LXIII
Deux sacs à la main remplis, Jungkook retournait tranquillement à la chambre d'hôpital avec un sourire niai au visage. Voilà une semaine que l'adolescent était réveillé et ses mouvements revenaient petit à petit. Bien sûr, il ne pouvait pas encore marcher tout seul ni manger, il fallait toujours quelqu'un pour l'aider pour que son état guérisse. Et Jungkook restait avec lui depuis plus de sept jours, tout le temps, ne le lâchait pas d'un millimètre. Même s'il dormait les trois quarts du temps, l'adulte prenait un plaisir fou à l'observer reprendre des forces. La bonne odeur qui ressortait des sacs faisait tourner plus d'un nez dans les couloirs, mais pas touche ! Ce qu'ils contenaient lui tenait à cœur. D'une lassitude extrême, il les ouvrit aux policiers devant la porte de chambre, vérification et il entra. À l'instant même, des sanglots lui firent froncer les sourcils et il s'avança plus profondément dans la pièce jusqu'à voir Taehyung en train de pleurer doucement, la tête dans son coussin. Ses sourcils formèrent un accent circonflexe inversé et il posa les deux sacs sur la table basse à l'avant du lit et alla vers le jeune, pour faire disparaître sa main dans ses cheveux gris légèrement ondulés.
— Hey... Ça va pas ?
Le jeune secoua sa tête de droite à gauche pour signaler son mal-être puis continua de pleurer à travers le tissu. Il était partie moins d'une heure, qu'est-ce qu'il s'était passé pour qu'il soit aussi triste ? Tout doucement, il agrippa le petit être fragile par les dessous d'épaules et grâce à sa légèreté, le souleva afin de le coller contre lui et le serrer en lui murmurant que tout allait bien – bien qu'il ne savait pas ce qu'il avait. Il s'assit sur le matelas, mit les jambes de Taehyung autour de sa taille, qui cacha son visage humide dans sa nuque, et le berça en lui frottant tendrement le dos comme un père cherchant à calmer son enfant. L'adolescent se sentit tout de suite mieux, comme à chaque fois qu'il se trouvait aussi proche de celui-ci, putain que ça faisait du bien. Ses sanglots s'apaisèrent progressivement et toujours avec un brin de timidité, n'étant pas habitué à être aussi tactile ni d'être en couple, il encercla de ses fins bras le torse de Jungkook qui acquiesça un léger sourire.
— Quelque chose s'est passé ? Demanda-t-il après quelques instants.
— La télé...
Il leva les yeux vers l'écran placé au mur juste devant le lit, proche de l'entrée, qui diffusait une pub pour des jouets d'enfants. C'est ça qui l'a rendu triste ? Peut-être parce que jamais il n'avait eu ce genre d'objets à cause de son horrible enfance. Il le sentit bouger et Taehyung regarda à son tour en soupirant.
— Non pas ça... C'est les infos...
— Les infos ?
— Oui... Il baissa la tête. Ils ont dit qu'Hoseok est mort...
Jungkook se crispa, le moment était venu. De toute façon il devait forcément venir tellement les journalistes parlaient de sa disparition soudaine. Il ne devait surtout pas lui dire que c'est en partie à cause de lui que tout ça à eu lieu, même si sa mort direct n'était qu'en réalité accidentelle. Un coup dans le ventre près du vide, lui tombant contre un bout de bois, s'enfonçant au passage dans son épaule, qui soutenait des bidons d'eau, et ceux-ci ayant rouler contre le diable qui n'eut le temps d'analyser la situation, puis fut le plongeon dans les ténèbres. Sauf que d'un côté, c'était Jungkook qui venait pour tout mettre en ordre, alors il s'en voulait un peu.
— Je sais que c'est pas logique... reprit Taehyung en replongeant son visage dans le cou de son petit-ami. Je devrais être soulagé qu'il soit plus là comme je le suis pour mon oncle, mais je sais pas j'y arrive pas... Quand ils ont dit qu'il était mort je me suis senti trop mal parce que je me suis souvenu quand il était encore gentil avec nous...
— Nous ?
— Mh... Mon grand-frère et moi...
— T'as un grand-frère ?! Tu m'en as jamais parlé.
— Parce que j'y pense pas trop...
— Et il où là ?
— Mort... Jungkook pinça ses lèvres entre elles, oups. A cause d'un accident de voiture un an avant que je sois abandonné. Un de ses mains vint serrer son pendentif.
— Désolé...
— Tu sais quand j'étais encore chez mes parents on allait souvent les voir parce qu'ils habitaient pas loin de chez nous... Mon grand-frère s'entendait bien avec lui, je pense que c'était un peu son meilleur ami même si des fois Hoseok était violent et qu'ils avaient pas trop le même âge. Moi j'en étais pas trop proche, je restais plutôt dans mon coin à les regarder s'amuser... J'ai joué avec eux que très rarement parce que ça dépendait de son humeur...
— Pourquoi ton frère nous mate tout le temps ? Le plus grand des deux, la chevelure noire et les yeux émeraudes, tourna la tête vers son cadet assit dans un angle de la chambre, qui baissa des yeux gênés. Il la retourna vers Hoseok.
— Il est timide. Il recommença à faire rouler une voiture de police. Yoongi est pas là au fait ?
— Nan il doit sûrement être dehors avec ses potes de lycée, comme d'hab quoi. Il jeta un œil à Taehyung, puis murmura à son ami : Eh MinHyuk tu peux pas dire à ton frère de venir plutôt que de tout le temps de nous observer ? Ca me stresse de malade.
— Pourquoi tu le lui dis pas toi-même ? Il va pas te mordre.
— T'es fou ! Je me souviens même plus comment il s'appelle ! J'oublie tout le temps.
— Bah demande-lui.
— Ouaaah, tu casses les couilles.
— Y'a des petites oreilles.
— Oh ça va il a qu'un an de moins que moi. Il soupira puis regarda le plus jeune dans les yeux. Tu comptes rester scotché là-bas combien de temps ? Le petit se pointa du doigt, surpris.
— M-Moi ?
— Tu vois quelqu'un d'autre ? Bien sûr toi idiot, viens ici au lieu d'être tout seul. MinHyuk sourit en triturant sa pierre de Lune à son cou, et Hoseok leva les yeux au ciel. Allez !
— O-Oui oui, le petit se leva doucement et marcha à pas lent vers eux, puis resta debout alors que l'autre s'était rassit.
— Vas chercher un bonhomme ou une voiture dans mon placard... Il y alla et prit un petit 4x4. Tu... Tu t'appelles comment déjà ? Te vexe pas hein, mais j'ai du mal à le retenir.
— Taehyung... Hoseok lui fit un petit sourire, qu'il lui rendit avant de se mettre à jouer avec son grand-frère et sa future plus grande crainte.
— Il pouvait être tellement gentil quand il voulait... Il soupira. Je suis trop bête de pleurer pour quelqu'un qui m'a fait du mal la moitié de ma vie...
— Pas du tout, Jungkook embrassa son coin de lèvre pour lui montrer tout le respect qu'il avait pour lui. T'as juste un grand cœur. Un cœur remplit de bonne volonté et d'émotions.
Le jeune lui sourit de ses yeux larmoyants puis sécha de ses fines mains son visage avec un petit reniflement. Il replongea dans le cou de l'autre, jusqu'à ce qu'il se calme réellement. Leurs battements de cœur dansaient sur le même rythme, leurs yeux fermés pour profiter de ce moment calme et sans fourgue. Au bout d'environ cinq minutes, l'adulte ouvrit les siens et les dévia vers les deux sacs blancs, oups ça va être froid. Alors qu'il allait parler, il lâcha un rire quand il entendit le ventre de Taehyung crier famine, ce bruit lui avait aussi manqué durant ces quatre longs mois. Quand ils habitaient encore chez eux avant que tout ne bascule, c'était ce son qui annonçait le début du repas, et à cause de ça, quand il est tombé dans le coma, Jungkook perdait souvent la notion du temps. Car ne plus avoir un petit être affamé dévaler les escaliers en hurlant on mange quand ?, on commande quoi ?, tu prépares quoi ?, l'avait perturbé au plus haut. Il se leva en rallongeant l'adolescent sur le lit puis remonta le dossier de sorte à ce qu'il tienne assit tout seul sans se fatiguer. Intérieurement, l'adulte se frappait d'être devenu aussi niait et attentionné mais s'occuper de lui était maintenant naturel. Son cœur lui hurlait de prendre soin de ce petit être fragile, si fragile que si quelque chose de malheureux le toucherait d'un seul doigt, il se briserait en une infinité de morceau impossible à recoller. Alors il fallait le protéger comme si c'était la chose la plus précieuse au monde pour lui, lui donner de l'amour et le bonheur qu'il n'a jamais vraiment eu le temps de goûter, de savourer.
Jungkook alla ensuite prendre la petite table pour manger au lit à l'extrémité de la pièce, et la déposa au dessus des jambes du jeune qui le regarda intrigué. Mais pour faire une surprise il ne fallait rien dire, alors c'est ce qu'il fit et se contenta de prendre les deux sacs encore chaud pour les placer sur la couette. Puis, sous les yeux affamés de Taehyung, il sortit tous les petits plats et accompagnements qu'il avait acheté jusqu'à ce que le socle ne se voit plus. Bœuf, porc, concombre, ramens, kimchi, tout ce qu'ils aimaient.
— T-Tout ça ?! Fit l'adolescent en essuyant un filet de bave rebelle d'un dos de main.
— Je t'ai toujours pas invité je te rappelle, répondit l'autre avec un grand sourire en lui tendant des baguettes.
Taehyung ne put s'empêcher de sourire à son tour tellement ce geste le remplissait de joie. Il avait complètement oublié que, lors de leurs premières rencontres, Jungkook lui avait dit qu'il le réinvitera à manger pour oublier le fait que le jeune avait tout payé à leur premier repas. Putain il était tellement heureux ! Toujours avec les commissures de ses lèvres relevées vers le haut, il prit les baguettes et tenta de prendre un bout de viande dans un bol près de lui. Son sourire disparut et ses yeux s'embrumèrent lorsqu'il se rendit compte qu'il n'arrivait pas à le prendre et son bras commençant à sérieusement le faire souffrir. Il baissa la tête, signe d'abandon. N'arriver même plus à marcher, à manger, à se débrouiller seul et passer son temps à attendre, passer des examens, se nourrir qu'aux médicaments et dormir l'énervait vraiment. Un bout de viande, celui qu'il voulait, apparut devant ses yeux le faisant loucher dessus. Son visage se releva un peu et regarda Jungkook qui lui tendait la nourriture avec un léger sourire tendre.
— Ouvre la bouche. C'est bien de vouloir essayer tu sais, ça te feras guérir plus vite et en attendant que tu puisses te nourrir comme un grand, je vais continuer à t'aider. Allez ouvre, il faut que tu manges t'as perdu beaucoup trop de poids et c'est moche.
Taehyung ria légèrement dû à la fin de sa déclaration qui avait fait chaud à son petit cœur sensible. C'est vrai que sa corpulence avait énormément baissé, tellement que, lorsqu'il se lavait avec l'aide de l'autre, il se dégoutait lui-même à cause de son physique anorexique. Ses côtes ressortaient, ses joues creusées lui donnant un air de momie, bref la peau sur les os. Déjà qu'avant il n'était pas gros du tout, alors maintenant c'était pire. De toute façon, même si sa confiance en lui s'améliorait dû à la présence de Jungkook, il n'avait toujours pas fait copain-copain avec le miroir. Peut-être qu'un jour arrivera-t-il à se regarder sans se trouver laid ? Pensées misent à part, il entrouvra les lèvres et vint attraper le morceau pour le savourer dans un regard plus qu'amoureux envers le plus vieux. Celui-ci mangea à son tour, tout en surveillant que Taehyung n'avale pas de travers ou attende autre chose.
— Me fixe pas comme ça tu vas m'abîmer à force.
A nouveau, l'adolescent ria en murmurant un n'importe quoi dans sa barbe inexistante. Jungkook sourit à pleine dent en prenant quelque pâtes entre ses baguettes pour les amener à sa bouche, tout en repesant à ce qu'Haytham qui avait dit quelques mois auparavant : Même avec Jimin je t'ai jamais vu aussi joyeux. C'était totalement vrai, même si il n'osera jamais l'avouer à voix haute. Son ex, même s'il le connaissait depuis très longtemps, rare était les moments où ils riaient, se chamaillaient sans réflexions qui s'en suivaient, et surtout qu'il prenait autant soin de lui. C'était vrai qu'ils avaient tendance à ne pas être attentionné l'un envers l'autre, que lorsqu'un des deux étaient malade, c'était de suite Lindsay sans chercher à s'en occuper eux-mêmes. Il fallait dire qu'ils étaient un peu paresseux à cette époque, comme une bonne partie des jeunes. Tout ça, toute cette attention pour quelqu'un, il le redécouvrait avec une personne qui le remplissait de joie, de bonne humeur et qui l'aidait à sortir de son côté sombre rien qu'avec un sourire. Voilà une semaine, depuis le réveil de cette fameuse personne que ses poumons n'avaient ingurgité aucune nicotine, son foie d'alcool et sa langue sa calmait sur sa froideur naturelle. Leur repas se termina avec tranquillité, parfois à se chamailler, s'insulter gentiment, parler de politique déviant finalement sur la couleur du concombre dans le petit bol, puis quelques fois, à s'échanger des mots tendre, doux, et rassurant. C'est ainsi qu'ils s'endormirent ensemble, dans le même lit, sous la même couverture, le petit dans les bras du grand, tête posée sur le torse à se laisser bercer par ses battements de cœur.
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