«Gamberro»

Cinquante-neuvième chapitre:

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Tayssir:

Ça fait environ, quoi?

Trente huit minutes et vingt-six secondes qu'il parle et que je ne l'écoute pas.

Il me fait la leçon de morale plus ce que ma mère m'a fait en presque vingt-huit années de ma vie.

J'étais plus concentré à penser à Gwenhael et à Malya. J'espère qu'elles vont bien.

Mais j'ai été vite interrompu dans mes pensées par un coup de klaxon très violent. Je fronce les sourcils et je pose mon regard sur lui.

— Mais tu as appris à conduire dans une crèche connard va! Crit Caelan.

— Eh Caelan calme-toi c'est rien.

Le regard qu'il m'a lancé, j'aurais eu assez de force j'aurais ri mais là.

Un homme venait de rayer sa voiture en voulant le doubler et il ne s'est même pas arrêté pour s'excuser. Cool le respect.

Il se gare sur le côté de la route et descend de la voiture en marmonnant des injures dans sa barbe. Il observe les dégâts causés avant de frapper violemment sur le capot.

Qu'est-ce qui lui arrive?

Il revient s'installer dans la voiture en claquant la portière tout aussi violemment.

— Ce n'est pas mieux si je conduis?

— Pour qu'on se fasse flasher et qu'on aille en prison c'est ça?

Je fronce les sourcils.

— Écoute jusqu'ici tu racontes des conneries, je ne dis rien mais ne crois pas que tu peux tout te permettre aussi. J'ai juste passé une nuit en garde-à-vue ce n'est pas la fin du monde.

— Ah oui?

— Ouais.

— Hier c'était une garde-à-vue, demain ce sera quoi? C'est fou comment tu es inconscient Tayssir. Quand Kacie m'a appelé pour me le dire j'ai pensé au pire. J'ai cru que tu étais tombé pour nous et ça je ne me le pardonnerais jamais. N'oublie pas que nous sommes trois putain de bâtards et que s'il faille qu'on tombe on tombera tous les trois.

— Tu es mon frère Tayssir tu le comprends ça je ne veux pas te perdre peu importe comment. Toi tu prends peut-être ça à la légère mais si le boss apprend que tu as eu affaire à la police, ce sera très facile pour lui de te faire chanter.

Il s'arrête et passe nerveusement sa main sur son visage avant de coller son front contre le volant.

On ne m'a jamais fait une déclaration aussi touchante. Bon ça ressemblait plus à un coup de gueule mais bon.

Il fallait que j'agisse.

Les petits cons comme ce psychopathe de Adrien ou je ne sais pas qui, il faut les remettre à leur place dès la première folie. Parce qu'hier c'était juste une menace mais la prochaine fois, c'est dur à dire...

Mais il la violera peut-être et s'il le fait, je vous jure sur la tête de ma fille je vais le tuer lui et toute sa famille. Déjà que j'ai tué son père alors avec le reste ce sera facile.

J'attrape sa nuque et l'emmène à se relever.

— Laisse je vais conduire tu dois te reposer.

Il ne se fait pas prier et on change vite nos places. Il fait baisser son siège et ferme les yeux. Je lui jette un simple coup d'oeil et je souris.

Ayez tous un ami loyal comme lui.

Il a passé toute la nuit garé devant le poste de police, puisqu'ils ont refusé qu'il reste à l'intérieur avec moi.

J'ai demandé à Yoram de passer la nuit à l'appartement avec les filles pour garder un oeil sur elles.

Gwen va encore me faire la morale, mais après tout je sais comment m'y prendre.

Je souris face à ma propre pensée.

Fragile.

[•••]

— Papa!

Je lui souris et elle saute dans mes bras, je lui embrasse le front et elle me serre dans ses petits bras.

— Tu étais où papa, je ne t'ai pas vu avant de dormir.

— Je devais tenir compagnie à un ami.

— Oh? Il avait un bobo?

— Oui, il faut dire qu'il ne se sentait pas très bien. Vas-y descends papa est fatigué.

Je la fais descendre et elle court aux pieds de Gwen qui la prend dans ses bras à son tour.

Elle n'osait même pas me regarder. Elle se sent coupable je crois.

Caelan se dirige vers ma chambre, bon je vais le laisser pour cette fois.

Je me dirige vers la cuisine pour boire de l'eau mais je ne sais même pas comment ça s'est passé mais j'ai juste senti ma joue chauffer.

Euh?

— Espèce d'imbécile! Crit Kacie. Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça? Tu veux ma mort hum? C'est ça?

Vu que je ne répondais pas et que je me contentais de la fixer en me retenant de rire elle a commencé à me frapper avec ses petits bras sans force.

Mais mine de rien ça faisait mal quand-même.

J'immobilise ses mains et me rends compte qu'elle avait les yeux rouges et gonflés.

Si elle je l'ai fait pleurer, alors Gwen...

— Je suis là maintenant, tu n'as pas besoin de me frapper comme ça donc calme-toi.

Comme si ce n'est que ça qu'elle attendait elle se calme et retire ses mains de mon emprise.

— Maman n'en sait rien mais bref ce n'est pas ça le plus important, va la voir.

— Voir qui?

— Je vais te gifler tu vas oublier ta vie, va la voir j'ai dit.

Je me mords la langue pour éviter de rire et je lève mes deux mains en l'air en signe d'innocence.

Je me dirige vers ma chambre, je compte d'abord soigner mes plaies et me doucher avant de lui parler.

Une fois devant ma chambre je retire mon pull afin de masser mon épaule, avant de me plaindre de douleur.

Un grincement de porte me fait tourner la tête, elle était plantée devant la porte en train de me fixer. Elle avait les yeux rouges.

Elle a pleuré pour moi?

A la fois ça m'enchante parce qu'elle tient à moi, mais d'une autre part faire pleurer une femme ce n'est pas mon délire.

A part si cette femme s'appelle Neïma.

Elle se rapproche de moi et effleure mon visage du bout de ses doigts.

— Tu n'étais pas obligé de faire ça tu sais?

— Et prendre le risque qu'il te fasse encore plus de mal?

— Il n'allait pas me faire de mal...je le connais.

— Ça c'est ce que tu crois. Les psychopathes comme lui j'en ai déjà croisé. C'est uniquement quand il t'aura buté sans le faire exprès, qu'il se suicidera avec plein de remords. C'est seulement là qu'il va s'arrêter.

Elle retire sa main et ferme les yeux avant de soupirer.

— Viens. Elle ouvre les yeux. Je vais soigner tes plaies.

Elle m'entraîne dans les douches, je m'installe sur le bord de la baignoire et elle prend la trousse de secours dans un des placards.

Elle sort tout le nécessaire pour faire ce qu'elle a à faire.

— Tu y vas doucement hein.

Elle ne répond pas et se contente de poser le coton imbibé d'alcool sur ma plaie ouverte en dessous de l'oeil.

— Putain.

Je rentre en arrière en me mordant la lèvre.

— Pardon.

—Non ce n'est rien.

Elle se reconcentre et moi je gère la douleur du mieux que je peux. C'est vrai que ce n'était pas grand chose comme blessure mais le simple fait que je ne les ai pas traité avant fait toute la différence.

Je passe mes mains autour de sa taille en fermant les yeux. Bien-sûr elle s'est laissé faire comme si ce n'était que ça qu'elle attendait.

Elle me met mes bandages là où il faut et puis je ne sens plus ses doigts sur moi, alors j'ouvre les yeux et elle me fixait.

— Tu peux me lâcher maintenant?

— Tu n'as pas envie que je le fasse, avoue.

Elle me fixe encore sans rien dire et finit par entourer mon cou à l'aide de ses bras.

Elle va finir par me faire aimer les câlins si elle continue.

— Même si c'est pour me défendre ne refais plus jamais ça. Par ma faute...

— Eh...ce n'était pas ta faute, j'ai fait ce qu'il y avait à faire et j'ai assumé mes responsabilités. Tu n'as pas à t'en vouloir, okay?

Son regard.

Je ne sais pas comment le décrire, et je ne savais même pas que c'était possible de transmettre ce qu'elle m'a transmis avec ses yeux.

Elle va me rendre dingue.

— Un bisous?

Elle ne se fait pas prier avant de coller ses lèvres aux miennes.

Je la sentais moins crispée et moins réticente que la première fois.

Mais bon toute bonne chose à une fin.

— Gwen je...ah te voilà je...oh putain je crois que j'ai loupé des épisodes. S'exclame Yoram.

Elle se sépare aussitôt de moi en retirant mes mains de sa taille avant de se tourner vers lui.

Je me lève du bord de la baignoire la surplombant de ma taille, et je pose ma main sur sa tête.

— Tu nous gênes, tu peux repasser plus tard s'il-te-plait?

— Déjà que Malya est dure à supporter, sans parler de Kacie et Gwen encore qui est nuisible émotionnellement. Imagine la un seul instant enceinte. Je ne veux pas être tonton une deuxième fois.

— N'importe quoi! S'exclame Gwenhael.

Il vient l'attraper par le bras mais je la retiens.

— Pourquoi tu as besoin d'elle d'abord?

— J'ai faim moi!

— Et alors Kacie est là.

— Bah non elle est partie en disant que je pouvais bien crever.

Il tire son bras et la conduit jusqu'à hors des douches. Elle me lance un dernier regard en souriant. Ce qui m'a fait bêtement sourire.

Je me tourne pour faire face à mon reflet et le sourire que j'arborais m'a moi-même effrayé. Quand est-ce que j'ai souris comme ça pour la dernière fois?

Après Neïma je ne crois plus avoir souris pour une femme de la sorte.

Et puis merde, pourquoi je parle d'elle, si la nature n'a pas voulu qu'on soit ensemble il y a certainement une bonne raison.

— Papa?

Je baisse ma tête vers la propriétaire de cette petite voix. Je ne l'ai même pas vu entrer.

Je la soulève et la porte malgré la fatigue.

— Qu'est-ce qu'il y a princesse?

— En fait je crois que j'ai vu maman.

Je fronce les sourcils.

— Comment ça tu as vu maman?

— Eh bah il y a une dame qui est venu me voir hier à l'école quand je vous attendais sur le banc avec Pharel. Elle pleurait et souriait en même temps, elle est bizarre.

— Et pourquoi tu ne me l'as pas dit hier?

— J'avais peur que tu te faches contre moi en plus tu étais avec Gwen elle allait encore s'énerver contre toi comme l'autre fois.

Je n'ai rien compris à son raisonnement mais peu importe. Ce qui m'importe, c'est pourquoi et comment cette pute a fait pour rentrer en contact avec ma fille. Je soupire.

— Bon tu vas dans la cuisine aider Gwen à faire le repas et on parlera tous les deux quand je me serais reposé d'accord poupée?

Elle hoche la tête de haut en bas, je la dépose et elle va faire ce que je lui ai dit.

Il n'y a rien à faire après ma douche je fonce chez ce connard de Ayoub. Le sommeil devra attendre.

Quand je lui ai dit que je ne voulais pas qu'elle s'approche de ma fille, je crois qu'elle l'a pris à la légère.

Je sors des douches et me dirige vers ma chambre. Mais quand j'étais sur le point de presser la poignée de la porte mon téléphone sonne dans ma poche.

Je regarde et c'est un numéro inconnu, c'est qui encore?

Je vais répondre juste pour insulter la personne au cas où.

— C'est qui?

— ...

— Allô?

— ...

— Tu crois peut-être...

— Tayssir il faut qu'on se voie ce sera peut-être notre dernière rencontre. Mais s'il faille que je meurs je veux le faire la conscience tranquille. Je vais tout te dire, tout...

A suivre...