Chapitre 28 - Réveillon



~ "This above all: to thine own self be true" Hamlet ~




Le parfum résineux de pinèdes encroûtées de neige monta aux narines de Setsuha sitôt qu'elle descendit de voiture. Humant l'air gelé avec délice, elle étira sa colonne et ses ailes. Son souffle fumait dans l'air des altitudes. Hawks émit un son saisi par le froid en claquant la portière, tandis que Taru balayait station du regard, la mine réjouie.

Tous trois s'empressèrent d'aller récupérer la clé de la location à l'agence, où le héros se chargea de payer la caution, avant de reprendre la voiture jusqu'au chalet. Tout en s'engageant avec lenteur dans l'allée, Hawks tendit le cou sous le pare-soleil pour étudier l'endroit. Nichée dans la neige fraiche, des stalactiques festonnant la terrasse et l'avancée du toit, la bâtisse toute de pierre et de bois était pourvue de larges baies vitrées, qui attestaient de sa modernité savamment incorporée au charme typique de la montagne.

— Ouah, vous avez fait fort !

— On s'est pas privé, non ! s'esclaffa Setsuha.

— Il y a même un jacuzzi, renchérit Taru en pointant le balcon.

Ils déchargèrent leurs valises et avec une fébrilité pleine d'anticipation. Setsuha abandonna la sienne dans l'entrée, ôta ses chaussures trempées, et entreprit d'allumer une à une les lumières du vaste séjour. Un canapé d'angle assez grand pour accueillir une douzaine de personnes encadrait la cheminée surmontée d'andouillers. Partout du cuir, de la fourrure synthétique, du blanc et du bois. Setsuha et Taru s'extasièrent devant la vue imprenable sur la station en contrebas, et se glissèrent sur le balcon pour examiner le jacuzzi.

Le second équipage arriva peu après. Setsuha regarda la voiture de Nori et Kuze manœuvrer sur le verglas, et s'efforça de juguler sa nervosité. Son cœur bondit malgré tout lorsque Atsuhiro, récupéré à la gare, descendit de l'arrière du véhicule avec Dabi et Kaya. La surexcitation de l'étudiante empêcha néanmoins la gêne de s'installer. Elle les serra dans ses bras, et Setsuha eut à peine le temps d'adresser un signe de tête au magicien que les quatre femmes partaient faire le tour des lieux.

Elles ouvrirent chacune des quatre chambres, aux énormes lits d'aspects moelleux, et inspectèrent les deux salles de bains, avant que Nori ne lance le départ pour les courses du réveillon. Désireuses d'échanger entre elles sur les derniers évènements, elles partirent de leur côté au supermarché, tandis que les hommes allaient récupérer le chapon et la buche, déjà commandés.

Alors qu'elles entassaient dans le caddie de quoi grignoter à l'apéritif, Kaya leur donna des nouvelles de son petit frère, qui avait pu rentrer chez sa grand-mère pour Noël. Puis la photographe s'adressa à Taru :

— J'ai appris que t'allais bosser au QG du front de libération ?

— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? intervint Nori, interpellée.

Avec un soupir, la jeune femme leur révéla que son employeur dirigeait en réalité l'ancienne armée de libération, désormais alliée à la Ligue, et lui avait proposé un avenant pour une ligne de haute couture réservée à la clientèle membre du mouvement.

— Et t'as accepté ? s'étonna Setsuha.

— Ils vont t'utiliser pour contrôler Hawks, maugréa Kaya.

— Sur le papier, j'avais pas de raison de refuser. Ça aurait été suspect. Et... avec tout ce qu'il se passe, tout ce qui se prépare, je préfère pas rester à l'écart.

— Fais attention à toi quand même, l'enjoignit Nori.

— Promis ! Bon, on prend combien d'huitres par personne ?

De retour dans la bonne chaleur du chalet, elles retrouvèrent le quatuor masculin, revenu avant elle. Au milieu du ballet de rangement des courses qui s'effectua dans la cuisine, Setsuha se retrouva inopinément face à Atsuhiro, elle, le saumon fumé en main, lui venant tout juste de placer les bouteilles de champagne au frigo. Mal à l'aise, elle étira un sourire pincé. Ils voulurent chacun se céder le passage, mais ne parvinrent qu'à se décaler du même côté à chaque tentative. Un rire embarrassé échappa au magicien, qui se plaqua finalement au plan de travail pour lui libérer la place.

Setsuha fila ensuite se réfugier dans l'une des chambres à l'étage, dans laquelle les jeunes femmes avaient établi leur quartier le temps de se préparer. Devant le miroir, Taru brossait ses épaisses ondulations, et se redressa d'un air interrogatif en avisant l'agitation de l'ailée. Les doigts sur les tempes, la tête abaissée sous la gêne qui la rongeait encore, Setsuha lança :

— Je crois que je regrette d'avoir laissé venir Atsuhiro.

Entrée derrière elle, Kaya s'exclama :

— Oh, mais non ! Pourquoi ?

— Je sais pas quoi faire ! J'arrive même pas à le regarder en face !

— C'est pas trop tard pour l'enfermer à la cave, grinça Kaya. Comme ça il saura ce que ça fait.

Le caractère excessif de sa proposition eut le mérite de purger l'émoi de Setsuha. Elle émit un rire, puis alla ouvrir sa valise.

— Non, ça va aller. Il faut que je lui parle. Je dois juste... arracher le pansement.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu nous dis, l'encouragea Taru en terminant de rouler ses cheveux en chignons.

Elles bavardèrent avec une légèreté retrouvée tandis qu'elles se changeaient. Moulée dans son slim en cuir, Kaya passa un débardeur en satin ocre et charbonna ses yeux de crayon. Taru revêtit une longue jupe dont les volants de tulle argentés flottaient jusqu'à ses pieds, et enduisit ses lèvres de gloss. Quant à Setsuha, elle avait opté pour un short noir à sequins, et un fin col roulé fendu d'une ouverture sous ses clavicules. Pour cette soirée de vingt-neuf décembre, à mi-chemin entre Noël et le Nouvel An, elles avaient voulu adopter une touche d'élégance qui ne fût pas trop recherchée.

Setsuha avait retrouvé son aplomb quand elles sortirent retrouver Nori, qui partageait une chambre avec son mari. Ayant opté pour une chemise en soie écarlate, brodée d'or, la clinicienne complimenta ses cadettes sur leur mise. Dans la cuisine, Kuze tranchait le pain frais et avait mis Dabi à contribution pour découper des bâtonnets de crudités. Le feu crépitait dans la cheminée. Atsuhiro et Hawks n'étaient pas encore redescendus.

Elles entamèrent la disposition des cadeaux dans près du canapé, dans un remue-ménage plein de rires et de bruissements, puis il fallut acheminer l'apéritif sur la table basse. Appareil photo en main, Kaya mitraillait à tout bout de champ. Alors que Taru s'immobilisait le temps de prendre la pose, toute sourire, Hawks saisit l'opportunité pour s'incruster sur la photo, et elle se lova volontiers contre lui. Un moment plus tard, Dabi couvrit l'objectif de sa main et râla sans la moindre animosité après l'étudiante, l'accusant de tirer au flanc. Elle lui tira la langue, il fit mine de lui mordre le bout du nez.

Tout en s'activant, Setsuha couvait les couples d'un regard attendri, admirative de leur complicité, de l'équilibre singulier qui se dégageait de leurs interactions. Elle surprit alors les yeux noisette de Atsuhiro sur elle. Une expression absorbée imprégnait sa figure. De nouveau gagnée par le désarroi, elle se détourna.

Il lui était néanmoins impossible d'occulter le magicien. Il avait beau tenir ses distances, quoi qu'elle fasse, elle restait trop consciente de sa présence, du moindre de ses déplacements. Alors qu'elle disposait les flûtes sur la table qui se recouvrait de ramequins, la fournaise de la cheminée, trop proche, s'insinua sous ses plumes. Ses ailes s'ébrouèrent d'un mouvement spontané et elle perçut la façon dont Atsuhiro tiqua depuis la cuisine, affichant aussitôt un air préoccupé.

Setsuha relâcha une profonde expiration et se redressa. Rien ne servait d'atermoyer davantage, elle ne parviendrait pas à profiter de la soirée tant qu'elle ne l'aurait pas confronté. Résolue, elle se dirigea vers le balcon, et incita d'un mouvement de tête le vilain à la suivre. Sa figure s'illumina d'un seul coup, comme s'il n'avait attendu que ce moment.

Setsuha laissa la baie vitrée entrouverte derrière elle, et s'avança sur le bois humide, prenant garde à ne pas glisser sur ses talons aiguilles. Le froid se coula dans son plumage et embrassa son collant sans l'affecter. Atsuhiro sortit à son tour, après s'être enveloppé de son manteau de laine.

Pendant un moment, seule la vapeur de leur souffle occupa l'espace entre eux, alors qu'ils s'étudiaient avec une attention scrutatrice. Uniquement éclaira par la lumière dorée de l'intérieur, Atsuhiro conservait le charme élégant qu'elle lui connaissait. Elle retrouvait la tendresse qui fondait dans ses yeux, le lustre de ses boucles, la sensualité de ses lignes. Son cœur se serra avec une force insoutenable.

— Merci de m'avoir invité, rompit-il le silence.

Le son de sa voix lui donna l'impulsion qu'elle recherchait pour se lancer.

— Il y a une chose... dont je n'étais pas sûre. Quand tu disais qu'on s'était déjà rencontré le festival, j'ai cru que c'était juste un jeu de ta part. Mais c'était vrai. C'était il y a des années.

— Je me suis facilement souvenu de tes ailes, acquiesça-t-il. Je t'ai tout de suite reconnue, au festival et c'est ce qui m'a incité à t'aborder, au café. J'étais curieux. Surtout après ton coup à la Tokyo Opera City. J'avais vu tes diamants juste avant, je savais que tu les avais cachés.

L'amusement perça ses inflexions, et un sourire de vague nostalgie flotta sur ses lèvres alors qu'il évoquait leur rencontre au concert.

— Ensuite... tu n'as pas arrêté de me surprendre. J'avais envie de te connaître. Et plus on discutait, plus j'étais conquis par ton esprit, ton élégance, ta finesse. J'ai commencé à m'embobiner dans mes propres mensonges, parce qu'avec toi, je frôlais de plus près que jamais la vie à laquelle j'avais toujours aspiré. Et en même temps, quand j'ai appris que tu étais l'ex de Hawks, en plus de ton domaine d'études, j'ai eu des réserves. J'ai cru que c'était trop beau, qu'il y avait forcément un piège. Alors, j'ai utilisé le masque de Compress pour vérifier.

Setsuha battit des cils pour refouler les larmes qui lui embuaient les yeux. Tout tombait sous le sens, dans cette rétrospective de leur rencontre qu'il établissait.

— J'ai cru que tu avais joué avec moi ! Que tu me manipulais !

Elle effectua quelques pas sur le balcon, le menton tremblant. Suffoquée par la montée de toutes ses peines réprimées, elle chercha à se raccrocher aux lumières de la station qui scintillaient dans les ténèbres. Devant son émoi, Atsuhiro esquissa un geste vers elle, avant de se rétracter. Il passa une main fébrile dans ses boucles, les yeux brillants.

— Je suis désolé, souffla-t-il. J'ai fait n'importe quoi.

Setsuha pivota vers lui d'un mouvement brusque. Les larmes brûlaient ses joues.

— Mais pourquoi tu m'as rien dit ? On a pris un verre avec Kaya et Dabi, tu savais que je m'arrêterais pas au fait que tu es un vilain ! T'as pas d'excuse, Atsuhiro !

Il déglutit, et hocha derechef la tête.

— Non, je sais. Je savais que je devais t'en parler. Mais ça aurait détruit ma propre illusion. Je tenais tellement à compartimenter ce que je vivais avec toi, à le distinguer du reste. Puis, j'avais peur de ta réaction, malgré tout. Et tout a dérapé avec l'enlèvement de ton frère. Tu as raison, j'aurais pu tout te dire. Mais par confort, par égo, je l'ai pas fait. Et je regrette.

— C'est facile de regretter après m'avoir perdue, cingla-t-elle d'une voix chargée d'amertume, la respiration hachée.

Pourtant, le regret la cisaille elle-même, à mesure qu'elle réalisait que les choses auraient pu se passer autrement. Que leur relation avait réellement eu une chance. Qu'elle n'avait pas aimé un mirage.

Atsuhiro encaissa sa réplique avec une inspiration qui souleva sa poitrine. Le souffle non moins tremblant qu'elle, il reprit :

— Je savais que je te perdrais. Ce que je regrette, c'est de t'avoir fait du mal. Je n'attends pas ton pardon, Setsuha. Je veux juste que tu saches que, pour ce qui est de mes sentiments envers toi, j'étais sincère. Et je suis reconnaissant du temps qu'on a passé ensemble.

Elle ferma les yeux, les ailes rabattues autour d'elle, accueillant ces paroles dans les replis fêlés de son cœur, appréciant le baume qu'elle apportait à ses meurtrissures. Ses tremblements s'atténuèrent, sa respiration s'amplifia, en cycles plus réguliers. Petit à petit, le calme se déploya en elle. C'était fini. Elle savait tout. Atsuhiro n'était plus un danger.

Setsuha renifla et souleva les paupières, les épaules relâchées, avec un soupir d'apaisement. Elle put contempler le vilain sans que sa vigilance lui râpe les nerfs, sans être assaillie par les doutes.

Son soulagement parut se communiquer à Atsuhiro, dont la posture se décrispa quelque peu. Elle porta les mains à son visage et le prit en coupe, par besoin d'éprouver la tangibilité de cet homme qu'elle découvrait pour la troisième fois. Il frémit tandis qu'il la laissait glisser les doigts au coin de sa mâchoire, sans oser répondre à son geste. Sa peau était glacée et ses joues rosissaient dans la nuit.

— Merci de m'avoir tout dit. J'en avais besoin.

Une affection pleine de délicatesse s'épanouit sur le faciès d'Astuhiro.

— Je te le devais bien, répondit-il avec douceur.

Comme elle retira ses mains, il en retint une dans la sienne et, après l'avoir consulté du regard, l'amena à ses lèvres pour effleurer ses phalanges, en un baisemain tendre et recueilli, un gage de réparation. La chaleur se dilata dans la poitrine de Setsuha.

— Aller, reprit-elle. Il faut qu'on y retourne. Tu gèles.

— Juste un instant. Tiens, dit-il en tirant un mouchoir en tissu de sa poche.

Elle s'essuya les joues, se tapota les paupières, puis roula le mouchoir dans sa paume, et repassa de l'autre côté de la baie vitrée.


— — —


Dès qu'elle vit l'ailée entrer, Kaya donna une tape sur le bras de Tõya. Des exclamations enjouées et des applaudissements éclatèrent pour accueillir Setsuha et Atsuhiro. Ils avaient tous suivi leur échange à travers la vitre, et les filles ne se privaient pas de fêter cette ébauche de réconciliation.

Hawks lui apporta une flûte, et Taru l'invita à la rejoindre sur le canapé. Elle échangea un regard rieur avec Atsuhiro, qui contenait mal sa joie, puis Nori convia l'attention générale en faisant tinter une cuillère contre son verre. Tous installés autour de la cheminée, ils portèrent un toast plein d'entrain, à l'exception de Dabi, qui ne le fit que du bout des lèvres. Ils eurent à peine dégusté une gorgée de champagne frais, que Taru lança :

— Les cadeaux !

Toutes trois insistèrent pour offrir en premier le leur au couple Matsuzaki. Ils reçurent donc le superbe bonsaï qu'elles avaient choisi pour eux, sur les conseils de Kaya, qui avait estimé qu'il se marierait tout à fait avec leur décoration intérieure, déjà riche en plantes. Le nécessaire d'entretien adéquat accompagnait l'arbre miniature, ainsi qu'une carte couverte de vœux et de messages de gratitude.

— Un cadeau qui demande de la patience et des soins minutieux, j'y vois comme une allégorie, railla Nori avant de se lever pour étreindre chacune d'entre elles.

Alors que Kaya s'apprêtait à attaquer les huitres, Setsuha lui déposa un paquet sur les genoux. Taru lui adressa un regard pétillant, impatiente qu'elle le déballe. Sous le papier-cadeau, du papier de soie, qu'elle déplia avec précaution pour découvrir l'étoffe lustrée d'une sukajan. Le blouson souvenir, noir aux manches blanches, arborait une superbe broderie de tigre rugissant parmi les fleurs d'hortensias, symbole de liens d'amitié forts. Soufflée par la beauté de la pièce, Kaya passa le doigt sur les motifs, dont elle reconnut le style.

— C'est toi qui l'a designé ? demanda-t-elle à Taru.

— Et Setsuha a payé pour sa confection, confirma l'artiste avec un gloussement ravi.

— Ouah, les filles !

Quittant la chaleur du flan de Tõya, elle se leva, soulevant la veste par les épaules afin de l'admirer pleinement, avant de l'enfiler. L'étoffe caressait la peau de ses bras. Les coutures tombaient avec une justesse sans pareil. Elle pivota sur elle-même pour qu'ils puissent juger du résultat. Un coude sur le dossier, la tête inclinée, Tõya la jaugeait d'un œil appréciateur.

Enjouée, toutes trois se serrèrent le temps d'effectuer quelques selfies, puis la distribution des cadeaux se poursuivit. Taru reçut de beaux ouvrages de mode haute couture, recueillant photos et croquis de célèbres collections, et Setsuha des billets VIP pour une prestigieuse comédie musicale, ainsi qu'une paire de romans tirés de sa liste de lecture.

Sur le canapé, Hawks suivait avec attention le déballage des cadeaux, tout en étudiant les paquets restants. L'avidité de son regard aurifère et sa façon de remuer sur le canapé trahissaient son impatience à recevoir le sien. Taru finit par abréger son calvaire et lui apporta un cadeau plat et rectangulaire, qu'il soupesa d'un air curieux.

Intriguée, elle aussi, Kaya le regarda déballer ce qui s'avéra être un cadre. Bien qu'elle ne pût voir ce qui le garnissait, le saisissement sur le visage du héros suffit à la renseigner. Comme il restait silencieux, admirant le portrait que Taru avait réalisé de lui, Tõya lança :

— Quoi ? Elle t'a loupé ?

Kaya pivota pour lui plaquer une main sur la bouche, soucieuse de préserver ce moment d'affection entre Taru et le héros. Celui-ci n'accorda qu'un coup d'œil à Tõya, et déposa le portrait à côté de lui pour étreindre la jeune femme. Un pli chafouin au coin des lèvres, il lui becqueta la joue et la tempe de baisers tendres, tout en lui susurrant des mots auxquels elle gloussa, ravie. Kaya échangea un regard de connivence avec Setsuha, et toutes deux firent mine de siroter leur flûte.

Enfin, le cadre circula de mains en mains. Tõya se borna à hausser un sourcil désintéressé, ce que Kaya considéra comme de la pure mauvaise foi. Le portrait, au pastel, était saisissant. Taru avait dessiné un Hawks en civil, radieux dans la lumière solaire, si riche en détails qu'il paraissait sur le point d'entrer en mouvement.

Quand Kaya eut fait passer le portrait à Sako, Tõya posa deux paquets près d'elle.

— C'est pour les jumeaux, indiqua-t-il. Des tomes collector de leur manga. Et ça, c'est pour toi.

Il lui tendit une enveloppe vierge, au papier d'un noir élégant. Elle lissa le grain satiné sous ses doigts, prise d'un vertige d'émotion. Tõya l'observait d'un regard incitant, serrant les lèvres pour contenir sa satisfaction. Elle décolla le rabat, et fit glisser le carton blanc hors de l'enveloppe. Une seule ligne s'étalait sur le papier.

Bon pour une danse insolite.

Kaya releva le menton vers le vilain. Penché sur elle, il l'enveloppait de sa chaleur, le front proche du sien.

— Quand ça ? souffla-t-elle.

Paupières mi-closes, il effleurait son nez du bout du sien.

— Quand tu voudras.

Elle respira son souffle, les côtes serrées par un élan d'affection. Les yeux fermés, Kaya trouva ses lèvres brûlantes, et les pressa, le nez frottant contre sa joue, se rassasiant à son contact, à ce qu'il la laissait prendre d'un seul baiser.

"Je te veux toi" lui avait-elle dit, quelques semaines auparavant. Il l'exauçait à présent, en se plaçant à sa disposition. Pour une danse, un moment durant lequel il lui serait entièrement consacré. Tõya lui dégageait un morceau de sa vie, lui qui ne la dédiait qu'à sa vengeance.





~ "Ceci avant tout : soit fidèle à toi-même" Hamlet ~




En voilà enfin le noël dans la location !

Qu'il fallait entamer avec les réconciliations Setsuha/Atsuhiro, j'espère qu'elles vous ont plu ~

J'ai trop aimé élaborer les cadeaux !

Un peu de Tokaya aussi hehe !

On se retrouve dans deux semaine pour la partie 2 !

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