Chapitre 40
Je me réveillai d'un coup. « Réveillai », pas réellement. Je sentais bien depuis quelques minutes que je n'étais pas normale. Je n'avais cependant pas ouvert mes yeux. Il me fallut un peu plus de temps pour émerger. Je me redressai sur le lit à une vitesse hallucinante et je fis crier la personne à côté de moi.
Flo était postée là, debout, s'avançant doucement dans ma direction. Elle avait bondi de sa chaise lorsque je m'étais redressée. Depuis combien de temps était-elle dans ma chambre ? Pourquoi était-elle venue me voir ?
— Ça t'arrive souvent de te réveiller de cette façon ? m'interrogea-t-elle la main sur son cœur.
— J'ai eu un flash, déclarai-je en m'attachant les cheveux en un chignon mal soigné.
— Bah si à tout tes « flash » il faut que tu me fasses une frayeur pareille, je risque d'y passer !
Je me levai et marmonnai mes pensées. Je partis vers l'interrupteur de la lumière mais finalement, je changeai de direction pour aller de l'autre côté, en direction de la fenêtre. J'ouvris les volets qu'à moitié pour ensuite avancer vers mon bureau. Je voyais bien que Flo ne comprenait rien à mes déplacements incessants. Je soulevai le cadre photo mais je n'arrivai pas à le décrocher de la punaise plantée dans le mur. M'énervant un petit coup, je finis par le décrocher en déchirant un morceau de tapisserie au passage.
— Pas grave, on ne verra rien derrière ce cadre, dis-je à moi-même.
Je le posai à même le sol tandis que Flo alla ouvrir les volets de ma fenêtre. J'ôtai un à un les crochets qui maintenaient les morceaux du cadre ensemble. Entre la planche de bois et la photo, je vis le bout de papier que je cherchais. Pour ma sœur qui me suivait sans rien dire depuis le début, elle fut stupéfaite.
— C'est quoi ça ?
Je ne répondis pas à sa question car je savais pertinemment qu'elle allait le savoir très vite. Je dépilai le papier que j'avais dans les mains et j'essayai de lire ce qu'il y avait écrit dessus. J'avais eu la mauvaise idée de les écrire avec un stylo dont l'encre avait passée à cause des années.
— Ce sont des numéros, lui appris-je. Dont un qui est celui de Matthieu. Purée, j'avais une écriture ignoble !
Comme mon portable ne fonctionnait plus, j'avais pensé à toutes les possibilités pour récupérer le numéro. Tout ça sans mettre au courant mon père pour ne pas qu'il fasse un rapprochement avec les évènements passés. Quand j'avais ouvert mon portable, la batterie et le système électronique étaient bien amochés. Je n'avais donc plus d'espoir pour récupérer la moindre donnée que ce soit. Musique, messages, photo : tout était définitivement perdu.
— Ça y est ! déclarai-je. J'ai trouvé.
J'essayai de déchiffrer les chiffres manquants mais j'avais énormément de mal. Était-ce un « 8 » ou un « 3 » ? Un « 6 » ou un « 0 » ? Après quelques secondes de profonde réflexion, je réussis à donner un numéro assez cohérent. Je remis le cadre à sa place et je sortis précipitamment de ma chambre.
— Mais tu vas où là ? me demanda Flo en me suivant jusqu'au seuil de ma chambre.
Désespérée, elle me laissa descendre l'escalier et claqua la porte de la chambre comme signe de mécontentement. Je me dirigeai vers le salon dans le but de demander de l'aide à mes deux amis. Je ne les trouvais pas attablés. En les attendant, j'essayai de confirmer une hypothèse que j'avais. Je pris une petite cuillère qui se trouvait sur la table et je l'approchai de ma tête. Je compris vite que je m'étais transformée pendant la nuit.
— Déjà levée beauté ? chuchota Tyler qui venait d'entrer par une porte de la cuisine.
Cette porte menait directement à la cave. Que faisait-il dans un endroit si sombre ?
« J'examinai de plus près la belle Porche de ton père pendant qu'il était occupé à faire autre chose. Un vrai bijou cette voiture dis-moi. »
— Comment ? Mon père est rentré et vous êtes encore ici ? Il faut que vous partiez.
« Ah non, pas maintenant », déclara-t-il par télépathie juste avant qu'une voix ne vienne nous interrompre.
— Tu te parles toute seule maintenant ?
Mon père venait de débarquer de je ne sais d'où mais il semblait ne pas avoir remarqué la présence de Tyler qui était... Et bien non, il avait encore disparu ! Lorsque mes yeux se redirigèrent vers l'homme devant moi, une masse en mouvement me déconcentra. Elle stoppa sa course et je vis Tyler me faire un signe comme quoi il avait eu chaud. Puis, je vis Luke qui venait de le rejoindre.
— Qu'est-ce que tu regardes ? me demanda-t-il. Il y a quelque chose derrière moi ?
Il se retourna et ne vit personne car les garçons étaient partis. Si mon père savait qu'il y avait deux guignols qui se baladaient sur les murs de sa maison, il exploserait. Mais moi je trouvais ça assez comique malgré le fait qu'on ne puisse pas se poser tant que mon padré roderait dans la maison. Il fallait absolument que je montre ma trouvaille à Tyler pour qu'il puisse m'emmener chez Matt.
— Non, il n'y a rien derrière. Je regardais... la peinture de mamie, déclarai-je en voyant la toile contre le mur.
Sur cette œuvre au format semblable à un A4, on pouvait y voir une vache en arrière-plan et un petit mouton juste devant. Je me souvins d'une anecdote sur ma sœur : lorsqu'elle passait devant cette toile quand elle était petite, elle pointait le mouton et faisait le son « Meuuuuh ». Pour la vache, bien évidemment, elle se trompait et donnait l'autre son. Cela continuait de me faire rire et je prenais toujours un malin plaisir à l'embêter avec ça.
— Tu n'as pas cours par hasard ?
Et mince ! Je n'avais pas pensé à ça avec tous les évènements des derniers jours. Oula ! J'allais sécher un cours. Je n'avais encore jamais fait ça de ma petite vie humaine. Si c'était ça être vampire, autant finir sous un pont à faire la manche, ça sera plus rapide !
Je me précipitai à l'étage en bousculant ma sœur qui venait d'apparaître. Rien n'allait ce matin : j'enfilai un t-shirt à l'envers, la manche de mon pull s'était emmêlée ce qui me fit perdre de précieuses secondes, un gros sac de nœuds dans mes cheveux et je faillis même oublier mon sac de cours en voulant sortir de la chambre. Je regardai l'heure et je n'en cru pas mes yeux. Seulement une minute était passée.
Avec l'aide de mes facultés de vampire, je pouvais aller beaucoup plus vite. Cependant, il était évident que je n'allais pas me pointer devant mon père, étant prête à partir alors que la minute d'avant il m'avait vu en pyjama. Je dus donc attendre et regarder défiler les aiguilles sur le cadran de mon horloge. Une torture !
Décidant que le moment était parfait pour ne pas que mon père ait des soupçons, je descendis les escaliers de façon la plus humaine possible : pas trop rapide ni trop lente.
— 'soir Papa ! criai-je avant de claquer la porte.
Arrivée devant le lycée, je dus remettre de l'ordre dans mes cheveux. On aurait pu croire que quelqu'un y avait fait exploser une bombe. Les garçons étaient partis et j'avais dû faire vite pour ne pas être trop en retard.
Dans les couloirs, j'avais l'impression que les personnes me regardaient différemment. Une sorte de sixième sens qui, jusqu'à présent, se vérifiait tout le temps. Comment dire que lorsque Matt n'était pas avec moi, je me sentais comme une étrangère dans ce monde. C'était en prenant exemple sur lui et avec ses conseils que je me suis mise à côtoyer des personnes. Il m'a permis de me sortir de mon cocon, de passer au-dessus de cette réputation de fille de flic. C'était entièrement grâce à lui que j'avais pu m'émanciper.
Pendant les cours, je compris vite que tout le lycée était au courant de la disparition de Matthieu. Des personnes de la classe, qui ne m'avaient encore jamais adressé la parole, m'avaient demandé si j'avais plus d'informations sur l'enquête. J'avais eu envie de leur répondre que j'étais morte de peur à l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave. Mais je n'en fis rien. Cela entraînerait des interrogations à mon propos. Bien évidemment, on se demandait si j'avais un lien avec sa disparition.
Les professeurs aussi se mirent à me questionner de l'absence de – je cite – « Mr Johnson ». Je surprenais de temps en temps des regards curieux vers moi. Une tension était palpable dans la classe, la même tension que dans les couloirs du lycée. En plus de ça, je n'avais pas de cours en commun avec Luke aujourd'hui. Il aurait pu me changer les idées en m'embêtant ou en me sortant des piques comme il le faisait habituellement.
Lors de l'intercours de l'après-midi, Jane s'approcha de moi. Elle voulait m'apprendre qu'une fille s'était enfermée dans les toilettes pour pleurer. Je ne vis pas bien le lien avec moi mais elle continua en baissant le ton de sa voix :
— Matthieu a été placé en haut du top 5 des plus beaux garçons du bahut. Et depuis la seconde personne ne l'a jamais détrôné. On dit que c'est depuis son entrée au lycée que le top 5 existe. Même le nouveau dans notre classe, Luke, n'a pas réussi à le doubler. La fille qui s'est enfermée dans les toilettes est secrètement amoureuse de Matthieu depuis des années.
Cette information eu l'effet de me couper le souffle. Une fille était amoureuse de mon meilleur ami et je n'en savais rien.
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