Chapitre 35 - Opération
~ "Men in rage strike those that wish them best." Othello ~
Restée dormir avec Tõya à Gunga, Kaya trouva ce matin-là Setsuha et Atsuhiro attablés dans la salle à manger de la Ligue. La fenêtre entrouverte laissait entrer des senteurs de matin gelé, qui se mêlaient à l'arôme de café chaud. Tout en préparant son petit-déjeuner, elle observa à la dérobée ce couple paisible, encore ébouriffé par le sommeil. Drapée d'un peignoir en soie, l'ailée caressait la mâchoire de Atsuhiro pour éprouver les picots de sa barbe de l'avant-veille, qu'il n'avait pas encore rasé, quand Kaya s'assit avec eux. Lui, couvert d'un fin pull, la couvait du regard. Elle émit un reniflement amusé.
— Vous êtes la définition même des tourtereaux.
— Et je m'en vante volontiers ! répliqua Atsuhiro.
Setsuha bâilla, étira ses ailes, puis s'enquit :
— Dabi est pas encore levé ?
— Il va sûrement dormir encore une heure ou deux.
— Si je ne le connaissais pas je te reprocherais de nous le fatiguer, glissa le magicien.
Kaya émit un rire nasal.
— Il se fatigue très bien tout seul, crois-moi.
Le couple arrondit des yeux étonnés, aussi poursuivit-elle :
— C'est une vraie pipelette sur l'oreiller.
Chose qu'elle avait découvert depuis le début de leur cohabitation. Dans le noir, étendu près d'elle, Tõya se montrait particulièrement loquace. Ils discutaient parfois jusqu'à ce qu'elle tombe de sommeil. Elle aimait ces moments où il n'était plus qu'une voix profonde et un corps chaud, où elle sentait ses caresses distraites et le jeu de ses mains au-dessus des draps, accompagnant ces paroles. Lui qui n'était que bravache et ironie le jour, devenait soudain volubile à la faveur des ténèbres.
Parfois, il faisait jouer des flammèches entre ses doigts. Presque hypnotisée par la danse de cette lumière bleutée, Kaya l'avait écouté lui relater son enfance, les crimes de son père, ses années auprès de Nori et sa descente progressive dans le crime.
Il critiquait aussi. Critiquait la société héroïque et ses idoles bouffies d'égo. Critiquait les lésés du système qui s'adonnaient à la criminalité sans envergure. Critiquait les failles qui permettaient aux plus corrompus de bafouer toute morale. Comme ces poseurs qui paradaient en costume moulant sur un podium de vanité. Comme Hawks avec ses mains tâchées de sang qui faisait des risettes aux adolescentes en pâmoison. Comme ces pourritures qui avaient enlevé Bunta pour fournir du spectacle aux assoiffés de violence arriérée.
Ces confidences nocturnes rappelaient à Kaya cette toute première nuit qu'ils avaient passée ensemble, chez elle, alors qu'elle n'avait eu d'autre choix que de l'héberger le temps qu'il se remette de son hyperthermie. Déjà, à l'époque, Tõya avait amorcé une confession, en lui avouant pourquoi il tuait.
— Et après, c'est nous les tourtereaux, s'amusa Setsuha.
Kaya haussa un sourcil ironique tout en épluchant sa clémentine.
— On a notre façon de communiquer, mais les gazouillis et les mamours, c'est pas vraiment nous. Tu seras là ce soir, Setsu ?
— Non, je vais pas tarder à y aller et je vais pas revenir avant quelques jours, avec mes cours. Pourquoi ?
— Je pensais qu'on pourrait se faire un billard, à l'occasion. Avec Taru, si elle est là aussi.
— Bonne idée, oui !
— Vous savez que c'est quand même le quartier général de la Ligue, ici ? leur rappela Atsuhiro d'un air affligé. Pas un centre de loisir.
Kaya haussa les épaules.
— Fallait pas mettre des tables de billard dans un lounge branché, alors.
Sa réplique fit s'esclaffer Setsuha, qui posa une main compatissante sur l'épaule du magicien. Celui-ci esquissa une moue vaincue, avant de se fendre d'un sourire appréciateur.
— N'empêche, c'est vrai que ce n'est pas déplaisant, d'être tous réunis ici.
L'ailée se leva avec un son d'assentiment. Atsuhiro ne pût voir son visage, mais Kaya ne manqua pas le subit assombrissement de son expression. Interpellée, elle saisit ses épluchures et rejoignit Setsuha, occupée à rincer sa vaisselle, les lèvres pincées de préoccupation. Parvenue contre elle, elle lui adressa un regard interrogatif en approchant ses mains des siennes, prétextant vouloir rincer l'odeur de l'agrume sur ses doigts. Setsuha la laissa établir le contact à l'abri de l'évier.
Un afflux d'anxiété gagna alors Kaya, lui nouant les entrailles. Elle ravala sa surprise et retourna terminer son petit-déjeuner, déconcertée par ce malaise que l'ailée taisait à Atsuhiro. Quand Setsuha s'apprêta à quitter la salle, elle prétendit vouloir lui emprunter un mascara pour la suivre. Dès qu'elles se furent enfermées dans la salle de bain, Kaya demanda avec sollicitude :
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Setsuha massa nerveusement ses bras, s'entourant de ses ailes.
— Je sais pas comment tu fais pour être à l'aise avec tout ça, avoua-t-elle. Je suis heureuse de reconstruire ma relation avec Atsuhiro, et j'adore passer du temps avec vous mais... il a raison, c'est le quartier de la Ligue, ici.
— Ce qui en fait l'endroit le plus sécurisé pour se voir sans problème, en dehors du Baratin.
Les bras croisés, Setsuha leva les yeux au plafond, ses beaux traits plissés en une mine inquiète. Elle expira un soupir pesant.
— Je sais, et c'est pour ça que je viens le voir ici. Mais... qu'est-ce qu'on est en train de faire ? Noël, c'était une chose. Là on... aller et venir à Gunga, partager notre quotidien : ça commence à ressembler à une communauté.
Kaya se mordilla la lèvre en prenant appui sur le lavabo.
— C'est particulier, c'est vrai. Mais on peut pas vraiment lutter contre ça. Si on regarde, ça fait quand même un moment qu'on est tous en lien les uns avec les autres. Leur installation à Gunga a juste catalysé les choses. Et on est pas adhérentes du FLP pour autant.
Elle esquissa un sourire rassurant sur cette précision. Setsuha hocha la tête, et sortit sa crème hydratante de sa trousse.
— Et ça me poserait sans doute moins de problème si les enjeux étaient pas aussi complexes.
Tandis qu'elle s'étalait le produit subtilement parfumé sur le visage, Kaya la considéra, le front plissé.
— C'est Hawks qui t'inquiète, comprit-elle.
— Nous, on peut ne pas adhérer, mais lui...
Kaya pivota vers le miroir. Elle contempla leur reflet, gagnée par une pointe de culpabilité. N'ayant désormais plus rien à craindre de la Ligue, elle n'avait pas pris la peine de considérer les risques et les tensions qui sous-tendaient l'alliance du héros avec les vilains. Pire, elle ne s'était pas privée d'envoyer des piques à Hawks quand elle en avait eu l'occasion.
Setsuha reboucha son tube et piocha un mascara, qu'elle garda en main alors qu'elle plongeait son regard dans celui de la photographe.
— C'est mon ami et l'homme de Taru. Et c'est l'ennemi de la Ligue. De Atsuhiro et Dabi. Sauf que je dois faire comme si c'était pas le cas chaque fois qu'on se regroupe.
Kaya posa une main sur la sienne et la pressa.
— Pardon, j'ai pas réfléchi à ce que ça impliquait pour Taru et toi.
— C'est pas de ta faute.
— Et c'est pas de la tienne non plus, martela-t-elle. T'as raison, les enjeux sont complexes, mais c'est pas de notre responsabilité. Avec Dabi... on sait que ça finira mal. On sait qu'on se dirige droit vers le drame. Je pense que Taru et Hawks le savent aussi. Atsuhiro ne doit pas l'ignorer non plus.
Le visage peiné, Setsuha acquiesça.
— On n'en a pas parlé, mais c'est dans l'air.
Un courant de compréhension passa entre elles. Kaya recula contre la machine à laver pour laisser l'ailée terminer son maquillage et coiffer ses cheveux. Depuis la fenêtre haute, une douce lumière dorée se diffusait dans la pièce.
— Ces moments qu'ils nous restent, reprit-elle avec lenteur. Je pense qu'on les aborde tous avec la même intention : en profiter tant que ça dure. Alors oui, cette communauté bizarre est vouée à éclater, mais elle tiendra d'ici-là. Te sens pas mal d'en faire partie.
Le temps des choix viendrait bien assez tôt. Alors seulement, leurs décisions détermineront leurs torts.
Après le départ de l'ailée, Kaya s'apprêtait à regagner la suite qu'elle partageait avec Tõya, quand une bande la héla dans le vaste hall.
— He ! T'es la photographe, non ?
— Oui, c'est moi.
— On est sur un truc là, tu veux venir ? On a besoin d'un maximum de couverture !
Intriguée, elle étudia la demi-douzaine de petite racaille manifestement sur le départ. Des mutants pour la plupart, en survêtements et treillis, foulards et masques en plastique sur le coude. Elle ne leur trouvait pas la dégaine d'un simple crew de grapheurs préparant une action.
— Ça a l'air sérieux, observa-t-elle.
La bande approuva avec excitation.
— Viens, on t'explique en route !
Un cocktail familier d'appréhension et de curiosité dans les veines, Kaya leur emboîta le pas sans prendre le temps de récupérer sa veste et son appareil. Elle utiliserait son portable. Au sous-sol, ils retrouvèrent le reste de la troupe, et se répartirent dans les voitures et scooters. Elle se retrouva sur la banquette arrière d'un véhicule à l'immatriculation falsifiée, entre une femme aux griffes et aux crocs de métal et un type qui avait déjà enfilé gants et casquette.
Sur la route boisée, les équipages faisaient rugir les moteurs au milieu des deux roues qui les rasaient, se répondant mutuellement dans une atmosphère de meute fébrile d'être lâchée.
— Pour te briefer, entama la conductrice à l'adresse de Kaya, c'est une opération de représailles. On peut pas encore déclarer ouvertement la guerre aux héros, mais on peut ébranler les fondations de leur tour d'ivoire. On va envoyer un message à cette société de ventres mous !
Le passager avant pivota le buste pour tendre son smartphone à Kaya. Sans ses lunettes, elle peina à distinguer l'écran. Il déclara avant qu'elle eût pu déchiffrer ce qui ressemblait à un article de magazine :
— La cible, c'est elle. Tsukauchi Masami.
Le nom de sa mère la pétrifia. Elle positionna le portable à la bonne distance de ces yeux, et parcourut les grandes lignes de la page consacrée à « la bonne étoile des héros ». Kaya n'eut pas besoin d'en lire davantage pour deviner la compilation d'éloges que Masami, en tant qu'agente d'image, récoltait pour son travail auprès des agences héroïques. Elle se réjouit soudain que la qualité de sa relation avec sa mère fut si désastreuse que le public ignorait l'existence de sa fille aînée.
— Les gens comme elles sont rarement sur le devant de la scène, mais ils sont pas moins coupables, expliqua la femme aux griffes. Ils glorifient les héros en permanence, les aide à marqueter leur image et à camoufler leurs bavures.
— Et elle, c'est une experte du domaine, cracha son voisin. Elle sait très bien s'arranger pour faire oublier les plaintes pour violence conjugales des compagnes, le harcèlement envers les employés et l'attitude vraiment limite avec les jeunes fans.
Kaya se mordilla l'intérieur de la joue en rendant le portable. Si elle n'avait jamais voulu se pencher sur l'activité professionnelle de sa mère, elle avait déjà surpris assez de coups de fils pour comprendre le rôle qu'elle jouait auprès de ces héros avides de renommée.
La bande lui expliqua qu'ils étaient parvenus à obtenir le lieu et la date d'un déjeuner d'affaire de l'agente. Le plan consistait à s'emparer de Masami au sortir du déjeuner et de la conduire jusqu'à une planque dépourvue de connexion avec le FLP, pour tourner une vidéo destinée autant à dénoncer ses pratiques qu'à dissuader les héros d'y recourir.
La simple évocation de leur projet paraissait les galvaniser. Sourire jubilatoire aux lèvres, ils échangeaient des regards fébriles en balançant les mots d'électrochoc et de justice. Kaya estima d'un rapide calcul la durée approximative du trajet. Les mains moites, elle sortit son téléphone et prit quelques photos de l'équipage pour faire bonne mesure, puis elle s'empressa d'avertir Tõya par message. Consciente qu'il ne se réveillerait sans doute pas à temps, elle écrivit en urgence à Atsuhiro, espérant qu'il serait dans le coin pour le réveiller.
La bande augmenta le volume de la musique. Les percussions se confondirent avec le pouls effréné de Kaya. Elle hésita un instant avant d'ouvrir le contact de sa mère. Son regard flotta dans l'habitacle emplit d'une atmosphère effervescente. Les mains nerveuses de la conductrice sur le volant, les humectations des lèvres, les timbres de voix chargés d'excitation. Tout trahissait l'état d'esprit du groupe.
Ils s'illusionnaient, grisés d'une illusion de toute puissance. Plein de hargne et de rancœur qu'ils étaient, leur unique pouvoir était de nuire à l'aveuglette, sans même parvenir à écorcher les institutions contre lesquelles ils se battaient. Elle n'avait pas besoin de les sonder pour percevoir à quel point ils bouillonnaient.
Le pressentiment distinct que les choses allaient déraper étreignit Kaya. Leur plan était bien trop bancal et ils manquaient cruellement de maîtrise sur eux-mêmes. Aucun n'avait évoqué de possibles violences, mais ils transpiraient la soif de brutalité. Ils n'attendraient qu'un prétexte, devina-t-elle. Peut-être n'atteindraient-ils même pas la planque avant de se déchaîner.
Alors, elle tapa un dernier message, à l'adresse de sa mère.
De : Kaya 11 : 24
Si tu es bien au Faburasu ce midi, vas-t'en tout de suite
Tu es ciblée par une attaque
Ils seront là d'ici 1h
Elle passa son portable en mode vibreur, et conserva une main dessus, guettant le bourdonnement d'un message. Seul Atsuhiro lui répondit, pour lui confirmer qu'il se chargeait de réveiller Dabi. Quand les véhicules du FLP se rangèrent avec lenteur à proximité du restaurant haut-de-gamme, Kaya scruta les portes vitrées avec la bande. Elle ne pouvait ignorer la possibilité que sa mère ne l'ait pas cru. Qu'elle eût considéré l'avertissement comme un nouveau produit du délire de sa fille.
— C'est bon, elle est là, confirma un des gars en agitant son smartphone.
Ils devaient avoir un contact à l'intérieur, un serveur ou un agent d'entretien. Les ramifications produites par le ressentiment s'étendaient sans limites. La conductrice baissa la musique et un silence impatient tomba sur l'équipage. La voisine de Kaya entreprit de s'aiguiser les griffes, dans des petits crissements de métal. Au bout d'une demi-heure, la bande commença à manifester des signes d'ennui.
— Alleeeeer, tu vas sortir, oui ? maugréa le passager avant.
Kaya se retint de rouler des yeux. Bien sûr que ce genre de déjeuner d'affaires s'éternisait. Elle profita de l'attente pour prendre quelques photos supplémentaires de la bande, et prit soin de saisir la façade du restaurant en arrière-plan. En quelques touches du pouce, elle en transmit une à sa mère. L'un des motards toqua soudain à la vitre.
— C'est trop long, on va pas faire le pied de grue toute la journée. On passe à l'action.
Kaya s'avisa que les occupants du second véhicule sortaient déjà, masques sur la figure. Elle se vit remettre un masque de lapin, et suivit le mouvement. Le visage couvert, elle n'eut pas à dissimuler la tension qui tendait ses traits alors qu'ils traversaient la rue.
L'instant suivant, les membres en tête de fil bousculaient les serveurs à l'entrée, et la bande fit irruption dans le restaurant. Des cris d'effrois échappèrent à certains clients, noyant les notes paisibles de la musique d'ambiance. L'une des masqués renversa un seau à champagne, un autre envoya valser un photophore. Le fracas du verre brisé parut fouetter le sang au groupe, qui traça un chemin pachydermique à travers la salle. Alors que les clients fuyaient devant eux, ils renversaient les tables et bousculaient sans ménagement quiconque se retrouvait pris sur leur chemin.
À travers les fentes du plastique, le visage embué par sa propre respiration, Kaya fouillait les lieux du regard, cherchant à repérer le carré ébène caractéristique de Masami. Son portable vibra alors dans sa poche. Le contact de sa mère s'afficha sur la notification, provoquant une ruée dans sa poitrine.
De: Masami 13: 08
Je suis dehors
À l'arrière
D'un coup d'œil, Kaya repéra l'accès à l'arrière de l'établissement. Pas à pas, elle s'éloigna du groupe, piétinant les débris et les plis des nappes, jusqu'à filer hors de la salle. Des sirènes de police éclatèrent à l'extérieur alors qu'elle empruntait le couloir de service. Masami avait tenu compte de ses avertissements, tout compte fait.
Elle déboucha dans une cour humide, écrasée entre les façades d'immeubles résidentiels. Masami se tenait là, son manteau de laine sur les épaules. Une paire d'agents de sécurité en costume sombre la flanquait. Ils s'interposèrent aussitôt entre leur employeuse et l'intruse, alarmés par le masque qu'elle arborait toujours. Kaya l'arracha d'un geste sec. Le froid frappa son visage moite.
— C'est bon, les rassura Masami d'une voix autoritaire. Laissez-la.
Kaya s'approcha d'un pas hésitant, soudain incertaine de la conduite à adopter avec sa mère.
— La police arrive. Restez-là pour le moment, ils...
À sa grande surprise, Masami franchit la distance qui les séparait et posa une main sur sa joue. L'espace d'un fol instant, elle crut à un geste de tendresse. Une anticipation pleine d'espoir la pétrifia. Mais l'inimité frigide dans les yeux noirs de sa mère ne concordait pas.
Elle comprit trop tard. Avant qu'elle pût s'écarter, l'alter de sa mère se déversa en elle comme un poison. Tout son corps s'engourdit. Sa vision se flouta. Elle n'eut même pas conscience de s'effondrer.
Malgré ses efforts pour lutter contre la léthargie, elle dut perdre connaissance, car elle distingua des uniformes de police quand elle souleva les paupières. Sa conscience s'éclaircit alors qu'une poigne ferme ramenait ses poignets dans son dos. Le cliquetis caractéristique de menottes la paniqua.
— Non, attendez ! s'exclama-t-elle en vain.
Comme elle tenait à peine sur ses jambes, ils la soutinrent chacun par un bras pour la conduire à travers le restaurant, jusqu'à l'avant de l'établissement. Ils dépassèrent un membre de la bande plaqué au sol par deux policiers. Une portière claqua sur la femme aux crocs métalliques. Dans l'éclat des gyrophares, Masami s'entretenait avec un agent. Elle tourna un regard sans commisération vers sa fille.
La fureur étrangla Kaya. Elle redressa le menton, les yeux chargés de fiel. L'esprit trop en déroute, trop saturé de colère pour parvenir à formuler une parole cohérente, elle céda à la pulsion primitive qui lui retournait les entrailles, et cracha dans la direction de sa mère.
L'agente à sa droite lui imprima une secousse de dissuasion. Consciente qu'il était inutile de lutter, Kaya s'apprêtait à les laisser l'embarquer dans l'un des véhicules, quand une voix familière s'éleva :
— Je la prends !
Elle tourna la tête. Tout juste descendu de voiture, son imperméable sur le dos, Naomasa affichait une mine intransigeante.
~ "Dans leur rage, les hommes frappent ceux qui leur veulent le plus grand bien" Othello ~
Le retour de la mère de Kaya !
Et évidemment, Naomasa est mêlé au drama :D
ça vous fait plaisir ?
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