-ce qu'elles penseront de moi?
Je jette furieusement mon arme sur le siège passager et je sors de ma voiture en claquant violemment la portière avant de donner un coup de pied dans la roue en poussant un cri de rage.
Le peu de passants qui passaient par là avaient leurs regards posés sur moi.
Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre?
Je passe nerveusement mes mains sur ma tête et je retourne à l'intérieur de la voiture.
J'abaisse mon siège et je fixe devant moi.
Si je ne le tue pas maintenant, je le tuerai tôt au tard peu importe ce que ça me coûtera.
Ce sentiment n'est rien d'autre que de la haine.
Mon téléphone sonne dans ma poche, je le sors pour voir de qui il s'agit. Si ce n'est pas Kacie ou Gwenhael, je ne décroche pas rien à faire.
En fait...je retire ce que j'ai dit.
— Quoi?
— Tu as toujours une façon aimable et chaleureuse de m'accueillir qui me fait toujours aussi chaud au coeur. Me dit doucement le boss.
— Tu veux quoi?
— Je vois que l'humeur n'est pas au rendez-vous. Bref je veux te voir, maintenant.
— Je ne travaille plus pour toi tu l'as oublié? Après le coup de pute de la dernière fois, tu crois que je vais encore me pointer dans ta vieille villa?
— C'est que tu n'as pas le choix mon petit Tayssir, soit tu viens, soit ta soeur et ta fille meurt tragiquement...
Je n'ai même plus voulu écouter la suite de sa phrase et j'ai raccroché. Maintenant je suis obligé d'y aller, quand il profère des menaces il est loin de blaguer et ma fille n'a vraiment rien à y voir dans toute cette histoire.
Je remets mon siège en place et je démarre direction cette satané villa.
J'arrive au bout de quinze minutes de trajet. Comme à mon habitude, je salue tout le monde et je monte dans le bureau de l'autre enflure.
J'entre sans toquer, pour ne pas changer. Il était assis à son bureau, un verre de whisky à la main regardant en ma direction.
Il sourit une fois que je referme la porte derrière moi. Ça y est, il veut encore me demander un service.
— Sois le bienvenue mon petit Tayssir, prends place.
Je regarde la place qu'il m'indiquait puis lui, et je fourre mes mains dans mes poches comme pour lui dire de se dépêcher.
— D'accord...tiens.
Il pose un sac plein de je ne sais quoi sur la table.
— Qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur?
— Ouvre et tu vérifies par toi-même.
Je le regarde d'un air méfiant et je me rapproche de la table. J'ouvre le sac et à l'intérieur il y avait une énorme quantité d'argent.
Bien-sûr.
— Laisse-moi deviner, ce sont des faux billets je me trompe?
— Ce que tu es intelligent quand tu veux.
Je referme le sac.
— Je ne ferai pas ça.
— Je ne t'ai même pas encore donné ta mission.
— Tu sais que je ne trempe pas dans ces histoires de blanchiment d'argent.
— Et dis-moi comment est-ce que tu comptes survivre sachant que ton père vient tout juste de replacer ton frère à la tête de l'entreprise?
Comment il sait tout ça putain? En plus d'où il se mêle de ma vie lui, bon on est d'accord il l'a toujours fait.
— Je peux toujours vendre dans un prêt-à-porter sans soucis.
— Laisse-moi rire mon petit Tayssir, tu es pathétique. Tout ce que tu as à faire c'est de livrer ces billets à l'adresse indiquée et mes petites chiennes se chargeront du reste.
— Je ne le ferais pas.
Il me fixe un instant avant de sourire. Il pose son verre sur la table et se lève en fourrant ses mains dans ses poches.
Il se rapproche de moi et se met bien en face de moi, donc on est bien face à face. Il me fixe droit dans les yeux, et moi non plus je ne baisse pas le regard.
— C'est soit tu livres ça, soit je me charge de Meridan moi-même. La balle est dans ton camp Tayssir.
A suivre...
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