« Tu ressembles à un chat errant. »

Le noiraud leva la tête. Ses cheveux corbeaux collant à son front découvert, d'innombrables gouttes glissaient le long de son visage rougi pas le froid. Un froid ravageur, dévastateur. Il avait du mal à discerner la silhouette qui se tenait face à lui tant la pluie était abondante. Tentant vainement de garder les yeux ouverts, le vent cognait si fort qu'elles se refermaient d'elles-mêmes. Il se sentait faible, impuissant. Impuissant face à ce temps infâme qui s'entêter à empirer encore. On pourrait même parler de tempête, d'averse, d'un déluge digne des anciens temps. — C'était un déferlement. Oui, c'est ça, comme si tout se déchaînait contre lui. Comme si le destin avait décidé de le noyer dans ce flot constant ou que les Dieux eux-mêmes l'avaient abandonné à ce funeste sort.

Et malgré tout le noiraud respirait encore, s'accrochant à la vie, s'accrochant au peu de chaleur qui restait encore dans son corps. Il voulait vivre, il voulait survivre. Replié sur lui-même, on pourrait presque croire qu'il faisait partie du décor. Comme gravé dans la pierre, imprégné dans le goudron, ce n'était qu'une vague silhouette dans ce vaste monde. Essayant de réchauffer ses mains tremblantes,  il frottait si fort contre son jean qu'il en avait mal. Ou plutôt qu'il en aurait souffert si la moindre sensation passait encore à travers ses membres.

Mais non, il ne sentait rien.
— Plus rien du tout.

Il avait froid, il était complètement gelé, frigorifié, quasi paralysé. Et malgré tout il gardait la tête levée, cherchant désespérément à savoir qui venait de lui parler, de le remarquer. Mais avant même qu'il ne puisse comprendre ce qui était en train de se passer, le garçon qui lui faisait face vint doucement s'agenouiller. Puis, c'est dans un geste des plus simple qu'il vint tendre son parapluie, juste assez pour pouvoir abriter l'inconnu qu'il venait de croiser au bas de son immeuble.

Et c'est avec un doux sourire sur le visage qu'il tendit ensuite sa main en murmurant :

« Tu veux monter ? »