Le châtain avait suivi Jungkook sans protester, sans même réfléchir, sans dire un mot comme un corps vide, telle une âme vidée. Se trouvant maintenant à seulement quelques pas de la porte, il tenait sa veste à la main tandis que ses yeux divaguaient vers le sol. Ses cheveux cuivrés trempés s'égouttaient au sol alors que sa chemise bien trop humide lui collait au corps.

— Tu devrais déjà être parti..., la voix du plus âgé s'était dramatiquement brisé, faisant comprendre au brun dans quel état il pouvait se trouvait.

— Je ne vais pas partir, je te l'ai dit.

Après quelques secondes de silence, Taehyung se résolut à avancer, essayant de cacher ses joues rosies par le mélange de ce sentiment inconnu et du froid. Il avait du mal à l'admettre et surtout du mal à le cacher mais... Il était heureux que Jungkook soit encore là. Il avait le sentiment d'être quelqu'un, tout simplement, sans avoir besoin de donner quelque chose en échange. Il continuait doucement tandis que ses jambes tremblaient à tel point qu'il ne savait même pas comment il avait fait pour tenir jusqu'à là.

En cet instant même il qualifierait ça de miracle.

Il dépassa Jungkook sans un mot, frôlant son épaule de la sienne et s'avança jusqu'à sa chambre tandis que le noiraud n'avait envie que d'une chose : crier. Il voudrait lui hurler à quel point il s'était inquiété, à quel point il avait eu peur. Il voudrait lui faire comprendre ce qu'il avait ressenti quand il l'avait vu passé le seuil de la porte, attendant seulement qu'il revienne sans ne rien pouvoir faire. Mais le châtain semblait à bout, et il ne voulait pas le brusquer. Il s'était juré d'être toujours doux avec lui, de ne jamais le blesser. Il avait ce sentiment à chaque fois qu'il le regardait, ce sentiment que Taehyung pourrait se briser à n'importe quel moment. Alors Jungkook faisait tout pour le protéger, ayant peur qu'au moindre faux-pas, le châtain pourrait s'abîmer, se fissurer, se casser. Il avait l'air tellement fragile, tellement frêle. Mais c'était ce manque de confiance, cette sensibilité extrême, cette fragilité qui rendait Taehyung aussi unique. Et Jungkook ne l'échangerait contre rien au monde.

— Jungkook..., surprise d'entendre le son de sa voix, le brun se retourna doucement pour poser ses yeux sur le dos de Taehyung qui n'avait pas bougé. « Pourquoi tu... », ses épaules semblaient frémir à chacun de ses mots, à chacun de ses souffles comme s'il pouvait s'effondrer à n'importe quel moment. « Pourquoi tu ne veux pas partir ? », et maintenant il pleurait, se tournant pour essayer de le cacher... Mais sa voix l'avait trahi.

Et Jungkook ne pu s'empêcher de sourire, il était heureux. Il était tellement heureux que Taehyung fasse enfin attention à lui. Il s'approcha alors doucement du corps tremblant du châtain, essayant de ne pas faire de bruit. Il ne voulait pas l'effrayer, le faire fuir, murmurant doucement : « Parce que toi, tu es ici. ».

— Ça ne veut rien dire ça, c'est... Je ne comprends rien.

Et Jungkook n'arrivait pas à effacer son sourire tandis qu'il se trouvait à présent juste derrière Taehyung, son torse frôlant la chemise humide du plus vieux. Il pouvait sentir l'odeur du châtain, cette odeur si douce qui lui montait doucement à la tête. C'était comme si elle se faufilait à l'intérieur de son corps, imprégnant tout son être, le rendant dépendant d'elle.

Oui, Jungkook était fou de son odeur. Il serait tombé amoureux de lui même en étant aveugle.

Malgré l'absence totale de bruit, Taehyung pouvait ressentir la présence de l'autre. Il savait qu'il était là, juste derrière lui, son souffle cognant contre sa nuque et le faisant frémir. C'était comme une impression de plénitude lorsqu'il était avec lui, et c'était beau. Est-ce qu'il devrait lui en parler ? Est-ce qu'il devrait lui dire que sa respiration accélère en sa simple présence ? Que tout son corps frémit lorsqu'il passe à côté de lui ? Et que son cœur s'arrête lorsque sa peau touche la sienne ?

Mais surtout il devrait lui dire qu'il s'était senti mourir lorsque leurs lèvres s'étaient rencontrées. Il devrait lui dire que ce simple contact l'avait terrassé, le laissant pour mort.

Et que malgré tout, il avait adoré ça.