𝐈𝐕 - 𝐆𝐖𝐄𝐍𝐇𝐀𝐄𝐋

«Gamberro»

Quatrième chapitre:

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Gwenhael:

Après qu'ils soient parti, je suis encore resté sous la table à laisser la peine m'engloutir complètement.

Je ne réalise pas encore ce qui vient de se passer...

C'est complètement irréaliste...

Il y a quelques minutes je discutais avec lui et la minute d'après, il est quelque part derrière cette table en train de se vider de son sang...

En dehors de ça, je n'avais jamais vu une arme de ma vie, je n'avais jamais assisté au meurtre de quelqu'un.

Une fois que mon coeur a retrouvé la cadence de ses battements normaux — une fraction de secondes plus tard —, je suis sortie lentement pour voir si c'était vraiment réel.

Et oui, c'était la triste réalité.

J'avais l'impression que mon corps pouvait lâcher à tout moment et me plonger dans une peine insurmontable.

Il était couché là à même le sol baignant dans une marre de sang.

Une marre de son propre sang...

Je me suis rapprochée doucement en rampant comme une enfant jusqu'à ce que je me retrouve face au cadavre. Je le scrute durant quelques secondes et j'ai même essayé de le toucher pour voir s'il allait bouger.

Mais non.

Il était bel et bien mort. Là mes larmes ont redoublées comme par magie — vu qu'elles avaient déjà cessé de couler —, je viens de perdre un deuxième père en plus sous mes yeux cette fois.

La porte du bureau s'ouvre brusquement sur quelques employés affolés, ce qui me procure un petit frisson et je suis brusquement ramenée à la réalité.

Ils étaient tout aussi choqué que moi, mais je ne crois pas que quelqu'un l'était plus que moi.

Mademoiselle il faut que vous sortiez d'ici. Me dit une voix qui semble lointaine.

Non je ne peux pas...murmuré-je à peine.

La personne en question m'aide à me relever et me fait sortir du bureau.

Je vais m'installer à même le sol devant le comptoir, le bar était déjà vide.

Je ne sais pas comment je vais pouvoir le dire à Andrian. C'est horrible, il sera anéanti.

Je sais ce que ça fait de perdre son père et je n'imagine même pas dans quel état il sera quand je lui dirais.

Je me relève avec difficultés et je décide de courir jusqu'à chez lui pour lui dire. Pourquoi est-ce que je cours? Où est-ce que je puise toute cette force? Elle ne devrait pas avoir lieu d'être.

Malgré tout, je n'oserais jamais le lui dire au téléphone.

Je courais tout en pleurant, au point de suffoquer. J'ai dû m'arrêter pour reprendre un peu mon souffle, si non je risquais de mourir par asphyxie. Il m'arrivait d'hurler à plein poumon attirant des regards curieux sur moi.

Une fois devant chez lui c'est avec peine que j'appuie sur la sonnette.

La porte s'ouvre sur Calista vêtue d'un pyjama et de pantoufles, des rouleaux emmêlés dans ses cheveux crépus. Lorsqu'elle a vu dans quel état j'étais elle a froncé les sourcils.

Qu'est-ce qu'il y a? Vas-y entre.

Elle se décale un peu pour que je puisse entrer, ce que je fais.

Andrian était assis dans le salon, quand je l'ai vu, je n'ai même plus pu faire deux pas et je suis tombée sur mes genoux, les larmes continuant à se glisser sur mes joues gelées par la fraicheur externe.

Gwenhael? Qu'est-ce qu'il t'arrive? Pourquoi tu pleures?

Je...je suis désolée...sifflé-je en reniflant.

— Mais désolé pourquoi?

— J'étais au bar et...et je n'ai pas pu le protéger.

— Protéger qui de quoi? Demande-t-il avec une légère pointe d'impatience.

— Il a tiré et il est mort, pardonne-moi je ne savais pas.

Il est arrivé quoi à mon père Gwenhael?

Il était déjà en face de moi, j'ai levé la tête pour le regarder dans les yeux et il a tout de suite compris.

Il s'est redressé et a mordu sa lèvre nerveusement en me regardant.

Puis il est revenu à ma hauteur et m'a attrapé par les épaules.

Comment c'est possible? Qu'est-ce qui s'est passé?

— Il...il y avait des cambrioleurs ou je ne sais pas quoi, et ils étaient armés. Il a refusé de partir avec eux et il l'ont tué.

Il me fixe encore une fois et moi j'ai pu apercevoir ses larmes se former malgré le fait qu'il cherchait par tous les moyens à éviter qu'elles ne s'échappent.

Il me lâche et sort de la maison san transition.

— Désolée ma puce, regarde dans quel état tu es. Reste ici pour la nuit tu veux?

— Non. Dis-je brusquement en séchant mes larmes. Je travaille demain et ma mère risque de s'inquiéter.

Mais dis à ton patron que tu as une urgence familiale ou je ne sais pas quoi, invente un truc mais tu ne peux pas travailler dans cet état.

— Ça se voit que tu ne le connais pas. Et puis les factures ne vont pas se payer toutes seules. Maintenant qu'il n'est plus là les choses vont être encore plus difficiles pour ma mère et moi.

— Je suis vraiment désolée.

Elle me prend dans ses bras. Je sèche complètement mes larmes et je prends congés d'elle.

Quand je suis rentrée toutes les lumières étaient éteintes. Ma mère est sûrement en train de dormir.

Je monte me doucher puis j'ai dû prendre des somnifères pour qu'ils m'emmènent avec eux dans un sommeil profond et sans rêves.

[•••]

Je me réveille avec un mal de crâne horrible.

Je vais dans ma douche pour prendre des cachets et je me regarde dans le miroir au passage, j'ai des cernes horribles.

Je prends une douche, je m'habille et me maquille bien pour ne pas qu'on voie les traces et puis je vais prendre le petit déjeuner avec ma mère.

— Bonjour.

— Bonjour ma chérie, ça va? J'ai appris ce qui s'est passé.

— Je vais bien ne t'inquiète pas.

Je sais que tu l'aimais beaucoup, mais ne t'en fais pas il est sûrement mieux là où il est.

— Hum.

Et tu vas travailler avec tout ça?

— Si j'avais le choix, je ne partirais pas. Mais regarde il faut qu'on paie le loyer, il faut qu'on mange. L'argent ne va pas tomber du ciel que je sache.

Mais prends juste cette journée et tu retournes demain.

— Non, tu sais que mon patron n'acceptera jamais. Bon il faut que j'y aille, pour une fois que je ne suis pas en retard il faut en profiter.

Je lui embrasse le front, ramasse mes affaires et je vais au bureau.

Je suis arrivé là-bas aux environs de 8h40, bon je suis quand-même en retard, je crois que c'est inné chez moi.

Dix minutes de retard je te félicite, c'est la première fois que tu arrives aussi vite. Me lance Rhéane le sourire aux lèvres lorsqu'elle me voit arriver.

Je ne réponds rien et m'installe derrière mon bureau.

— Qu'est-ce que tu as Gwenhael? D'habitude quand je te dis ça tu cherches à te justifier.

— Je n'ai pas trop la tête à ça c'est tout.

— Je doute. Regarde comment tes yeux sont rouges...tu as pleuré?

— Le père d'Andrian est mort et il s'est fait tuer sous mes yeux en plus. Dis-je froidement.

— Putain...et il est mort comment?

— Par balle.

Genre il s'est fait tirer une balle devant toi...

— Oui. Je retiens une larme qui était sur le point de s'échapper. Bon mettons nous au travail avant que tu sais qui ne débarque.

— D'accord. Répond-elle d'une voix mal assurée.

On se met à travailler dans le plus grand des silences. J'en ai vraiment besoin.

Je ne sais pas pourquoi moi aussi je ne me suis pas prise une balle, alors que j'étais à sa portée. Assise juste là devant lui, il n'a même pas essayé de me tuer...

Au contraire, il est resté là à me fixer sans rien faire et puis il m'a laissé en vie.

Mais pourtant c'est le même qui l'a tué.

Qu'est-ce qu'il voulait?

Je ne peux pas parler de vengeance vu que pour moi ce genre de chose ne rime à rien.

Mais le voir derrière les barreaux me fera le plus grand des biens.

Mais en même temps ça ne le ramènera pas à la vie.

Donc en gros ça ne servira à rien.

Je suis sûre qu'à l'heure qu'il est il a tué d'autres personnes.

Je n'étais même pas concentrée dans ce que je faisais, tellement mon esprit était ailleurs.

Ma mère avait peut-être raison, je dois prendre ma journée. Ça ne sert à rien d'être là et de faire du n'importe quoi.

— Rhéane tu crois que j'ai une chance de prendre ma journée?

Auprès de qui? De l'autre rabat-joie là?

— Eh bien on ne sait jamais.

En tout cas il n'est pas interdit d'essayer, vas-y et tu viendras me dire ce qui s'est passé.

Je prends une grande inspiration et je me dirige vers son bureau. On dirait que je vais à un rendez-vous avec ma destinée.

Je toque à sa porte et il me demande d'entrer, ce que je fais.

Tiens vous êtes là ça tombe bien je vou...commence-t-il.

— Euh désolé monsieur mais je ne me sens pas très bien est-ce que je pourrais rentrer chez moi me reposer un peu?

Mais mettez votre maladie en suspend ou je ne sais pas moi, il y a beaucoup trop de travail ici.

— Mais...je préfére me reposer pour éviter de faire du mauvais travail....vous voyez?

Premièrement vous êtes tout le temps en retard et deuxièmement vous voulez vous absenter après même pas une heure de travail.

— Mais mis à part ça on est d'accord que je suis une bonne employée! Protesté-je.

— On n'est d'accord sur rien du tout vous et moi. Nous ne sommes pas amis.

Là c'est bon il a réussi à me gonfler, à part venir s'asseoir derrière son bureau toute la journée à donner des ordres par ci par là, il ne sait rien faire d'autre.

— Okay c'est bon. Veuillez m'excuser. Réponds-je froidement.

Je m'apprêtais à sortir de son bureau mais...

— Il y a peut-être une solution pour que vous preniez votre journée.

— Et laquelle? Dis-je en me tournant de nouveau, assez curieuse.

Il se lève et se rapproche de moi, il se tient en face de moi, trop près de moi, cette proximité ne me dit rien qui vaille. Comme il est plus grand que moi malgré mes talons, il était largement au dessus de moi et j'ai dû lever la tête pour croiser son regard.

Ok là ça ne sent plus bon...

— Et je peux savoir ce que vous faites?

On peut trouver un arrangement. Dit-il calmement.

Il a essayé de m'attraper par le menton mais j'ai gentiment repoussé sa main.

— Merci mais non merci. Je crois que j'ai des dossiers à classer, excusez-moi.

J'ai encore voulu sortir mais cette fois-ci il m'a rattrapé par le bras et a essayé de m'attirer vers lui mais je l'ai giflé.

Avec une rage inouïe.

On mettra sur le fait que je suis endeuillée...

Il m'a lâché et je suis sortie en vitesse de son bureau avant qu'il ne reprenne ses esprits.

Ce n'est pas la première fois qu'il tente une approche pareille. A chaque fois je le repousse mais il insiste.

Pourquoi je suis toujours sa secrétaire?

Vous voyez, c'est le genre de famille qu'en un claquement de doigts ils peuvent faire de votre vie un enfer. Donc je ne me suis jamais plaint et je ne me suis jamais laissé faire.

Il est marié et autant vous dire que sa femme, personne ne l'apprécie ici.

Moi je ne travaille pas ici depuis si longtemps mais à ce qu'on dit elle n'a pas de pudeur.

Jusqu'à présent je n'ai pas encore compris pourquoi. Mais bon.

Je retourne à mon bureau.

— Alors? Me questionne curieusement Rhéane.

— Il a refusé. De toute façon je m'attendais à ça venant de lui.

— Ça tombe bien parce que je viens d'apprendre un truc.

— Il faut arrêter d'être commère ce n'est pas bien. La préviens-je sous un faux ton de reproche.

— Je sais mais toi-même tu sais que les choses vont vite dans cette entreprise. Et puis si tu m'écoutes ça fait de toi une commère aussi.

— Je ne sais pas à quel moment tu as commencé à philosopher mais vas-y parle.

Tu sais que Tobié se charge du recrutement et tout ce qui va avec...

— Oui?

Alors, à ce qui paraît, le grand patron a appelé et son deuxième fils reprend du service.

— Ah c'est bien pour lui.

Demande-moi pourquoi il avait d'abord quitté l'entreprise. Allez! Insiste-t-elle avec impatience.

— Quoi?

Bon je considère que tu me l'as demandé. Eh bien ils ont eu un problème familial et son père l'a renié.

— Et pourquoi il revient alors?

— Je ne sais pas. Mais ma copine laisse-moi te dire qu'il est beau comme un Dieu, il a des muscles de fou malade, avec son regard il t'envoie au Paradis, il a un charisme inégalable et inégalé, c'est un homme parfait. Je te jure si je n'avais pas mon mec j'aurais tout fait pour l'avoir.

— Tu es vraiment folle toi. Et tu exagères, il ne doit pas être si parfait que ça. Bref il y a du travail. Dis-je en revenant promptement à la réalité.

Comme si ma tristesse me frappait de nouveau brutalement au visage.

En tout cas je parle peu, tu verras de toi-même.

A suivre...

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