Chapitre 26 - Bunta
~ "Vengeance is in my heart, death in my hand, blood and revenge are hammering in my head." Hamlet ~
Les éclairages publics s'arrêtaient à la frontière de la friche. Passé le grillage, à travers les mailles duquel s'enchevêtraient les tiges des plantes grimpantes, Tõya éclaira leurs pas de son alter. Ses flammes se tordaient dans l'air glacé, jetant un éclat bleu sur le goudron verglacé et les croûtes de neige. Les pans de son manteau battaient sur ses chevilles.
Emmitouflée dans sa parka molletonnée, capuche rabattue sur le visage, Kaya fouillait le terrain vague du regard. En temps normal, la béance de cet espace urbain en pleine agglomération aurait fait un bon sujet de photographie. Les carrés d'îlots résidentiels démolis à cause de leur vétusté subsistaient encore, jonchée d'ordures. Du mobilier irrécupérable pourrissait sous la neige, des pneus de poids lourd, des morceaux de bâche et des parpaings s'enfouissaient sous les ronces. De temps à autre, on retrouvait des os humains parmi les déchets et la végétation sauvage.
Ce soir-là, cependant, le décor désolé n'inspirait aucun engouement à Kaya. Le nez engourdi par le froid, elle progressait avec Tõya entre les monticules de gravats colonisés par les mûres et les arbustes. Au détour de l'un deux, trois silhouettes apparurent soudain, leur tête enveloppée de nuages de condensation, pack de bières balançant au bout du bras. Kaya tressaillit, mais les individus poursuivirent leur chemin sans leur prêter attention, empruntant la même direction qu'eux. La haine lui tordit les entrailles.
Des spectateurs. Venus consommer leur lot de violence et de sang.
Le souffle qu'exhala Tõya ressembla à un piaffement d'impatience. Lui aussi se contenait à la vue des types, conscient de ce qu'ils faisaient là. De ce à quoi ils participaient.
Le chapiteau blanc, défendu par des barrières et des vigiles, se profila bientôt. Pas de couleurs vives, pas de musique diffusée à plein volume ni de projecteurs. Rien qu'un silence bruissant d'activité ; un fumet d'alcool, de nicotine et de sueur. Sous un remugle ferrugineux.
Le cœur battant à tout rompre, Kaya sentit la nausée se loger dans sa gorge. La pulsion folle d'appeler Bunta à pleins poumons, de lui hurler qu'elle arrivait, monta en elle. Au lieu de quoi, elle s'immobilisa à côté de Tõya pour étudier les lieux.
Son enquête au Baratin avait payé. Kuze l'avait mis en lien avec un adhérant des matchs clandestins qui, conquis par sa réputation de photographe subversive, lui avait livré tous les renseignements qu'elle recherchait. D'après ses explications, les matchs s'organisaient en tournois. Les présélections se déroulaient dans des lieux désaffectés, que les organisateurs dégottaient en graissant la pâte des élus municipaux. Les friches, trop sordides pour que des individus dépourvus d'intentions délictueuses s'y aventurent, accueillaient régulièrement ces combats forains.
Kaya pressa le bras de Tõya à travers son gant. Une volonté d'une noirceur telle qu'elle n'en avait jamais éprouvé lui labourait la poitrine, palpitait sous son crâne, sourde et primitive. Elle s'imagina le chapiteau engloutit par les flammes bleues, et la perspective fit chanter l'allégresse dans ses veines. Tout son être n'aspirait qu'à voir brûler les acteurs de cette barbarie. Qu'à les voir souffrir. Ils devaient payer leur inhumanité crasse.
Les yeux mouillés par la violence de ce qui ruait en elle, Kaya articula :
— Je veux qu'ils brûlent.
Le rictus qu'étira le vilain dans les ténèbres n'avait rien de son habituelle ironie mordante. C'était une grimace meurtrière et sans merci.
— Je sais.
Il lui pressa la nuque derrière sa capuche pour l'attirer à lui et apposa son front au sien. Kaya abaissa les paupières, appréciant pour un instant sa chaleur contre sa figure glacée, puis lui donna une tape sur le torse en guise d'encouragement. La neige durcie craquant sous ses pas, elle partit dans la nuit pendant qu'il se dirigeait vers l'accès à l'arène.
Elle effectua un arc de cercle à bonne distance du chapiteau, et parvint aux semi-remorques endormies à l'arrière. Malgré son envie de courir fouiller les véhicules, elle s'accroupit derrière un monticule, et patienta. Des clameurs montaient de sous la toile, et elle s'efforça de les occulter. Une silhouette ne tarda pas à se profiler contre les jantes, le pas lourd d'ennui. Immobile, Kaya guetta ses déplacements. Elle fut soulagée de ne repérer aucune autre sentinelle en faction.
La jeune femme remua sur ses appuis pour empêcher ses articulations de s'engourdir. Bientôt, la lueur orangée d'une braise tremblota dans le froid. Profitant que le type s'absorbait dans la contemplation des volutes de fumée qui se dispersaient devant lui, elle se redressa. S'efforçant de noyer le bruit de ses pas sous les vociférations en provenance du chapiteau, elle s'engagea entre les camions.
Elle compta les gouffres des containers qui bâillaient autour d'elle. L'opacité des ténèbres à l'intérieur s'opposait à ses pupilles dilatées, et le tapage qui sourdait du chapiteau l'empêchait de percevoir le moindre indice sonore. Elle grimpa d'un pas feutré sur la rampe du caisson le plus proche, et s'y aventura à tâtons. Quand sa vision s'accoutuma au manque de lumière, elle ne distingua que du matériel.
Au troisième essai, son entrée provoqua des remous et des hoquets inquiets dans l'obscurité. Une puanteur aigre de corps macérant dans la sueur et la crasse lui fouetta les narines.
— Chut ! les enjoignit-elle à voix basse. La police va arriver, faites pas de bruit ! Bunta ! Bunta t'es là ?
— La police ? répéta une voix près d'elle.
Un visage se colla à la grille d'une des cages à taille humaine entreposées dans le camion. Kaya rejeta sa capuche en arrière, un index plaqué sur sa bouche.
— Je viens chercher mon petit frère, précisa-t-elle. Il a été enlevé il y a trois jours.
Les victimes, pour la plupart hétéromorphes, s'entreregardèrent. Des mots en langues étrangères furent murmurés dans les tréfonds du container.
— Ouvrez-nous ! la pressa quelqu'un. Avant qu'ils reviennent nous chercher !
Kaya hésita. Le plan était de trouver Bunta et d'assurer sa sécurité jusqu'à l'arrivée de la police. Si elle libéra ceux-là trop tôt et que l'alerte était donnée, elle donnait la chance aux membres de la firme criminelle de prendre la fuite... et d'emporter son frère avec eux. Elle n'aurait pas d'autre chance de le secourir.
Mais si elle ressortait de ce container sans ouvrir leurs cages, rien n'empêchait les prisonniers de crier pour avertir de sa présence. Elle le ferait, à leur place.
— Soyez discrets, les adjura-t-elle en posant la main sur le loquet. Il y a un garde dehors. Ceux qui peuvent, neutralisez-le. Et crevez les roues !
La tige coulissa dans sa gaine.
— Merci ! Merci ! s'exclama un adolescent en poussant la porte.
La plupart s'empressèrent vers la sortie, d'autres restèrent pour l'aider à ouvrir l'ensemble des cages. Une fièvre de libération et de revanche animait les captifs. Déjà, elle entendait le choc du caoutchouc percé à l'extérieur. Kaya reçut bon nombre de tapes et de remerciements alors que les victimes filaient. Certains choisirent de rester auprès des plus mal en point, pour attendre les secours avec eux.
Quand elle ressortit, d'autres prisonniers se déversaient d'un second container. Deux adultes et un adolescent traînaient la carcasse de la sentinelle dans la neige polluée, s'acharnant sur ses membres dépecés. Elle ne les avait même pas entendus l'abattre.
Une poussée d'adrénaline s'amalgama à sa montée de stress.
— Bunta ! Buuunta ! appela-t-elle, ne craignant plus d'être entendue.
Une fille aux oreilles de lynx s'arrêta en pleine course.
— Le petit garçon ? Ils l'ont déjà emmené ! indiqua-t-elle en pointant le chapiteau.
— — —
La peur tendait tellement ses muscles qu'il commençait à en être ankylosé. Seule la muselière qui lui maintenait la mâchoire fermée, mordant la peau de ses joues, empêchait ses dents de claquer. Une suée glacée trempait son corps frémissant. Derrière les pans de la tenture donnant sur la grille de l'arène, Bunta avait à peine suivi la progression des combats précédents. Il avait seulement entendu les beuglements de douleur.
La première fois qu'on avait évacué le corps disloqué du vaincu, il avait tourné la tête pour ne pas voir. Sidéré par l'angoisse, il ne sut pas pourquoi il finit par poser les yeux sur la femme à la peau robuste comme du cuir, qui repassa de l'autre côté de la bâche, les côtes éclatées, ouvertes sur ses lambeaux de chair comme une fleur morbide. La vue brouillée de larmes, il s'étouffa sur une violente contraction de son diaphragme.
L'homme derrière lui l'immobilisa d'une lourde main sur son épaule, et entreprit de détacher les entraves à ses poignets. Bunta poussa un geignement d'épouvante. La muselière lui fut ôtée à son tour, dans un écoulement de salive et de morve.
Il était le suivant.
Non, non, non ! Pitié ! Dabi, au secours ! Au secours !
Ses talons raclèrent en vain le sol alors qu'on le poussait en avant. Une brusque bourrade le projeta à travers l'ouverture, et la grille teinta en se refermant derrière lui. Il tituba, aveuglé par les spots. Les rugissements et les rires moqueurs se fondirent en bourdonnements à ses oreilles. Ahanant de terreur, il jeta des coups d'œil fous en tous sens.
La cage. Les giclées de sang bues par la terre piétinée. Le grouillement de faces en sueur, tordues d'excitation, derrière le grillage.
Il voulut éclater en sanglot, mais déjà, une silhouette s'avançait depuis l'entrée opposée. Une monstruosité efflanquée aux allures de femme, la peau tendue sur les os, couturée de cicatrices, les yeux exorbités. Il lui manquait une oreille et quelques doigts. Dans son dos se dressait une queue segmentée, à la carapace noire et luisante, terminée par un dard long comme la main.
Les cuisses bourrées de coton, Bunta recula jusqu'à ce que son dos heurte le grillage. La créature le suivit. Il lâcha une exclamation affolée, et entreprit de raser l'enceinte de l'arène.
Il ne vit pas venir le premier coup. Il y eut un choc contre le treillis métallique, à quelques pouces de sa tête, et il rentra la tête dans les épaules. Traversé par une décharge de terreur, Bunta se jeta vers l'intérieur de l'arène. Son pied glissa soudain sur une matière fluide, et il dérapa avec un cri. Ses paumes cognèrent le sol. Avant qu'il ne parvienne à se redresser, la douleur lui transperça le flanc.
Il sentit l'aiguillon effilé s'enfoncer à travers sa polaire, sa peau, sa chair. Puis se retirer dans une gerbe de sang. Une chaleur liquide trempa sa taille. Tremblant d'horreur, trop conscient de la plaie qui le perforait, Bunta rampa en avant. Tout son être redoutait le prochain coup. Le surcroît de souffrance.
Transforme-toi, transforme-toi, transformetoi ! Le tigre ! Deviens le tigre !
Son corps changea. La fourrure le recouvrit. Ses os raccourcirent. L'environnement lui apparut sous une toute autre gamme sensorielle, dépourvue de couleurs, riche de bruits et d'odeurs. Il pouvait goûter sur sa langue la moiteur de l'atmosphère, la sueur et l'hémoglobine. Ses oreilles se dressèrent. Il entendait le souffle de l'aberration derrière lui. Le crissement de ses pas. Le frottement des articulations de sa queue.
Empêtré dans les affaires du garçon qu'il était un instant auparavant, il bondit quand le dard s'abattit. Le jeu de ses muscles envoya une ruade térébrante à travers son flanc. Le sang trempa son poil. Il restait blessé.
Pire, il s'était changé non pas en fauve, mais en peluche à queue tourbichonnée.
Boitillant, le shiba couina. Tenu en respect par la portée de la queue de scorpion, diminué par sa blessure, il ne pouvait même pas espérer mordre la menace.
— Macaque. Macaque, tu m'entends, pas vrai ?
L'une de ses oreilles pivota, captée par la tessiture familière qu'il démêla soudain du chœur de voix.
Dabi ! Dabi est là !
— C'est ça, c'est bien. Couche-toi. Couche-toi, Macaque.
Il s'aplatit au sol, le flanc palpitant, le cœur battant à tout rompre. Aussitôt, une bordée de flammes s'épancha dans l'arène avec un rugissement. La fournaise passa sur lui comme un vague tandis que la créature disparaissait au-dessus de la taille, engloutie par le feu. La puanteur de la chair embrasée piqua sa truffe. Quand le flux cessa, le corps resta debout, calciné de la tête aux hanches, fumant encore, comme une allumette humanoïde. Des exclamations indignées éclatèrent dans les gradins.
Bunta roula sa tête canine sur le sol, jusqu'à repérer la portion de grillage incandescent et grésillant, derrière lequel se tenait une silhouette dont la vue lui fit remuer la queue de joie.
— — —
La fureur lui était montée à la tête d'un seul trait. Dabi venait à peine de se frayer un chemin à travers la foule compact, que son regard était tombé sur celui qu'il ne voulait surtout pas voir dans l'arène. La terrible queue segmentée s'arrachait tout juste à son corps prostré au sol. En un demi-battement de cœur, la chaleur irradia dans sa poitrine et se propagea comme du napalm jusqu'au bout de ses doigts. L'air frémit autour de lui. La fumée grésilla sur son manteau.
Seule la crainte d'atteindre Bunta par inadvertance l'avait retenu de déchaîner toute la puissance de ses flammes. Choqué par la douleur et la terreur, le gamin était imprévisible. Il risquait de se jeter sur la trajectoire de son attaque.
Quand il se métamorphosa enfin, sous les huées du public, Dabi saisit l'opportunité. Une fois assuré que Bunta ne bougerait pas, il libéra une salve bien plus soutenue que nécessaire à travers le grillage. Alors que le cadavre à demi calciné de la femme s'écroulait, son intervention impromptue déclencha un concert de protestation parmi le public. Dabi jeta un coup des œillades de droite et de gauche. Les types autour de lui agitaient leurs bouteilles en postillonnant, ceux des rangs éloignés se levaient et enjambaient les bancs. Dans leur ivresse éthylique et abrutie, ils semblaient décidés à le jeter dans l'arène.
Bande de décérébrés.
Dabi écarta les bras d'un geste vif, et les incendia par brochettes entières, le torrent de feu dévora les chairs, fit flamber la gélatine des yeux, calcinant les tissus jusqu'à la moelle. Tous ceux qui échappèrent à l'attaque reculèrent en panique. Il ne chercha pas à empêcher leur débandade, trop préoccupé par le petit corps qui gisait dans la cage, le flanc rougi de sang.
Dabi se dirigea à grande enjambée vers l'entrée de l'arène et l'ouvrit à la volée, juste à temps pour voir Bunta retrouver sa peau de garçon. Il eut tout juste la présence d'esprit de tirer l'anorak roulé dans l'une de ses poches multifonctions, alors que le gamin se précipitait à sa rencontre, les jambes flageolantes.
— Hey, hey, hey, bouge pas ! Bouge pas ! l'enjoignit-il en le recevant contre lui.
Ceinturant Bunta d'un bras, il s'efforça de jeter l'anorak sur son corps nu et exsangue, et n'y parvint qu'à demi, car le garçon s'affala de tout son poids. Le cœur de Dabi dégringola en même temps que lui. Il le suivit dans sa chute pour le caler tant bien que mal sur ses genoux, l'enrouler dans la toile et appliquer une pression contre sa plaie. Le sang tiède trempa sa main, dégoulinant par filets pulsés.
— D-Dabi ! J'suis blessé ! chouina Bunta entre deux hoquets. Ça f-fait mal !
Un son rauque de détresse vibra dans la gorge de Dabi. Il ne l'avait jamais vu aussi pâle. Son regard d'encre flottait sous ses paupières plissées. Les larmes dévalaient ses tempes. Il le serra contre lui, dans le cocon de sa chaleur corporelle, n'osant même plus bouger, comme s'il pouvait retenir la vie qui s'écoulait du garçon.
Une voix autoritaire, imprégnée d'une volonté de protection farouche, s'éleva dans son dos :
— Pas un geste ! Relâche-le, lentement !
Dabi releva la tête, et prit conscience qu'une phalange de flics se déployait autour de lui. Quant à celui qui le braquait, il n'avait pas besoin de le voir pour deviner qu'il s'agissait du détective. Ses muscles se contractèrent, animés par un courant défensif. Il ramena son regard sur Bunta. L'épanchement avait diminué sous sa paume, mais s'il l'ôtait...
Peu importait la police et l'image qu'il donnait, environné de cadavres carbonisés, encore fumants. Peu importait les flingues. Il ne pouvait pas lâcher le garçon dans ses bras, ne pouvait pas laisser sa température chuter davantage, pas prendre le risque qu'il perde davantage de sang. Tout son être s'y refusait, son esprit se grippait, calcifié par une peur qu'il n'avait jamais éprouvée auparavant.
— Repose-le ! l'exhorta Tsukauchi.
— Pas question, gronda-t-il de son timbre le plus sourd.
Les flics se crispèrent, armes prêtes à faire feu.
— Il est blessé ! lança l'un d'eux.
En dépit du chaos qui régnait sous son crâne, Dabi s'efforça d'articuler une pensée cohérente :
— Les secours. Est-ce que les secours sont là ?
Il y eut un flottement parmi les flics, qui consultèrent leur gradé du regard. Excédé par leur lenteur, le vilain les prévint :
— Je sais pas combien de temps il a ! Vous voyez pas qu'il se vide de son sang ?
D'un hochement de tête, les gars en uniforme confirmèrent la gravité de l'état de Bunta au détective. Le flingue toujours braqué, celui-ci contourna Dabi. Dès qu'il posa les yeux sur son neveu, il porta la main à la radio fixée à son gilet. Le bip d'ouverture du canal de communication se fit entendre, et sa voix déformée fut recrachée par chaque appareil dont étaient équipés ses hommes.
— Code 799 dans le chapiteau. Code 799 dans le chapiteau. Terminé.
— Bunta ! Laissez-moi passer ! fulmina la voix de Kaya à l'entrée. C'est mon frère, putain !
D'un geste, Tsukauchi signala à ses hommes de lui autoriser le passage. Elle accourut et se jeta près d'eux, la figure décomposée par l'épouvante. D'une main infiniment précautionneuse, elle caressa les mèches de son cadet, qui respirait avec peine.
— Oh non. Oh non, non, non. Bunta.
Sa panique contenue par l'étreinte de Dabi, le garçon esquissa une grimace. Il ouvrit des yeux hantés par la peur pour regarder sa sœur et son oncle.
— Je v-veux pas mourir, souffla-t-il.
— Ça va aller, lui promit Kaya, larmoyante. Ça va aller, on est là.
Après un semblant d'hésitation, Tsukauchi rangea son arme et posa un genou à terre.
— Les secours arrivent, on va t'emmener à l'hôpital, renchérit-il. Tu vas être soigné.
Ce disant, il scruta le vilain, comme pour jauger s'il comptait s'opposer au transfert. Ce qu'il lut sur son visage parut lui suffire.
L'équipe d'urgentistes accourut à ce moment-là, brancard dépliant et mallette de premier secours en main. Les Tsukauchi s'écartèrent aussitôt. Dabi ne déverrouilla sa poigne que lorsque les agents médicaux lui en donnèrent la consigne, et leur livra le blessé, qu'ils étendirent sur la civière. L'avant-bras couvert de sang, le pantalon imbibé, il se laissa aller en arrière avec une longue expiration tandis qu'ils l'emportaient. Ses émotions refluaient, le laissant hébété et drainé de force.
La vue des flics autour de lui, flingue toujours en main bien qu'abaissés en position de sécurité, le ramena à lui. Il se releva sans laisser paraître son éreintement psychique. Méfiante, Kaya se rapprocha du vilain. Ils considérèrent le détective, la même question dans les yeux.
Et maintenant ?
L'homme semblait déjà étudier la situation. Il eut un échange de regard silencieux avec sa nièce, durant lequel l'attachement infaillible qu'il lui vouait transparut avec une force qui n'échappa pas à Dabi. Le détective n'avait peut-être pas toujours sur soutenir Kaya comme elle le méritait, mais il ne l'avait jamais rejeté. Il ne l'aurait jamais laissé attendre seule sur une colline.
— Tu m'accompagnes à l'hôpital ? l'invita-t-il finalement.
Kaya parut relâcher tout son stress et son appréhension dans une seule expiration. Elle acquiesça, avant de jeter un coup d'œil incertain vers Dabi. Tsukauchi l'étudia à son tour, l'espace de quelques battements de cœur, puis ordonna à ses hommes :
— Baissez vos armes.
Son équipe marqua une hésitation, mais aucun ne broncha. Ils s'exécutèrent sans qu'il ait besoin de se répéter. À l'instant présent, Dabi n'était pas l'ennemi. Il était celui qui avait maintenu un enfant en vie jusqu'à leur arrivée.
La mine sévère que lui adressa Tsukauchi avant de tourner les talons lui indiqua qu'il s'agissait de son unique laisser passer.
~ "La vengeance est dans mon coeur, la mort dans ma main, le sang et la revenche martèlent dans ma tête" Hamlet ~
Un chapitre qui a été intense à écrire !
Il est prévu depuis le tout début de Cliff et je suis ravie de ENFIN le poster !
J'espère que ce sauvetage aura été à la hauteur de vos attentes !
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