Les menottes qu'ils m'avaient mises me lacéraient les poignets. Je m'étais réveillé, attaché à une chaise, les mains derrière le dos, un scotch collé sur la bouche. Je ne pouvais émettre que des grognements. J'étais seul dans cette pièce illuminée de toutes parts. Je ne voulais pas devenir l'un de leurs cobayes.

- Je suis désolé Mathias, mais tu nous as obligé à réagir de cette façon. Tu as voulu t'échapper avec l'un de nos prisonniers, pourquoi as-tu fait ça ?

Je lui répondis par un son rauque.

- Suis-je bête, tu ne peux pas me répondre, dit-il en enlevant le scotch de mon visage. Alors, pourquoi as-tu fait ça ?

- Parce que tu essayais de tuer ma sœur.

- Donc tu me tutoies maintenant ? Dit-il en riant. Je ne pense pas t'en avoir donné le droit.

- J'n'en ai rien à faire de ton avis, je veux juste sauver Ryme. Mais un monstre comme toi ne peut pas savoir ce que ça fait d'aimer quelqu'un comme j'aime ma sœur. Je sais pourquoi vous nous avez arrêté.. Vous pensez que je suis stupide ? C'est vous les scientifiques qui n'avez rien compris..

- Et qu'as-tu découvert petit génie ? Dit-il d'un ton ironique en s'asseyant devant moi.

- Je vois la ville d'ici, ton précieux El Dorado.. Je l'ai observé, comme vous l'avez fait avec ma famille, en me demandant ce qu'on a de si extraordinaire. Et j'ai vu que nous sommes la dernière famille à plusieurs enfants, car les hommes ne sont plus capables de se reproduire. Et pourtant.. Pourtant, ma mère a eu 3 enfants, Ryme, Alex et moi. Ma mère, étant trop âgée pour survivre à vos immondes expériences, vous avez pris ma sœur.. Elle, si fragile, vous l'avez torturé pour essayer de comprendre. Vous avez émis l'hypothèse que c'était héréditaire.

Il me dévisagea silencieusement d'abord, puis partit dans un fou rire incontrôlable.

- C'est ça ta théorie Mathias Hiten ? Tu n'as rien compris..

- Pourtant, il n'y a aucun enfant..

- Nous utilisons tous les enfants que nous pensons "spéciaux" à des fins purement scientifiques, or tous non pas survécu comme Angélique ou Ryme. Ils sont tous mort au premier choc électrique. C'est pour cela que nous avons observé les dernières familles à la recherche du cobaye parfait et nous vous avons trouvé..

- Pourquoi ? Pourquoi faites-vous ça ?

- Je te l'ai déjà dis, nous cherchons un remède à une maladie..

- Quelle maladie ? C'est ce maudit sable qui te fait peur ? Replante de l'herbe !

- Les autres avaient raison, tu es trop immature pour comprendre, je n'aurais pas dû mettre autant d'espoir en toi..

- Quoi encore ? Soufflais-je exaspéré.

- Le cobaye ça devait être toi, mais.. J'ai insisté pour que ce ne soit pas le cas, pensant que tu nous serais d'une plus grande aide dans les laboratoires.. Je me suis trompé.

Je regardais le visage décomposé de l'homme en réfléchissant à toutes les possibilités s'offrant à moi. Si je n'insistais pas, je finirais dieu sait où avec ma sœur et je ne pourrais pas l'aider. Si je mentais...

- Je ferais ce que vous voudrez.. Monsieur..

Il arqua un sourcil et je crus voir son visage s'illuminer un instant.

- Vraiment ? Pourquoi changes-tu si soudainement d'avis ?

- Je suis d'accord pour vous aidez mais ce sera à ma façon.. Et personne ne blesse ma sœur pendant que je vous aide.

- Marché conclus ! Dès à présent appelle-moi Gabin.

Le médecin me tendit fièrement la main, avant de réaliser que les miennes étaient encore attachées derrière la chaise. Il chercha une clef dans sa poche et détacha mes menottes. Il me sourit et m'expliqua que j'allais voir les cobayes. Je sentis mon cœur s'arrêter, lorsqu'il m'ouvrit une porte menant droit sur des cellules. Une rangée de cellules vides s'étendait devant moi, mais dans les deux dernières se trouvaient des visages familiers.

- Tu as 1 minute.

Je n'attendis pas plus longtemps et couru vers Angélique et Ryme.

- Angélique ! Dis-je au bord des larmes.

- Qui es-tu ? Répondit la tête blonde.

- Je.. Je suis Mathias, je viens te chercher, vous ne serez plus jamais blessée.

- Non, tu ne lui ressembles pas..

- Angé..

- TU MENS ! La jeune femme se rua sur la porte qui nous séparait et cracha à travers la petite ouverture par laquelle je regardais.

- C'est réellement Mathias, dit une petite voix dans la cellule voisine. Ca fait presque 3 ans que vous ne vous êtes pas vu, c'est normal qu'il ait changé.

Angélique changea soudain de comportement et se radoucit.

- Mathias, aide-moi, je ne me contrôle pas.. VAS-T-EN IMPOSTEUR !

Je jetais un coup d'œil à ma sœur qui me sourit tristement. L'Angélique que j'avais connue était morte et avait laissé place à une coquille vide. Je tendis une main vers Ryme au moment où le médecin aux grosses joues revint me chercher.

- Ta minute est écoulée.

Je lui fis un dernier sourire et quittais les cachots de l'El Dorado le cœur lourd. Gabin me ramena au 20ème étage et s'installa sur l'un des sièges, regardant le dôme d'un regard mauvais.

- Elles ne nous aideront en rien ces deux-là..

- Si vous ne pouvez pas les étudier qu'est ce que vous allez faire d'elles ?

- A elles de choisir. Nous avons établit une nouvelle théorie. Lors des chocs électriques nous avons pu relier leur cerveau à l'un des ordinateurs de la salle des machines. Je vais leur lancer une clef pour qu'elles puissent s'échapper, nous allons donc étudier leurs comportements face à cette information. Peut-être que nous aurons de meilleurs résultats.

A ces mots Gabin sortit une clef de sa poche et la lança par une petite trappe qui devait être reliée directement aux cellules. Il partit ensuite vers la salle des machines, des dizaines d'écrans étaient fixées sur ma sœur. L'expérience venait de commencer.