Chapitre 19 : Libération
~ "Irather hate myself for hateful deeds committed by myself." Richard III ~
La pluie ruisselait sur les ailes de Setsuha. Abritée sous son parapluie, elle percevait à peine l'impact contre la toile et ses plumes, trop fébrile pour s'imprégner de son environnement. Le parc naturel Dagoba baignait dans une grisaille nuageuse. Accompagnée de Tsukauchi, elle avait suivi les sentiers jusqu'au pont de bois qui enjambait un profond torrent. Des stèles couvertes de mousses gardaient l'accès. Enfoncé loin dans les sous-bois, l'endroit était inaccessible aux véhicules de police.
La Ligue avait exigé que seuls Setsuha et le détective se présentent à l'échange. Ce contre quoi Endeavor s'était insurgé, arguant qu'il fallait profiter de l'opportunité pour embusquer les vilains. La CSPH avait néanmoins estimé qu'une tentative de les appréhender compromettrait la sécurité des Fukurõ. Ils avaient tout de même établi un périmètre à bonne distance du point de rendez-vous, afin qu'aucun promeneur inconscient ne vienne interférer avec la libération de Muhaoto.
Setsuha fit quelques pas sur les lattes vermoulues, et posa à terre la mallette qu'on lui avait confiée. Elle scruta un instant le couvert des arbres, de l'autre côté du pont, mais ne discerna aucune silhouette. Tsukauchi déposa sa propre mallette à côté de la sienne. En dépit de l'angoisse qui lui glaçait la poitrine et lui tordait le ventre, Setsuha lui adressa un regard compatissant.
— J'imagine que cet échange n'est pas évident pour vous non plus.
Il allait après tout faire face au vilain au côté duquel s'était rangé sa nièce. Sous son grand parapluie noir, le détective esquissa un sourire résigné.
— Ne vous en faites pas pour moi. Je n'oublie pas mes missions.
Setsuha n'en aurait jamais douté. Elle ramena son attention vers l'autre extrémité du pont, puis consulta sa montre. Ils avaient quelques minutes d'avance sur l'heure convenue. Elle arpenta la largeur du pont et s'astreignit à quelques respirations ventrales, mais la nervosité qui la tendait revenait sans cesse à l'assaut. Quand elle leva de nouveau sa montre, l'aiguille avait bien dépassé le cinq. Toujours aucun mouvement ne leur parvenait du bois. L'eau cascadait sur les galets, la pluie tambourinait contre les parapluies dégoulinants. L'aiguille dépassa le quinze.
Setsuha revint d'un pas vif vers le détective.
— Ils sont en retard.
— C'est souvent le cas avec les libérations d'otage, la rassura-t-il. Encore un peu de patience.
Elle cessa de surveiller le temps. Son regard ne quitta plus la frontière du pont. Enfin, une figure en trench râpé émergea de la pénombre feuillue. Setsuha se pétrifia alors que le masque et le haut de forme de Mr Compress se précisaient. Derrière lui, elle discerna la tache blanche des ailes de son frère. L'instant suivant, elle rencontra ses yeux noirs qui fouillaient le pont. Un élan soulagé lui fit porter la main à sa bouche. Elle retint son souffle, pétrie d'anticipation. Dabi fermait la marche, sans doute pour prévenir la moindre tentative de la part de Muhaoto.
Dans le coin de son champ de vision, Setsuha vit le détective lui faire signe de ne pas s'avancer. Elle dut cependant lutter contre tous les instincts qui la poussaient vers son frère. Le cœur battant, elle le détailla de loin. Il avait les poignets retenus par des liens de serrage, et portait la même tenue tactique que le soir de sa capture, mais il marchait d'un pas sûr.
Inquiète de savoir comment avait évolué sa blessure, Setsuha la chercha du regard, sans parvenir à la trouver parmi les plumes. Elle s'aperçut tout à coup qu'elle grelottait. Ses dents s'entrechoquaient et ses ailes frissonnaient sous le coup de l'émotion.
Le trio s'engagea sur le pont. Tsukauchi ramassa l'une des mallettes, et Setsuha l'imita. Les jambes en coton, elle s'avança à la rencontre des vilains. Elle aurait voulu occulter la présence de Atsuhiro, et ne pas lui accorder un coup d'œil, mais ne put empêcher son attention de dériver vers lui. Une montée de ressentiment la gagna.
Le lâche. Il est venu avec son masque.
Se heurter à cette surface inexpressive lui fut plus brutal que ce qu'elle avait escompté. Comme s'il escamotait la confrontation qu'elle avant tant appréhendé. En digne maître de l'esquive qu'il était.
Dabi, lui, se montrait peu affecté par la situation. Mains dans les poches, il conservait une mine flegmatique, quoiqu'une lueur attentive animait son regard. Setsuha perçut l'inspiration frémissante d'hostilité que prit le détective à côté d'elle. Sans se concerter, ils s'étaient placés de sorte qu'il se retrouvait devant Compress, tandis qu'elle faisait face à l'incendiaire. Quand ils parvinrent à la hauteur du trio, cependant, elle ne se préoccupait plus que de Muhaoto.
Un sourire fit frémir ses lèvres alors qu'elle le scrutait, frissonnante sous son parapluie, cherchant à évaluer son état. La pluie dégoulinait sur l'arête du nez de son frère. La fatigue violaçait ses paupières, mais elle ne trouva aucune ombre hagarde, aucun indicateur d'un quelconque ébranlement sur ses traits. Elle le sentait alerte, la respiration régulière, prêt à agir.
— Bon, déclara Dabi d'un ton faussement enjoué. Qu'on soit clair. On a épargné l'espion de l'AISP pour cette fois, mais si on aperçoit à nouveau son ombre, je laisserai notre High End finir le travail. Bien compris ?
Il avait proféré sa menace en rivant son regard à celui du détective, et les appuya d'une tape condescendante sur l'aile de Muhaoto, qui tressaillit. Les Fukurõ lui décochèrent une œillade noire. Setsuha crut surprendre un geste de la part de Compress, comme s'il avait voulu esquisser un mouvement pour modérer son acolyte. Muhaoto renifla.
— L'AISP ne répète pas ses erreurs. Cette mission est d'ores et déjà close, pour moi.
— La rançon et le matériel demandé, comme convenu, annonça Tsukauchi en soulevant sa mallette.
Setsuha tendit également la sienne à Dabi. Il s'en saisit avec un sourire narquois, en même temps que Compress se chargeait de celle du détective. Chacun des vilains les ouvrit pour en vérifier le contenu. Quand Dabi eut étudié les pièces d'équipement et outils réclamé par la Ligue, il claqua le couvercle, la mine satisfaite.
N'y tenant plus, Setsuha s'attela à tirer sur l'attache en plastique qui serrait les poignets de son frère. Ses mèches frisées, rendue folle par l'humidité, lui barrèrent la figure. Quand elle les dégagea d'un index rapide, elle s'aperçut que Compress ne comptait plus les liasses de billet, et avait tourné son masque vers elle. Sans même voir son visage, elle sut qu'il avait suivi le trajet de son doigt.
Il referma à son tour sa mallette, et la déposa aux pieds du détective.
— Gardez l'argent, déclara-t-il.
Incrédule, Tsukauchi n'eut pas le temps de réagir. Dabi émit un claquement de langue agacé, et s'empara de la seconde mallette.
— Pas question.
Il la poussa contre le torse de son acolyte, qui n'eut d'autre choix que de la reprendre. Le lien de serrage s'élargit de quelques crans, et Muahoto libéra ses mains. Aussitôt, Setsuha et lui s'étreignirent avec force, leurs ailes se déplièrent à demi pour avancer vers l'autre, les entourant d'un cocon de plumes. Un courant de vigueur se déversa dans les veines de la jeune femme, ranimant ses membres.
Muhaoto empestait la sueur et l'humidité, le suint d'un corps resté plusieurs jours privé d'accès à l'hygiène, mais l'embrassa malgré tout sur la tempe. Son frère frotta son dos, ébouriffa le dessus de ses ailes, puis ses cheveux tandis qu'il se reculait pour la contempler, un air de fierté au visage. « T'es pas croyable », articula-t-il dans un souffle. Il avait bien sûr compris qu'elle avait manœuvré pour que cette libération ait lieu. Setsuha dut retenir un rire ému.
— Aw, feignit de s'attendrir Dabi devant leurs effusions affectueuses. Vous viendrez plus dire que les vilains sont sans pitié.
Le détective lui jeta un regard fulminant, auquel l'incendiaire resta de marbre. Les deux vilains se reculèrent, et la matière visqueuse qu'ils utilisaient pour s'échapper les enveloppa en quelques secondes. Lorsqu'elle se dissipa, il ne restait plus la moindre trace d'eux.
— Fukurõ, vous allez bien ? s'enquit immédiatement Tsukauchi en lui touchant le bras.
— Mieux qu'on s'y attendrait, admit l'ailé.
— Venez, on a une ambulance qui attend. Ils vont vous prendre en charge.
Parfaitement rompu aux procédures de sauvetage, Muhaoto ne protesta pas. Ils quittèrent le pont, le détective se chargeant de l'abriter des précipitations. Le ventre rongé par l'envie de l'interroger sur sa captivité, Setsuha se retint. Elle préférait laisser son frère se remettre, et la présence de l'oncle de Kaya la retenait.
On la laissa accompagner son frère à l'hôpital, où il ne fut retenu que quelques heures, mais il lui fallut ensuite se résoudre à le quitter le temps qu'il soit entendu par la hiérarchie de la CSPH et de l'AISP. De retour chez elle, Setsuha demeura un instant immobile dans le genkan, désemparée. Le silence et l'immobilité de son appartement, éclairé d'un jour gris, rendu accueillant par ses plaids et ses poufs pelucheux, lui fit prendre conscience de sa brusque retombée d'adrénaline. Muhaoto était sauvé, et pourtant, elle n'arrivait pas encore à intégrer ce retour à la normale.
Elle finit par retirer son imperméable dégoulinant, ébroua ses ailes, puis déposa sur la table du séjour son smartphone inondé de notifications. La plupart provenant des filles, qui lui écrivaient des messages de soutien depuis le réveil. Setsuha n'y avait pas encore répondu, incapable de consacrer son esprit à autre chose qu'à la libération de son frère.
Elle sortait de la salle de bain après avoir troqué ses vêtements mouillés contre une tenue d'intérieur, quand la sonnerie d'un appel la fit se précipiter pour récupérer le téléphone, persuadée qu'il s'agissait de Muhaoto, enfin disponible. Le nom qui s'afficha pétrifia sa main au-dessus de l'écran.
Sako Atsuhiro.
Elle laissa sonner, en proie à trop d'interrogations et de sentiments confus. Le ressentiment l'emportait, allié au réflexe de se préserver. Elle craignait de finir davantage meurtrie si elle le confrontait.
L'écran s'éteignit. Quelques instants plus tard, une notification l'informa d'un nouveau message sur sa boîte vocale. Setsuha tapota l'écran, souffla lentement, puis mit le haut-parleur. La voix veloutée d'Atsuhiro s'éleva, rythmée par des inflexions prévenantes.
— Bonsoir, Setsuha. Je... m'attendais pas vraiment à ce que tu répondes, et je ne sais même pas si tu vas écouter ce message, mais... il faut que je le dise. Je suis sincèrement désolé que ça ait dû être ton frère. Je n'ai jamais voulu m'en prendre à toi ou à tes proches. Ce n'était pas contre toi. Quand j'ai appris pour Muhaoto, j'ai été dépassé. Je n'ai pas su quoi faire. Et je sais que c'est ma faute, je sais que les choses auraient pu se passer différemment si j'avais été honnête avec toi beaucoup plus tôt.
Des accents chargés de remords comprimaient ses mots. Le cœur battant, Setsuha regardait sans les voir les traînées de gouttes qui dévalaient sa fenêtre. Atsuhiro avait été celui qui avait tenu à épargner son frère. Ainsi que celui qui s'était montré favorable à l'échange. Ses regrets ne lui paraissaient pas feints.
Il restait toutefois le vilain qui l'avait séduite en lui dissimulant son identité. Celui qui avait partagé son lit alors qu'il préparait l'embuscade de Muhaoto.
Comme s'il avait pu deviner les réserves de Setsuha, il reprit :
— En ce qui nous concerne... nous a concerné, peut-être que te l'expliquer en parlant dans le vide, comme ça, n'est pas la meilleure option. J'aimerais qu'on en parle, un jour. Pour le moment, tout ce que je peux te dire, c'est que je suis désolé, et que j'ai tout fait pour éviter d'en arriver à l'irréparable, même si je sais que c'est déjà allé beaucoup trop loin. J'espère que l'aile de ton frère n'est pas trop gravement touchée... au revoir, Setsuha.
La voix d'Atsuhiro fut remplacée par les modulations artificielles du menu, qui lui énonçait les options de traitement du message. Elle pressa la touche de sauvegarde. Son smartphone en main, elle s'adossa avec lenteur à la fenêtre, et se laissa glisser jusqu'à terre. Des larmes chaudes dévalèrent ses joues. Un premier hoquet la secoua. La bouche tordue sur des sanglots silencieux, elle entoura ses genoux de ses bras et ramena ses ailes contre elle.
Les excuses du vilain l'avaient plus affecté qu'elle ne l'avait anticipé. Alors qu'elle avait initialement rejeté en bloc tout ce qu'il était, tout ce qu'ils avaient vécu, ses certitudes vacillaient. Quand Atsuhiro était celui qui avait tenu à épargner Muhaoto, et qui s'était, le premier, montré favorable à l'échange, elle ne pouvait douter de ses scrupules. Mais qu'indiquaient-ils réellement ?
Pouvait-elle s'autoriser à considérer qu'il pût être attaché à elle ?
Elle en mourrait d'envie, réalisa-t-elle. Elle voulait y croire. Quand bien-même ce fléchissement la mettait à vif, la laissait plus vulnérable que jamais. Quand bien-même elle doutait que cela puisse atténuer la peine crucifiante qu'il lui avait causée.
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La baignoire circulaire de l'étroite salle-de-bain ne permettait pas de s'y étendre, mais Kaya savourait tout de même d'être immergée dans l'eau fumante. Le clapotis de l'eau au moindre de ces mouvements résonnait dans la pièce. Vapeur et silence l'enveloppaient. La nuque appuyée sur le rebord, elle fixait le plafond. Sur le rebord du lavabo, son smartphone restait muet.
Tõya avait quitté le studio aux aurores, ce matin-là. Elle avait passé la journée à surveiller l'heure, jusqu'au moment fatidique de l'échange. Depuis, son esprit s'agitait, assailli d'inquiétudes. Rentrée des cours, Kaya avait donc résolu de s'octroyer un bain chaud, dans l'espoir d'engourdir ses inquiétudes.
Ses paupières commençaient à s'abaisser, quand une perception irrévocable la fit tourner la tête. Elle sut que Tõya se tenait derrière la porte du logement, aussi nettement que lorsqu'elle était parvenue à le localiser lors de l'interruption des Roaring Runs par Endeavor. Le déclic de la poignée confirma son pressentiment.
Elle entendit l'incendiaire circuler derrière la cloison, puis il entra dans la salle-de-bain, dépouillé de son manteau ignifugé. Sans un mot, il se déshabilla. Kaya observa les lignes de sutures et les bandes de peau violacée qui couturait son corps nu, tandis qu'il se lavait brièvement au pommeau de l'espace douche. Elle redressa le dos pour lui permettre de se glisser derrière elle.
Le contact de la peau brûlante de Tõya contre sa peau mouillée lui procura un effet d'assouvissement qui lui tira un soupir. Elle se moula entre ses jambes, calée contre lui. Il passa un bras autour de sa taille, caressant son bas-ventre sous la surface, et glissa sa main libre le long de son avant-bras, jusqu'à entremêler ses doigts aux siens.
— Ça c'est bien passé, annonça-t-il près de son oreille.
Le son de sa voix s'épancha comme une caresse râpeuse dans le cou de Kaya. Elle acquiesça, sans pouvoir articuler de réponse. Sa gorge s'était nouée.
Non. Pas sa gorge...
Le cœur de Tõya battait vite contre son dos. Son souffle se faisait un peu trop cuisant.
— C'est maintenant que tu paniques ? plaisanta-t-elle sans joie.
Il enfouit son visage au creux de son épaule, et inspira profondément son odeur. Il resta ainsi de longues secondes avant de répondre :
— Ça s'est bien passé, mais ce sera pas toujours le cas. La prochaine fois, ça va merder. Salement. Parce que c'est ce qu'on veut qu'il se passe.
— Mais c'est pas ce qui t'inquiète, sut-elle.
— Me sonde pas.
— Je te sonde pas. Le bain a repris deux degrés depuis que t'es entré.
— Le but de la Ligue, c'est d'anéantir cette société. Il se passe quoi la prochaine fois ? Quand ta ville sera touchée ? Quand le squat va y passer ? Quand tes clients du Baratin feront partie du bilan ?
L'entendre énoncer aussi crument les projets de destruction de la Ligue lui tira une grimace. Tõya appuya le menton sur son épaule, et la ceignit de ses bras.
— Il se passe quoi pour toi ? reprit-il. Elle est où, ta limite ?
Parce que t'as peur de la franchir, comprit-elle.
Voilà ce qui l'affolait. Kaya appuya son crâne contre le sien.
— J'y ai réfléchi, admit-elle. Tout ce que je veux, c'est que mes proches soient en sécurité. Qu'ils aillent bien. Le reste...
Elle mentirait si elle disait que le reste lui importait peu, mais s'éloigner de Tõya ne changerait rien aux ravages commis par la Ligue. Il remua derrière elle, l'incitant d'une pression à se retourner.
— Utilise ton alter. Regarde-moi dans les yeux, l'enjoignit-il.
Bien qu'elle ne doutât plus de sa parole depuis longtemps, Kaya s'exécuta. Elle se déplaça dans une bordée d'eau pour lui faire face, et s'installa à califourchon sur lui. Les mains ardentes de l'incendiaire serrèrent un instant sa taille, lui laissant l'empreinte de leur caloricité, puis il saisit son menton. L'ajoïte de ses yeux brûlait d'une façon presque liquide. Il n'y avait plus rien de féroce, plus rien d'implacable, dans la façon dont il la contemplait.
— Bunta et Ganta sont pas seulement mes exceptions parce que je veux les épargner. Je laisserai rien arriver à ces sales gosses, d'accord ? S'ils m'appellent, je suis là. Et pour ton oncle, je m'en prendrai pas personnellement à lui, quoiqu'il arrive.
Kaya n'avait pas eu besoin de son alter pour mesurer la véracité de sa promesse. Elle porta ses mains ruisselantes au visage du vilain. Caressa ses pommettes et ses tempes.
— Nao bosse avec ton père, lui rappela-t-elle.
Tõya étira un rictus suffisant.
— Mes attaques ont de l'ampleur, mais ça veut pas dire que je lâche mes flammes à l'aveuglette. Je sais parfaitement esquiver un seul homme. Endeavor est une bien assez grosse cible.
Elle laissa ses mains retomber sur l'échine de Tõya, les bras passés autour de sa nuque. Le ventre contre son abdomen, elle sentait ses sutures presser contre sa peau à chaque respiration.
— Endeavor, je comprends. Mais le reste de ta famille ? Quand ils sauront qui tu es ?
Il secoua la tête en signe de dénégation, une lueur cynique luisant sous ses paupières. Sa mine crâne se mua en sourire de dément flegmatique.
— Je suis mort, pour eux. Crois-moi. J'ai vérifié. Le Tõya qu'ils ont connu a jamais quitté cette colline.
La chaleur qu'il dégageait naturellement, associé aux vapeurs humides du bain, alanguissait Kaya. Sa langue se dénoua d'elle-même. La question qu'elle n'avait jamais osé formuler franchit ses lèvres dans un souffle :
— Et toi ? T'es compris dans ma limite, Tõya. Tu finis comment, dans tout ça ?
Cette fois, l'incendiaire cilla. L'instant suivant, elle ne voyait plus rien. Une paume mouillée lui couvrait les yeux.
— Me sonde pas, lui demanda-t-il à nouveau.
Kaya apposa la main contre son torse. Depuis leur rencontre, combien de fois avait-elle voulu le sonder, taraudée par le besoin d'élucider ce qu'il se tramait derrière ses cicatrices ? Néanmoins, elle respecta sa volonté. Elle se garda de connecter ses sens aux siens. De basculer à travers son prisme pour démêler ces perceptions nouvelles qu'elle avait de lui.
— J'ai pas besoin. Je te ressens.
Il lui avait suffi de poser la question, et elle l'avait senti. Ce néant, au bout de la haine.
~ "Je préfère me haïr pour des actes odieux commis par moi-même" Richard III ~
Un chapitre un petit peu angsty...
Mais Muhaoto est libéré ! Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
La situation Atsuhiro/Setsuha est bien emmêlée... mais pas encore close ;)
Et puis un petit moment d'intimité Tõya/Kaya ~
On revient enfin sur les "nouvelles capacités" de Kaya !
Le tome 2 de Cliff a fêté ses 1 ans il y a pas longtemps ! Je ne réalise pas !
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