𝟒 - 𝐓𝐎

Sidjil Reed, 10 ans

Las Vegas – États-Unis

Quand je ne vais pas bien, que les mots des enfants de l'école sont trop blessants, que les gifles de mon père trop violentes, que je pense à trop de trucs qui me font peur, je part dans la forêt et je marche sans but jusqu'à en avoir mal aux jambes.

Cet journée fais partit des moments ou je ne vais pas bien.

Mais aujourd'hui, je ne peux pas sortir. Mon père me l'as interdit.

Et même si désobéir est dans mes habitudes, je sais que cette fois je ne m'en sortirais pas avec quelques gifles.

Je suis donc enfermé dans ma chambre à alterner entre pleurer et me frapper la tête contre le mur.

Les mots des élèves résonnent encore dans ma tête.

"Tu veux pas partager ton argent bourgeois de merde"

"Ramène nous 50 balles demain ou on t'enfermera dans les toilettes"

"Tu traîne avec Ricoveri, tu l'as payer pour être ton pote ou quoi ?"

Les pleurs cessent progressivement, les larmes ne sortent plus, trop ont déjà coulés. Elles laissent place à un vide immense. Je suis calme mais une tempête grappille ma raison petit à petit.

Il faut que j'arrête de penser à ça.

J'attrape l'ordinateur au bout de mon lit pour me changer les idées, ma souris clique d'elle même sur la discussion avec Maxime. Le message auquel il n'a toujours pas répondu me nargue comme si il ne voudrais plus jamais me répondre.

Je vais l'embêter si je lui envoie un message.

Il m'as déjà dit qu'il ne voulais pas être mon ami.

Il va me prendre pour un fou si je lui envoie ça.

Trop tard, le message est déjà envoyer. Je claque mon ordinateur, n'ayant pas assez de force pour le relire.

: Moi |

T'as déjà penser à tout arrêter ? A ne plus rien faire de toute ta vie, à juste fermer les yeux et disparaître ?

J'ouvre mon ordinateur cinq minutes plus tard, Maxime a répondu dans l'instant T, me laissant quatre messages à la suite :

| Max.Biaggi :
Non, c'est juste une manière de gaspiller l'espoir que notre vie s'arrange, comme si on abandonnait

| Max.Biaggi :
Tu va bien ?

| Max.Biaggi :
Sidjil ?

| Max.Biaggi :
Fais pas des trucs que tu peux regretter s'il te plaît

Au moins il répond à mes messages.

Une honte m'envahit soudainement. Celle d'avoir partager ces pensées que je m'étais promis de garder tout seul. D'avoir dit tout ça à Maxime.

Lui aussi va me trouver bizarre après ?

: Moi |

Oublie ce que je viens d'envoyer

Je ferme mon ordinateur sans lire sa réponse, les larmes se remettent à couler automatiquement.

Qu'est ce que qui m'as pris d'envoyer ça à Maxime ? Il doit sûrement me prendre pour un fou.

J'ai peur de moi. Peur de ce que je peux penser et de ce que je suis capable de faire. C'est pas normal de penser à ça. Pourquoi je ne peux pas être normal comme les autres ? J'ai un problème. C'est pour ça qu'on se moque de moi. Je comprend que Maxime n'as pas envie de désobéir à ses parents, ils ont raison de le tenir éloigner de moi. Je suis bizarre, il ne mérite pas quelqu'un bizarre. Je mérite les coups, je mérite les insultes, je mérite de ne pas avoir d'amis, je mé-

Un coup a ma fenêtre me fais relever la tête et me sortir de ce tourbillon de pensés inarrêtables. J'essuie les dernières larmes et me lève pour aller voir ce qui cause ce bruit. J'écarquille les yeux et ouvre la fenêtre en vitesse quand je voie Maxime escalader ma maison.

Comment il connais mon adresse ?

- Mais qu'est ce que tu fais bordel ? Demandais-je assez bas pour ne pas que mon père m'entende. Mon père va te tuer si il te voie ici !

Il attrape ma main afin de se hisser dans ma chambre, et retombe sur moi dans un bruit assourdissant créant un écho dans toute ma chambre.

Je vais vraiment me faire tuer.

Maxime relève les yeux pour croiser mon regard et un sourire apparaît sur son visage quand il me dit, toujours sur moi :

- Je suis venue pour te changer les idées. Remercie moi Sidjil !

Je ne répond rien, trop occuper à fixer son sourire trop rare pour être ignorer. Il illumine la pièce rien qu'avec sa présence, j'ai l'impression que le temps s'arrête, là tout de suite.

- Je t'avais dit d'oublier.

- J'avais peur pour mon ami.

Ami.
Ami.
Il a dit ami !

- T'as dit ami ?

Le sourire qui me gagne semble communicatif, car son sourire apparaît également.

Je crois que c'est le meilleur jour de ma vie.

- Ou-

La porte s'ouvre brutalement, et je me retrouve face à mon père. Il est furax.

Merde.

- Sidjil !! Hurle-t-il en s'approchant dangereusement de moi. Qu'est ce que je t'ai déjà dit ?!

Je me relève brutalement en même temps que Maxime, qui se précipite vers la fenêtre. Je fais de même sous les hurlements de mon père.

- Si tu sors d'ici ne reviens pas avant longtemps parce que quand tu va revenir tu va souffrir sale gosse ! Hurle-t-il pendant que je saute par la fenêtre le plus vite possible.

Il attrape quelque chose et me le lance dessus. L'objet atterrit sur ma main et me fais lâcher prise. Je m'écroule sur le sol à côté de Maxime qui lui, est déjà en bas.

Aïe...

Maxime m'aide à me relever, il me glisse en même temps :

- Cours loin, on est mal.

C'est ce que nous faisons. Nous nous précipitons vers le bois à côté, les rires de Maxime dans une oreille, les cris de mon père dans l'autre.

Et sa main chaude dans la mienne.

***

une dizaine de minutes plus tôt

Maxime Ricoveri, 9 ans

Las Vegas – États-Unis

Je tourne en rond depuis maintenant une trentaine de minutes, des dizaines de vêtements sont éparpillés ça-et-là dans toute ma chambre. Mon corps semble luter contre la crise de panique qui semble me consumer à petit feu. J'attrape un nouveau t-shirt, et le jette par terre en constant qu'il est à manche longue.

Mes parents m'ont annoncés il y a une heure que l'on avaient une interview familiale à la fin de la journée. Ma mère viens d'ouvrir une nouvelle chaîne de casino, et forcement, toute la presse veux l'interroger sur des trucs inutiles que seuls les joueurs de poker écouteront avec attention.

Et quand mon Lloyd m'a glissé qu'il ne voudra pas que l'on voit un centimètre carré de mon corps, et surtout de mes bleus, au risque de faire encore plus mal la prochaine fois, j'ai paniqué.

Et bien sur, je n'ai trouvé aucun vêtement chic qui couvre mes bras, a part une veste qui est plus chaude que la canicule elle-même.

Je ne vais quand même pas porter ça ? Je vais crever de chaud avant même d'arriver à l'endroit voulu.

Pourtant, mes yeux restent scotchés à cette dernière option. J'y réfléchis. Vraiment. Il faut dire que je n'ai pas vraiment le choix.

Et puis, ce n'est pas la première fois que je fais ce genre de sacrifices. Je serrerais les dents, luter contre le malaise, et ça passera.

T̶a̶n̶t̶ ̶q̶u̶e̶ ̶ç̶a̶ ̶m̶'̶é̶v̶i̶t̶e̶ ̶d̶e̶s̶ ̶c̶o̶u̶p̶s̶ ̶s̶u̶p̶p̶l̶é̶m̶e̶n̶t̶a̶i̶r̶e̶s̶...̶

- MAX ! Crie ma mère depuis l'étage d'en dessous. ON Y VA DANS DEUX MINUTES !

Sans plus réfléchir, j'attrape la veste et l'enfile, évitant la chaleur qui me monte en quelques secondes à la tête.

Bordel, on est en juin ! Toute la presse va se poser des questions. Ils ne sont pas cons.

Je me regarde quelques secondes dans le miroir. Mes cheveux sont coiffés en arrière, plaqués avec du gel, me donnant un air habillé. Je suis le portrait craché de ma mère, de cette façon. Mon t-shirt, enfilé sous la fameuse veste, et mon chino noir masque chaque centimètre de ma peau pareil à celle d'un shtroomph.

Qu'est ce que je ferais pas pour éviter les ennuis à ce connard...

- MAXIME ! Lance Lloyd d'un ton autoritaire.

Mon poing se serre, j'inspire un grand coup afin de me donner du courage et me dirige vers la porte.

Une notification sur mon ordi attire mon attention.

Merde, j'ai oublié de le mettre en silencieux.

Lloyd va me tuer si il l'entend alors que je ne suis pas dans ma chambre.

Je cours jusqu'à mon ordinateur, planqué sous mon oreiller, et l'ouvre. Je m'arrête quand je vois celui qui viens de m'envoyer un message.

Mon cœur fais un loupé quand je vois le contenu.

| Sid_reed372 :
T'as déjà penser à tout arrêter ? A ne plus rien faire de toute ta vie, à juste fermer les yeux et disparaître ?

Les mots devant mes yeux me brisent. Je peux parfaitement imaginer son ressentit quand il a écrit se mots.

Parce que j'y suis moi-même confronté. Depuis que ce connard a fait irruption dans ma vie.

Laisser Sid avec ses démons alors qu'il m'a envoyé ce qui ressemble clairement un appel à l'aide me semble incommensurable.

Je tape une rapide réponse, même plusieurs messages. J'entends alors la porte s'ouvrir dans un vacarme impossible ignorer, je n'ai pas le temps de cacher mon ordinateur. Lloyd viens de me prendre la main dans le sac.

La fureur se peint sur ses traits, je recule instinctivement, de peur qu'il me touche, il s'avance vers mon PC, l'attrape, et le jette sur le sol. Mon cœur se serre quand je vois les fissures sur l'écran, et les pièces se détachés.

Le regard qu'il me lance est froid. Impassible. Je sais d'avance que je vais prendre chère.

Pourtant, il ne fais rien.

- Descend tout de suite.

Il détache chaque mot de sa phrase, ils sont tranchant, je frisonne de peur.

Puis, mon beau-père sors de ma chambre, me laissant la, tétanisé. J'ai bien cru que j'allais m'en prendre une.

Un immense soulagement m'envahis quand je reprend mes esprits et que je me rend compte que j'ai évité de nouveau coups, je ne sais comment ni pourquoi.

Je contemple le cadavre de mon ordinateur, les messages de Sidjil me reviennent en mémoire. La fenêtre est ouverte, je pourrais le rejoindre. Mais Lloyd me tuerait sur place.

Le dilemme n'a jamais été aussi difficile. Mes yeux alternent entre l'extérieur et la porte de ma chambre.

Bordel, Maxime, le choix devrait être simple, pourtant !

J'abandonne ma veste sur le lit et enjambe la fenêtre, ignorant le shoot d'adrénaline qui parcours mon corps.

Roh, et puis merde !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top