XX

𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 20

Taehyung sentait encore le stress monter en lui. Il ne restait qu'une scène dans le second acte, puis le dénouement arriverait. Jamais sa main n'avait aggripé si fort celle du noiraud à ses côtés.

Se retrouvèrent à nouveau toutes deux sur la scène les deux femmes d'âge avancé. Elles se mirent à juger le jeune homme qu'elles avaient vu grandir, disant sûrement que depuis la mort de son père, la qualité de son éducation avait dû être significativement amoindrie.

En effet, il était possible de voir les choses de cette manière. Saejong était allé trop loin dans ses paroles, avait pratiquement fait une crise d'hystérie en plus d'avoir utilisé du vocabulaire trop violent sur les deux femmes. Il les avait insultées quand elles lui avaient dit que ce qu'il racontait était forcément faux. Alors peut-être qu'elles auraient dû l'écouter un peu, mais lui n'aurait pas dû être si violent, c'était certain. Elles se plaçaient du côté de l'auteur ou l'imposteur à succès, et leur point de vue allait être excessivement compliqué à modifier.

C'est sur quelques mots qui firent changer de moitié le point de vue du public, puisqu'ils savaient que le jeune homme avait raison mais aussi qu'il était allé bien trop loin, que l'entracte arriva, allumant violemment les lumières dans la salle.

N'importe qui aurait pu s'attendre à ce que les spectateurs aient envie d'aller boire, pour se ressourcer, une fois sortis de l'histoire. Mais non. Seuls quelques uns bougèrent pour se procurer des boissons. Les autres restèrent assis, impatients visiblement de connaître la suite, même les enfants les plus perturbateurs en apparence. C'était impressionnant. Ils semblaient véritablement happés par l'histoire, fixant le rideau rouge baissé pour être prêts lors de son ouverture.

Certains entre eux parlaient de la pièce alors Taehyung tendit l'oreille, sa curiosité malsaine et avide prenant le dessus sur la décence qui l'aurait normalement forcé à ne pas écouter les conversations des autres.

Il fut agréablement surpris de l'entendre que de bonnes choses. On parlait de la qualité du jeu d'acteur, de la musicalité des répliques qui semblaient presque être écrites en vers, de la manière particulière qu'avait l'histoire de s'enchaîner parfaitement sans nécessiter la présence de trop de retours en arrière ou de personnages superflus. Ils semblaient par-dessus tout, adorer l'histoire, elle leur prenait véritablement le coeur avec hargne, les rendant décidément avides de savoir la fin.

Cependant, la pression qui s'exerçait sur le ventre du châtain ne faiblissait pas. Et Jungkook le sentait, mais il ne pouvait pas réellement avoir une incidence dessus. Alors tout ce qu'il faisait était le tenir dans ses bras en espérant que cela lui permettrait de garder un repère. Il était terrifié à l'idée que la fin ne plaise pas, surtout la monumentale dernière scène.

Puis, les rideaux se relevèrent, ce qui fit pratiquement s'évanouir le plus petit dont la tête tournait horriblement.

Cela reprenait sur Saejong réussissant à trouver Junhong pour avoir une discussion avec lui.

Saejong avait été extrêmement condescendant dans cette scène et le comédien, adorable de nature, avait eu beaucoup de mal à prendre cette attitude détestable. Mais il la faisait à la perfection à cet instant. Il avait vraiment l'air d'un connard sans coeur, tel seul Saejong le voyait pour le moment. En jeune homme intelligent, il l'avait fait venir chez lui, en l'appelant "oncle Junhong" comme son père le forçait à le nommer lorsqu'il était petit. Il avait placé une petit caméra, juste parfaitement mise pour avoir tout le visage du faux écrivain en visuel.

Saejong s'était une fois encore énervé, pour le forcer à sortir de ses gonds, pour qu'il énonce à haute voix et distinctement la vérité, plutôt que se laisser faire comme dans la première version du texte. Il parvint à lui soutirer plus d'informations que ce qu'il n'aurait voulu. La première étant celle qu'il savait déjà, que Junhong volait les livres de son ancien ami. La deuxième était celle qui explicait le décès bien trop rapide de cet ancien ami: assassiné avec du cyanure par Junhong pour qu'il puisse lui prendre ses livres. Il avait donné comme excuse le fait qu'il n'avait aucun argent et qu'il était proche de la rue, que c'était sa seule option.

Mais tout le monde s'en foutait, que ce soit sa seule option. Il était méchant, ne possédait aucune culpabilité et avait commis le péché suprême, ôté la vie à quelqu'un, de plus pour des raisons d'avarice. Un monstre. Une abomination. Et il avait divinement joué ce personnage pratiquement inhumain.

Après qu'il ait quitté les lieux sur une énième dispute fantastique, où Taehyung avait expressément demandé de casser des éléments du décor soit des vases en verre pour donner plus d'impact, Saejong avait récupéré la vidéo parfaite de tous les aveux de l'imposteur.

S'était passé en dehors de la scène un moment, raconté par la suite en monologue par Saejong seul face au public, pendant laquelle il racontait comment il avait montré à la police cette vidéo, accompagnée bien sûr des manuscrits d'origine de son père, vérifiés par des experts pour la date, bien antérieure à celle de parution des livres ou du début de l'écriture dite par l'imposteur lors d'interviews, et des experts qui avaient pu prouver que l'écriture était bien différente de celle de l'écrivain à succès, et donc qu'il n'avait pas écrit ces manuscrits d'origine.

Taehyung avait décidé de le faire plus débrouillard que prévu, plus débrouillard que si un deus ex macchina avait réglé son problème sans explications. Il espérait que ce trait de personnalité ajouté à la personne de Saejong plaise au public. Ça eut l'air du moins, effectivement et après une profonde inspection des faciès, de les satisfaire.

Arriva alors la significative scène du rassemblement d'auteurs, un équivalent d'une remise des oscars pour les écrivains, comme il en existait dans tous les pays du monde. Mais cette fois, tout était filmé parce que l'auteur à succès, Song Junhong était là.

Alors qu'il allait prononcer le discours d'ouverture, sur une petite estrade sur la scène que Taehyung avait réellement mis trois jours à construire avec Jungkook, Song Junhong fut emmené par quelques comédiens jouant le rôle de policiers. Ils arrêtèrent sous les regards choqués de Saeron et Hyoseong, et les yeux pétillants de Saejong, Junhong, pour plagiat.

À ce moment, Saeron et Hyoseong décidèrent d'aller voir le jeune homme, en lui disant de se rendre lui-même sur la scène pour expliquer ce qu'il se passait. Sûrement porté par l'euphorie, le personnage enfin débarrassé du menteur compétitif, accepta.

Il prononça un discours qui créa des larmes sur les yeux des gens. Il expliqua pourquoi Junhong avait été arrêté et pourquoi ses livres étaient si bons, pourquoi ils les avaient aimés à ce point, eux. Pourquoi le travail de chacun devait être respecté et pourquoi le karma s'abattait toujours sur les voleurs et les menteurs. Il retourna, tel le noble fils du grand écrivain non connu de son vivant qu'il était, à l'aide de mots bien choisis par Taehyung en réalité, les cerveaux des autres personnages et des spectateurs qui se sentirent touchés par la notion de justice, de pourquoi voler une idée et le travail de quelqu'un, c'était surtout, finalement, lui voler du temps de vie, et une partie de son âme.

Et c'est sur ce discours, que le rideau se baissa pour la dernière fois.

1209.


--

Plus que l'épilogue shiteuh

j'espère que j'ai assez bien décrit la pièce et les sentiments de Taehyung pour que vous ayez une idée de la chose :)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top