2 - Mathias ✓

Lorsque le médecin décida que j'étais apte à vivre dans l'El Dorado, il me fit rentrer dans celui-ci. Le dôme était situé à plusieurs mètres du sol et n'était accessible que par ascenseur, il s'étendait sur plusieurs centaines de mètre vers le sud. Malgré le dôme de verre qui nous recouvrait, ceux qui l'avaient construit avaient fait en sorte que l'on puisse ressentir le vent à travers celui-ci.

L'entrée du dôme se situait au premier étage d'une immense tour de recherche, c'était de là d'où je venais. Aucun garde ne gardait les portes, ce qui me permit de rentrer facilement dans mon nouvel habitat. Pour la première fois, je n'avais pas l'impression de fondre en marchant à l'extérieur de chez moi, même si je n'étais pas réellement chez moi.

L'un des médecins qui s'occupait de ma famille m'invita à rentrer dans l'une des centaines de maisons que comportait l'El Dorado. Elles étaient toutes identiques, blanches, grandes et prouvant la richesse du lieu. Un chemin de cailloux blanc nous menait jusqu'à l'entrée, il était parsemé d'herbe à certains endroits.

A l'intérieur, tout était aussi extraordinaire que l'extérieur. Je possédais même ma propre chambre, je n'aurais plus besoin de la partager avec Ryme et Alex. Je réalisais soudain que j'étais seul dans cette immense maison :

- Excusez-moi, ma famille va-t-elle bientôt arriver ? demandais-je poliment au médecin.

Il regarda sur une petite tablette qu'il portait dans son sac, et chercha « Hiten » dans la base de données.

- Tes parents et ton petit frère sont en chemin, ils ont passés les tests. Mais ta petite sœur est encore retenue à l'entrée, ils ont du déceler un problème de santé là-bas.

Mon cœur rata un battement. S'ils découvraient sa blessure à sa main, elle pourrait être déclarée inapte et je ne la reverrais plus jamais.

*

Cela faisait bientôt une heure que j'attendais le retour de la plus petite de la fratrie. Le médecin avait dit la vérité, le reste de ma famille était arrivé quelques minutes après son départ. Il m'avait dit qu'il reviendrait plus tard, et j'en avais profité pour visiter la maison.

Le rez-de-chaussée ne comportait que la cuisine, la salle à manger et un immense salon, où il y avait même une télévision ! A l'étage se trouvait les chambres, quatre au total, on en avait une chacun. Toutes les chambres possédaient leur propre salle de bain et leur propre toilette. Depuis ma chambre, je pouvais apercevoir un immense jardin où étaient plantées des espèces de toutes sortes. Même si cela ne faisait que quelques heures que j'étais arrivé ici, le désert me paraissait bien loin.

J'avais fini par m'installer dans un des canapés de du salon et regardais dans le vide, en attendant le moindre signe de vie émanant de Ryme, tandis que le reste de la famille s'activait dans la maison. Soudain un médecin entra dans la pièce, ce n'était pas celui que j'avais vu plus tôt. Celui-ci était assez imposant et chauve, mais d'une certaine façon il m'inspirait confiance. Sans hésitation, je me ruais vers lui :

- Bonjour Monsieur, savez-vous où est ma sœur ? Elle s'appelle Ryme Hiten je n'ai aucune nouvelle d'elle depuis plus d'une heure.

Le médecin regarda mon visage avec insistance puis sortit un petit dossier de son sac :

- Comment vous avez dit ? Ryme ? J'ai son dossier ici, Ryme Hiten..

- Que se passe-t-il ? Dis-je angoissé.

- Elle a dû subir des tests supplémentaires qui l'ont retardé, elle va bientôt arriver. Sauf si elle est déclarée inapte.

- Inapte ? C'est quoi ce bordel ? Faites revenir ma sœur !

Je savais que je devais garder mon calme, mais les mots étaient sortit malgré moi. S'il arrivait quoi que ce soit à Ryme, je ne me le pardonnerais pas. J'aurais du faire plus attention à sa blessure.

- Cela ne va pas être possible Monsieur Hiten, elle a été placée en quarantaine, nous attendons un rapport détaillé des médecins plus approfondies pour vous donner plus d'informations.

- Vous vous foutez de moi ? Je serrais les poings en m'approchant dangereusement de son visage engraissé par la richesse.

- Mon chéri calme toi, et soit poli avec ce monsieur s'il te plaît, souffla ma mère qui venait d'entrer dans le salon.

Elle salua le énième médecin qu'elle voyait de la journée, et me lança un regard noir. La politesse était l'une des seules valeurs qu'elle n'avait pas réussi à à m'inculquer, avec le fait de garder son sang froid. Je savais que mon comportement la décevais, mais mon esprit était trop concentré sur le sort de Ryme pour m'en soucier.

- Maman ? Dis-je en courant vers elle, des larmes de rage roulant sur mes joues. Que va devenir Ryme ? Il faut la faire sortir de là !

Ma mère s'excusa et demanda à l'homme de quitter notre maison. Elle s'installa ensuite sur l'un des sièges de la grande pièce et m'invita à la suivre.

- Mathias, tu te rappelles tout à l'heure quand tu m'as demandé à quel prix on pouvait habiter dans un endroit aussi paradisiaque ?

Je la regardais sentant la rage envahir mon corps. Elle n'avait pas osé tout de même ? Si jamais elle avait sacrifié Ryme...

- Tu as eu une promotion, soufflais-je en espérant secrètement que mon intuition se révèle fausse. C'est pour ça que nous sommes là.

- Oui mon chéri, mais ce n'est pas la seule raison. Ta sœur souffre d'une maladie très grave. Elle a des problèmes cardiaques et ces gens nous ont proposé de l'aider lorsque nous viendrons vivre ici. Je ne savais pas comment lui annoncer mais les médecins m'ont dit qu'ils s'en chargeraient à notre emménagement. La promotion m'a convaincue de venir ici, j'avais enfin les moyens de l'aider... Je ne voulais pas venir mais je pense que la santé de ta sœur est plus importante que le reste. Et grâce à leur aide, nous allons vivre ailleurs que dans notre minable maison, dit-elle en souriant tristement.

- Elle n'est pas inapte ! Elle va revenir !

- Je ne pense pas mon chéri...

Je regardais ma mère sans savoir quoi répondre, elle l'avait sacrifié pour que nous puissions vivre autre part que dans notre "minable maison". Il ne m'en fallut pas plus pour me lever du canapé, quitter cet atroce cocon de perfection pour me retrouver dans une rue censée être paradisiaque. Un chemin de cailloux blancs gisait sous mes pieds et des arbres en tous genres ornaient les jardins de nos voisins. Toutes les maisons étaient similaires, blanches, propres. Elles m'inspiraient un profond dégoût.

Je pris un chemin au hasard espérant trouver quelqu'un qui puisse m'aider, mais personne n'en avait l'air capable. Chaque individu que je croisais me paraissait faux, leurs sourires niais sur leurs visages et des yeux pétillants de joie. Qu'avaient-ils sacrifié pour pouvoir vivre ici ?

- Mathias c'est toi ? dit une voix derrière moi.

Je me retournai lentement, je pouvais reconnaître cette voix entre toutes, c'était Ryme. Je savais qu'elle allait bien, je le savais. Elle se jeta dans mes bras et me serra contre elle. Je pris sa petite tête brune entre mes mains, et poussais un soupir de soulagement. Elle était revenue :

- Tu n'as pas été déclaré inapte ? Demandais-je le sourire aux lèvres.

- Non, les médecins veulent surveiller mon cœur mais ils pensent que je peux guérir, m'expliqua-t-elle. Tu es allé dans la maison ? Je veux la voir !

Ryme sautait dans tous les sens apparemment très pressée de visiter notre nouveau chez nous. Dans un élan de bonheur elle m'attrapa la main et me fit courir vers la maison que nous allons habiter pour un semestre. Mais quelque chose attira mon attention.

Je pris sa paume droite entre mes doigts, ils m'avaient presque eu... La Ryme devant moi était presque parfaite à un détail. Sa main n'était pas blessée et même si le caillou s'était délogé, elle n'aurait pas pu cicatriser aussi vite.

Avant qu'elle ne remarque quoi que ce soit je lui fis un grand sourire et entrais en premier dans la grande bâtisse blanche.

Qu'avaient-ils fait de ma sœur ?

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