Texte écrit pour le concours 2021 de Cailloula.

Thème : écrire sur un sujet qui nous révolte dans notre société, avec une courte introduction et conclusion, ainsi que la proposition d'une ou plusieurs solution(s) pour résoudre le problème évoqué.

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"Pleurnicharde", "t'es névrosée", "t'es trop sensible". Voici les mots qui criblent mes souvenirs d'enfant, comme les balles d'un revolver déchirent la chaire de leur victime. On m'a reproché, trop souvent, de ne pas savoir maîtriser mes sentiments. C’était peut-être vrai. Non, c'était même certain. Comme le héros d'un nekketsu qui reçoit à la naissance un pouvoir bien trop considérable pour son jeune corps, les Moires m'ont délivrées une dose conséquente d'émotion. Agressée par les lumières trop fortes, les sons trop puissants, les odeurs aux fragrances trop intenses ; j'ai dû m'élever dans un monde si hostile à ma personnalité sans que personnes ne s'en aperçoivent et tentent de m'aider à gérer cette hyperstimulation incessante. "Arrête d'avoir peur", "t'es une trouillarde", "poule mouillée". Voilà d'autres expressions que je pourrais tirer parmi la liste exhaustive de mes stigmates. Mais alors, pourquoi ? Pourquoi ai-je été pointé du doigt par mes semblables ? Parce que je ressentais plus qu'autrui ? Est-ce dû au simple fait que j'étais différente ? Est-ce la peur que je puisse lire en eux aussi facilement que comprendre l'histoire d'un livre ouvert ?

Pourtant, ce n'est pas faute de m'avoir à maintes reprises, dépeint cette extraordinaire sensibilité comme un don. En fait, même si mon QI est bien loin de refléter celui d'un génie, j'ai pourtant grandi comme tel. Du moins, sur le plan émotionnel. Il suffit de relever les pages de notre histoire et d'effectuer un retour en arrière pour comprendre. Depuis la nuit des temps, notre société est apeurée par ce qui est différent. Que ce soit l'écueil de l'inconnu ou le sentiment d'infériorité, elle n'a eu de cesse de marginaliser ceux qu'elle considérait comme une menace. Mais ironiquement, ce sont peut-être ces personnes aux contours éloignés de l'archétype, qui sont les plus inoffensives. Il suffirait pourtant de laisser tomber nos paradis artificiels provoqués par la drogue de l'apparence, et accepter de prendre quelques minutes pour écouter. Laisser de côté nos pensées égoïstes et vaniteuses pour pouvoir découvrir la personne en face de nous.

Mais l'Homme n'est pas fait ainsi. Pour tous, sans exception, il est difficile de prendre le risque d'abaisser ses frontières, et il apparaît préférable d'écraser le fort en le faisant passer pour faible afin de se sentir en sécurité. Alors comment changer cette mentalité, caractéristique propre à l'humain ? Nous pouvons nous en remettre à Dieu, et espérer qu'après un nouveau déluge, il décide de supprimer ce trait de caractère de sa prochaine progéniture. Ou bien, pouvons nous choisir une alternative moins macabre ; celle qui consiste à garder foi en notre espèce, en espérant que les mentalités changent au fur et à mesure que le temps passe, pour aspirer à un monde où nous serions tous bien trop différents pour nous en apercevoir.

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Update 25.07.21 : première place ! 🥰