La gardienne
Je suis resté ma vie entière dans la même école
Observant les autres aller et venir,
S'installer puis ne plus jamais revenir.
J'ai encore le souvenir vif de chacun d'entre eux,
De leurs voix et de leurs yeux.
Pourtant personne ne se souvient de moi,
La gardienne qui veille à son poste par habitude
Restant à ce travail qui ne lui apporte qu'inquiétudes.
Si j'étais partie, je ne serais sûrement pas celle que je suis,
Et parfois, je me dis que cela aurait été mieux ainsi.
J'aurais pu changer, j'en ai toujours eu l'opportunité.
J'aurais pu m'envoler, j'aurais pu me métamorphoser.
J'aurais pu enfin être celle que je voulais.
Je voudrais être forte et je voudrais ne pas pleurer
Quand la nuit je repense à tout ce que j'ai raté.
En attendant je reste bloquée dans ces longs couloirs serrés,
Mon sac sur les épaules et la tête rentrée
Bousculée par les autres qui passent et s'entassent,
Qui partent sans laisser d'autres traces.
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