CHAPITRE 16

Je courus à perdre haleine. Je dévalai les escaliers à la limite de me planter et de me péter une jambe. J'entrai dans la pièce avec tous les sièges mais aucune personne dessus. Ma mère n'y était plus ! Mon père, l'avait-il trouvé avant moi ? Je paniquai. Ma respiration sifflait, la tête tournait, les jambes étaient en compote.

NON ! Il fallait que je me ressaisisse ! Je fis le tour de la pièce en regardant entre les rangs. Ne la voyant toujours pas, je fis le chemin en sens inverse et je regardai dans tous les enfoncements que pouvait contenir le bateau. Mon cœur tapait dans ma poitrine avec beaucoup de force. Ma respiration était toujours saccadée et la boule que j'avais dans le ventre ne cessait de grossir.

Je me faufilais à travers les passagers et j'en bousculais certains qui ne voulaient pas se déplacer. Tout en continuant ma course contre la montre, je me rendis compte que je n'avais pas vu nos affaires dans la salle.

Deux possibilités s'offraient à moi. La première : mon père avait bel et bien enlevé ma mère, la séquestrant en attendant de me trouver. Dans la foulée, il avait aussi pris nos affaires avec lui. La deuxième : ma mère, ayant un pressentiment, s'était déplacée dans une autre pièce et avait emmené avec elle tous nos sacs. Cependant, un détail me chagrinait. Comment aurait-elle pu avoir un pressentiment ?

Soudain, je m'arrêtais net. Droit comme un i, choqué de voir ce que mes yeux me montraient. Seul semblait bouger mon cœur dans ma poitrine toujours à la même allure depuis quelques minutes.

Une personne que je connaissais était à quelques mètres devant moi. Ce n'était pas celle que je cherchais mais plutôt lui qui nous cherchait... Et il venait tout juste de me trouver !

Une douleur intense. Pas physique mais intérieure. Une douleur comparable à aucune autre ressentis auparavant. C'était un mélange de peur, de souffrance mais aussi de mépris, de vengeance, de dégoût et de haine. Oui, le mot approprié était la haine. La haine envers un homme odieux. La haine contre un homme qui avait fait voler en éclats tout l'équilibre de mon enfance. La haine contre un homme qui partage le même sang que moi. La haine dans son entière définition.

Je crus que nous n'allions jamais nous lâcher des yeux. Nous avions le même motif d'affronter la personne en face de soi : assouvir une vengeance. Chacun voulait reprendre la vie que l'autre personne lui avait volée. Pour lui, celle de Kaylee. Pour moi, celle de Fred. Un but commun qui ne s'achèverait que dans la mort d'un des deux combattants.

Les secondes défilèrent, les regards toujours plongés l'un dans l'autre. Ce fut lui qui bougea le premier en s'élançant dans ma direction. La rapidité avec laquelle il se mouvait, avec laquelle il s'approchait de moi me fit comme un électrochoc. Une énergie considérable sortit de mes membres.

Je filais dans le bateau tel une fusée. Il fallait que je trouve rapidement un endroit où me cacher. Il me talonnait dangereusement. Ses pas lourds accéléraient de plus en plus. De même, j'allais plus vite mais je savais pertinemment que je n'allais pas tenir longtemps cette cadence. Mes jambes me faisaient mal à chacun de mes pas. Le seul point positif : je le tenais à distance de par mon endurance physique mais aussi grâce à ma petite taille qui facilitait le passage entre les voyageurs.

J'empruntai les couloirs essayant de le semer. Au bout de trois minutes, pensant que j'avais réussi à lui venir à bout, je m'arrêtai et me retournai. Hélas, le battement de mon cœur couvrait le bruit de sa course et je le vis me rattraper très rapidement. Toute la distance que j'avais pu mettre entre lui et moi venait de disparaître en l'espace de quelques secondes.

Je continuai de tracer dans les couloirs. Puis, tout-à-coup, je vis une opportunité de lui échapper. Entre un placard à balais et une chambre, il y avait un renfoncement. Je me faufilai dans l'ombre et attendis derrière la poubelle. Je m'étais recroquevillé en essayant de prendre le moins de place possible. Je patientai, une boule au ventre et les yeux en alerte. Les pas se rapprochaient. Mon cœur s'accéléra.

Je fermai les yeux de peur que ceux-ci ne me trahissent avec le contraste de l'obscurité. Je tremblais de partout. Mes muscles me brûlaient comme si l'on m'avait posé sur un barbecue.

Il s'approchait. Pas lourds et terrifiants, je savais qu'il était tout proche. Son allure avait diminué et maintenant, il marchait. Seul dans mon coin obscur, je priais pour qu'il ne me trouve pas. S'il réussissait à savoir où j'étais caché, ma vie continuerait à être un calvaire, un carnage que seul les mots souffrance et désespoir pourraient décrire.

Il avait bien deviné que je me planquais quelque part dans les environs. Le couloir étant grand et droit, même à une vitesse de course très élevée, je n'aurais jamais pu le traverser sans qu'il ne me voie à un moment. Et il le savait aussi bien que moi.

Il continuait de se rapprocher en marchant lentement. Trop lentement. Une allure si faible que j'avais du mal à distinguer ses pas parmi les nombreux bruits qui emplissaient ce bateau. L'atmosphère était très pesante. Il n'était plus qu'à quelques centimètres de ma planque.

Quelques centimètres me séparaient de cet homme. Ou plutôt devrais-je dire du meurtrier ? De mon père ? Devais-je choisir entre les deux ? L'un me terrifiait, l'autre avait bousillé la plus belle partie de ma vie. Ils ne faisaient probablement qu'un désormais.

Je n'étais caché que par une poubelle, les genoux collés à ma poitrine, ne voulant faire qu'un avec le mur. J'avais enfoui mon visage dans mes genoux, ne formant ainsi qu'une minuscule boule humaine. J'entendais sa respiration, la mienne était coupée. Il devait sonder les environs à la recherche d'un indice pour me trouver. Mes yeux restaient toujours clos. Mon ouïe seulement était en alerte, m'informant de tout à chaque seconde.

D'un coup, des chaussures crissèrent sur le sol lisse et l'homme repartit, me laissant enfin tranquille. Il avait dû entendre ou voir quelque chose de suspect car il avait repris sa course. Je laissais ma respiration reprendre son cours à peu près normalement tandis que j'essayais de me lever. À m'asseoir de cette manière et totalement crispé, je m'étais engourdi.

Je regardais en scrutant les objets pendant que je m'extrayais de ma cachette. Le sang revenait peu à peu, apaisant les fourmillements dans mes jambes. Ma tête me brûlait. J'avais la sensation qu'un étau me comprimait la totalité de mon crâne.

J'avançais toujours dans le couloir, dans le sens inverse de celui prit par l'assassin de Fred. Tout me paraissait calme. Je n'avais croisé que quelques passagers mais impossible de savoir où se trouvait ma mère. Je n'avais rien pour la joindre.

Plongé dans mes pensées, je n'avais pas entendu le bruit derrière moi, régulier et rapide. Ce fut une main qui se posa violemment sur mon épaule qui me ramena à la réalité. Une main puissante et froide.

***

Qui se trouve actuellement derrière Matthieu ? Son père ? Un complice ?

En espérant que ce chapitre plein d'action vous aura plu :)

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À bientôt

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