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LE REGARD rivé sur le moindre mouvement qui avait lieu dans la cour, Eddie faisait mine d'être attentif à son travail mais était en réalité distrait. Chaque chose qu'il voyait lui rappelait Richie ou leur enfance à Derry, et il devait admettre que ça n'avait rien de déplaisant de penser à leurs nombreux baisers de ce matin ou encore à la relation qu'ils venaient tous deux d'entamer, ce qui l'avait vraiment mis de bonne humeur. Mike, positionné juste à côté de lui et alerté par le sourire niais sur le visage d'Eddie, esquissa un sourire en coin et rigola doucement en ayant déjà une petite idée de ce qui avait bien pu le mettre dans cet état. Eddie rougit en entendant Hanlon rire et lui donna une tape sur l'épaule.

❛ Alors comme ça Eddie Kaspbrak enfreint le règlement ? Mais quel délinquant, qui l'eut cru !

– Tais-toi, Mike. Imagine si quelqu'un t'entend ! Je veux pas me faire virer à cause de tes pitreries.

– Dis celui qui embrasse probablement Richie à chaque fois qu'il en a l'occasion ! gloussa Mike en rigolant.

– Mike ! s'écria le plus petit, les sourcils froncés et les joues rouges.

– Eddie !

– Je t'interdis de parler de ça ici d'accord ? Surtout que Denbrough est juste derrière nous, et tu sais à quel point il est à cheval sur les règles...! Si il apprend que Richie est en vérité un patient, je me ferai virer à coup sûr !

– Ça c'est pas mon problème, c'est le tien. Mais vu que t'es mon ami je veux bien faire attention. il lui offrit un sourire amical.

– Merci de m'avoir soutenu durant cette période en tout cas, c'est très aimable venant de toi.

– De rien, c'est normal.

– Tu sais, j'espère que Richie pourra rapidement sortir d'ici. Je sais pas si je vais longtemps supporter le fait que ce soit un patient, j'arrive pas à accepter le fait qu'il soit fou. Eddie soupira, dépassé par tout ce qu'il avait à gérer.

– Il n'est pas fou...

– Mais t'as bien vu ses réactions ! Il s'énerve pour un rien, et la seconde d'après il est gentil comme un agneaux...

– C'est sa maladie Eddie, tu peux pas lui en vouloir pour ça.

– Je sais. Mais parfois il me fait peur. Sa maladie me fait peur. admit-il, honteux.

– Je comprends.

– J'espère que les médecins arriveront à le soigner.

– J'espère aussi. Ce serait mieux pour votre relation.

– Exactement. ❜

Le poing de Richie se serra lorsque Stanley lui rapporta la conversation d'Eddie et de Mike, ne déformant aucun des propos ni aucunes des paroles dites par ces deux-derniers. C'était sûrement le fait qu'Eddie veuille absolument se cacher, mais ce qui le blessait le plus était le fait qu'il l'ait traité de fou. Il n'était pas cinglé, il le savait, et il était aussi au courant que le brun avait du mal avec les malades mentaux ou tout ce qui concernait les maladies en général, mais jamais il n'aurait pensé qu'il dirait ça de lui. Il était véritablement blessé, et des larmes ne tardèrent pas à dévaler la rivière de ses joues sous les yeux perturbés de Stanley, qui ne savait ni quoi faire ni quoi dire pour l'aider à aller mieux. Richie avait tout simplement envie de se laisser aller, non pas par les paroles et la colère mais par les larmes. Il se laissa tellement aller qu'au bout d'une minute, des ruisseaux de perles salées ne cessaient de couler sur ses joues rougies par la tristesse et la colère qu'il ressentait. Il regarda Stanley, lui offrit un faible sourire qui s'estompa vite sous ses pleurs, avant de lui demander si il pouvait aller voir un garde afin d'avoir son carnet en cuir sous la main, carnet qui, à chaque fois qu'il allait mal, l'aidait à prendre du recul sur ce qu'il se passait. Prendre du recul. C'était stupide mais il n'arrivait pas à se mettre à la place d'Eddie. Non, c'était Eddie qui n'arrivait pas à se mettre à sa place. Il ne comprenait pas ce qu'était le fait d'être malade, de ne pas contrôler ses paroles ni ses actes soudains. Et ça le rongeait. Eddie ne le comprenait définitivement pas, et il commençait à se demander si il ne l'avait jamais fait. Il avait toujours été différent, il le savait; c'était le seul garçon qui portait des chemises hawaïennes par dessus ses tee-shirts lorsqu'il était enfant, le seul à sentir son cœur se serrer à chaque fois qu'un garçon voulait jouer avec lui à la salle d'arcade. Et avec le temps il était resté différent. Mais Eddie ne comprenait pas, même si lui aussi était différent des autres. Il ne comprenait pas parce que lui était en bonne santé, il l'avait toujours été, mis à part son asthme. Parce qu'il se sentait bien dans sa tête, Edward avait eu la chance de ne pas être atteint d'une maladie, d'être fou, comme il dirait. Mais ce n'était pas le cas de Richie. Son esprit était une vraie jungle, il ne cessait de réfléchir, il ne pouvait pas s'en empêcher. Des choses tristes et joyeuses résonnaient en même temps dans ses pensées, et à cause de ça la bipolarité était venue s'installer dans sa tête petit à petit, le rongeant de l'intérieur telle la pourriture qui rongeait un aliment. Ça était si présent à l'intérieur de son esprit qu'il n'avait jamais réussi à s'en débarrasser, et avait bien fini par croire que c'était impossible. L'espoir de faire taire Ça était revenu ce matin, lorsqu'il était avec Eddie, mais s'était tout d'un coup envolé à l'entente des mots de Stanley. Ainsi, Edward le trouvait fou. Pourtant c'était lui le fou, qui s'était épris d'un homme malade et épuisé. Lui qui avait décidé d'enfreindre de nombreuses règles de son établissement, et qui n'hésiterai pas une seule seconde à tout mettre sur le dos de Richie si par malheur il se faisait renvoyer. Eddie n'avait jamais été juste avec Richard, et il venait seulement de s'en rendre compte.

Relevant la tête vers Uris lorsqu'il lui tendit gentiment son carnet après l'avoir demandé à un garde, il l'attrapa rapidement en lui offrant un bref merci. Son stylo plume, accroché à la couverture de cuir marron, se retrouva vite dans sa main tandis que ses doigts changeaient de pages à la recherche d'une vierge. Il s'arrêta en en trouvant une, en plein milieu de son carnet. Juste à côté de celle qu'il avait écrite le soir où il avait faillit embrasser Eddie. Il négligea cette page et fit comme si elle n'existait pas, et se concentra uniquement sur ce qu'il souhaitait écrire, le visage dur et les yeux humides. Les mots s'imposaient sur le papier, strictement mais d'une main hésitante. Il avait peur de ce qu'il était en train d'écrire, de ce que Ça lui faisait noter. Il repensa à l'idée qu'il avait eu, l'idée d'écrire une lettre méchante à l'intention d'Eddie. Sûrement une idée stupide, mais pas pour lui. Il en avait besoin, il ressentait la nécessité d'exprimer au brun toutes les choses qu'il avait enfouit au fond de lui depuis toutes ces années. Ainsi, ses mots formèrent deux paragraphes, courts mais concrets. Et tout aussi blessants. Il arracha violemment la page, la plia en quatre et se leva furtivement pour marcher en direction d'Eddie, le regard noir. Kaspbrak fronça les sourcils en le voyant dans cet état, et s'approcha doucement de lui, l'intention ferme de lui demander ce qui n'allait pas. Alors qu'il s'attendait à des explications, il sentit une douleur forte lui compresser le torse. Richie venait de le frapper, légèrement mais assez fort pour lui faire mal, tout en collant la page contre son torse. Il retira sa main et attendit qu'Eddie rattrape l'objet, les sourcils froncés, avant de lui offrir un sourire digne d'un psychopathe.

❛ De la part du fou, connard. ❜

Ces mots transpercèrent l'abdomen d'Edward, le cœur lourd. Il s'empressa de déplier le papier tandis que Richie retourna s'asseoir auprès de Stanley, menaçant de pleurer à nouveau.

« Tu sais ce que c'est d'être malade Eddie ? De l'être véritablement ? Je ne pense pas. Tu n'es qu'un pauvre faiblard qui a besoin de pilules inutiles pour se sentir bien. T'es tellement faible que tu as besoin d'une boîte en plastique stupide pour te donner de l'air. Tu m'accuses d'être fou, de ne pas contrôler mes actes et mes paroles, et tu as raison. C'est vrai, je suis fou, fou d'un homme qui au bout de presque trente ans d'existence n'a toujours aucune idée de ses capacités. D'un homme qui n'est pas assez fort pour assumer ses sentiments et pour se prendre en main, seul. Vois-tu Eddie, je t'ai toujours trouvé plus fort que moi, mais j'avais tort. Tu n'es qu'un pauvre petit connard qui crache sur tout le monde dès qu'il en a l'occasion, qui n'hésite pas à me laisser seul alors qu'il sait très bien que j'ai besoin de lui. Je ne contrôle pas mes actes et mes paroles, mais ça tu ne le comprendras jamais. Je ne peux pas. Ça m'en empêche et tu ne veux pas te l'admettre. Tu ne veux pas te dire que tu es tombé amoureux d'un malade mental, parce que ta pauvre maman chérie, d'en dessous de tes chaussures tout autant ridicules que toi, te trouverait répugnant, et tu ne serais plus le garçon parfait qu'elle aimait tant lorsqu'elle était encore là. La seule personne que tu aies aimé était ta mère, ta putain de grosse mère qui ne faisait rien à part manger et manger à longueur de journée. Cette même mère qui t'a rendu faible et que tu as laissé faire. Tout est de ta faute.

Tu n'aurais jamais dû partir en Californie sans moi. Jamais. Nous étions plus que proches à l'époque, mais à nouveau, ton bonheur était plus important que le notre réuni. Après tout, c'est peut-être mieux comme ça. Grâce à toi j'ai pu éviter ta gueule faiblarde et déprimante pendant onze ans, et mon dieu, que ça m'a fait du bien. Pendant onze ans, je n'ai plus entendu ta voix pleurnicharde ni tes remarques médicales qui me faisaient plus chier qu'autre chose. Et grâce à ça j'ai pu t'oublier et me rendre compte que tu n'étais rien qu'un petit faiblard qui ne faisait qu'écouter sa pauvre maman chérie. Tu sais quoi ? J'espère que tu te feras virer, pour qu'à nouveau je n'ai plus à voir ta tête affreuse. Ou alors je devrai dégager pour une fois, faire quelque chose qui me convient. Mais non, je préfère te laisser ce luxe là, parce que je refuse de fuir comme le faible que tu es pourrait le faire. Alors je t'en prie, tire toi d'ici, peu importe comment, dégage de ce foutu hôpital et trouve toi une vraie vie en partant pour de bon de la mienne.

Je t'emmerde,
Richard Tozier, le fou qui est tombé amoureux d'un pauvre gars comme toi. »

Des larmes se mirent à couler des larmes le long des joues d'Eddie en grosse quantité, et alors qu'il pensait que rien de pire ne pourrait arriver, il se retrouva nez à nez avec Bill Denbrough, son supérieur.

❛ Edward Kaspbrak, vous êtes renvoyé pour infraction de l'article 5-9-4 du règlement. Veuillez me rendre votre insigne et votre arme, ainsi que rassembler toutes vos affaires avant de quitter les lieux. ❜

━━ 🕯·˚ ༘

DRAMA QUEEN I AM 💅

ça a éclaté d'un coup jpp vous étiez pas prêts mais
quel plaisir j'ai pris à vous torturer (:

call me sadique i don't care

je sais pas pourquoi mais j'ai clairement mis toute mon âme dans la lettre et je trouve qu'elle est plutôt bien écrite ? enfin bon je suis fière de moi pour ce passage hihi

je me suis plus centrée sur le point de vue de Richie cette fois, je trouvais ça important de vous raconter ce qu'il ressent et ce qui se passe dans sa tête avec sa maladie

Eddie a merdé en vrai (':

et bill je l'ai mis juste pour ça jpp i love you big bill <3

je tenais absolument à mettre un carnet dans cette histoire parce que ça me passionne. les gens qui écrivent leurs sentiments sans penser à rien d'autre, qui prennent du temps pour eux. ça me fascine vraiment et je me suis dit que Richie était vraiment capable de faire ça. vraiment je l'admire cet homme, une source d'inspiration

sinon c'est la dernière semaine de publication et j'ai pas envie que ça s'arrête ? vous êtes tous adorables avec vos commentaires et je suis contente de voir que cette histoire vous plaît autant qu'à moi, merci beaucoup

on se voit vendredi

glass house
– reddie au by fairyvengers –

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