𝐋𝐞𝐬 𝐭𝐞́𝐧𝐞̀𝐛𝐫𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐦𝐨𝐧 𝐥𝐢𝐭 𝐝𝐨𝐮𝐢𝐥𝐥𝐞𝐭

/!\ Attention, texte avec des idées noires 💕

***

《Tu sais, il faut que je t'avoue quelque chose. Quelque chose que je n'ai jamais dit à personne. Une part de moi que je n'ai jamais montré.

Tout d'abord, je l'ai caché pour la bienséance ; par la suite, pour éviter les problèmes, mais surtout, parce que je n'ai pris conscience que récemment de son existence. Cette part-là est sombre, aux antipodes de ce que j'ai toujours été, mais c'est sûrement celle qui me ressemble le plus.

Par où commencer ?

En premier, j'aurais aimé être un homme. Fort, poker face, viril, qui sait se battre, à qu'il serait permis de faire ce qu'il veut sans jugement, être adulé, admiré, être maître du jeu.

En explorant un peu plus ce nouveau côté de ma personnalité qui m'a été révélé, je peux également t'avouer que je déteste l'humanité. La foule, les gens, les "réunions" familiales et autres rassemblements. Devoir sourire, masquer le fond de sa pensée, ses sentiments pour ne déplaire à personne, histoire que tout se passe bien ; devoir mentir, encore et encore, aux personnes que l'on croise sur son chemin, puis à soi-même.

Ironique pour quelqu'un qui se disais honnête, hein ?

Lâche, menteur, mais avant tout, égoïste ; je ne déteste pas l'être humain en soi ni la vie, juste l'Homme tel qui est aujourd'hui.

Pourquoi cette soudaine prise de conscience ?

Je ne sais pas, peut-être que les pensées idéalisées auxquelles on m'a nourrie étant gosse, et cette gentillesse dont on m'a prôné les biens faits, j'ai voulu y croire.

Fortement.

Au point de rejeter ma personnalité, mes goûts, qui j'étais réellement si je jugeais que ça ne correspondait pas assez à l'être parfait que l'on me décrivait. Attention, je ne dis pas que j'étais Mère Thérésa ! Comme tout le monde, il m'est arrivé de dévier du "droit chemin" mais j'ai essayé d'être irréprochable le plus possible. Je m'y suis accrochée, grandissant en imaginant que ma vie serait éternellement heureuse tant que je m'efforçais d'être gentille. Un coup, deux coups, puis trois, quatre... Ma foi n'a jamais été ébranlée.

Jusqu'au jour où vint le coup de grâce.

En réalité, ma croyance avait été mise à rude épreuve bien plus de fois que je ne l'avais imaginé, mais j'avais fermé les yeux sur les lésions qui s'accumulaient sournoisement. Et ce coup, pas plus fort que les autres mais le coup de trop, aura été fatal.

Prise de conscience froide et brutale de la réalité. Un vent de révolte que je croyais passagé, mêlé à la majorité qui arrivait avec son vent de liberté.

Alors j'ai lutté, d'abord aveuglément puis consciemment contre l'être que j'étais en train de devenir, ou plutôt, celui que j'avais toujours été au plus profond de moi. Jusqu'au jour où j'ai compris que je ne pouvais pas faire autrement que de l'accepter.

Ce nouvel être est las, froid, cassant, déteste les gens au plus haut point, ne supporte pas d'entendre se plaindre, et en a rien à faire de dire ce qu'il pense même si cela affecte.

N'est-ce pas plus cruel de mentir sur ce que l'on pense réellement ?

De toute façon, il préfère blesser avant de l'être. Réduire au maximum les gens qui disent l'apprécier réduira le risque d'être trompé. Être détestable lui permettra d'être le moins possible en compagnie de ses congénères.

Ne dit-on pas que nous ne sommes trahis que par nos amis ?

En acceptant ce qui peut paraître aux yeux du monde des défauts, mais que je qualifierais tout simplement d'une manière d'être ni bonne ni mauvaise, j'ai également appris à maîtriser ce manque de sang-froid, ce tact aussi tranchant qu'un sabre, cette volonté de blesser les gens qui me rebutent, apprécier la satisfaction ressentie devant la tête dépitée de quelqu'un que je viens de ramener brutalement à la réalité, et de tourner cette espièglerie, ce jeu d'acteur si bien maîtriser jusque là, à mon avantage.

Et puis un point des plus important, en les accueillants à bras ouvert, je me suis également aperçu que les remarques de la société ne m'atteignaient plus. Alors, le cœur déjà glacé, j'ai arrêté d'être gentille. Une nouvelle fois, mon être s'est heurté à la dure réalité de la vie. Il était encore trop tôt pour voler de ses propres ailes.

Mais plutôt que d'enfouir à nouveau cet être que je commençais à apprécier, mais ne pouvant néanmoins pas l'exposer de suite au grand jour, j'ai décidé tout simplement de me réfugier dans le silence. En communauté, je sors mon plus beau jeu d'acteur, en famille, je me sers des conversations animées pour passer inaperçu car parler me fatigue. Et une fois seule, je peux explorer qui je suis vraiment.

Et plus je plonge, plus je découvre un monde de ténèbres terrifiant, mais qui m'enveloppe d'une chaleur si douce...

J'efface la réponse que je viens d'écrire.

Je relis alors une énième fois le SMS reçu de ma meilleure amie, après avoir passé la journée à la consoler de sa rupture.

《 T'es vraiment une fille en or ! Tu rigoles tout le temps, comme si t'avais pas de problème. Merci, petit rayon de soleil ♡ 》

Je soupire.

Ce n'était pas voulu, mais chacun de ses compliments ne faisaient que rajouter une pression supplémentaire sur mes épaules. Si mon rôle était de sourire, devais-je culpabiliser quand mes larmes gomées le retroussement de mes lèvres ?

Je dégluti péniblement. Lui parler de ma peine alors que son cœur venait d'être brisé aurait été égoïste. Alors je réponds :

《 Derien, c'est normal. Quelle genre d'amie je serais si je ne savais pas te remonter le moral ?! 》

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