𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟐











— 𝐄 𝐋 𝐃 𝐎 𝐑 𝐀 𝐃 𝐎 —

𝐁𝐚𝐡𝐫𝐚𝐢𝐧 - 𝐏𝐚𝐫𝐭 𝐈𝐈 











𝐅𝐀𝐂𝐓

𝐀 𝐍𝐚𝐭𝐨𝐦𝐚 (𝐊𝐚𝐧𝐬𝐚𝐬), 𝐢𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐢𝐥𝐥𝐞́𝐠𝐚𝐥 𝐝𝐞 𝐥𝐚𝐧𝐜𝐞𝐫 𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐮𝐭𝐞𝐚𝐮 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐮𝐧 𝐭-𝐬𝐡𝐢𝐫𝐭 𝐚̀ 𝐫𝐚𝐲𝐮𝐫𝐞𝐬.












𝟒 𝐌𝐚𝐫𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟑

𝐂𝐢𝐫𝐜𝐮𝐢𝐭 𝐈𝐧𝐭𝐞𝐫𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥 𝐝𝐞 𝐒𝐚𝐤𝐡𝐢𝐫

𝐌𝐚𝐧𝐚𝐦𝐚 – 𝐁𝐚𝐡𝐫𝐞𝐢𝐧



Debout, devant l'entrée de l'hospitalité McLaren, Charlie hésite clairement sur la marche à suivre.

Les derniers essais libres ont pris fin, il y a un moment déjà, mais le temps de s'extirper des gradins bondés, de faire une visio avec sa famille, de passer aux toilettes, de faire la queue au stand de nourriture et surtout de faire tout un tas de photos d'elle avec le pass paddock collector de Lando Norris, il est déjà presque l'heure des qualifications et elle n'a toujours pas rendue le précieux sésame.

Voilà donc la raison de sa présence devant l'entrée du bâtiment éphémère, abritée sous son chapeau et ses lunettes de soleil, à regarder tout un tas de personnes en polo orange et pantalon noir lui passer sous les yeux sans lui prêter attention.

Depuis plusieurs minutes déjà, la blonde est à la recherche de la bonne personne à interpeller, celui ou celle qui aura l'air sympa, pas trop pressé et surtout abordable.

Chose relativement compliquée lorsque l'on se trouve à vingt minutes du début des qualifications du tout premier Grand Prix de la saison.

D'un autre côté, elle se doute bien que Lando Norris risque d'avoir besoin de son pass prochainement et le fait qu'il le lui ait confié si facilement prouve, selon elle, qu'il lui fait confiance pour le ramener avant la fin de la journée. Et puis, même si Charlie avoue avoir, pendant quelques toutes petites minutes, envisagé de prendre la fuite avec le badge, elle n'a jamais eu l'âme d'une criminelle.

Maintenant, il lui faut juste assez de courage pour interpeller un membre de l'équipe McLaren au hasard, lui rendre le pass et tout ça, sans qu'on ne la prenne pour une voleuse ou une groupie folle furieuse.

Plus facile à dire qu'à faire.

- Est-ce que je peux vous aider ?

La jeune fille sursaute et manque de faire tomber le badge qu'elle rattrape in extremis avant de se retourner rapidement vers l'origine de la voix.

La femme qui lui fait face doit être un peu plus vieille qu'elle, la domine d'une bonne tête et arbore une chevelure mi-longue châtain claire, presque blonde. Elle n'a pas l'air spécialement intimidante, mais les grosses lunettes de soleil noir qui ne laisse rien transparaître de son regard lui donnent un petit air mature et sérieux qui doit lui être d'une grande aide dans ce milieu d'homme.

Charlie reprend ses esprits lorsque l'autre femme croise les bras sous sa poitrine en signe d'impatience.

- Heu oui, elle bégaie. Hm, j'ai été bousculée par Lando Norris tout à l'heure et...

- Vous voulez une photo avec lui, c'est ça ?

La Normande écarquille légèrement les yeux, perdue par le ton soudainement glacial de l'autre femme qui hausse les sourcils d'un air dédaigneux.

- Pas du tout, elle se reprend. Il m'a laissé son pass paddock et il a dit que je pouvais avoir une casquette en échange, mais je ne réclame rien.

Tout en parlant, elle tend la main vers la femme et ouvre les doigts pour dévoiler le précieux badge sur lequel elle a veillé toute l'après-midi comme sur la prunelle de ses yeux.

Surprise, l'autre blonde décroise les bras et passe une main agacée sur son front, l'air franchement contrarié uniquement détrompé par son petit rictus amusé.

- Je n'y crois pas, elle grogne. Combien de fois est-ce que je lui ai dit de ne pas faire ça.

Puis elle se saisit de la carte et l'examine un instant, le temps de vérifier qu'il s'agit bien de la vraie et soupire de nouveau.

- Désolé d'avoir été désagréable, vous voulez bien me suivre ?

Sans attendre de réponse, elle passe de l'autre côté du cordon de sécurité devant lequel Charlie est planté depuis pas loin de dix minutes et entre dans l'hospitalier McLaren.

La Normande la suit, les yeux écarquillés de curiosité.

Elle est déjà rentrée dans une hospitalité avant, mais jamais aussi proche d'une course pendant laquelle les accès à ces espaces sont habituellement restreints. Au premier coup d'œil, elle a l'impression de se trouver dans une ruche en pleine ébullition, tout le personnel qui n'est pas déjà sur le circuit évolue ici dans un bruyant désordre de cerveaux.

Tout ce que l'écurie McLaren compte de chargés de communication, de responsables marketing et de personnel commercial ce relais autour de grands écrans sur lesquels sont diffusés à la fois le direct et les photos prises en temps réel par les photographes présents sur la ligne de départ. C'est tellement vivant et créatif que Charlie se sent émerveillée par tout ce qui l'entoure.

Sa guide la mène jusqu'à un groupe de petits canapés au centre de la pièce et lui indique d'y prendre place d'un signe de la main.

- J'ai des choses à faire pour l'instant, mais si vous voulez bien attendre ici jusqu'à la fin des qualifications, je vous donnerais une casquette et une photo dédicacée par les deux pilotes.

- Je ne peux pas aller voir la course et revenir après ?

La femme fronce les sourcils, visiblement pressée d'expédier la conversation pour retourner à sa tâche.

- Bien sûr que si, mais ils ne vous laisseront pas entrer une deuxième fois ici, elle déclare.

Charlie hésite un instant. Bien sûr, elle a très envie d'aller voir les qualifications au plus proche du circuit, mais d'un autre côté, pouvoir y assister depuis l'intérieur de l'hospitalité McLaren, c'est la chance d'une vie, le genre d'occasion habituellement réservé aux familles des pilotes ou à de très rares et très riches privilégié.

C'est aussi l'occasion d'être au cœur de l'action et de voir tout ce qui est habituellement invisible aux yeux du grand public. Elle est presque sûre que McLaren pourrait lui demander de signer une clause de confidentialité pour la laisser rester ici, mais cela ne semble pas être le cas de la femme qui s'est mise à taper du pied à côté d'elle.

Le calcul est vite fait.

- Pas de soucis, elle sourit. Je reste.

L'autre s'esquisse un faible sourire narquois et Charlie peut voir son regard amusé derrière ses énormes lunettes noires.

- Poppy ! Tu viens ?!

- J'arrive, elle raille sans se retourner.

Les deux femmes se jaugent du regard encore quelques secondes pendant lesquelles Charlie adresse son plus beau sourire d'enfant sage et le sourire de la fameuse Poppy s'élargit un peu plus alors qu'elle laisse échapper un ricanement.

- D'accord, très bien. Pas de photo, pas de vidéo, pas de téléphone du tout en fait et surtout, surtout vous ne sortez pas du canapé. Est-ce que c'est clair ?

- Parfaitement, elle répond.

Charlie s'y tient, durant toute la séance elle dévore du regard tout ce qui l'entoure sans bouger, sage comme une image. Les yeux tantôt fixés sur les écrans qui retransmettent l'événement puis sur les membres de l'équipe qui l'entourent et réagissent en temps réel aux performances de leurs voitures et des pilotes qui les conduisent.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'engouement n'y est pas et que la tendance observée durant les essais libres tout au long de la semaine à l'air de se confirmer. Les gens autour d'elle ne sont pas des ingénieurs, ni des mécaniciens, ce sont des économistes, des communicants, mais rien qu'à l'expression tendue de leurs visages, Charlie sait qu'il n'y a pas besoin d'être un expert pour voir que les choses ne se déroulent pas du tout comme prévues.

Lando Norris, qui échoue aux portes de la Q3, bien loin de ses performances de l'année dernière, semble éprouver de réelles difficultés à manier sa voiture et ne parlons pas d'Oscar Piastri qui peine à maintenir le rythme en queue de peloton. Demain, ils partiront respectivement P11 et P17, bien en dessous de ce que pouvait espérer l'écurie.

La blonde pince les lèvres alors qu'autour d'elle, tout le monde essaie de faire bonne figure. La dernière partie des qualifications débute et plus aucune de leur voiture n'est en course, c'est un coup dur.

Une partie du personnel reprend lentement ses activités alors que l'autre continue de regarder le binôme Verstappen/Perez écraser la concurrence et rafler les deux premières places devant Leclerc et Sainz visiblement en manque de puissance pour pouvoir combattre à armes égales.

Les ralentis et rediffusions se succèdent juste après la fin de la course en attendant que les premiers pilotes rejoignent la zone média et Charlie écarquille légèrement les yeux lorsqu'elle voit apparaître à l'écran, juste derrière un Lando Norris tentant difficilement de positiver, la femme de tout à l'heure, Poppy.

Débarrassée de ses grosses lunettes de soleil noir, elle arbore à présent un masque de neutralité, indiquant d'un simple touché du bout des doigts sur le bras du pilote Britannique lorsqu'il est temps de changer d'emplacement. Malheureusement pour Charlie, l'équipe McLaren disparaît rapidement de l'écran et elle n'a plus l'occasion de les revoir par la suite.

Charlie se fait tout de même la réflexion de Poppy paraît beaucoup plus jeune et jolie lorsqu'elle n'a pas l'air sur le point de vous sauter à la gorge.

Le temps passe et la Normande regarde les gens s'activer autour d'elle, attendant que l'on se rappelle de sa présence ou qu'on lui demande de s'en aller, mais si quelques personnes lui lancent bien un ou deux regards intrigués de temps à autre, personne ne vient à sa rencontre.

Sa montre affiche 18h30 et il n'y a presque plus aucun spectateur à l'extérieur lorsque Poppy réapparaît dans l'hospitalité McLaren. Charlie se redresse légèrement dans le canapé, elle a faim, elle a soif et elle a très envie d'aller aux toilettes, mais il n'est pas question qu'elle ait attendue tout ce temps pour repartir sans la casquette qu'on lui a promise.

Le regard des deux blondes se croise et si Poppy affiche d'abord une mine franchement surprise, l'amusement prend rapidement le dessus tandis qu'elle marche droit vers elle.

- Toujours là ? Elle demande. Tu sais que tout le monde est déjà parti ?

Charlie tique légèrement sur le tutoiement, mais elle décide de le prendre comme un signe encourageant.

- Eh bien, elle commence. J'ai été vraiment sage alors...

Elle esquisse un sourire des plus innocents alors que l'autre hausse les sourcils avec amusement. C'est le moment ou jamais de faire preuve de culot.

- Je vois, souffle Poppy. Allez, suis-moi.

Et sans rien ajouter elle fait demi-tour et s'enfonce un peu plus profondément dans l'hospitalité, Charlie collée à ses talons.

- Simple curiosité, pourquoi est-ce que tu as ramené le pass ?

La Française hausse les sourcils, surprise, alors qu'elles tournent dans un nouveau couloir.

- Eh bien, je me suis dit que Lando Norris allait en avoir besoin et que l'occasion était trop belle d'avoir une casquette gratuite.

- Et c'est tout ?

Charlie est confuse.

- Est-ce que c'est là que je dois dire que j'ai fait en sorte qu'il me bouscule exprès pour pouvoir le croiser ensuite, faire en sorte qu'il tombe follement amoureux de moi et me demande en mariage d'ici la fin du week-end ?

Poppy éclate d'un rire franc et Charlie ne retient pas un sourire amusé.

- Non ! Elle rigole. C'est juste que, la plupart du temps, les gens à qui Lando donne son badge ne le ramène jamais ou essaient de l'utiliser pour eux.

La Normande marque un temps d'arrêt, choquée. Elle n'y a même pas pensé !

Avoir le badge de Lando Norris implique que l'on peut aller à peu près n'importe où sur le paddock ! Est-ce qu'elle vient de laisser passer la chance de sa vie ? Surement, oui, mais une autre question lui brûle les lèvres.

- Parce qu'il fait ça souvent ? Donner son pass à des inconnus ? Elle précise.

Poppy soupire lourdement de désespoir avant de s'arrêter devant une porte close et de chercher la clé dans sa poche.

- Plus souvent que tu ne le crois, elle désespère. Quand il ne le perd pas, il le prête à de parfaits inconnus, c'est un cauchemar. On est obligé de demander deux cartes d'accès pour lui avant chaque Grand Prix, juste au cas où.

Charles laisse échapper un rire, en vérité, cela colle plutôt bien avec l'idée qu'elle se fait du personnage.

- Et voilà ! Nous y sommes ! S'exclame Poppy en ouvrant la porte.

La Française découvre devant elle une grande salle de réunion où sont entreposées sur une immense table des tonnes de casquettes, de t-shirts, de posters et quelques mini-casques tous dédicacés par Lando Norris et Oscar Piastri. Charlie ne peut retenir un petit « woaw » d'admiration alors que Poppy referme la porte derrière elles.

- Normalement, ils sont censés être distribués demain, mais j'imagine que personne ne dira rien s'il en manque un ou deux.

- Vraiment ?

Charlie est extatique, ce n'est pas la première fois qu'elle a un goodies dédicacé, son père en faisait la collection, mais le fait que ce soit le premier de cette saison, cela résonne en elle d'une manière particulière. C'est son goodies à elle.

- Vas-y, tu peux prendre ce que tu veux, sauf les minis casques, ceux-là ils ont déjà tous été réservés.

La blonde hoche doucement la tête avant d'effleurer du bout des doigts une casquette et de s'en saisir avec mille précautions. Elle plie également un t-shirt qu'elle range précieusement dans son sac.

- C'est bon ? Pas de poster ? Demande Poppy.

- Je n'ai que mon sac à dos, explique-t-elle. Si je prends un poster, j'ai peur qu'il soit abîmé alors je préfère autant le laisser à quelqu'un qui en prendra plus soin que moi.

Poppy esquisse un vague sourire amusé avant de secouer la tête. Un bâillement lui échappe pendant que Charlie referme son sac à dos et le place sur son épaule.

- Longue journée ? Elle demande.

La chargée de communication hausse les épaules.

- C'est surtout la nuit qui risque d'être courte.

La Normande esquisse une moue désolée avant de sortir de la salle.

- J'espère que ça ira, elle encourage.

- C'est le début de la saison, rien n'est encore joué. Il faut juste que l'on revoie notre angle de communication.

Charlie hoche la tête pour montrer qu'elle comprend. Les deux femmes échangent encore un peu avant d'arriver à la porte de l'hospitalité que Poppy déverrouille pour elle.

- Et voilà, déclare la plus âgée. Fin de la visite privée. Ça va aller pour sortir ? Le circuit est déjà fermé au public depuis un moment.

En effet, la blonde ne voit plus autour d'elles que des personnes arborant les tenues typiques des membres des écuries. Plus aucune trace d'un spectateur à l'horizon.

La blonde esquisse un sourire avant de sortir son téléphone de la poche arrière de son pantalon. Elle a plusieurs messages de sa famille qui s'étonne de ne pas avoir de ses nouvelles, un message du garage de son père qu'elle regardera plus tard et plusieurs autres de numéros inconnus qu'elle identifie comme étant ceux de Georgia, Tyler, Elliot et Marcus.

Elle les survole rapidement du regard sous l'œil attentif de Poppy qui n'a toujours pas bougée et découvre que les quatre anglais l'ont cherché après la fin des qualifications pour savoir si elle avait besoin qu'ils la déposent à son hôtel.

Devant son absence de réponse à leurs messages, ils ont fini par laisser tomber et lui souhaiter une bonne soirée en lui donnant rendez-vous pour manger ensemble le lendemain.

Charlie grimace, elle qui espérait leur demander de la ramener, c'est raté.

- Est-ce qu'il y a toujours des navettes ? Elle demande.

Poppy secoue la tête.

- La dernière est partie il y a vingt minutes.

- Et des taxis ?

- Pas à moins que tu ne veuilles payer un rein.

La Française lâche une plainte, frustrée. Évidemment, c'était trop beau pour être vrai !

Rencontrer Lando Norris, passer l'après-midi dans l'hospitalité McLaren, gagner une casquette et un t-shirt, c'est trop de bonnes choses d'un coup. Il fallait forcément que ça dérape quelque part.

En colère contre elle-même, la jeune femme se met à faire les cent pas devant la chargée de communication qui, pour le coup, à l'air de vraiment beaucoup s'amuser. Frénétiquement, ses doigts tapent l'adresse de l'hôtel dans son moteur de recherche avant de lâcher un bref soupir de soulagement.

Heureusement pour elle, le Sofitel se trouve à un peu moins de six kilomètres du circuit, c'est faisable.

- Qu'est-ce que tu vas faire alors ? Demande son aînée.

- L'hôtel n'est pas très loin, je vais marcher.

L'autre hausse un sourcil avant de croiser les bras et de s'appuyer contre le mur à côté d'elle.

- Dans le désert ? Toute seule ? En pleine nuit ?

- Ce n'est pas comme si j'avais une meilleure option, elle souligne.

Poppy éclate d'un grand rire et Charlie lève les yeux au ciel, clairement, elle se moque d'elle.

- Je retire ce que j'ai dit, tu n'es pas si intelligente que ça finalement.

- Tu n'as jamais dit que j'étais intelligente, souligne la Normande.

- Ah bon ?

Un rictus moqueur fleurit sur les lèvres de la femme en polo orange et Charlie pense qu'elle aime un peu trop se moquer d'elle pour quelqu'un qu'elle n'a rencontré qu'il n'y a que quelques heures à peine.

Ça ne l'empêche cependant pas de sourire grandement devant l'improbabilité de la chose. Elle est actuellement en plein milieu du paddock fermé au public à plaisanter avec l'une des chargées de communication de Lando Norris. Il y a clairement pire comme situation.

- Bon, soupire Poppy. Tu es absolument certaine de ne pas être une fan psychopathe ?

- À 100% ! Elle sourit.

- Même pas un minuscule pas de travers ? Rien du tout ?

Charlie pince les lèvres, l'air gêné, et le rictus de Poppy s'agrandit encore un peu plus.

- Allez, vas-y, vide ton sac.

La blonde ferme les yeux et prend une grande inspiration comme pour mieux se préparer à lâcher l'information.

- Quand j'avais douze ans, j'ai écrit une fanfiction avec Sebastian Vettel.

Puis, libérée d'un poids invisible, elle ouvre les yeux pour tomber dans le regard amusé de Poppy.

- Haa une fiction, rien que ça ! Un truc à la Cinquante Nuances de Grey ?

- Non ! Elle s'offusque. J'avais douze ans ! C'était niais et terriblement gênant, mais c'est tout !

- D'accord, d'accord. Et comment est-ce qu'il s'appelle, ton chef-d'œuvre ?

Charlie hésite un instant avant d'avouer :

- What makes you beautiful, elle chuchote presque.

- Quoi ?!

Cette fois-ci Poppy éclate littéralement de rire.

- J'étais aussi une grande fan des One Direction à cette époque, elle s'empourpre violemment.

L'autre femme rigole toujours à en pleurer et la Normande est partagée entre l'envie de s'enterrer de honte et d'éclater de rire devant le ridicule de la situation.

Elle a l'impression d'être tombée dans un univers parallèle ou rire de ses rêves de petite fille avec la chargée de communication de Lando Norris est parfaitement normal, c'est irréel.

- Aller, tu m'as convaincu E.L James. Je vais t'aider, ricane Poppy.

Charlie rougit violemment à la comparaison.

- Je t'ai déjà dit que je n'avais rien écrit de ce genre-là ! Elle souffle.

Mais l'autre femme ne l'écoute déjà plus, occupée à tapoter frénétiquement sur son téléphone.

- Je connais quelques gars de chez Ferrari qui dorment aussi au Sofitel, je leur demande s'il leur reste une place pour toi dans la voiture, elle explique sans lever les yeux.

À cet instant précis, la mâchoire de Charlie se décroche pour aller toucher le sol.

Comment ça, utiliser la navette des « gars de chez Ferrari » ?! Non, non, non, elle n'est pas du tout préparée pour ce genre d'épreuve psychologique. Elle va faire un malaise.

Poppy semble parfaitement comprendre le cheminement de pensée de la jeune femme puisqu'elle l'arrête tout de suite.

- On se calme J.K Rowling, je te parle de trois ou quatre mécanos complètement paumés qui n'ont pas vu l'intérieur d'une douche depuis plus d'une semaine, elle relativise.

Mais cela n'arrange en rien l'état de Charlie qui trépigne littéralement d'impatience.

- Si c'est des mécanos, c'est encore mieux ! Elle s'exclame.

Devant la moue à mi-chemin entre l'incompréhension et le dégoût de Poppy, elle se sent obligée de se justifier.

- J'ai presque été élevé dans un garage et j'ai beaucoup de questions à poser sur tout un tas de...

- Oui, mais non ! Qu'on soit claire, si je te mets dans cette voiture, tu ne poses pas de question, tu ne fais rien de bizarre et tu ne donnes ton CV à personne, est-ce que c'est clair ? Elle exige.

Charlie baisse les bras qu'elle avait levés sous le coup de l'excitation. Poppy à raison, c'est une chance incroyable qui lui est offerte, il n'est pas question qu'elle la gâche en posant une question suspecte. Et comme elle n'a pas non plus envie de rentrer à pied, mieux vaut qu'elle se tienne à carreau.

- Je serais sage comme une image, assure-t-elle. Ils ne sauront même pas que je suis là.

L'autre blonde l'analyse une seconde du regard avant de rendre les armes.

- Okay, suis-moi et surtout ne me fais pas regretter de t'aider.

Charlie lui adresse simplement un grand sourire angélique alors que la femme au polo orange la guide à travers le paddock désert vers le parking privé.

Là-bas patientent tranquillement plusieurs fourgons noirs aux vitres teintées. Charlie se sent légèrement intimidée, mais Poppy marche droit vers le premier de la file et s'adresse directement au conducteur avant de revenir vers elle.

Tranquillement, elle lui saisit le coude et la guide jusqu'à l'un des véhicules situés au milieu de la file. L'une des portes arrière coulisse lorsqu'elles s'en approchent et Poppy s'arrête quelques mètres avant le véhicule.

- Je viens de me rendre compte que je ne t'ai même pas demandé comment tu t'appelles, elle glisse dans un sourire.

- Je m'appelle Charlie !

- Eh bien enchanté Charlie, merci pour le fou-rire ! Passe un bon weekend et à jamais !

Et, pour la première fois depuis qu'elle a rencontré la chargée de communication, Charlie sent qu'elle a le dessus. Un sourire à la fois victorieux et narquois étire ses lèvres alors qu'elle claque une bise retentissante sur les joues de la blonde.

- C'était un plaisir Poppy ! On se retrouve en Italie !

Un grand rire lui échappe lorsque le visage de l'autre femme se décompose alors qu'elle s'écarte pour rejoindre la voiture qui n'attend plus qu'elle. Charlie esquisse un rictus lorsque Poppy s'exclame :

- Attends ! Comment ça, on se revoit en...

- Bye Poppy ! Elle coupe.

Elle referme la portière avec un rire machiavélique avant que celle-ci n'ait eu le temps de répondre.

Une fois fait, Charlie n'arrive pas à effacer le petit sourire victorieux qui étire ses lèvres. Sourire qui disparaît bien vite cependant lorsqu'elle reconnaît les autres occupants.

- Bordel de merde, elle souffle en Français.

- Alors ça, ce n'est vraiment pas gentil, répond une nouvelle voix grave.

Toutes les couleurs quittent le visage de Charlie alors qu'elle fait face à l'un de ses plus grands rêves qui prend soudainement l'allure d'un cauchemar.

Parce que, tranquillement assis sur la banquette en face d'elle se trouve Charles Fucking Leclerc, un petit sourire amusé plaqué sur les lèvres.

Et qu'elle vient juste de dire « Bordel de merde » devant son idole. 



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BOOM ! Explosion !

Mister Perceval Leclerc en chair et en os rejoint la partie !

Pas franchement de pilote dans ce chapitre, juste Charlie qui vit sa meilleure vie et fait la rencontre d'une personne qui sera importante pour la suite de son aventure, j'ai nommé Poppy !

J'adore ce prénom, il me fait penser à une peluche, mais j'adore encore plus faire tout l'inverse avec le personnage haha

Dans le prochain chapitre, on va avoir du fangirlage, un très TRÈS grand moment de fangirlage, fangirling, fangirlitude parce que, fermer Charles et Charlie dans une voiture, ça donne forcément quelque chose d'assez épique et plutôt gênant.

Et, qui sait ? Peut-être que je vous réserve une ou deux surprises hihi

Bye bye les copains ! ♡

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