deuxième lettre
13 novembre 1884
à mon correspondant corrompu d'un mystère,
personnellement, l'hiver me donne des ailes. le froid intense qui fait rougir le nez, les manteaux qui recouvrent difficillement nos longues robes encombrantes ou encore la neige de sa blancheur extrème qui vient se déposer un peu partout. sur les toits, sur la chaussée et entre mes doigts. j'y vois une poésie que le temps souhaite nous compter. j'ai toujours vu dans l'hiver, une manière de ralentir le temps, de stopper cette vitesse à laquelle nous vivons. alors les rhumes ont beau me faire éternuer continuellement, je ne me lasserai jamais de vivre dans cette berceuse constante.
vous vous passionnez donc pour les timbres ? la mélancolie vous plombe, mon cher gentleman. voilà que vous m'offrez déjà vos fidèles souvenirs. si je connaissais votre identité je me serais empressée de vous le rendre ! mais, vu votre enthousiame, j'accepte votre présent. il est vrai qu'il est resplendissant, de ces couleurs teintées qui rappellent les époques passées. une preuve du temps, de notre enfance. je n'oserais vous avouer que je suis profondement touchée d'accepter ce cadeau de votre part. ma mère, dans sa jeunesse, avait appris à se battre. alors, dès mon plus jeune âge j'ai commencé à pratiquer les arts martiaux. ô, que de pouvoir que de se battre avec ses mains, sa tête et le reste de son corps. il m'est déjà arrivée de me retrouver dans des situations quelques peu délicates. dans ces cas là, je remercie ma mère de m'avoir enseigné cette force incontestable qui me dévore.
vous êtes ainsi un politicien ? grand homme dans notre pays. pourtant votre côté floral vous ramène une sensibilité, un atout auprès de femmes oserait-on dire. je vous trouve empli d'un timidité, néanmoins vous vous livrez à moi d'une façon toute à fait surprenante. voyez-vous, je suis loin de vous ressembler. j'ai grandi seule, un peu détachée de ce monde vivant. je n'ai rencontré personne pendant des années, alors à ma sortie dans ce vaste univers comprenez ma peur. je me suis donc occupée de publier cette annonce stupide. sachez que vous me comblez de bonheur de votre réponse si belle. et votre écriture ! cette manière fine d'écrire, votre main renferme un talent magnifique, comprenez-le bien. je suis surprise qu'un homme de haut rang ait pris la peine de me répondre. et puis, vous voilà nigaud, à déjà vouloir m'offrir un bouquet ! vous ne connaissez même pas mon nom. je ne voudrais jouer les indiscrètes mais donnez moi quelques indices, mon cher. je m'assurerais de vous retrouver, c'est une promesse que je vous fais là.
j'ai aussi perdu mon père, mais il s'agissait là d'un décès non prenant. j'étais jeune, trop jeune pour comprendre ce qu'il se passait. vous somblez affecté, vous, de ce départ. je vous assure sans hésitation que votre père ne vous quittera jamais des yeux. croyez-vous à ce nouveau monde que les éducateurs nous ont vendu ? à mes yeux, il est trop simpliste d'espérer ne rien quitter. c'est une souffrance que je m'imagine constamment, et je crains que dieu ne soit pas toujours la réponse...
je me joue de vos mots, vous me transportez dans votre monde et je ne crois pas m'en lasser. je vous laisses vagabonder dans mon corps, vos fleurs d'une main et vos timbres dans l'autre. monsieur, je voudrais me livrer à vous, et que vous puissez vous livrez à moi. l'envie de batir une relation de confiance qui changera de votre politique et de mes bagarres. promettez-moi d'oser, et je vous promettrais mes réponses à chaque lettre. sachez, mon cher, que je déteste perdre. pourtant je crois avoir perdu, face à vous : vous me donnez l'envie de connaitre votre personne encore cachée.
tenteriez-vous de me mettre au défi ? je ne pourrai refuser. alors vous, saurez-vous aussi lire entre mes lignes, inconnu ? ne croyez pas que je fais partie de ces femmes joliment habillée qui ne pensent qu'à se maquiller et se coiffer. je pratique le jujitsu, souvenez-vous.
avec la hâte de vous découvrir,
votre correspondante qui adore les chrysanthèmes.
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