Milano

Voilà, près d'un mois, depuis que Xiao Zhan avait quitté la Chine. Depuis ce temps, il n'avait cessé de répondre à des requêtes de son boss. Cette fois-ci, le chef de la famille avait visiblement jeté son dévolu sur la fashion week de Milan.

Obligé de le suivre dans les déplacements internationaux, Zhan se retrouvait à gravir le dédale de la ville de la mode qu'était Milan.

Il était vêtu d'une chemise blanche entrouverte et d'un pantalon brun à pince. Ses cheveux fraîchement coupés lui donnaient une image propre et bien rangé. Il marchait les mains dans les poches, lunettes de soleil sur le nez, en direction d'un rendez-vous avec un chef d'une mafia local.

Le patron se prenait pour un top model depuis plus d'une semaine. Zhan n'avait pas arrêté depuis qu'ils étaient arrivés. Il courrait dans tous les sens pour répondre à toutes les demandes qu'on lui faisait.

Les talons de ses chaussures résonnaient dans les ruelles. Toutes les femmes se retournaient à son passage. Le charme du bras droit ne passait pas inaperçu auprès des italiennes et des étrangères de passage.

Bowen, toujours sur ses talons, le suivait de près. Il tenait dans sa main sa sacoche habituelle dans laquelle se trouvaient des documents qu'il devait livrer au nom du Boss. Comme à son habitude, il était vêtu d'un costume complet, trois pièces, gris foncé.

Enfin, ils entrèrent dans une grande cour pavée. Bowen se présenta aux hommes qui gardaient l'entrée. Aussitôt fait, ils cédèrent le passage au bel homme. D'un geste, ils invitèrent Zhan à entrer :

-je vous en prie ! Dirent-ils synchronisé.

Il ne se fit pas prier et passa le seuil de la porte. Une femme de chambre étrangement trop habillée pour la saison les conduisit dans l'hôtel particulier. En chemin, les deux hommes croisèrent bon nombre de personnes. Ils étaient plus grands et plus beaux les uns que les autres.

-la mafia italienne est définitivement autre chose, dit Zhan en riant légèrement.

Bowen lui offrit un grand sourire en guise de réponse. Le bras droit semblait détendu, cela le rassurait.

À l'occasion de la fashion week de Milan, la famille faisait affaire avec un grand homme influent des environs, il s'agissait d'un Taïwanais banni du territoire qui avait monté son propre réseau en Italie. Cet homme, cherchait de nouveaux models pour le défilé d'une marque pour laquelle il est actionnaire.

Un simple actionnaire ? Et bien non, peu de gens le savait en effet, mais cet homme possédait plus de 70% des parts de la marque Gionnoti. Bien que peut connu en Europe, cette marque faisait fureur dans les pays de l'Est et de l'Asie depuis plus d'une décennie.

Xiao Zhan se demandait même s'il n'avait pas collaboré avec d'anciens partisans du mouvement communiste italien du coin. En bref, cet homme était impliqué dans beaucoup de trafic et de commerce. Il touchait un peu à tout et c'est ce qui rendait cet échange intéressant.

Tandis que la famille lui fournissait les modèles, celle de Milan payait le prix fort pour l'occasion.

Cela voulait dire que si l'inverse se produisait, ils allaient sûrement pouvoir établir un marché dont les clauses pourraient être aussi, voir plus avantageuses. Xiao Zhan savait, qu'un jour ou un autre, cette famille rendrait un service à la famille de Shenzhen.

Assis sur un vieux siège du salon de visite de la villa, Xiao Zhan remettait sa chemise en place. Les deux hommes se trouvaient dans la pièce possédant le plus de caméra de sécurité de la bâtisse. Ils étaient très clairement surveillés de tous les angles.

Bowen donna une bouteille d'eau à Zhan alors qu'il se raclait la gorge. Cela montrait son intérêt pour la santé de son boss. C'est au moment où le bras droit lui rendit la bouteille qu'un grand homme tout vêtu de vert fit son entrée. Il fit un signe de tête à ses hommes et ces derniers invitèrent Bowen à quitter la pièce avec eux.

Ce dernier ne semblait pas serein à l'idée de laisser Xiao Zhan seul, cependant le bras droit lui fit signe de partir également. Après tout, Bowen le savait, son boss était spécialement fort en combat. Ce n'était pas ce vieux chef de mafia qui allait le mettre en difficulté.

Tout l'hôtel était gardé. Il devait s'y trouver une bonne trentaine de personnes, passant des serviteurs les plus insignifiants au boss. Cela, voulait-il dire qu'il s'agissait du seul endroit où la famille pouvait se réunir. Après tout, cela était fortement possible puisque le nombre de mafias ne faisait qu'augmenter d'année en année.

Xiao Zhan était confortablement assis sur le siège brodé, il se tenait droit et les jambes croisées. Ses mains était jointes et posées sur ses cuisses. Son regard était trouvé vers le boss.

-Monsieur Xiao, cela fait un moment que nous ne nous sommes pas vus, n'est ce pas ? Commença-t-il à dire.

Pour le bras droit, ce n'était pas tellement un plaisir de le voir, mais ce travail impliquait d'offrir ses plus beaux faux sourires.

-Monsieur Ma, en effet, cela doit bien faire 2 ans. Vous n'avez pas changé !

Le boss ricana grassement, sa voix paraissait aussi huileuse que son front. Zhan ne pouvait montrer son dégoût au risque de compromettre ce marché.

-et vous donc, vous n'étiez qu'un simple secrétaire la première fois que je vous ai vu, maintenant, vous être presque le patron. Tout le monde vous obéit, vous êtes reconnu comme le plus habile des agents de la familiale de Shenzhen. Vous êtes connu mondialement.

- que dites-vous ! Je suis loin d'être le boss, je ne compte pas le devenir d'ailleurs. Il voulut détourner la conversation, n'aviez vous pas un fils ?

Le boss se prit alors au jeu, flatté que Xiao Zhan aborde cette question.

-oui, tout à fait, Roberto ! Il y a si longtemps qu'il se prépare à prendre ses fonctions. Mais vous savez, il est encore si jeune, si inexpérimenté. Il n'est pas aussi bon en affaire que son papa, HAHAHAHAHA.

Cet homme ! Quel dégoût.

-c'est en pratiquant qu'on devient bon. Comme vous l'avez dit, je suis passé de simple secrétaire à mon poste actuel. J'ai travaillé pour en arriver à ce point-là. Si vous voulez que Roberto reprenne les affaires d'une main de maître, il doit aller sur le terrain.

-je me rappelle de ce que disait votre boss quand vous êtes arrivé. Il a vu tellement de haine dans votre regard, qu'il a tout de suite su que vous seriez un bon élément. Parfois, les meilleurs ne sont pas ceux qui sont nés dans le milieu, mais ceux qui le découvre plus tard.

Zhan ria légèrement, ce Richard avait raison. Pour une fois, qu'il était d'accord.

-j'avais de bonne raison pour me montrer si hostile à l'époque. Lui répondit Zhan.

-dans mon souvenir, vous étiez telle une bête sauvage. Je n'ai jamais vu un regard aussi sombre et menaçant que le vôtre.

Un vide s'installa, les deux se regardaient dans le blanc des yeux sans laisser un seul son sortir de leur bouche.

-bien ! Repris le boss. Il me semble que nous avons un contrat à signer vous et moi.

Zhan prit alors la sacoche que Bowen lui avait laissée. Il prit alors le gros document décuplé en 3 exemplaires.

Ils restèrent ensemble encore une bonne heure à revoir les clauses, arranger certaines parties. Enfin, le document fut signé. Zhan rangea son contrat dans sa sacoche et le patron garda les deux autres.

Il se leva alors pour remettre son pantalon en place et le boss fit un signe de tête vers la caméra. Quelques secondes, plus tard, Bowen entra accompagné par les hommes qui leur avaient ouvert la porte.

Bowen se précipita vers Zhan qui lui tendit la sacoche pour limiter le contact entre eux. Il la prit et Zhan ne lui donna pas un regard, il se retourna vers le patron.

-je vais donc y aller. Nous avons encore quelques petites choses à régler avant ce soir. Dit-il.

Le boss passa son bras par-dessus son épaule pour l'accompagner dans les couloirs vers la sortie.

-donc vous serez bien présent, ce soir, pour le défilé ! Quel plaisir pour moi, je vais pouvoir vous présenter mon fils. Il est généralement très généreusement accompagné. Puisque vous avez le même âge, j'espère que vous allez vous entendre.

Zhan lui rendu cet aveu en lui disant :

-bien sûr, avec grand plaisir. J'espère également que nous pourrons nous entendre.

Les deux hommes avancèrent donc vers la sortie, escortée par plus d'une dizaine d'hommes, plus baraqué les uns que les autres. Bowen et Zhan paraissaient si frêles à côté.

Aussi tôt sortis de l'hôtel particulier, les deux hommes s'enfoncèrent dans les ruelles, à présent bondées de monde. Ils courraient presque, se faufilant entre les passants et les touristes.

Ce soir, allait commencer le show. Zhan allait enfin faire le premier pas. 

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