CHAPITRE 10
Clac ! Clac ! Clac ! Clac !
Dans le silence, les fermetures des valises faisaient un boucan d'enfer. Elle venait de refermer la mienne sans aucune difficulté. Comme j'avais insisté pour ne prendre que la photo, le foulard, la gourmette et quelques affaires, elle en avait profité pour équilibrer le contenu des deux valises. En le faisant, j'avais vu passer deux cartons pliés. Ils étaient bordeaux et dessus était inscrit en lettres dorée « PASSEPORT ».
L'année dernière, mon copain Ethan avait déjà prononcé ce mot quand il m'avait raconté son voyage en Amérique. Il m'avait décrit la ville de New York, les immeubles qui touchaient presque le ciel, les nombreuses personnes qui visitaient ou qui habitaient dans la ville, la statue de la liberté et plein d'autres choses encore.
Il avait aussi évoqué l'immense jardin avec les coureurs, les voyageurs comme lui, les papis et mamies posés sur un banc à raconter leur dernier weekend en famille... En plus, cet endroit avait un nom trop cool : Baballe Park qu'il m'avait dit.
Alors le soir, je suis revenu à la maison tout content de ce que mon ami Ethan m'avait appris. J'avais dit à mes parents qu'il était allé de l'autre côté de l'Océan Atlantique et qu'il avait marché dans le grand jardin du nom de Baballe Park. Ils ont dans un premier temps rit puis mon père m'avait alors expliqué que le vrai nom était Central Park. Je n'avais pas caché ma profonde déception quand j'ai sus le vrai nom de ce parc. Par la suite, mon père m'avait montré sur une carte où se trouvait ce lieu et nous avions parlé de ce continent pendant toute la soirée. J'avais demandé à maman de parler dans sa langue maternelle et j'avais alors prit la décision d'apprendre l'anglais pour un jour me rendre en Amérique.
Les souvenirs heureux s'effacèrent en même temps que je revenais à la triste réalité. Réalité qui allait désormais prendre une autre tournure. J'attrapai le bandana blanc posé sur le rebord de mon lit et j'entourais ma tête de celui-ci. Je fis deux nœuds de telle sorte que cela tienne. Ma mère me regarda faire puis elle ajouta dans un murmure :
— Mon petit guerrier...
Elle m'attira vers elle en me posant un baisser sur mes cheveux. Ensuite, elle se baissa pour prendre les deux valises et elle quitta ma chambre. Je mis un peu plus de temps pour faire le premier pas vers la sortie. Dire que j'allais tout quitter...
J'avançai jusqu'à la porte et je me retournai de sorte à voir la totalité de ma chambre quasiment inchangée. Quelques objets jonchaient désormais le sol mais le reste des affaires étaient soigneusement rangées à leurs places. Je fermai un instant les yeux, m'imaginant revenir quelques mois dans le passé, quand cette pièce ressemblait vraiment à une chambre d'enfant. Machinalement, toujours les yeux fermés, je pris la poignée de la porte et refermai devant moi. Je ne voulais garder qu'un seul souvenir de cette pièce : quand je n'étais encore qu'un gosse à qui on disait gentiment de ranger la chambre sans pour autant être persuasif.
Première marche : un affreux grincement sortit de sous mon pied. Je pris donc l'initiative de poser mes pieds sur les bords des marches afin de faire le moins de bruit possible. S'il se réveillait, tout était fichu et ma vie avec. En bas de l'escalier, je tendis une oreille pour vérifier le calme à la maison.
Ma mère rentra par la porte d'entrée et me fis signe de la suivre, ce que je fis. Dehors, la voiture était stationnée juste devant le portail. Elle la garait normalement dans le garage ou dans l'entrée de garage. Elle l'avait déplacée pour qu'on puisse s'enfuir. Malgré ce qu'il venait de se passer en ce début de nuit, elle avait prémédité la fuite. Je ne m'étais douté de rien et j'espérai que l'homme qui dormait dans cette maison n'avait aucun soupçon à ce sujet. À l'instant même où j'ouvris la porte du véhicule, je savais que ce voyage était mon laisser passer pour une nouvelle vie.
Mes pensées furent interrompues par le puissant vrombissement du moteur. Je m'étais installé sur une des trois places arrière. Je regardais de tous les côtés pensant que mon père nous avait vus ou entendu. J'étais terrifié à l'idée qu'il nous rattrape. Désormais, je fixais la maison de mes yeux inquiets. Elle semblait sans vie, des murs las de soutenir un tel poids. Un peu plus haut, je pouvais voir la fenêtre de la chambre où j'espérais de tout cœur qu'il dormirait encore pour plusieurs heures.
Plus que quelques secondes et nous serions partis. Je levais la tête vers la conductrice, les mains sur le volant.
— Tu es prêt ? me demanda-t-elle en me regardant le rétroviseur.
D'un signe de la tête, j'opinai du chef. Cette fois c'était bon, nous partions. La voiture avança doucement puis, pris de la vitesse. Ces mois de souffrances n'allaient bientôt être qu'un mauvais souvenir. Je la regardais, là, immobile, de plus en plus petite, cette habitation renfermant tous mes pires cauchemars et certaines horreurs de mon passé.
Dans mes mains closes, un papier était plié en deux. Je fixais la route, toujours aux aguets. En quittant la route, j'eus alors un pincement au cœur. J'avais alors songé que je quittais toutes les personnes auquel je tenais. Mes amis qui me réconfortaient et avec qui j'avais de super relations. Mes voisins qui avaient toujours un mot gentil à mon égard. Et cet homme, dans cette maison, seul désormais. Il ne comprendrait pas tout de suite que sa femme et son fils l'avait fui pendant la nuit.
* * *
Un nouveau départ = une nouvelle vie loin des horreurs de son passé ? C'est à vous de le découvrir dans le prochain chapitre...
Ce chapitre est relativement court mais le prochain vous tiendra un peu plus longtemps, croyez-moi ;)
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À bientôt !
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