3 - Ryme ✓

Cela faisait maintenant plusieurs heures que j'étais coincée dans la cellule avec à l'intérieur, un lit orné d'un simple drap et un plateau-repas étalé sur le sol. J'étais recroquevillée dans l'un des coins de celle-ci et observais ma voisine faire des vas et vient entre les barreaux nous séparant et la porte de sa cage.

Sa silhouette me paraissait familière, mais je n'arrivais pas à me souvenir d'où. Elle était repliée légèrement sur elle-même durant sa réflexion, ce qui bombait son dos d'une façon surprenante. Je pouvais l'entendre souffler et jurer presque à chaque seconde. Ses longs cheveux blonds paraissaient abîmés par le temps, comme si cela faisait des années qu'elle ne s'était pas recoiffée. Elle finit par s'assoir à côté des barres métalliques, rendant à son corps une forme normale.

Elle me dévisagea quelques secondes et se rapprocha des barreaux qui nous séparaient, comme pour regarder de plus prêt. Je pensais qu'elle allait commencer la conversation, mais elle resta silencieuse.

*

La douleur dans ma peau était si forte, que j'avais retiré le caillou de ma peau à l'aide de ce que j'avais pu trouver dans la petite pièce. Le sang s'était répandu sur le sol, j'avais donc dû déchirer une partie du drap pour recouvrir la plaie et éviter qu'elle ne s'infecte. J'avais utilisé le reste pour nettoyer la tâche de sang que j'avais laissé sur le sol.

-Pourquoi as-tu été déclaré inapte ? Me demanda-t-elle soudain en collant son visage sale entre les barreaux.

- Je ne sais pas, dis-je doucement. Je ne suis pas malade, je pense que je le saurais si c'était le cas.

- Personne n'est malade ici, c'est que les autres disent pour ne pas être effrayés de ce qu'ils nous font subir. Mon père m'a vendu pour vivre dans l'El Dorado, il a dit à ma famille que j'avais une maladie mentale mais ce n'est pas le cas... TU PENSES QUE C'EST LE CAS ? Hurla-t-elle en crachant dans ma cellule.

- Peut-être bien... Mais moi mes parents ne m'auraient jamais fait ça... Et puis ils se rendront bientôt compte de ma disparition !

- Non petite, souffla-t-elle en tendant ses mains dans ma direction. Un toi parfait a été envoyé à ta place, je ne sais pas si c'est un robot ou encore l'une de leur expérience sordide. Dans tous les cas, ils ne s'inquiéteront pas de ta disparition, car pour eux, tu n'as pas disparu.

Elle partit dans un fou rire puis s'étala sur le sol d'une façon brusque. Elle ferma les yeux quelques instants et poussa un long soupir.

- Cela fait 3 ans que j'arpente cette prison seule... Tu sais ce que ça fait d'être seule pendant tout ce temps. NON, TU NE LE SAIS PAS !

Elle passa ses mains sur son visage puis dans ses cheveux blonds ternit par la saleté de la cellule. Elle se redressa soudainement, et posa son front sur le métal froid de l'un des barreaux.

- Tu sais, j'avais un amoureux avant de partir dans cet ignoble endroit, il ne voulait pas que je parte mais je ne l'ai pas écouté... Mon beau Mathias, qu'es-tu devenue ?

Sa dernière phrase attira mon attention, je connaissais bien cette fille.

- Angélique ? Dis-je timidement en me rapprochant d'elle.

Je m'étais approcher lentement, comme pour ne pas l'effrayer, mais son visage arrêta subitement de sourire. Elle recula jusqu'au fond de sa cellule.

- Comment tu connais mon nom ? Tu es encore l'un de ces stupides tests ?

- Non, je suis Ryme Hiten la sœur de Mathias et je..

- TU MENS ! Les Hiten ne seraient jamais venus ici ! Mathias les en aurait empêché..

Elle contempla ses mains avant de jouer nerveusement avec. Angélique ne jetait plus un seul regard dans ma direction, ses yeux restaient fixés sur ses mains.

- Tu es encore l'un de leurs tests, CA ME REND FOLLE !

- Angélique, je suis vraiment la sœur de Mathias, je ne sais pas comment te le prouver..

Elle s'approcha lentement des barreaux et colla son visage dessus en me regardant avec des grands yeux :

- Disons que tu sois vraiment celle que tu prétends être, mais que tu n'es pas car tu ne peux pas être ce que tu dis... Comment va-t-il ?

- Je ne sais pas, il n'a accepté de venir que par espoir de te voir... Il nous avait dit que si tu n'étais pas revenue, c'est parce qu'il t'était arrivé quelque chose mais je ne l'ai pas cru, personne ne l'a cru d'ailleurs.

- Si tu as de la chance, il arrivera à comprendre et viendra te chercher... Mais la probabilité est faible...

Elle esquissa un sourire. Au même moment, la porte de ma cellule s'ouvrit brusquement et le médecin qui m'avait jeté ici apparut devant moi. Il n'attendit pas que je réagisse pour m'attraper à nouveau le bras et me fit sortir de ma prison. Mes pieds nus retombèrent lourdement sur le sol froid, qui me provoquait des frissons à chaque pas. Il passa par un dédale de couloirs et soudain, s'arrêta devant un ascenseur qui nous amena une vingtaine d'étage plus haut.

De là où nous étions, on pouvait apercevoir ce qui se passait dans le dôme. J'essayais désespérément de reconnaitre des membres de ma famille, mais nous étions bien trop hauts pour que ce soit possible.

Je sentis une pression sur mon bandage. Mon regard roula jusqu'à lui, il appuyait de plus en plus fortement dessus, ce qui libéra quelques gouttes de sang :

- Que s'est-il passé ?

- Je suis tombé dans ma cellule, mentis-je. Je n'avais pas vu ma voisine, sa présence m'a fait peur donc je suis tombée.

Il me fixa d'un œil sceptique, et lâcha sa pression sur ma paume, mais ne lâcha pas ma main. Il savait que je ne pouvais pas fuir car il tenait ma famille, mais il devait tout de même en douter.

- Bien, dit-il après un long silence. Toi et l'autre fille vous faites partit de notre nouvelle expérience pour garantir la sécurité des gens qui vivent ici-bas.

- Je ne comprends pas pourquoi je suis là...

- Ta mère ne t'a donc rien dit ? Dit-il en arquant un sourcil.

- Non... Rien en dehors de sa promotion...

- Depuis le réchauffement climatique, de nombreux enfants sont morts, d'autres ont survécu et certains d'entre eux ont développé quelques choses de très particuliers. Je dirais bien une sorte de superpouvoir, mais dans ce cas tu penserais pouvoir t'échapper...

- De quoi parlez-vous ?

- La promotion de ta mère n'était qu'un prétexte pour te faire venir ici, mes collègues avaient des doutes sur ton cas. Vois-tu on observe les faits et gestes de ta famille depuis plusieurs années déjà, et toi, tu as particulièrement retenu notre attention. Les capteurs placés à l'entrée n'ont fait que confirmer nos hypothèses.

Mon regard faisait des allers-retours entre le dôme et l'homme qui ne m'avait pas lâché le bras. Il devait se tromper c'était sûr. Si j'avais développé quelque chose, j'aurais été au courant avant lui. Et de quels capteurs parlaient-ils ?

- Nous ne savons pas exactement ce que provoque votre changement, mais grâce à ton amie Angélique nous avons trouvé d'où cela provient. Son ADN a muté d'une façon plutôt intéressante, car de nouveaux gènes sont apparus, ou plutôt de nouveaux allèles, mais je ne vais pas rentrer dans le détail car tu ne comprendrais pas. Enfin bon, même si nous ne savons pas encore à quoi cela sert, nous savons comment les étudier. C'est là que tu interviens, Angélique est bien trop malade aujourd'hui pour être étudiée correctement, nous lui laisserons donc quelques semaines de repos le temps de nous occuper de ton cas. Maintenant, tu dois te demander ce que nous allons te faire. Bien, fin du suspense.

Il appuya sur un bouton qui ouvrit une porte, de la fumée s'échappa de celle-ci et il s'engouffra à l'intérieur sans me lâcher. Il me poussa sur une chaise et installa deux ventouses sur mes tempes. Cela ne me paraissait pas si terrible jusqu'à ce que je sente la décharge électrique traverser mon corps.

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